Les Britanniques stipulent l’abolition du Califat et la sécularisation de l’état
Le 20 novembre 1922, la Conférence de Lausanne fut
inaugurée. Une délégation du gouvernement d’Ankara participa
au nom de l’État Ottoman uniquement qui agit en tant que
représentant de l’État Ottoman vaincu pendant la guerre
mondiale. Assista également Curzon le ministre britannique
des Affaires étrangères, en tant que chef de la délégation
britannique, car le gouvernement de Lloyd George avait
démissionné le 19 octobre 1922. La conférence commença ses
sessions et pendant celles-ci, le chef de la délégation
britannique Curzon, stipula quatre conditions préalables à
la reconnaissance de l’indépendance de la Turquie. Ces
conditions étaient : l’abolition totale du Califat,
l’expulsion du calife au-delà des frontières, la
confiscation de ses biens et la déclaration de la
sécularisation de l’état. Le succès de la conférence
reposait sur le respect de ces quatre conditions. Cependant,
elle fut close le 4 février 1923 sans donner aucun résultat
et fut déclaré un échec.
Ismat retourna en Turquie et Mustafa Kemal se précipita pour
le rencontrer à Eskisehir où il apprit de lui toutes les
questions qui avaient été soulevées lors de la conférence
avant de retourner avec lui à Ankara. À leur arrivée à la
gare d’Ankara, les deux hommes furent surpris par le fait
que Raouf, le Premier Ministre et les députés de la ville ne
se présentèrent pas pour les saluer. Mustafa Kemal fut
irrité par cela et convoqua Raouf et lui demanda d’expliquer
son comportement. Raouf répondit en exprimant sa
protestation contre l’envoi d’Ismat à la conférence sans
consulter le gouvernement et contre la précipitation de
Mustafa Kemal pour rencontrer Ismat à Eskisehir également
sans consulter le gouvernement, soulignant qu’il s’agissait
d’un acte inconstitutionnel ; il suivit ensuite sa
protestation en remettant sa démission.
L’Assemblée nationale se réunit en conséquence pour débattre
de la conférence de paix. L’Assemblée prit le parti de Raouf
et se réunit pour lui apporter son soutien et la majorité de
ses membres étaient contre Mustafa Kemal. Le débat fut
houleux et la délibération dura neuf jours, pendant lesquels
les députés condamnèrent l’acceptation par Mustafa Kemal de
la trêve avec les ennemis de Mudanya et l’ont décrite comme
un truc dont il était tombé amoureux, affirmant qu’il aurait
plutôt dû continuer son avance vers Istanbul, et même vers
Athènes si nécessaire.
Les députés lancèrent alors une violente attaque contre
Ismat, l’accusant d’infraction à la procédure et
d’imbécillité dans les négociations avec Curzon. Ils
critiquèrent également son envoi sans leur consentement et
décidèrent de voter sur son licenciement et l’envoi d’un
successeur pour reprendre les négociations à Lausanne. Sur
ce Mustafa Kemal devint frénétique et commença à émettre des
menaces et à inciter les députés contre Raouf, jusqu’à ce
qu’il réussisse à déjouer la décision de licencier Ismat car
il était son confident et son envoyé fidèle dans ses
contacts avec les Britanniques et l’homme qui lui obéissait
sans poser de questions. Envoyer quelqu’un d’autre mettrait
en péril tous les plans de Mustafa Kemal et cela aurait pu
sonner le glas pour lui. Par conséquent, il se battit
désespérément jusqu’à ce qu’il parvienne à annuler la
décision de son remplacement de licenciement.
Il entreprit alors de comploter contre l’Assemblée nationale
et la lutte entre eux s’intensifia. À ce stade, la plupart
des collègues qui s’étaient rangés à ses côtés pendant les
heures les plus sombres de ces dernières années unirent
leurs forces contre lui, sous la direction de Raouf. Parmi
eux se trouvaient Rahmi, ‘Adnan, Kathim Qara Bakir, Rif’at,
‘Ali Fouad, Nour ad-Din et d’autres. Seuls Ismat, Fawzi et
certains de ses amis restèrent à ses côtés. Les députés
rejoignirent Raouf les uns après les autres et critiquèrent
ouvertement Mustafa Kemal. La majorité à l’Assemblée
nationale se réunit contre lui et il réalisa alors que sa
défaite était une certitude.
Le coup fatal
Quand Mustafa Kemal sentit que toute l’atmosphère était
contre lui et que la majorité de l’Assemblée nationale était
également contre lui, il chercha une sortie de cette impasse
critique. Ces circonstances n’étaient pas favorables à la
reprise de la conférence de paix à Lausanne, car elles ne
permettraient pas l’exécution des quatre conditions
stipulées par les Britanniques que Curzon, le ministre
britannique des Affaires étrangères, avait conditionnées au
succès de la conférence. Il lui fallait donc impérativement
entreprendre une action qui lui permettrait de remplir ces
conditions. Il était également impératif d’obtenir une
décision de l’Assemblée nationale approuvant la création de
la république et l’élisant à la présidence de la république,
et d’obtenir une décision approuvant l’abolition totale du
Califat. Comme la majorité de l’Assemblée nationale était
contre lui et qu’il était peu probable qu’elle exécute ses
plans ou accepte de procéder avec lui, il pensa à dissoudre
l’Assemblée nationale et à tenir de nouvelles élections qui
lui permettraient de faire venir une nouvelle Assemblée
nationale de parmi ses propres hommes, qui le
soutiendraient, exécuteraient ses aspirations et
approuveraient les résolutions qu’il voulait.
Par conséquent, il s’efforça de dissoudre l’Assemblée
nationale et de tenir de nouvelles élections, dans l’espoir
d’acquérir une majorité. Cependant, l’Assemblée que
l’élection produisit était contre lui tout comme l’ancienne.
Ainsi, il eut recours à un complot contre l’Assemblée
nationale pour la semer dans la confusion et la placer dans
une position qui la rendrait incapable de fonctionner. Par
conséquent, il mit en scène une conspiration politique afin
de générer une crise et de l’exploiter. Il invita les
ministres à dîner chez lui dans la banlieue de Cankaya au
cours duquel ils discutèrent du statu quo politique sous
tous ses aspects et se mirent d’accord sur un plan. Le
lendemain, tous les ministres démissionnèrent conformément à
ce sur quoi ils s’étaient mis d’accord la veille.
L’Assemblée nationale se réunit pour former le nouveau
gouvernement mais ne put le faire, car les disputes entre
les députés se multiplièrent et des querelles éclatèrent.
Chaque député tenta d’imposer sa propre opinion et de
veiller à ses propres intérêts jusqu’à ce que la situation
aboutisse au chaos total.
Deux jours plus tard, Mustafa Kemal organisa un autre dîner
pour certains de ses fidèles amis, parmi lesquels Ismat,
Fathi et Kemal ad-Din ou ils parlèrent de la crise dans
laquelle l’Assemblée nationale était tombée en raison de son
échec à s’entendre sur la formation d’un gouvernement. Ils
échangèrent leurs points de vue sur la situation et à la fin
de leur discussion, Mustafa Kemal s’adressa à eux en disant
: « Il est grand temps de mettre fin à ce gâchis. Demain,
nous allons déclarer la création de la république. C’est la
solution à tous ces problèmes. Par conséquent, vous Fathi
compliquez les choses à l’Assemblée autant que vous le
pourrez demain, vous inciterez donc les députés les uns
contre les autres. Ensuite, vous Kemal ad-Din proposerez
cela. Je devrais être invité à prendre le contrôle de afin
de sauver l’Assemblée de sa crise. »
Le lendemain, chacun entreprit de réaliser ce sur quoi il
s’était mis d’accord. L’Assemblée se réunit et des disputes
bruyantes éclatèrent. Les députés faillirent se battre
physiquement. Au milieu de cet énorme tollé entre les
députés, Kemal ad-Din suggéra d’inviter Mustafa Kemal à
former le gouvernement. Les députés acceptèrent et
oublièrent toutes leurs divergences avec lui. Cependant,
Mustafa Kemal fit semblant de refuser leur demande. Ainsi,
ils lui envoyèrent un nouveau message dans lequel
l’Assemblée reconnaissait son échec dans la résolution de la
crise gouvernementale et lui demandait son aide. Il stipula
donc que l’Assemblée nationale devait accepter son opinion
sans discussion s’ils voulaient qu’il forme le gouvernement,
ce qu’ils acceptèrent.
Le 29 octobre 1923, l’Assemblée nationale tint une réunion
importante et Mustafa Kemal se rendit sur l’estrade et
prononça un discours dans lequel il déclara faire de la
Turquie une république. Il dit : « Vous m’avez appelé pour
que je puisse sauver la situation à ce moment critique.
Cependant, la crise est de votre propre fait. L’origine de
cette crise n’est pas une affaire passagère, mais plutôt une
erreur fondamentale dans le système de notre gouvernement.
L’Assemblée nationale assume à la fois les fonctions du
pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. Chaque député
d’entre vous doit s’immiscer dans chaque résolution
gouvernementale adoptée et mettre les doigts dans chaque
département gouvernemental et chaque ministre. Messieurs,
aucun ministre ne peut assumer sa responsabilité et accepter
le poste dans de telles circonstances. Vous devez comprendre
qu’un gouvernement fondé sur une telle base serait
impossible à établir, et s’il était établi, ce ne serait pas
un gouvernement mais l’anarchie. Nous devons changer ce
statu quo. Par conséquent, j’ai décidé que la Turquie devait
devenir une république avec un président élu. »
Les députés furent stupéfaits par cette décision abominable
et ils restèrent sans voix du fait qu’ils ne s’y attendaient
pas. Lors du vote, moins de 40% des députés y prirent part.
Néanmoins, le décret qui avait été préparé à l’avance,
stipulant que la Turquie devait être transformée en
république, fut approuvé et Mustafa Kemal le traitre fut élu
premier président de la république turque. Puis il s’engagea
à travailler à l’abolition du Califat et à déclarer la
sécularisation de l’état. Les gens devinèrent ses buts et
l’opinion publique commença à l’attaquer. Le mot se répandit
partout que les nouveaux dirigeants d’Ankara étaient des
mécréants. Les orateurs et les prédicateurs attaquèrent
Mustafa Kemal. Des tracts et des caricatures qui
l’attaquaient violemment furent distribués. Ensuite, de
nombreux députés et personnalités quittèrent Ankara et se
dirigèrent vers Istanbul pour se rassembler autour du calife
‘Abd al-Majid. L’atmosphère dans toute la Turquie se
retourna contre le traitre. En réponse, il essaya de gagner
les partisans et d’atténuer ainsi l’assaut.
Au milieu d’un tel statu quo, les Britanniques lui
fournirent une arme à utiliser contre ceux qui étaient
dévoués au calife. Au plus fort de la campagne contre lui,
les deux dirigeants Musulmans indiens Agha Khan et Amir ‘Ali
envoyèrent une lettre de protestation au nom des Musulmans
indiens, exigeant que la dignité du calife ottoman, le
calife des Musulmans, soit respectée. Agha Khan était le
chef de la secte ismaélienne et on savait en Turquie et dans
d’autres régions qu’il était un ami des Britanniques et de
leur agent. Par conséquent, la lettre fut publiée dans la
presse d’Istanbul avant d’arriver au gouvernement d’Ankara.
Puis Mustafa Kemal, oubliant sa propre traitrise, commença à
fouiller dans le passé d’Agha Khan. Il souligna le fait
qu’il vivait en Grande-Bretagne, qu’il faisait courir ses
chevaux dans les hippodromes britanniques et qu’il se mêlait
aux politiciens et aux ambassadeurs britanniques. Il
souligna que les Britanniques avaient promu son statut grâce
à leur machine de propagande pendant la guerre mondiale
jusqu’à ce qu’il soit considéré comme le chef des Musulmans
de l’Inde afin qu’ils puissent l’utiliser pour menacer le
Sultan de Turquie chaque fois que nécessaire et qu’il était
donc une marionnette britannique. Louanges à Allah !
Mustafa Kemal devint très actif en frappant la bonne note et
en incitant l’opinion publique contre le calife. Il avait
l’habitude de dire aux gens : « Lorsque la Grande-Bretagne,
l’ennemi juré, n’a pas réussi à détruire la Turquie à
travers la Grèce, elle recourt à des vieux trucs. Ainsi,
elle inspira sa marionnette Agha Khan à soutenir le calife
et divisa de ce fait la Turquie en deux camps. Il se mit
alors mis à attiser la ferveur de l’Assemblée nationale et
cela conduisit les orateurs parmi les députés à se
précipiter pour lancer une attaque féroce contre le calife,
les religieux et les chefs de l’opposition. Ils approuvèrent
également un projet de loi interdisant le fait que toute
opposition à la république et toute inclination envers le
Sultan déchu serait considérée comme une trahison passible
de la peine capitale.
Lorsque certains députés soulignèrent les mérites du calife
d’un point de vue diplomatique, les partisans de Mustafa
Kemal tentèrent de les faire taire en criant, en hurlant et
en protestant. Puis Mustafa Kemal se leva et dit : «
N’est-ce pas à cause du calife, de l’Islam et des religieux
que les paysans turcs se sont battus et perdirent la vie
pendant cinq siècles ? Il est grand temps que la Turquie
s’occupe de ses intérêts, ignore les Indiens et les Arabes
et se sauve du fardeau de diriger les terres islamiques. »
Puis il chercha à scruter l’armée et à découvrir l’étendue
de leur soutien ou de leur opposition à l’abolition du
calife et à la séparation de la religion de l’état,
malédiction d’Allah sur lui. Il assista donc aux manœuvres
militaires annuelles près d’Izmir et passa des jours à
examiner la situation avec Fawzi et Ismat et à sonder les
officiers et soldats de rang inférieur. Il trouva une forte
opposition et ne parvint pas à un résultat concluant qui le
rassura.
Il passa ensuite plusieurs nuits à réfléchir sur la question
sous tous ses angles, décidant finalement de recourir au
terrorisme. Mustafa Kamal choisit de l’Assemblée l’un des
députés adverses un jour où il avait manifesté sa farouche
opposition lors de l’une des sessions, et ordonna à
quelqu’un de l’assassiner la même nuit alors qu’il rentrait
chez lui. Un autre député prononça un discours dans lequel
il soutenait le calife, alors Mustafa Kemal le menaça de
pendaison s’il ouvrait à nouveau la bouche avec la même
chose. Il convoqua ensuite Raouf d’Istanbul et le força à
lui prêter serment d’allégeance et à la république devant le
comité central du Parti populaire, le menaçant de démettre
de ses fonctions le parti et le comité s’il ne le faisait
pas. Il envoya également un ordre strict au gouverneur
d’Istanbul, lui ordonnant d’annuler le protocole pompeux
entourant le calife pendant l’exécution de la prière ; il
abaissa également sa position au plus bas niveau et ordonna
à ses partisans de l’abandonner.
Au milieu de cette atmosphère de terreur, de cette
propagande et de ces rumeurs, la Grande Assemblée nationale
appela à une réunion. Ainsi l’Assemblée se réunit le 1er
mars 1924. Le discours inaugural se concentra sur la
nécessité de détruire le Califat et cela fut accueilli par
un barrage d’opposition farouche.
Mustafa Kemal présenta à l’Assemblée un décret enjoignant
l’abolition du Califat, l’expulsion du calife et la
séparation de la religion de l’état puis, il s’adressa aux
députés en colère en disant : « Nous devons à tout prix
sauvegarder la république menacée et la faire monter sur des
bases scientifiques solides. Le calife et l’héritage de la «
famille ottomane » doivent disparaître, les tribunaux
religieux sont délabrés et leurs lois doivent disparaître et
être remplacées par des tribunaux et des lois modernes, et
les écoles de clercs doivent céder leur place aux écoles
laïques gouvernementales. »
Des débats animés eurent lieu et des disputes âpres
éclatèrent mais n’aboutirent à rien. Le deuxième jour,
l’Assemblée nationale se réunit de nouveau pour revoir ce
décret ; la session dura toute la nuit jusqu’à 6h30 du matin
avec une dispute acharnée et un débat sans relâche.
Dans la matinée du troisième jour de mars 1924, il fut
annoncé que la Grande Assemblée nationale avait approuvé
l’abolition du Califat et la séparation de la religion de
l’état. La même nuit, Mustafa Kemal envoya un ordre au
gouverneur d’Istanbul stipulant que le calife ‘Abd al-Majid
devait quitter la Turquie avant l’aube du lendemain. Il se
rendit donc avec une garnison de la police et de l’armée au
palais du calife au milieu de la nuit et le calife fut
contraint de monter à bord d’une voiture qui l’emmena à
travers les frontières vers la Suisse, après avoir reçu une
valise contenant des vêtements et de l’argent. Deux jours
plus tard, le maudit Mustafa Kemal rassembla tous les
princes et princesses du trône et les expulsa hors du pays.
Toutes les fonctions religieuses furent annulées et les «
Awqaf » (dotations) des Musulmans devinrent la propriété de
l’état. Les écoles religieuses furent transformées en écoles
civiles sous les auspices du Ministère de l’éducation.
De cette manière, Mustafa Kemal remplit les quatre
conditions que Curzon, le Ministre britannique des Affaires
étrangères avait exigées, et l’obstacle empêchant la
convocation et le succès de la conférence de paix n’existait
plus. Le 8 mars 1924, le ministre des Affaires étrangères
d’Ismat Bacha, le chef de la délégation turque, envoya une
lettre à la conférence demandant la reprise des négociations
et les Alliés acceptèrent. Le 23 avril 1924, la conférence
fut de nouveau convoquée et les participants se mirent
d’accord sur les conditions de paix. Le Traité de Lausanne
fut signé le 24 juillet 1924. Les états reconnurent
l’indépendance de la Turquie, la Grande-Bretagne évacua
Istanbul et le Détroit et Harrington quitta la Turquie. En
conséquence, l’un des députés britanniques protesta contre
Curzon à la Chambre des communes pour avoir reconnu
l’indépendance de la Turquie. Curzon lui répondit en disant
: « Le point en litige est que la Turquie a été détruite et
ne se relèvera plus jamais, parce que nous avons détruit son
pouvoir spirituel : le Califat et l’Islam. »
C’est ainsi que le Califat fut complètement détruit ainsi
que l’Islam en tant que constitution d’état, source de
législation de l’Oummah et mode de vie. Tout cela fut
l’œuvre des Britanniques par l’intermédiaire de leur
collaborateur et agent, le perfide Mustafa Kemal. Les
Britanniques réussirent à détruire le Califat et l’Islam à
travers Mustafa Kemal malgré les Musulmans du monde entier
en général et malgré les Musulmans en Turquie en
particulier. Par conséquent, la règle par ce qu’Allah a
révélé s’est éloignée de la surface de la terre et la règle
par autre que ce qu’Allah a révélé est restée. La règle de
Koufr est restée. La règle de Taghout est restée seule
dominante sur tous les peuples et a été mise en œuvre dans
le monde entier. Mais, ils ne l’ont fait que par la
permission d’Allah Exalté à Lui les Louanges et la Gloire.
Les questions vitales et la mesure de la vie et de la mort
Ici, on peut se demander : « Est-ce avec une telle facilité
que les mécréants réussirent à détruire le Califat et à
anéantir l’Islam de la scène politique, et alors que les
Musulmans sont des centaines de millions ? »
La réponse à cela est : « Oui ! Ce fut aussi facile pour les
mécréants de renverser le Califat et d’éliminer l’Islam de
la scène politique car les Musulmans ne l’ont pas défendu
excepté une poignée d’hommes. La raison pour laquelle cela
s’est produit était que ces questions vitales n’étaient pas
perçues par l’Oummah comme celles qui nécessitaient des
mesures de vie ou de mort à prendre. Ainsi, l’Oummah reçut
ce coup fatal sans un effort complet pour le repousser Cela
était dû au fait que l’Oummah ne considérait pas ce qui
s’était passé comme une question vitale dont dépendait sa
survie ou sa disparition. Par conséquent, elle ne voyait pas
cette calamité avec l’importance avec laquelle elle
considérerait normalement les questions dont dépend sa
survie. Par conséquent, elle n’entreprit pas de résoudre
cette calamité avec l’urgence de la vie ou de la mort.
L’instinct de survie fait qu’il incombe à chaque nation du
monde et à chaque peuple sur terre d’avoir ses propres
problèmes vitaux, pour lesquels une nation ou un peuple
donnerait son sang avec le consentement et avec la plus
grande ferveur, sans aucune hésitation ni aucun argument ou
débat. Ces problèmes sont ceux liés à la mort ou au maintien
en vie, ou liés au retrait d’un peuple de l’existence ou à
la sauvegarde de sa survie. Ces mesures sont uniques et
presque identiques pour toutes les personnes et les mesures
prises à leur égard sont similaires ou très similaires pour
toutes les personnes, car elles mettent réellement la vie en
danger. Par conséquent, les problèmes sont les mêmes et les
mesures sont également les mêmes. Cependant, les questions
liées à l’instinct de survie ne composent pas toutes les
questions vitales, pas plus que les questions vitales ne
sont uniquement celles liées à l’instinct de survie ; car il
y a d’autres problèmes vitaux liés à l’instinct spirituel et
à l’instinct de procréation. Cependant, les gens diffèrent
sur ces questions en fonction de la différence de leur point
de vue sur la vie ; ils diffèrent donc dans les mesures
prises à leur égard ; il en est ainsi parce que ce qui rend
ces questions vitales, c’est le point de vue spécifique sur
la vie ; ils diffèrent donc et les mesures qu’ils
entreprennent diffèrent également. Par conséquent, certaines
questions vitales diffèrent entre les peuples et les nations
en fonction de la différence de leur point de vue sur la
vie. Les Musulmans sont une Oummah et ils ont sans aucun
doute une foule de problèmes vitaux. Les questions vitales
de l’Oummah, qu’elles soient liées à l’instinct de survie ou
à l’instinct spirituel ou à l’instinct de procréation,
devraient être en fonction de leur point de vue sur la vie.
Leur point de vue sur la vie est déterminé par l’Islam seul.
C’est donc l’Islam qui détermine les questions vitales et
détermine également les mesures à prendre.
L’Islam explique aux gens quels sont les problèmes vitaux et
fait de la mesure de la vie et de la mort à leur égard une
obligation. Par conséquent, les Musulmans n’ont pas le choix
de déterminer leurs problèmes vitaux. Ce qui est considéré
par l’Islam comme une question vitale doit être considéré
par les Musulmans comme tel. De même, ils n’ont pas le choix
dans la mesure de la vie ou de la mort entreprise face à de
telles questions ; parce que lorsque l’Islam détermina les
questions vitales, il détermina également la mesure que les
Musulmans devraient entreprendre à leur égard.
Il était inévitable que l’Islam affronte des événements qui
le menaçaient et que les Musulmans se soient heurtés à ce
qui menaçait leur existence, en leur qualité de Musulmans.
Il va de soi que tout mouvement de la vie ferait face à ce
qui menace son existence, en particulier les mouvements de
réforme et plus particulièrement les mouvements justes.
Depuis l’aube de l’Islam, la lutte est féroce entre l’Islam
et le koufr. Cette lutte porte sur le sort du Koufr et le
sort de l’Islam. La lutte sanglante qui s’ajouta à la lutte
intellectuelle depuis la création de l’État Islamique à
Médine était pour la défense des questions vitales. Par
conséquent, l’existence de questions vitales était pour les
Musulmans inévitable et axiomatique, et leur entreprise de
la mesure de la vie et de la mort à leur égard était
également inévitable et axiomatique. C’est une question pour
laquelle le Jihad fut rendu l’un des devoirs les plus
importants, dans lequel le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam)
a dit : « La
tête de l’affaire est l’Islam, son pilier est la Salat et
son sommet le Jihad. »
C’est aussi une question pour laquelle le Jihad continuera
jusqu’à ce que l’Heure vienne, car il (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) a dit : «
Et le Jihad a été constant depuis qu’Allah m’a envoyé
jusqu’à ce que la dernière génération de ma Oummah combattre
le Dajjal, il ne sera pas révoqué par la tyrannie de un
tyran ni par la justice d’un juste. » Le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a aussi dit : «
Le Jihad est constant
avec les pieux et les débauchés. »
Par conséquent, les Musulmans ne se sont pas relâchés un
seul instant pour défendre les questions vitales, ni n’ont
jamais hésité à entreprendre la mesure de la vie et de la
mort face à chaque question vitale.
Par conséquent, lorsqu’ils furent confrontés à ce qui
menaçait leur destin en tant qu’Oummah et en tant qu’état
pendant les croisades, les Musulmans prirent des mesures qui
nécessitèrent la vie ou la mort. Ainsi, ils engagèrent les
croisés dans une guerre féroce pendant plus d’un siècle.
L’Oummah Islamique réussit à repousser le coup fatal qui la
menaçait. De même, les Musulmans agirent de la même manière
lorsque les Mongols envahirent les Terres Islamiques.
L’Oummah Islamique considérait cette invasion comme une
question qui menaçait son existence, elle entreprit donc à
son égard la mesure de la vie et de la mort, et les
Musulmans engagèrent les Mongols dans une guerre dans
laquelle ils sacrifièrent leur vie sans rechercher aucun
gain mondain jusqu’à la victoire décisive.
Ainsi, les Musulmans avaient l’habitude de percevoir les
questions vitales et d’entreprendre à leur égard ce qui leur
était obligatoire, c’est-à-dire la mesure de la vie et de la
mort. Il en était ainsi parce que ce que l’Islam a expliqué
en termes de questions vitales était considéré comme des
faits par les Musulmans, qu’ils tenaient fermement et que la
perception de tout danger leur était clairement manifestée.
Il était donc inconcevable pour eux de faire face à une
situation qui menaçait leur existence sans entreprendre à
son égard ce que l’Islam leur a imposé, c’est-à-dire la
mesure de la vie et de la mort. Ni l’Oummah Islamique, ni
l’État Islamique n’ont jamais échoué dans le passé à
percevoir et à prendre conscience des problèmes vitaux,
manquant ainsi de percevoir et d’être conscient des mesures,
et donc de les négliger. Cependant, lorsque la perception de
l’Islam régressa au niveau de la déviation et que la piété
dans les âmes s’affaiblit au niveau du silence sur le koufr
flagrant, ces questions vitales perdirent leurs
considérations vitales et la mesure de la vie et de la mort
ne fut pas entrepris envers eux. Par conséquent, la menace
pesant sur l’existence se profilait et les Musulmans n’ont
pas donné généreusement leur sang et leur vie pour repousser
cette menace. Par conséquent, le Califat fut détruit, le
système de l’Islam aboli et l’ensemble de l’Oummah Islamique
menacé d’extinction.
Il est donc impératif de percevoir les questions vitales du
point de vue islamique comme l’Islam décrété dans le Livre
et la Sounnah. Il est également impératif de percevoir les
mesures obligatoires qui doivent être prises à leur égard,
telles que décrites par le Qur’an et par les Hadiths
du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Ce
n’est qu’alors que la prise de conscience des questions
vitales et de la mesure obligatoire à leur égard sera
générée et que leur négligence deviendra alors inconcevable.
Les questions vitales selon l’Islam
Si l’on devait revoir le Livre et la Sounnah, on constatera
que l’Islam a déterminé ces questions vitales de manière
explicite et qu’il détermina également les mesures
obligatoires à leur égard comme étant une question de vie ou
de mort. L’Islam, par exemple, considère l’apostasie de
l’Islam, que ce soit par un individu ou un groupe, comme une
question vitale et a fait de la mesure prise à son égard une
question de vie ou de mort, c’est-à-dire que le coupable se
repentira ou risquera la mort. Par conséquent, l’Islam
détermina la question et aussi la mesure. Le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a dit : «
Celui qui change sa
religion doit être tué. »
Il est également rapporté sur l’autorité d’Ibn Mas’oud qui a
rapporté que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) a dit : « Le
sang d’un musulman qui professe qu’il n’y a pas d’autre dieu
qu’Allah et que je suis le Messager d’Allah n’est pas
violable sauf dans trois cas : l’adultère, le meurtrier
d’une autre personne et l’apostat qui abandonne le groupe.
» Cette question était pour les Musulmans un concept
dominant et un fait auquel ils adhéraient fermement.
Les Musulmans avaient l’habitude de l’appliquer, et en
conséquence ils tuaient l’apostat qui refusait de se
repentir. Les Sahaba le firent au Yémen du vivant du
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ; ils l’ont
aussi fait après lui ... et ceux qui leur ont succédé firent
de même. Dans le Hadith d’Abou Moussa (radhiyallahou
‘anhou), il est rapporté que le Messager d’Allah lui dit : «
Va au Yémen ! »
Puis il envoya Mou’ad Ibn Jabal (radhiyallahou ‘anhou) le
rejoindre. Quand il le rejoignit, Abou Moussa lui jeta un
oreiller et lui dit : « Descends. » Alors que Mou’ad était
sur le point de mettre pied à terre, il remarqua un homme
ligoté ; alors il demanda : « Qu’est-ce que c’est ? » Abou
Moussa répondit : « C’était un juif, cependant il ensuite
embrassé l’Islam et puis redevint juif. » Sur ce Mou’ad lui
dit : « Je ne siégerai pas avant qu’il ne soit tué. Celui
qui révoque sa religion doit être tué. »
Abou Daoud a rapporté : « Un homme qui apostasia de l’Islam
fut amené à Abou Moussa, alors il l’invita à se repentir
pendant une vingtaine de nuits ; puis Mou’ad arriva et
l’invita à se repentir mais il refusa alors il lui frappa le
cou. »
Ad-Daraqoutni et al-Bayhaqi ont rapporté ce qui suit : «
Abou Bakr (radhiyallahou ‘anhou) invita une femme appelée
Oumm Qarfah à se repentir, ayant embrassé l’Islam puis
apostasié, mais elle refusa de se repentir, alors il la tua.
»
De plus, lorsque de nombreuses tribus arabes rejetèrent
l’obligation de la Zakat, Abou Bakr considéra qu’il
s’agissait d’une apostasie de l’Islam. Ainsi, il leva l’épée
contre eux et les combattit jusqu’à ce qu’il les ramène au
bercail de l’Islam.
Il est rapporté dans al-Fath sous l’autorité de
‘Abdallah Ibn Sharik sur celle de son père qui a dit : « On
dit à ‘Ali : Il y a des gens ici à la porte de la mosquée
qui prétendent que tu es leur dieu. Alors il les convoqua et
leur dit : « Malheur à vous ! Que dites-vous ? » Ils dirent
: « Tu es notre dieu, notre créateur et notre pourvoyeur. »
Il dit : « Malheur à vous, je ne suis qu’un serviteur comme
vous. Je mange comme vous et je bois comme vous. Si j’obéis
à Allah, Il me récompensera s’Il le souhaite et si je Lui
désobéissais, je crains qu’Il me punisse. Craignez donc
Allah et repentez-vous. » Ils refusèrent toujours de se
repentir. Le jour suivant, ils lui furent amenés et Qanbar
vint et dit : « Par Allah, ils ont recommencé à dire la même
chose. » Alors ‘Ali (radhiyallahou ‘anhou) dit : «
Laissez-les entrer. » Alors ils dirent encore dit la même
chose. Le troisième jour, ‘Ali (radhiyallahou ‘anhou) leur
dit : « Si vous répétez la même chose, je vous tuerais de la
pire des manières. » Ils refusèrent toujours. ‘Ali
(radhiyallahou ‘anhou) ordonna donc de creuser un trou pour
eux entre l’entrée de la mosquée et le palais ; puis il
ordonna que du bois soit jeté dans le trou et allumé. Il
leur dit alors : « Je vous jetterai dedans si vous ne vous
repentez pas. » Ils refusèrent toujours, alors il les jeta.
»
Quand Ibn ‘Abbas (radhiyallahou ‘anhoum) entendu parler de
leur incinération, il exprima son désaccord et dit qu’ils
auraient dû être tués.
Ikrimah a rapporté : Un groupe d’apostats fut amené à l’émir
des croyants ‘Ali (radhiyallahou ‘anhou) afin qu’il les
brûle. Ibn ‘Abbas (radhiyallahou ‘anhoum) entendit parler de
cela et dit : « Si j’avais été lui, je ne les aurais pas
brûlés parce que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) a interdit cela en disant : «
Ne punissez pas avec
le châtiment d’Allah. » Je les aurais tués parce que le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a dit : «
Celui qui change sa
religion doit être tué. »
Au temps du calife al-Mahdi, le nombre d’athées et
d’apostats augmenta, il les invita à se repentir et celui
qui refusait était tué. Al-Mahdi en tua un nombre
considérable.
Donc, les Musulmans, parmi lesquels les Sahaba, ceux
qui leur ont succédé et les califes avaient l’habitude de
tuer les apostats. Ils étaient fermes en la matière sans
aucun relâchement. Cependant, lorsque le Califat devint
faible et que la compréhension de l’Islam s’affaiblit
également, il y eut un relâchement dans l’exécution des
apostats, jusqu’à ce que l’athéisme et l’apostasie se
propagèrent et atteignirent le point où certains des
apostats établirent des groupes et adopté une religion
étrangère à l’Islam ; en conséquence, la peur se glissa dans
le cœur des Musulmans, malgré le fait que c’était une
question vitale d’une part et une question dans laquelle
l’intercession et le pardon étaient hors de question d’autre
part.
Par conséquent, il n’était pas surprenant qu’un homme comme
Mustafa Kemal déclare la guerre à l’Islam, c’est-à-dire
apostasie contre l’Islam sans personne pour exécuter la
règle de la Shari’ah sur lui, puisque la question de
l’apostasie n’était plus considérée comme une question
vitale, et c’est ce qui s’est passé. De même celui qui
dispute le pouvoir après que le calife ait été établit doit
être exécuté tout comme celui se lève contre le calife ou
lui dispute l’autorité. Les crimes de Mustafa Kemal furent
nombreux en plus d’avoir collaboré avec l’ennemi et trahit
le calife, il provoqua la sédition dans le pays. Or les
tribunaux islamiques sur ce point sont aussi très clairs.
L’Islam a fait de l’unité de l’Oummah Islamique et de
l’unité de l’état l’une des questions vitales et a fait de
la mesure prise à son égard une mesure de vie ou de mort.
Ainsi, il trancha la question et la mesure.
Cela se manifeste dans deux cas : l’un est la question de la
pluralité de califes et l’autre est la question des
rebelles. Il a été rapporté sous l’autorité de ‘Abdallah Ibn
‘Amr Ibn al-‘As (radhiyallahou ‘anhou) qu’il entendit le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dire : «
Celui qui a promis
son allégeance à un Imam lui donnant l’étreinte de sa main
et le fruit de son le cœur lui obéira aussi longtemps qu’il
le pourra, et si un autre vient se disputer avec lui, tu
devras frapper le cou de cet homme. »
Il a également été rapporté sous l’autorité d’Abou Sa’id
al-Khoudri (radhiyallahou ‘anhou) que le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a dit : «
Si une allégeance a
été pris pour deux califes, tuez le dernier d’entre eux.
» Par conséquent, il fit de l’unité de l’état une question
vitale en interdisant la pluralité des califes et en
ordonnant l’exécution de celui qui tente d’établir une
pluralité dans le Califat, à moins qu’il ne se rétracte.
Il a également été rapporté sur l’autorité d’Ajrafa
(radhiyallahou ‘anhou) qui a dit : « J’ai entendu le
Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) dire : «
Celui qui vient à
vous alors que votre affaire a été unie sous un seul homme,
dans l’intention de creuser un fossé entre vous ou de
fragmenter votre groupe, tuez-le. » Par conséquent, il
fit de la question de l’unité de l’Oummah et de la question
de l’unité de l’état une question vitale en interdisant la
fragmentation du groupe et en ordonnant le meurtre de celui
qui tente de la provoquer, à moins qu’il ne se rétracte.
Quant aux rebelles, Allah, à Lui les Louanges et la Gloire,
dit :
«
Et si deux groupes
de croyants se combattent, faites la conciliation entre eux.
Si l’un d’eux se rebelle contre l’autre, combattez le groupe
qui se rebelle, jusqu’à ce qu’il se conforme à l’ordre
d’Allah. » Qur’an 49 : 9
Il en est ainsi parce que la rébellion contre celui dont
l’Imama des Musulmans a été établi, à savoir celui qui a été
établi comme calife des Musulmans, est interdite, en raison
du fait que la rébellion conduit à la désunion des
Musulmans, à l’effusion de leur le sang et le gaspillage de
leurs richesses.
Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a dit :
« Celui qui se
rebelle contre ma Oummah alors qu’elle est unie, frappe son
cou avec l’épée qui qu’il soit. » Par conséquent, ceux
qui se rebellent contre l’Imam sont considérés comme des
rebelles. Ils devraient être invités à se repentir et leurs
doutes devraient être dissipés, mais s’ils persistent, ils
devraient être tués.
En interdisant la pluralité de l’état et la rébellion contre
lui et en interdisant la division de l’Oummah, l’unité de
l’état et celle de l’Oummah devient une question vitale, car
le Législateur, à Lui les Louanges et la Gloire, décrète que
la mesure à entreprendre envers ceci est une mesure de la
vie et de la mort. Par conséquent, celui qui commet un tel
acte doit se repentir ou être tué. Les Musulmans le mirent
en œuvre et avaient l’habitude de le considérer comme l’une
des questions les plus importantes et les plus critiques.
Ils ne furent jamais indulgents à cet égard envers un
Musulman quel qu’il soit. ‘Ali (radhiyallahou ‘anhou) n’a
jamais été indulgent avec Mou’awiyyah (radhiyallahou
‘anhou), ni lui envers ‘Ali, ni les Omeyyades ou les
Abbassides avec les Khawarij, et les faits établis à ce
sujet sont innombrables. Cependant, lorsque le Califat
devint faible et que la compréhension de l’Islam déclina,
les Musulmans gardèrent le silence sur la séparation des
Terres Islamiques du corps du Califat. Ainsi, un fossé fut
creusé entre les Musulmans et ils se divisèrent dans
plusieurs états, malgré le fait que la séparation de tout
pays du corps de l’état est une question vitale qui stipule
soit le repentir des rebelles, soit la guerre contre eux,
quel que soit le coût en vies ou en richesse.
La situation atteignit le point où les Musulmans vivaient
dans plusieurs états et le Califat devint aussi l’un de ces
états. La situation s’aggrava même au point que certains
Musulmans commencèrent à appeler à une ligue islamique, où
le Califat conclurait des accords avec les états qui se
seraient séparés d’elle. De cette manière, le Califat
approuverait leur séparation et cela soutiendrait la
désunion des Musulmans afin qu’ils se transforment en
plusieurs peuples et nations, malgré le fait qu’il
s’agissait d’une question vitale et malgré le témoignage
explicite des Hadiths sur le repentir ou la mort. Par
conséquent, ce n’est pas une surprise lorsque Mustafa Kemal
déclara le démembrement de la Turquie du reste des Terres
Islamiques, et même lorsqu’il déclara son approbation de
céder les Terres Islamiques aux mécréants pour décider de
leur sort parce que la question fut reléguée d’être une
question vitale. Ainsi, la calamité eut lieu et les
Musulmans devinrent indifférents à devoir vivre dans
plusieurs états et à être divisés en plusieurs peuples et
nations. C’était uniquement parce que la question de l’unité
de l’Oummah et la question de l’unité de l’état n’étaient
plus considérées comme des questions vitales et que la
mesure prise à leur égard n’était plus une mesure de vie ou
de mort. Il est donc impératif de remettre cette question à
sa juste place et de la considérer comme une question
vitale, empêchant ainsi le démembrement de tout pays du
corps du Califat, même si cela conduit à plusieurs années de
combats et même si cela conduit au meurtre de millions de
Musulmans.
De même, l’Islam fait de la manifestation de l’incrédulité
flagrante (koufr) l’une des questions vitales et de la
mesure prise à son égard une mesure de vie ou de mort.
L’Islam détermine la question et la mesure.
Mouslim a rapporté dans le Hadith de ‘Awf Ibn Malik
(radhiyallahou ‘anhou) que le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) a dit : «
Des émirs seront
nommés sur vous, et vous les verrez en train de faire de
bonnes actions aussi bien que des mauvaises. Celui qui hait
leurs mauvaises actions sera exonéré de tout blâme, celui
qui désapprouve leurs mauvaises actions est également en
sécurité, mais celui qui approuve et suit est condamné.
» Il fut demandé : « Ô Messager d’Allah ! Ne devrions-nous
pas les combattre avec l’épée ? » Il dit : «
Non, tant qu’ils
continuent à établir la prière parmi vous. »
Dans une autre narration : « Ils dirent : « Ô Messager
d’Allah, ne devrions-nous alors pas les combattre ? » Il
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) répondit : «
Non, tant qu’ils
continuent à établir la prière parmi vous. »
Boukhari a rapporté sur l’autorité de ‘Oubadah Ibn as-Samit
(radhiyallahou ‘anhou) : « Le Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) nous invita alors nous lui avons promis
notre allégeance d’entendre et d’obéir dans le bonheur et le
malheur, dans l’aisance et dans les difficultés et les
mauvaises circonstances ; que nous ne nous disputerions pas
avec les personnes en position d’autorité, à moins que l’on
n’ait été témoin d’un Koufr flagrant dont on a une preuve
concluante d’Allah. »
Dans la narration d’at-Tabarani, il est dit : « koufr
évident, » et dans un récit d’Ahmad, il dit : « Tant
qu’il ne vous ordonne pas de commettre un péché flagrant. »
Il a également été rapporté sous l’autorité de ‘Awf Ibn
Malik al-Ashja’i (radhiyallahou ‘anhou) que le Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a dit : «
Le meilleur de vos
Imams sont ceux que vous aimez et ils vous aiment et qui
prient pour vous et vous priez pour eux, et les pires de vos
Imams sont ceux que vous détestez et ils vous haïssent et
vous les maudissez et ils vous maudissent. » Nous avons
demandé : « Ô Messager d’Allah, ne leur résisterons-nous pas
alors ? » Il répondit : «
Non, tant qu’ils
continueront à établir la prière parmi vous. »
L’établissement de la prière se reflète dans l’établissement
de la religion. Cela équivaut également à la règle de
l’Islam et à la manifestation. Le koufr flagrant est le
koufr manifesté dans les actions accomplies par le
souverain, s’il juge par le koufr.
Par conséquent, le concept derrière ces Hadiths est
que nous devons résister aux dirigeants s’ils ne parviennent
pas à établir la règle de l’Islam et s’ils ne respectent pas
ses rites, et que nous devons les combattre s’ils
établissent la règle du Koufr. Aussi pour défier les
personnes en autorité si nous assistons à un koufr flagrant.
Les défier, c’est générer le défi même si cela conduit à les
combattre. Il est mentionné dans
al-Fath :
« Les savants se sont mis d’accord sur l’obligation d’obéir
au sultan dominant et d’accomplir le Jihad à ses côtés. Son
obéissance vaut mieux que la rébellion contre lui, car cela
épargne des vies et apaise la population. Cependant, ils en
ont exclu le cas où le koufr flagrant est affiché par le
sultan, auquel cas il serait interdit de lui obéir, il
devrait plutôt être combattu par ceux qui sont capables,
comme mentionné dans le Hadith. »
Ash-Shawkani a écrit dans son livre intitulé
Nayl al-Awtar : «
Ceux qui estiment qu’il est obligatoire de résister aux
malfaiteurs avec l’épée et de lutter contre eux, ont utilisé
comme preuve les textes généraux du Livre et de la Sounnah.
» Par conséquent, la question de l’obligation de gouverner
par l’Islam et d’empêcher le gouvernement de diriger par le
koufr est une question vitale, car le Législateur, à Lui les
Louanges et la Gloire, fait de la mesure qui devrait être
prise à son égard une mesure de vie ou de mort ; ainsi celui
qui ne gouverne pas par l’Islam et gouverne par un système
koufr devrait soit se rétracter, soit être tué.
Les Musulmans sont ordonnés de ne pas garder le silence sur
ceux qui jugent autrement que par ce qu’Allah, à Lui les
Louanges et la Gloire, a révélé, car c’est une question
vitale. Cependant, lorsque la piété s’est affaiblie dans
l’âme des Musulmans et que leur compréhension de l’Islam
s’est également affaiblie, il leur devint facile de garder
le silence sur les califes et les dirigeants s’ils
gouvernaient par le koufr en une seule affaire ; et lorsque
leur faiblesse augmenta, ils trouvèrent facile de se taire
sur les dirigeants s’ils gouvernaient par le koufr dans
plusieurs domaines. La conséquence à long terme de ce
silence fut que les dirigeants eurent l’audace de mettre en
œuvre le koufr de manière flagrante. Les Musulmans d’Égypte
gardèrent le silence lorsque le dirigeant mit en œuvre la
loi civile française et abolit les règles de la Shari’ah.
Les Musulmans gardèrent le silence dans l’État Islamique
lorsque les règles du koufr furent établies en tant que
constitution pour les Musulmans en 1909. Bien qu’ils se
soient révoltés contre eux au début, ils restèrent
silencieux par la suite. Par conséquent, ce n’est pas une
surprise lorsque Mustafa Kemal détruisit le Califat et
toutes les règles de l’Islam et déclaré le règne du koufr.
C’était ainsi parce que les Musulmans ne considéraient plus
cette question comme vitale, ainsi la calamité se produisit
et il est devenu facile pour les Musulmans d’assister au
koufr flagrant sans brandir l’épée pour l’enlever ; il
devint même facile pour eux d’être gouvernés par le koufr
sans le condamner. Pire encore, la majorité des Musulmans
acceptèrent les règles du koufr, s’y habituèrent et
abandonnèrent les règles de l’Islam par choix. Cette
situation atteignit un tel point que les Musulmans
acceptèrent le koufr et le réclamèrent, en plus de garder le
silence sur lui et de ne pas le combattre. Tout cela parce
que la question du pouvoir par un système koufr n’était plus
considérée comme une question vitale et que la mesure prise
à son égard n’était plus celle de la vie ou de la mort. Il
est donc impératif de remettre cette question à sa juste
place et de la considérer comme une question vitale. Ainsi,
la domination par un système koufr sera empêchée même si
cela conduisait à plusieurs années de combats et même au
massacre de millions de Musulmans et au martyre de millions
de croyants. Ils sont bien morts par millions pour le koufr
et sa défense !
Donc, la perception de toutes les questions vitales que le
Législateur, à Lui les Louanges et la Gloire, a esquissé et
déterminé et pour lesquelles Il a fait en sorte que la
mesure à prendre à leur égard soit la vie ou la mort,
s’affaiblit. Le lien entre ces questions et la ‘Aqidah
Islamique s’affaiblit et furent relégués de leur position au
point où elles n’étaient plus perçues comme des règles très
critiques de la Shari’ah, pour lesquelles les armes
devraient être prises ; ainsi, elles furent relégués de la
position dans laquelle le Législateur, à Lui les Louanges et
la Gloire, les avait placés, c’est-à-dire qu’ils ont été
relégués de la position de la question vitale. Par
conséquent, la mesure que la Shari’ah a décrétée à leur
égard ne fut plus considérée comme une résistance par la
force pour supprimer le règne du koufr et rétablir le règne
de l’Islam. Par conséquent, la question de la destruction du
Califat et de la suppression du système islamique ne fut pas
perçue comme une question vitale, et le fait que cette
question était vitale ne fut pas une considération
dominante. Donc Mustafa Kemal poursuivit son action, détruit
le Califat et raya l’Islam de la carte politique sans que
personne ne prenne les armes contre lui et ne le combatte.
Par conséquent, la destruction du Califat par les mécréants
et leur retrait du système de l’Islam de l’existence se
déroulèrent avec facilité et simplicité, sous les yeux de
millions de Musulmans. Si les Musulmans avaient été à
l’époque conscients du fait que cette question était vitale,
dont dépendaient le sort des Musulmans et le sort de l’Islam
et que la mesure nécessaire à son égard était de prendre les
armes et de combattre Mustafa Kemal, les Musulmans
n’auraient pas reçu ce coup, cette horrible calamité et
cette tragédie majeure. Par conséquent, l’incapacité des
Musulmans à se rendre compte que cette question était une
question vitale qui nécessitait une mesure de vie ou de
mort, fut la cause de la calamité qui les frappa. |