Certains de ses travaux publics

(1) L’intérêt du Sultan pour l’éducation

Le Sultan Muhammad al-Fatih était un grand admirateur du savoir et de l’érudition. Par conséquent, il fut intéressé par la construction d’écoles et d’instituts dans tout son état. Le Sultan Orkhan fut le premier à construire une école dans l’État Ottoman et ses successeurs lui emboîtèrent le pas.

Cependant, Muhammad al-Fatih dépassa ses prédécesseurs dans cette affaire. Il s’efforça de diffuser les connaissances, en construisant plus d’écoles et en introduisant des réformes dans le système éducatif, dans les petites villes et les campagnes. Il désigna de nombreuses dotations pour le financement de ces écoles et organisa leurs niveaux, leurs termes et leurs examens. Il suivit de près le déroulement de ce système éducatif, participant à certains examens lors de ses visites scolaires. Il rendit l’éducation gratuite pour tous, encourageant des professeurs et des étudiants brillants en leur offrant des cadeaux et des récompenses. Les matières enseignées étaient le Tafsir (Interprétation du Qur’an), le Hadith (étude des Traditions du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)), le Fiqh (jurisprudence islamique), la littérature, la linguistique, l’architecture, etc.

Il construisit huit écoles à côté de sa mosquée, à Constantinople, où les étudiants passaient les dernières étapes de leurs études universitaires, vivant dans des dortoirs et recevant une bourse mensuelle. Ils pouvaient également emprunter des livres dans une bibliothèque, dirigée par un bibliothécaire qualifié qui, selon le Sultan, devrait avoir connaissance de tous les livres et auteurs.

Les cours de formation comprenaient des études de terrain sur le système car il y avait des branches séparées pour la théorie et la connaissance pratique. De même, les Vizirs et les riches savants se firent concurrence pour construire des instituts, des écoles et des maisons de charité.

 

(2) L’intérêt du Sultan pour les savants

Les chercheurs et les auteurs étaient très appréciés par le Sultan Muhammad al-Fatih; il offrit de l’argent pour produire du travail, les encourageant avec des cadeaux supplémentaires, de se concentrer sur la science et d’aider à améliorer le système éducatif.

 

Lorsque la province d’al-Kourm fut ajoutée à l’état, il ordonna que ses ouvriers et artisans soient transportés à Constantinople mais son Vizir, Muhammad Roum Basha, maltraita les nouveaux arrivants, y compris certains savants parmi eux, tel Ahmad Jalabi, le fils du Sultan Amir ‘Ali. Cependant, après que le Sultan al-Fatih eut connaissance de cela, il donna quelques excuses au savant et retourna dans son pays d’une manière digne. Lorsque le Sultan vainquit Hasan Ouzoun, le chef des Turkmènes, qui avait l’habitude de se ranger du côté des ennemis des Ottomans, il donna son ordre de tuer tous les prisonniers, à l’exception des savants parmi eux, comme le juge Muhammad Sharihi, qui était un homme de vertu en son temps.

Chaque fois que le Sultan entendait parler d’un savant en difficulté, il se précipitait à son aide, envoyant tout ce dont il avait besoin pour l’aider dans les questions de sa religion.

C’était une habitude du Sultan, pendant le mois de Ramadan, d’inviter un groupe de savants dans son palais, qui discutaient de l’interprétation du Qur’an entre eux. Il participait lui-même aux discussions, offrant aux chercheurs des cadeaux et des récompenses financières.

 

(3) L’intérêt du Sultan pour les poètes et la poésie

Un spécialiste de la littérature ottomane rapporta que le Sultan al-Fatih fut impliqué dans la renaissance littéraire, pendant ses trente ans de règne, car il était un grand poète. Son règne fut caractérisé par des années de bénédictions, de grâce et de progrès. Il fut connu sous le nom d’Abou al-Fath, car il vainquit deux empires, libéra sept royaumes et captura deux cents villes. Il établit des lieux de culte et de savoir et il était également connu sous le nom d’Abou al-Khayrat (le bienveillant).

 

Al-Fatih s’intéressa à la littérature en général et en particulier à la poésie. De nombreux restèrent en sa compagnie et il nomma beaucoup d’entre eux Vizirs, comme Ahmad Basha Mahmoud, Mahmoud Basha et Qasim al-Jazri Basha.

Il y avait trente poètes assignés à son palais qui recevait un salaire mensuel de mille dirhams, qui le félicitaient pour ses bonnes actions et sa générosité envers les hommes de savoir.

 

(4) L’intérêt du Sultan pour la traduction

Le Sultan Muhammad al-Fatih parlait couramment le latin et afin de faire progresser le développement intellectuel de son pays, il ordonna la traduction de nombreux écrits grecs, latins, arabes et farsi en turc. Parmi les livres traduits figurait un livre de médecine d’Abou al-Qassim az-Zahrawi, un médecin d’Andalousie.

Quand il tomba sur un livre de géographie avec des cartes, il l’analysa avec le savant byzantin, George Amortizes puis lui demanda, avec son fils qui parlait couramment l’Arabe de le traduire en Arabe, de redessiner les cartes et de vérifier tous les noms de pays, en les écrivant tous en Latin et Arabe. Il les récompensa largement pour leur excellent travail. Il y avait aussi un savant appelé ‘Ali al-Kawshaji, qui était le plus grand mathématicien et astronome de son âge ; chaque fois qu’il écrivait un livre en Farsi, il le traduisait en Arabe et l’offrait au Sultan.

 

Al-Fatih fut très intéressé par l’Arabe car c’est la langue du Qur’an et une langue scientifique majeure. Le Sultan établit une grande bibliothèque dans son palais, qui contenait une grande quantité de livres de différents domaines scientifiques et, nomma le Sheikh Loutfi son directeur. La bibliothèque contenait plus de douze mille volumes, dont le professeur Wiseman décrivit comme un point de transition entre l’occident et l’orient.

 

(5) L’intérêt du Sultan pour les bâtiments publics et les hôpitaux

Le Sultan al-Fatih fut passionné par la construction de mosquées, d’instituts, de palais, d’hôpitaux, d’hôtels, de bains publics, de supermarchés et de parcs publics. Il introduisit de l’eau dans la ville au moyen d’aqueducs spéciaux. Il encouragea les riches à construire des lieux publics dans la ville pour la rendre plus attractive. Il fut particulièrement soucieux de faire de Constantinople la plus belle capitale du monde ; une capitale de la science et des arts. Il affecta un médecin pour chaque hôpital, assisté d’une équipe d’infirmières, d’un pharmacien et de quelques assistants. Il suggéra que tout le personnel de l’hôpital devait être compatissant et généreux envers les patients. Il ordonna aux médecins de visiter les patients deux fois par jour et de faire preuve d’une extrême prudence lors de la délivrance de leurs ordonnances. Il recommanda également que les cuisiniers des hôpitaux devaient bien considérer leurs repas, de manière à s’adapter à la maladie particulière de chaque patient. Tous les patients bénéficiaient d’un traitement gratuit et de médicaments gratuits, quelle que soit leur race ou leur origine.

 

(6) L’intérêt du Sultan pour le commerce et l’industrie

Le Sultan montra un grand intérêt pour le commerce, contribuant à l’améliorer par tous les moyens disponibles. Il suivit les traces de ses prédécesseurs, toujours prêts à développer les secteurs du commerce et d’échange entre leurs sujets, dans toutes les grandes villes, qui connurent une grande prospérité à leur époque, par rapport au règne de l’État Byzantin qui monopolisa tout et paralysa le commerce progressiste.

 

Les Ottomans étaient conscients des marchés internationaux et de toutes les différentes routes commerciales terrestres et maritimes. Les autres pays furent contraints d’ouvrir leurs ports aux navires commerciaux ottomans et la politique de l’état aida tous les secteurs commerciaux à s’épanouir et à prospérer sous le règne de la famille ‘Uthman, qui possédait sa propre monnaie d’or reconnue.

 

L’État produisit de nombreuses usines de munitions et construisit des forteresses dans des zones d’importance militaire pour l’état.

 

(7) L’intérêt du Sultan pour les organisations administratives

Le Sultan al-Fatih travailla dur pour développer son état, en établissant des règlementations pour lui permettre de systématiser toutes les affaires des administrations locales. Les règles furent tirés de la Shari’ah Islamique par un comité d’érudits nommés par le Sultan. Le comité mit en place une loi appelée la loi de Nameh, qui fut tirée de la Shari’ah et établie comme base du gouvernement de l’état. La loi était composée de trois chapitres, qui concernaient les positions des employés, les coutumes et les protocoles, en plus de certaines sanctions et amendes. La loi décréta clairement que l’état devait être gouverné par un gouvernement islamique, basé sur la supériorité de l’aspect islamique, ne donnant la préférence à aucune race ou origine particulière.

 

Le Sultan al-Fatih fut également préoccupé par l’établissement de certaines réglementations pour organiser les relations des non-musulmans dans le pays avec leurs voisins musulmans et avec l’état qui les gouvernait. Il établit la justice entre tous ses sujets, supprimant tous les voleurs et les bandits. Il veilla à ce que la paix et la sécurité soient communes dans tout l’État Ottoman.

 

Le Sultan purgea l’état de tous les employés incompétents, les remplaçant par des employés compétents. En effet, l’aspect de la compétence était sa seule base pour le choix de ses aides et gouverneurs. Il introduisit également une réglementation financière ferme concernant les impôts de l’état et mit fin à toute négligence ou faute des inspecteurs des impôts, qui avaient auparavant gaspillé de vastes fonds publics.

 

(8) L’intérêt du Sultan pour l’armée et la marine

Depuis le règne du Sultan Orkhan, une armée fut développée et améliorée, par ses successeurs, en particulier le Sultan Muhammad al-Fatih, qui lui donna une priorité particulière. L’armée, selon le Sultan, était le principal fondement de l’état. Il réorganisa l’armée et nomma un Agha (chef) à la tête de chaque bataillon.

 

Outre l’effectif de l’armée, avec une supériorité numérique, le règne du Sultan al-Fatih se distingue par la formation de nombreuses zones militaires différentes. Il construisit des usines militaires pour répondre aux besoins de l’armée en vêtements, armures, armes et munitions. Il y avait différents régiments bien organisés de personnel de l’armée, comme la cavalerie, les unités d’infanterie légère et lourde et les unités de soutien. Il y avait aussi une unité de sapeur, appelée Laghmajiyah, dont le devoir était de creuser des trous pour les mines et des tranchées souterraines, pendant le siège des forteresses. Le collège militaire fut développé, sous le règne d’al-Fatih, pour produire des groupes successifs d’architectes, de médecins, de vétérinaires et de scientifiques. Le collège fournissait à l’armée tous les techniciens dont elle avait besoin, ce qui valut aux Ottomans une réputation de professionnalisme et d’efficacité.

 

Le Sultan fut très enthousiaste de développer l’infanterie et la marine de ses forces militaires, ce qui s’avéra d’une grande importance lors de la libération de Constantinople. En effet, c’est le siège de Constantinople depuis la mer qui contribua à la conquête de la ville, il ne fallut donc pas longtemps avant que la flotte ottomane ne contrôle les Mers Noire et Blanche. Son intérêt pour les questions navales amena les historiens à le considérer comme le véritable fondateur de la marine ottomane, car il apprit de ces pays qui étaient avancés dans la construction navale, comme les Républiques Italiennes de Venise et de Gênes.

 

(9) L’intérêt du Sultan pour l’instauration de la justice

L’établissement de la justice pour leurs sujets fut considéré comme un devoir des Sultans Ottomans. Le Sultan al-Fatih, comme ses prédécesseurs, dans la famille ottomane, fut extrêmement épris de faire avancer la cause de la justice dans tous les départements de l’état.

Afin d’assurer la mise en place de sa politique de justice, il envoyait souvent des clercs chrétiens, dans tous les secteurs de l’état pour surveiller l’application de la justice pour eux-mêmes pour les personnes devant les tribunaux. Ils eurent également toute liberté de critiquer et d’enregistrer toute violation, et de la signaler au Sultan. Leurs rapports louaient généralement les cours de justice dans les tribunaux et le système judiciaire dans son ensemble.

 

Lorsque le Sultan s’engageait dans une campagne militaire, il faisait escale dans certaines provinces et érigeait sa tente pour accueillir les gens et écouter leurs plaintes.

 

Il était bien conscient que les érudits islamiques étaient plus conscients de la justice et les plus désireux de l’observer. Il considérait donc les savants comme le cœur de l’état ; s’ils étaient bons, l’état était bon, mais s’ils étaient corrompus, l’état l’était aussi. Il rehaussa donc leur statut en leur fournissant tous les moyens nécessaires pour poursuivre leurs études et leurs recherches. Il s’intéressa particulièrement aux spécialistes de la justice, qui jugeaient les affaires du peuple. Il n’était pas seulement content qu’ils fussent pieux et justes dans leurs jugements mais il voulait qu’ils fassent également l’objet d’éloges et de respect de la part de tous. Il obligea donc l’état à prendre en charge toutes leurs dépenses financières, pour éviter qu’ils ne soient tentés par les pots-de-vin et la corruption.

 

Malgré sa vie bien remplie à exécuter le Jihad et à faire des conquêtes, il suivit de près les affaires de l’état, en raison de sa perspicacité et de ses aptitudes. Il marchait souvent le long des routes de la ville pour vérifier l’état de ses habitants, écoutant leurs plaintes.

Puisse Allah Exalté lui faire miséricorde, Amin.