Mustafa Kemal adopte Ankara comme centre
Ayant remporté cette victoire, Mustafa Kemal tenta une fois
de plus de s’emparer du pouvoir par des moyens légitimes par
le biais du Parlement. Les préparatifs des nouvelles
élections parlementaires furent lancés, mais ils reposaient
sur l’ancienne base, à savoir un parlement ottoman
subordonné au gouvernement du calife. Cependant, le Premier
ministre ‘Ali Ridha était faible et il sentit la dérive des
gens vers Mustafa Kemal. Il jugea donc sage de s’entendre
avec lui. En conséquence, il envoya Salih Bacha, le
ministre de la Marine en Anatolie, où, le 18 octobre 1919,
il tint avec la commission parlementaire une réunion qui
devint plus tard connue sous le nom de Conférence d’Amasia.
La conférence dura plusieurs jours et Salih Bacha
réussit à se réconcilier entre les députés et le
gouvernement. La première motion à être proposée à la
conférence et à être immédiatement approuvée par les deux
parties fut la « non-violation du Sultanat et du Califat. »
Le délégué d’Istanbul approuva ensuite toutes les
résolutions adoptées lors de la conférence Ardh-Roum et de
la conférence de Sivas. Une discussion animée éclata
concernant la question de la dissolution du Comité
parlementaire, et après l’intensification du débat, la
question resta en suspens et il fut décidé qu’elle resterait
suspendue jusqu’à ce que les membres du nouveau parlement
puissent se réunir pour le régler.
Mustafa Kemal déménagea alors à Ankara pour y résider et
l’utiliser comme centre. Des dispositions furent prises pour
l’accueillir et le matin de son arrivée prévue, les
résidents locaux se levèrent tôt et toute la ville attendit
avec impatience. Les fermiers quittèrent leurs fermes pour
participer à son accueil et les derviches sortirent dans une
grande procession, portant de grandes banderoles vertes
portant des versets Qur’aniques exaltés. Quand il arriva,
les gens applaudirent, les femmes crièrent, et les Takbir et
acclamations retentirent ; Le traitre entra dans la ville en
héros et y élut domicile pour poignarder l’Oummah .
De nouvelles élections eurent lieu et Mustafa Kemal fut élu
député d’Ankara. Plusieurs députés affluèrent alors à Ankara
et tinrent une réunion préliminaire pour discuter de leurs
affaires. Au cours de la réunion, il fut proposé de
convoquer le parlement dans la capitale et de dissoudre la
conférence maintenant que ses membres étaient devenus des
députés officiels. Cependant, Mustafa Kemal s’opposa aux
deux idées avec véhémence et obstination en disant : « La
conférence doit se poursuivre jusqu’à ce que le degré
d’adhésion du Parlement à la justice devienne manifeste et
jusqu’à ce que sa politique devienne claire. Quant à
déménager dans la capitale, cela ne peut être considéré que
comme une pure idiotie. Si vous faites cela, vous serez sous
la merci de l’ennemi occidental car les Britanniques
contrôlent toujours le pays et l’autorité interférerait dans
vos affaires, et vous pourriez être arrêté. Par conséquent,
le Parlement devrait être convoqué ici en Ankara, pour qu’il
reste libre et indépendant. »
Néanmoins, tous les députés insistèrent pour que
l’inauguration du parlement ait lieu dans la capitale
Istanbul et dans la chambre du parlement, afin qu’ils
puissent être là sous l’aile du dirigeant légitime du pays,
le Sultan Wahid ad-Din, le calife des Musulmans. Sur
ce, Mustafa Kemal garda le silence et accepta. Cependant, il
n’alla pas à Istanbul mais resta à Ankara. Auparavant, il
avait tenu une réunion parlementaire avec les députés
d’Ankara et leur avait donné les instructions nécessaires.
Il leur demanda de voter pour lui comme président du
parlement en son absence.
Le 11 novembre 1919, le parlement fut inauguré par un
discours du trône puis l’élection d’un président eut lieu.
Les députés refusèrent d’élire Mustafa Kemal comme président
et optèrent pour Raouf Bek à la place. Puis, le 28 janvier
1920, le parlement ratifia la charte nationale connue sous
le nom de fameuse Charte Milli, qui confirmait les
résolutions des conférences Ardh-Roum et Sivas. La charte
appela à l’indépendance et à la liberté totale de toutes les
provinces habitées par une majorité turque, y compris
Istanbul et sa banlieue, s’étendant le long de la Mer de
Marmara, à condition que le sort de toutes les parties de
l’empire soit décidé par référendum.
Pendant ce temps, les pays européens informèrent le
gouvernement ottoman par un mémorandum officiel qu’Istanbul
et les détroits devaient rester à la disposition du Sultan.
Les partisans de Mustafa Kemal interprétèrent cela comme une
victoire de leur politique et qu’il serait possible de
s’entendre avec les Européens sur des conditions de trêve
plus équitables. Par conséquent, Mustafa Kemal commença à
travailler pour faire tomber le gouvernement de ‘Ali Ridha
Bacha et pour le remplacer par un gouvernement nationaliste
pur et simple. Il persista et pressa les députés avec
véhémence d’entreprendre cette initiative et épuisa tous ses
efforts, mais les députés reculèrent et refusèrent d’écouter
Mustafa Kemal. Ainsi, il devint furieux et se rendit compte
que son plan pour prendre le pouvoir par des moyens
légitimes et pour remplacer le système du Califat par un
système républicain de koufr était inévitablement voué à
l’échec. Alors, il entreprit de raviver la rébellion afin de
s’emparer du pouvoir par la force.
C’est Mustafa Kemal qui appela à l’élection de nouveaux
membres et reconnu la constitutionnalité de l’assemblée. Il
approuva les députés choisis et promit de se conformer aux
résolutions de l’assemblée, qui avait dissous l’ancien
gouvernement et accepté le gouvernement actuel, avec les
demandes que le pays devrait être gouverné par la règle
constitutionnelle. Malgré tout cela, il décida de déclarer à
nouveau la rébellion, après avoir perdu tout espoir de
prendre le pouvoir par le Parlement. Par conséquent, il
équipa les troupes et à prépara au combat. Des armes et des
fonds commencèrent à affluer vers lui depuis Istanbul en
toute connaissance de cause du Haut-Commissaire britannique
et du Haut-Commissaire français qui avaient tous deux
l’habitude d’exprimer nominalement leur objection à cela,
mais se taisaient généralement et refusaient de révéler quoi
que ce soit ; même lorsqu’un incident bien plus important
que celui-ci se produisit, c’est-à-dire lorsque Mustafa
Kemal rassembla des camions pleins d’armes et de munitions
dans la péninsule de Gallipoli, juste sous le nez du
Haut-Commissaire britannique et malgré sa surveillance, une
autre preuve.
Une guérilla maquillée éclata contre les Alliés, et Biria
fut assiégée et forcée de capituler, ainsi les rebelles
permirent à la garnison italienne d’évacuer. Puis le côté
est de la Cilicie fut attaqué et la garnison française
évacuée. Londres et Paris appelèrent à un arrêt absolu des
opérations militaires, mais celles-ci se poursuivirent.
Ainsi, le 7 mars 1920, les Alliés forcèrent ‘Ali Ridha à
démissionner qui présenta sa démission et fut remplacé par
Salih Bacha, qui était le Ministre de la marine, et
qui avait dans le passé conclu un accord avec Mustafa Kemal
à Amasia. Par conséquent, il agit au sein du gouvernement
tout en essayant de dissiper et de pacifier la situation.
Cependant, le 10 mars 1920, Lord Curzon prononça un discours
à la Chambre des Lords dans lequel il déclara : « Les Alliés
ne peuvent plus tolérer le niveau de dépréciation que les
Européens doivent endurer à Istanbul, alors que les
Chrétiens y sont persécutés et massacrés (un odieux mensonge
comme d’habitude). »
Les Britanniques occupent Istanbul
À la suite de cette déclaration, le port de la Corne d’Or se
remplit de navires de guerre britanniques. Le personnel
britannique évacua l’Anatolie et des ordres furent donnés à
la garnison britannique restante d’évacuer le plus tôt
possible. Les Britanniques vivant à Ankara quittèrent la
ville à la hâte.
Le président du parlement à Istanbul, Raouf Bek, déclara que
les Britanniques avaient l’intention d’arrêter les députés
nationalistes et de restaurer le gouvernement de Damad Farid
Bacha. Par conséquent, Mustafa Kemal télégraphia à ses
adjoints les exhortant avec véhémence à fuir et à ne pas se
rendre aux Britanniques, mais ils refusèrent de fuir.
Aux premières heures du 16 mars 1920, toutes les mesures
visant à occuper militairement Istanbul et à resserrer
l’emprise sur les résidents locaux furent prises. Cette
tâche fut déléguée au général britannique Henri Wilson, qui
avait été nommé auparavant commandant en chef des forces
alliées.
Paris et Rome convinrent que les trois gouvernements
britannique, français et italien devraient participer à
l’imposition des sanctions. Cependant, c’est la
Grande-Bretagne seule qui envoya sa marine. Lorsque la
France et l’Italie réalisèrent que la Grande-Bretagne avait
réussi à occuper Istanbul, elles intervinrent une fois de
plus pour bloquer l’initiative catégoriquement britannique
afin de préserver l’équilibre international des forces et
exigèrent donc de participer à la direction du pays mais les
Britanniques ne leur permirent pas de le faire et agirent
seuls.
Puis sans plus tarder, les troupes britanniques
patrouillèrent les rues principales de la ville, exhibant
fièrement, occupant la poste et tous les principaux
bâtiments du gouvernement, après avoir terrorisé les
habitants et même les soldats turcs eux-mêmes. Ils
arrêtèrent un certain nombre de députés du parti de Mustafa
Kemal, parmi lesquels Raouf Bek et Fathi Bek. Ils
arrêtèrent également l’ancien Premier ministre Said Halim,
les emmenant tous en prison. Le lendemain matin, ils furent
embarqués dans un bateau qui les emmena à Malte. Par
conséquent, certains des députés et officiers de l’armée
fuirent Istanbul pour Ankara. Et ainsi, les alliés prirent
le contrôle total d’Istanbul et la dirigèrent comme ils
l’entendaient. La loi martiale fut déclarée à Istanbul et
une censure stricte fut appliquée à la presse, aux
communications postales et télégraphiques et au
gouvernement.
Le ressentiment du peuple envers le Sultan pour son soutien aux mesures britanniques
Le Sultan soutint les mesures que les Britanniques avaient
prises et le gouvernement publia un communiqué public dans
lequel il exhorta les gens à observer le calme, déclarant
qu’il était de leur devoir de le faire. Le gouvernement
débuta le communiqué en disant : « Le devoir le plus
important de tout citoyen turc est de se conformer aux
ordres du Sultan. » Par conséquent, les masses et les
soldats turcs furent plongés dans une atmosphère de terreur
qui à son tour conduit au ressentiment de la population à
l’égard du Sultan et à l’intensification de toutes parts des
attaques contre lui. Puis le parlement fut officiellement
dissous.
Le 5 avril 1920, Salih Bacha démissionna et Damad
Farid Basha forma le nouveau gouvernement à la demande des
Britanniques et commença à diriger le pays de manière
despotique. Une fois le parlement dissous, il devint le seul
intermédiaire du pouvoir et prit ouvertement en compte les
intérêts britanniques qui tentèrent de le convaincre par
divers moyens, jusqu’à ce qu’il devienne presque plus
britannique que les Britanniques eux-mêmes. Le Sultan
n’était pas trop loin derrière dans sa tentative de gagner
les Britanniques et dans son attaque contre les partisans de
Mustafa Kemal. Il incita Sheikh al-Islam à émettre une fatwa
contre eux et il le fit. La fatwa déclara que tous les
nationalistes étaient parmi les maudits et parmi ceux qui se
sont égarés, et que les croyants parmi les serviteurs
d’Allah devraient déclarer la guerre à ces insurgés
révoltés. Un décret sultanesque fut publié simultanément
approuvant cette fatwa et condamnant Mustafa Kemal et ses
partisans à la peine capitale.
Quand Mustafa Kemal en entendit parler, il arrêta le petit
nombre de Britanniques qui restaient en Anatolie et qui
n’avaient pas évacué quand ils avaient reçu l’ordre de le
faire. Puis il ordonna à la garnison turque d’attaquer les
Britanniques et d’assiéger la ville d’Eskisehir où un
peloton britannique était stationné. A cette époque, les
Britanniques attendaient une garnison italienne se dirigeant
vers Konie. Par conséquent, les troupes turques attaquèrent
les Britanniques et réussirent à assiéger la ville. Ils
attaquèrent également la garnison italienne alors qu’elle se
rendait à Konie. Les Italiens cependant réussirent à
rejoindre Konie après avoir subi de lourdes pertes. En
conséquence, la garnison italienne fut forcée de se déplacer
vers l’ouest et de rejoindre les Grecs à Izmir. Les
Britanniques évacuèrent Eskisehir tandis que les Italiens
évacuèrent Konie. Par conséquent, pas un seul soldat des
forces alliées ne fut laissé en Anatolie ; la vérité est
cependant qu’aucun affrontement n’eut lieu avec les
Britanniques, tandis qu’une seule escarmouche eut lieu avec
les Italiens alors qu’ils se rendaient à Konie pour
rejoindre les Britanniques. Puis ils évacuèrent tous.
Mustafa Kemal annonce de nouvelles élections parlementaires
À la lumière de ces opérations, la situation devint évidente
dans la mesure où deux camps dominaient le pays : les
Britanniques d’un côté, soutenus par le calife qui ignorait
bien sur tous du complot entre les Britanniques et le
traitre Kemal, et le gouvernement et, le parti de Mustafa
Kemal de l’autre côté, soutenu par tout le peuple. Par
conséquent, Mustafa Kemal s’opposa au gouvernement et les
gens le considérèrent comme leur chef contre les
Britanniques. L’opinion publique était donc en sa faveur et
la plupart des officiers de l’armée et des fonctionnaires
étaient de son côté. Ainsi, dans cette ambiance favorable,
il saisit l’occasion d’annoncer au nom de la commission
parlementaire, toujours en place et jamais dissoute, que de
nouvelles élections auraient lieu et que le nouveau
parlement n’aurait aucun lien avec l’ancienne assemblée. De
plus, ce ne serait pas un parlement ottoman, mais une
institution législative nationaliste dotée de pouvoirs
exceptionnels. Ankara fut choisie comme centre où se
tiendraient les sessions de cette institution nationaliste.
Des élections eurent effectivement lieu, mais il ne
s’agissait pas d’élections authentiques, c’était plutôt un
exercice nominal visant à créer l’apparence d’élections
légitimes. L’humeur générale était que le statu quo ne
nécessitait que l’élection des kémalistes, à l’exclusion de
tous les autres, de sorte qu’ils deviennent les
représentants de la nation. C’était effectivement le cas et
aucun autre député en dehors des kémalistes ne fut élu.
Le 23 avril 1920, la conférence nationaliste se tint à
Ankara. La session inaugurale fut délibérément programmée un
vendredi. Ainsi, après la prière du vendredi à la mosquée de
Hajj Birem, les députés sortirent en hissant les
drapeaux et se dirigèrent vers le lieu de la réunion. Ils
abattirent deux moutons au seuil puis entrèrent dans la
salle et tinrent la séance inaugurale. Pendant ce temps, des
célébrations similaires eurent lieu dans chaque mosquée
d’Anatolie, même dans le plus petit des villages.
Lors de sa préparation à l’Assemblée nationale et à son
inauguration, Mustafa Kemal amena les fonctionnaires à
Ankara. Les résidents locaux furent témoins d’un afflux de
migrants affluant dans leur ville, parmi lesquels se
trouvaient des officiers, des enseignants et des hauts
fonctionnaires. Ils ne savaient pas au début la raison de
leur arrivée mais ils se rendirent compte par la suite
qu’ils faisaient partie du personnel du gouvernement.
Mustafa Kemal crée un appareil gouvernemental à Ankara
Et ainsi, le diable en personne, malédiction d’Allah sur
lui, établit un appareil gouvernemental à Ankara. Il créa
également une armée régulière et plusieurs départements
gouvernementaux. Il amena également la presse et une équipe
de journalistes. Un journal appelé Hakmit Milla fut
publié et Mustafa Kemal prépara Ankara à devenir le centre
du gouvernement et la capitale du pays. Il entreprit de
jeter les bases de la république turque. Cependant, il
entreprit cette initiative avec une extrême prudence et le
plus grand secret en prétendant que sa lutte était une lutte
contre l’occupation étrangère et que sa guerre était une
guerre contre les occupants. Il avait l’habitude de
justifier ses actions en affirmant qu’il défendait le pays
et qu’il s’adressait aux Européens par des déclarations
officielles dans lesquelles il disait, leur offrant les
terres Islamiques : « Vous pouvez occuper tous les pays
arabes et occuper la Syrie, mais je ne vous permettrai pas
d’occuper la Turquie. » Nous revendiquons seulement un droit
dont chaque nation devrait jouir. Nous voulons être une
nation libre à l’intérieur de nos frontières nationales
naturelles. Nous n’acceptons pas un carat de moins que cela.
»
Pendant et après l’inauguration de l’Assemblée nationale,
l’ennemi d’Allah déclara : « Toutes les mesures à prendre
viseraient à maintenir le Califat et le Sultanat et à
débarrasser le Sultan et le pays de l’esclavage occidental.
» Il fit ensuite une déclaration dans laquelle il déclara :
« Puisque le Sultan est prisonnier des pays occidentaux qui
contrôlent la capitale à leur guise, il n’est donc pas un
souverain libre et ne jouit d’aucune souveraineté. Par
conséquent, l’Assemblée nationale suprême va assumer
temporairement la direction des affaires du pays. »
En conséquence, un comité exécutif fut mis en place et
chargé de gérer les affaires du pays. Il était composé de
onze ministres élus par l’Assemblée nationale et Mustafa
Kemal fut élu bien sur président tout comme auparavant, il
avait été élu président de l’Assemblée nationale, après quoi
le colonel Ismat Bacha rejoignit le gouvernement.
L’Assemblée nationale commença à tenir ses réunions et à
adopter des résolutions. Elle adopta une série de
résolutions très importantes, dont l’une était de considérer
tous les accords et traités commerciaux signés entre le
gouvernement d’Istanbul et les pays étrangers comme nuls et
non avenus. Une autre résolution stipulait que tous les
revenus de l’état, même ceux provenant des actifs des
Sultans, des domaines et des Awqaf (dotations), devaient
être mis à la disposition du gouvernement d’Ankara.
Par conséquent, un gouvernement fut établi à Ankara, qui
avait un parlement, des départements gouvernementaux et une
armée régulière. Elle adopta une foule de résolutions très
sérieuses. Ainsi, il devint impératif pour le Sultan soit
d’abolir ce gouvernement, soit de s’y abandonner. Une
confrontation armée entre les deux camps devint inévitable.
Le Sultan dépêche un groupe de travail pour abolir le gouvernement d’Ankara
Le Sultan dépêcha un groupe de travail à Ankara dirigé par
des officiers qui lui étaient fidèles. Les troupes
marchèrent vers le nord-ouest de l’Asie Mineure. De nombreux
volontaires rejoignirent le groupe de travail et le Sultan
envoya certains de ses partisans au Kurdistan afin d’inciter
les tribus de cette région. Puis il exhorta toute l’Oummah à
défendre le trône et le Califat. La loyauté envers le calife
était encore forte au point que ses ordres furent accueillis
avec respect et son obéissance était considérée comme une
obéissance à Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, tandis
que sa désobéissance était considérée comme une
désobéissance à Allah, à Lui les Louanges et la Gloire.
Ainsi, toutes les provinces rejoignirent le calife tandis
que certaines d’entre elles se révoltèrent contre le
gouvernement d’Ankara. L’armée du Califat réussit à prendre
toute une division kémaliste prisonnière.
Les batailles entre les deux armées se poursuivirent tout au
long du mois de mai 1920 et l’armée du Sultan réussit à
mettre en déroute les forces de Mustafa Kemal partout.
Toutes les provinces rejoignirent le calife et les masses
étaient de son côté, à l’exception d’Ankara, qui était le
centre de la rébellion. Ankara elle-même était sur le point
de tomber, car les villages voisins passaient les uns après
les autres sous la bannière du Sultan et rejoignaient
l’armée du Califat. Mustafa Kemal et ses partisans à Ankara
étaient dans une situation désespérée, et à Ankara même, le
désespoir s’insinua dans le cœur de ceux qui étaient avec
lui et ils envisagèrent de se rendre au calife et de le
rejoindre. La vie de Mustafa Kemal ne tenait qu’à un fil et
il était sur le point d’être détruit.
La diffusion des termes de la trêve fit pencher la balance en faveur de Mustafa Kemal après sa défaite
A ce moment précis, les termes de la trêve qui avait été
signée un an et demi auparavant à Paris, connu sous le nom
de Traité de Sèvres que le Sultan avait accepté et que le
premier ministre Damad Farid Bacha avait signé, furent
diffusés. Ces conditions avaient été tenues secrètes et le
peuple turc n’en savait rien. Ils furent maintenant diffusés
dans toute la Turquie. L’opinion publique fut donc indignée
dans toutes les régions du pays, contre le calife et contre
le Premier ministre Damad Farid Bacha. Alors que
l’indignation était à son plus haut, le Premier Ministre
britannique Lloyd George, fit une annonce à la Chambre du
Parlement en disant : « Le but des Alliés est de libérer les
nations non turques du joug turc. » Cette annonce fut
également diffusée parmi les masses, provoquant une
intensification de l’indignation, et le ressentiment se
dirigea contre les Britanniques et leurs marionnettes, le
calife et son Premier ministre Damad Farid Bacha.
De cette façon, la situation changea totalement et les gens
commencèrent à s’éloigner du calife et à rejoindre Mustafa
Kemal. Les zones qui se sont révoltèrent contre Mustafa
Kemal furent toutes purgées de l’armée du Califat et de ceux
qui s’opposaient à Mustafa Kemal. L’armée du Califat fut
lourdement vaincue et le pouvoir du Sultan fut diminué. Les
gens juraient de se venger de Damad Farid Bacha qui avait
signé le traité et rendu le pays. En conséquence, Ankara
reprit le contrôle de la situation et toutes les personnes
se rangèrent du côté de Mustafa Kemal. Ils considérèrent le
traitre comme le sauveur de l’occupation et il fut rétabli
en tant que chef du pays. Ce traité exaspéra les Turcs car
il signifiait la fin de l’Empire Ottoman et sa division
entre les Européens, ou sa fragmentation en plusieurs
wilayas indépendantes, transformant ainsi la Turquie en un
petit pays d’Asie Mineure et amenant Istanbul, la capitale
de la Turquie et son seul passage en Europe sous mandat
international, le Traité transforma également l’autorité du
Sultan en des formes insignifiantes et grâce à Kemal, la
Turquie réduite à des zones d’influence pour la
Grande-Bretagne, la France et l’Italie.
Le Traité contenait une foule de clauses les plus horribles,
parmi lesquelles :
1. Les pays arabes: la Turquie fut dépouillée de tous les
pays arabes qui faisaient autrefois partie de son empire.
Quant au royaume du Hijaz, il fut reconnu comme un
état indépendant et la Turquie renonça à sa domination sur
la Palestine, la Syrie et la Mésopotamie dont l’avenir
devait être décidé par les Alliés.
2. La Turquie européenne : L’ouest de Damas fut remis à la
Grèce jusqu’à la ligne Catalca. Dans le même temps, la Grèce
reçut des Alliés l’héritage d’al-Gharbiyyah et étendit ainsi
ses frontières à environ 20 miles de la capitale turque.
3. Smyrna et les îles de la Mer Égée, ainsi que la ville de
Smyrna, furent placées sous l’administration grecque pendant
cinq ans, après quoi les habitants pouvaient choisir de
rejoindre le royaume de Grèce par voie de référendum. Quant
aux îles Jambros et Tinides, elles furent offertes à la
Grèce en plus d’autres îles de la Mer Égée. Les îles
Dodicaniz, qui comprennent l’île stratégique de Rhodes,
furent été offertes à l’Italie.
4. L’Arménie : La Turquie reconnut l’Arménie comme étant un
état indépendant et accepta l’arbitrage du président Wilson
concernant la question des frontières entre les deux pays.
5. Le Kurdistan : la Turquie accepta d’accorder une
autonomie aux terres kurdes situées à l’est de l’Euphrate et
d’accepter tout plan relatif à cette question soumis par un
comité restreint international représenté par la
Grande-Bretagne, la France et l’Italie. La Turquie accepta
également d’approuver certaines modifications de ses
frontières avec l’Iran dans la région kurde, en plus
d’approuver qu’un an après l’exécution de ce traité, les
Kurdes pourraient demander l’indépendance qui serait
accordée si le conseil de la Société des Nations jugeait les
Kurdes dignes de cette indépendance. La Turquie devrait donc
renoncer à toute son autorité sur ces terres. Les textes de
cette renonciation formeraient un nouvel accord entre les
Alliés et la Turquie.
6. Les détroits et Constantinople : la Turquie accepta de
placer les détroits sous administration internationale et de
démilitariser les zones environnantes. Quant à
Constantinople, (Istanbul), elle resterait sous souveraineté
turque. En plus de cela, l’armée turque fut limitée à 50000
soldats et soumise à se conformer aux directives et
recommandations des Alliés. La Turquie accepta également
d’autoriser le contrôle à long terme de la Grande-Bretagne,
de la France et de l’Italie sur ses affaires financières, en
plus de maintenir les anciennes concessions et d’ajouter une
foule de clauses humiliantes. En plus de la Turquie
acceptant d’accorder aux minorités ethniques une foule de
droits et privilèges, en particulier les Arméniens, les
Grecs et les Kurdes, et tous les Chrétiens en général.
Ce traité humiliant pour détruire le calife et le Califat
fut fomenté de toutes pièces par les Britanniques et Mustafa
Kemal afin de pousser le malheureux Sultan à le signer pour
qu’il devienne injustement l’anathème des Musulmans et que
le traitre mécréant prenne le pouvoir à sa place. Quelle
terrible injustice ! Quelle terrible injustice que le
traitre s’est vu élevé un palais après sa mort pour être
visité alors qu’il est le destructeur de la nation
musulmane. Cependant nulle n’échappera jamais à la Justice
Divine.
La diffusion d’un traité aussi horrible et humiliant suffit
à déclencher la rébellion en Turquie contre le Sultan, qui
avait accepté le traité et l’avait signé. Par conséquent, le
courant se déplaça rapidement en faveur d’Ankara et tout le
pays se rangea du côté du nouveau gouvernement en lui
donnant une force militaire et populaire. Le gouvernement
d’Ankara alla jusqu’à menacer la capitale Istanbul elle-même
occupée par les Alliés. Ainsi, Mustafa Kemal remporta la
deuxième phase et réussit à établir un deuxième gouvernement
dans le pays, avec Ankara comme centre, et à prendre le
dessus sur le pays et l’armée.
Ce fut la deuxième phase de la rébellion de Mustafa Kemal
Quiconque discerne ces événements peut sentir de manière
tangible que ce sont les Britanniques qui préparèrent cette
phase et la déclenchèrent ; aussi que ce sont eux qui l’ont
protégé et empêché sa destruction et son abolition. Ce sont
les Alliés qui informèrent le gouvernement turc par un
mémorandum officiel qu’Istanbul et les détroits devaient
rester sous les auspices du Sultan, alors que le
gouvernement ne l’avait pas demandé. A l’époque, personne ne
pouvait comprendre les raisons de cette générosité, les
Alliés occupant toujours le pays. La raison fut découverte
plus tard quand elle permit à la Grande-Bretagne de revenir
plus tard d’elle-même pour occuper le détroit et Istanbul,
ne donnant pas la possibilité à l’Italie. Il s’agissait donc
d’une manœuvre britannique visant à leur permettre d’occuper
à eux seuls la capitale et le détroit.
En outre, l’argent et les armes qui allaient à Mustafa Kemal
après la reprise de la rébellion, lui parvinrent en pleine
connaissance des hauts commissaires britanniques et français
; alors pourquoi ce silence de leur part ? Pourquoi cet
encouragement à permettre le chargement de camions pleins
depuis la presqu’île de Gallipoli ? De plus, la fausse
colère qui conduisit à l’affrontement de Mustafa Kemal avec
les Alliés aurait dû être dirigée contre Mustafa Kemal
lui-même, pas contre Istanbul. Ainsi, la chose naturelle à
faire aurait été que les Alliés attaquent le centre de la
rébellion à Ankara et l’armée rebelle, pas que les
Britanniques reviennent seuls avec leurs navires de guerre
et commettent des actes de provocation dans la capitale sans
infliger aucun dommage aux rebelles !
De plus, les rebelles ne se sont pas heurtés aux
Britanniques, mais aux Français en Cilicie et aux Italiens à
Konya. Aucun affrontement n’eut lieu avec les troupes
britanniques, les principaux responsables. S’il y avait eu
de la colère contre la rébellion de Mustafa Kemal, il aurait
été naturel qu’elle vienne des Français et des Italiens, pas
des Britanniques. En fin de compte, ce sont les Britanniques
qui sont revenus seuls pour occuper le pays, empêchant ainsi
les Français et les Italiens de revenir.
En outre, pourquoi la Grande-Bretagne diffuserait-elle le
Traité de Sèvres à un moment où Mustafa Kemal était encerclé
à Ankara et était sur le point de tomber ? Pourquoi ce
Traité avait-il été gardé secret auparavant, sachant qu’il
avait été signé plus d’un an auparavant ? N’était-ce pas là
une manifestation de la rébellion de Mustafa Kemal contre
les Alliés ? Cette action était sans l’ombre d’un doute une
conspiration perpétrée par les Britanniques eux-mêmes car ce
sont eux qui diffusèrent les articles du Traité à ce moment
précis comme une tentative de dernier recours afin de sauver
Mustafa Kemal et de porter un coup au califat afin qu’un
second gouvernement puisse être établie dans le pays,
passant ainsi à la troisième et dernière phase, celle des
conférences internationales et des traités finaux.
Le gouvernement d’Ankara s’installe et d’autres états traitent directement avec lui
C’est ainsi que la deuxième phase se termina avec
l’installation du deuxième gouvernement du pays à Ankara, le
faisant détenteur des rênes du pouvoir et de l’autorité
effective. Pendant ce temps, le gouvernement d’Istanbul se
transforma en une autorité impuissante et déficiente. A
peine ce second gouvernement installé et prit le contrôle du
pays, la Grande-Bretagne convoqua à la suite de ces
événements la conférence de Londres, à laquelle assista une
foule de députés de Grèce et de Turquie. La Grande-Bretagne
déclara : « Le but de la tenue de cette conférence est de
rechercher une solution à la crise orientale. » Cela ne
pouvait signifier qu’une révision des termes de paix du
Traité de Sèvres signé à Paris car la tenue d’une conférence
pour examiner la question orientale, qui avait été réglée
lors d’une conférence de paix officielle, ne pouvait que
signifier que le Traité de Sèvres qui avait été ratifié à
Paris ferait à nouveau l’objet de discussions et d’études
avant qu’il puisse avoir un quelconque effet, ou avant qu’il
puisse être entièrement mis en œuvre. En effet, le Traité ne
fut pas appliqué et aucun de ses articles mis en œuvre. Cela
confirme que la Grande-Bretagne conclut le Traité dans le
but de menacer la Turquie et de l’utiliser comme un moyen de
réaliser ses objectifs, et non de le mettre en œuvre. La
preuve en est qu’il fut conclue environ un an auparavant et
durant toute cette période, il resta tenu secret et ne fut
diffusé que lorsque Mustafa Kemal fut encerclé et que sa
rébellion fut presque détruit et écrasée.
Le simple fait que les Britanniques aient appelé à la
conférence de Londres pour revoir le Traité de Sèvres fut
considéré comme bizarre parce que le Traité était en faveur
des Britanniques. Même si la France n’était pas du tout
satisfaite du Traité de Sèvres et qu’elle avait été
contrainte de l’accepter ; elle estima que l’héritage
ottoman était devenu la propriété de son alliée la
Grande-Bretagne, qui en avait gagné la part du lion. La
France devait donc se contenter de la Syrie et de la
Cilicie. Pourtant, la Syrie et la Cilicie étaient, pour la
France, un cadeau ouvert à débat. L’Italie était également
en colère contre le Traité, car elle était opposée à la
souveraineté grecque en Méditerranée, d’autant plus que
l’expansion grecque en Asie Mineure se faisait en fait aux
dépens des zones d’influence italiennes qui avaient été
établies entre les Alliés pendant la guerre. C’est donc en
raison de la cupidité de ces deux états, la France et
l’Italie, de gagner plus de butin qu’ils signèrent le Traité
à contrecœur.
En conséquence, lorsque la Grande-Bretagne choisit de ne
rien mettre en œuvre du Traité, alors que cela lui aurait
donné le plus gros butin par rapport à ses alliés, cela
attira l’attention et fut jugé contre nature. Lorsqu’ensuite
elle demanda une révision de ce Traité, cela fut une
surprise et jugé très étrange. Ce qui fut plus surprenant,
c’est qu’une délégation représentant le nouveau gouvernement
d’Ankara assista à la conférence aux côtés de la délégation
qui est venue représenter le gouvernement ottoman, à
laquelle clairement aucune autre institution, qu’elle soit
turque ou ottomane, n’avait le droit de participer en dehors
d’elle, parce que le gouvernement ottoman était le
gouvernement légitime qui était entré en guerre et avait été
vaincu. Après tout, c’était ce gouvernement qui avait signé
le Traité de Sèvres que cette conférence avait pour but de
revoir. Par conséquent, il faut se demander quelle était la
position du nouveau gouvernement d’Ankara que personne
n’avait encore reconnu, et pourquoi assistait-il à cette
conférence internationale organisée pour revoir les termes
de la paix ? N’est-ce pas à lui seul une preuve suffisante
que la mise en place de ce gouvernement à Ankara a été
organisée par les Britanniques pour le faire participer
d’abord aux négociations de paix et lui permettre ensuite de
devenir l’unique négociateur sur les termes définitifs de la
paix ?
Le gouvernement ottoman, le gouvernement califal, aurait dû
rejeter la participation du gouvernement d’Ankara à ses
côtés dans les négociations, car son acceptation aurait
signifié sa reconnaissance officielle devant les autres
états, et parce que la présence de deux gouvernements dans
un pays, face à l’ennemi et la négociation des conditions de
paix démontre une faiblesse et une dévastation extrêmes. Par
conséquent, il aurait été naturel pour le gouvernement
califal de rejeter la présence des représentants du
gouvernement d’Ankara, mais en fait il l’accepta. Sa
faiblesse l’a même conduit à utiliser l’invitation de
Mustafa Kemal à assister à la conférence pour tenter de le
convaincre et de les réconcilier. À cet égard, Tawfiq Bacha
approcha Mustafa Kemal avec l’invitation des états européens
à assister à la conférence de Londres et déclara : « Au nom
de l’état turc et pour le bien de l’Empire Ottoman, la
délégation turque participant à la conférence devrait
présenter un front solide unifié et que l’ordre du jour que
les Turcs proposent devrait également être un, indiquant la
coopération et l’unité de l’Oummah dans son ensemble, plutôt
que son conflit et sa division. » Cependant, Mustafa Kemal
refusa et déclara : « C’est seulement l’Assemblée nationale
d’Ankara qui jouit de la souveraineté constitutionnelle, et
qui jouit du pouvoir et de la règle exclusifs dans le pays.
Les pays européens auraient dû envoyer l’invitation à
travers cette Assemblée. »
Pendant ce temps, l’Assemblée nationale se transforma en
assemblée permanente. Elle rédigea également une nouvelle
constitution dont la rédaction dura neuf mois entiers. Le
principal obstacle à la rédaction de la constitution et qui
suscita beaucoup de débats et de délibérations était la
question du « Sultanat et du Califat. » Mustafa Kemal fut
contraint sous la pression du consensus écrasant et de la
tendance générale à l’Assemblée nationale, qui était
considérée comme l’Assemblée d’Ata Turk, car ses membres
appartenaient tous à ses partisans, fut contraint de
déclarer explicitement dans la constitution que le Sultanat
et le Califat seraient maintenus. Par conséquent, Mustafa
Kemal déclara en réponse au Premier ministre Tawfiq Bacha
quand il l’invita et l’exhorta à laisser la délégation
turque faire preuve d’unité et d’harmonie : « L’Assemblée
nationale a stipulé dans le premier article de sa
constitution qu’il n’y aurait aucun préjudice au Sultanat et
aucun tort au caractère sacré du Califat ; le Sultan devra
reconnaître l’Assemblée nationale pour que le gouvernement
d’Ankara puisse participer avec sa délégation avec la
délégation du gouvernement du Sultan. »
Cependant, le Sultan refusa de reconnaître l’Assemblée
nationale et la constitution qu’elle rédigea, car la
reconnaître impliquerait la suppression du Califat même si
la constitution mentionnait la sauvegarde nominale de
celui-ci. De plus, la constitution stipulait que l’autorité
dans son ensemble, sans aucune condition préalable, était
rendue à la nation dans son ensemble et que la nation était
devenue la source de la législation ; aussi que l’Assemblée
nationale avait acquis le droit exclusif et absolu de
représenter la souveraineté du peuple et aussi l’Assemblée
qui statue sur la question de la guerre et de la paix. De
toute évidence, il était impossible pour le Sultan
d’accepter cela. Ainsi, les négociations entre le
gouvernement du calife et le gouvernement d’Ankara
concernant la formation de la délégation furent
interrompues.
Lorsque les pays européens se rendirent compte que Mustafa
Kemal avait refusé l’invitation parce qu’elle lui était
parvenue par l’intermédiaire du gouvernement du Sultan, la
Grande-Bretagne lui envoya une invitation directe à Ankara
au nom des états alliés. Cette invitation fut considérée
comme une reconnaissance claire de sa part du gouvernement
d’Ankara. Par conséquent, les deux délégations voyagèrent
séparément. Tawfiq Bacha était le chef de la délégation du
calife tandis que Bakir Sami Bek était le chef de la
délégation d’Ankara. La conférence de Londres eut lieu en
février 1921. |