La mort
de Bahboud
Il a été
rapporté que parmi les compagnons du vil, Bahboud Ibn ‘Abdel Wahhab
fut celui qui détenait le record de la plupart des raids, qu’il
était le plus couronné de succès dans le brigandage et dans
l’expropriation d’argent si bien qu’il avait amassé une énorme
fortune de cette manière. Il sortait fréquemment avec ses galères
rapides, traversait les canaux menant au Tigre et s’il tombait sur
un vaisseau appartenant aux troupes d’al-Mouwaffaq, il le saisissait
et l’apportait dans le canal dont il avait émergé. Si quelqu’un le
poursuivait assez longtemps, un détachement spécial de ses hommes
préparé pour la circonstance émergeait du canal, et attaquait les
poursuivants. Comme cela se produisit plusieurs fois, les gens
devinrent plus prudents et alors il dut utiliser une péniche pour
ressembler aux péniches d’al-Mouwaffaq et hissait des drapeaux
semblables à lui. Il allait avec ce vaisseau jusqu’au Tigre et s’il
prenait les troupes gouvernementales au dépourvu, il les attaquait,
tuait et prenait des prisonniers. Il pénétra aussi à Ouboullah,
Ma’qil, Bathq Shirin et les canaux de Dayr après quoi, il coupait
les routes et attaquait les voyageurs, en prenant leur argent et
leurs vies.
Quand
al-Mouwaffaq reçut les renseignements de toutes ces actions
perpétrées par Bahboud, il décida de bloquer tous les canaux,
utilisés par lui, avec des péniches aux embouchures des grands
canaux pour les protéger des actions de Bahboud et de ses complices
ainsi que les routes et les gens.
Ainsi, quand
les routes furent gardées et les canaux bloqués, la liberté de
manœuvrer de Bahboud fut réduite et il attendit l’occasion
d’exploiter la négligence des équipages de surveillance des péniches
qui bloquaient l’embouchure du canal de Nahr al-Ouboullah. Il
attendit jusqu’à ce qu’une telle chance se présente et alors il
glissa par de la partie inférieure du canal Abou al-Khassib avec ses
péniches et ses galères ressemblant aux forces d’al-Mouwaffaq quand
il hissa des drapeaux semblables. Il équipa sa flottille avec ses
troupes les plus fortes, les plus audacieuses et les plus
courageuses et il la mena de la partie inférieure du canal Abou
al-Khassib dans une voie navigable croisant, et menant à celui de
Yahoudi et de là du Nafid. Quand il atteignit finalement celui
d’Ouboullah, il tomba sur les péniches et les galères qui avaient
été déployées pour protéger le canal. Les équipages des péniches
furent pris par surprise en plus de ne pas être prêts. Bahboud les
attaqua, tua certains et captura d’autres, tandis que six péniches
furent saisies. Suite à cela, il se retira le long du Canal
Ouboullah.
Quand les
nouvelles de Bahboud atteignirent al-Mouwaffaq, il donna l’ordre à
Abou al-‘Abbas de se mettre en route contre lui avec ses péniches
vers le canal connu de Nahr al-Yahoudi. Il espérait que son fils
prendrait de vitesse Bahboud au canal le croisant, et couperait le
chemin d’évacuation du rebelle. Abou al-‘Abbas arriva à
al-Mouttawwi’ah mais Bahboud l’avait précédé et était entré dans le
canal de Nahr as-Sa’idi, qui conduisait au Nahr Abou al-Khassib.
Abou
al-‘Abbas aperçu les péniches de Bahboud et voulant à tout prix les
rattraper, il augmenta sa vitesse, en arrivant de front contre
l’ennemi. Ils se livrèrent une bataille au cours de laquelle Abou
al-‘Abbas tua un certain nombre d’hommes de Bahboud et prit d’autres
prisonniers. Un contingent demanda à Abou al-‘Abbas la
sécurité mais un grand nombre de la force de Bahboud soutint le
zanj, en le protégeant fermement. La bataille arriva au moment où
l’eau baissait et les péniches gouvernementales heurtèrent la boue
dans ces sections des canaux et des jonctions d’où l’eau
s’éloignait. Bahboud et le reste de ses hommes en profitèrent pour
s’enfuir par la peau de leurs dents.
Al-Mouwaffaq
poursuivit son siège contre le vil et ses hommes, en bloquant ses
lignes de réserves tandis que le nombre de ceux qui demandèrent la
sécurité augmenta. Al-Mouwaffaq leur accorda tous des robes
d’honneur, des présents et ils défilèrent sur d’excellents chevaux
totalement équipés. Un salaire militaire leur fut tous attribué.
Al-Mouwaffaq
fut informé que la misère avait poussé un parti des hommes du vil à
se disperser dans les villages à la recherche de nourriture, tels
que le poisson et les dates. Donc il ordonna à son fils Abou
al-‘Abbas de se dépêcher vers ces villages avec ses péniches, ses
galères et ses skiffs rapides avec ses hommes les plus forts, les
plus courageux et les plus dévoués pour intercepter ces gens, et
prévenir ainsi leur retour à la ville du chef des zanj. Abou
al-‘Abbas partit pour exécuter ses ordres.
Al-khabith,
le vil fut informée de cette expédition d’Abou al-‘Abbas contre lui
et il donna l’ordre à Bahboud de se mettre en route avec ses hommes
en secret le long des intersections et des canaux abandonnés
d’al-Qindal, Abroussan et les régions environnantes. Comme instruit
par l’abominable, Bahboud parti vers sa destination avec un
détachement de zanj, mais il trouva bloquant sa voie une des galères
d’Abou al-‘Abbas remplies d’archers de ses pages. Bahboud voulut
capturer la galère et avança vers elle mais il fut repoussé par les
défenseurs et un des pages noirs enfonça sa lance dans son estomac.
Bahboud tomba dans l’eau, mais ses hommes se hâtèrent et le
recueillirent avant de s’enfuir et de le ramener dans le camp du
vil. Mais Allah Exalté prit sa vie avant qu’ils n’atteignent le
camp.
Le déviant et
ses partisans furent foudroyés et profondément chagrinés par sa
perte. La mort de Bahboud fut l’une des plus grandes victoires
d’Abou Ahmad, mais il ignora sa fin jusqu’à ce que l’un des
marins qui capitula, l’informa de la nouvelle. Abou Ahmad se
réjouit à ses nouvelles et ordonna de lui ramener le page qui avait
tué Bahboud. Il fut présenté à Abou Ahmad, qui lui donna des
présents, des vêtements, un collier ainsi qu’une augmentation de son
salaire. Il fut présenté à tous ceux qui étaient présents dans cette
galère, des cadeaux spéciaux, des robes d’honneur et d’autres
présents.
Cette année,
le mois de Ramadan commença un dimanche. Le deuxième dimanche de
Ramadan fut celui des rameaux, le troisième dimanche pâques, le
quatrième nayrouz[1] et le cinquième, le dernier jour du mois.
Cette année,
Abou Ahmad captura ad-Dhawa’ibi, qui avait collaboré avec le
chef des zanj.
Toujours
cette année, le chef des zanj tua Ibn Malik le zanj parce qu’il fut
informé qu’il avait l’intention de rejoindre Abou Ahmad.
Cette même
année, Ibn Saqlabiyah, l’empereur des Byzantins, partit en
expédition et assiégea Malatyah, mais les gens de Mar’ash et d’al-Hadath
aidèrent les gens de Malatyah et mirent en déroute l’empereur, en le
pourchassant jusqu’à as-Sari’.
Khalaf
al-Farghani, le gouverneur d’Ibn Touloun, conduisit l’expédition
d’été annuelle le long de la frontière syrienne. Il tua environ
dix-mille Grecs et prit du butin. La part de chaque participant au
raid atteignit quarante dinars.
En l’an 269
de l’Hégire (882), le ‘Alid al-Haroun fut ramené dans le camp d’Abou
Ahmad au mois de Mouharram. Il fut transporté sur un
chameau, vêtu d’une cape de brocart et d’une grande coiffe (qalansouwah).
Il fut alors transporté dans une péniche vers
une position où le chef des zanj pourrait le voir et entendre
le discours des messagers.
Toujours ce
même mois, les membres d’une tribu attaquèrent et pillèrent une
caravane de pèlerins entre Touz et Soumayrah. Ils saisirent environ
cinq-mille chameaux avec leurs charges et enlevèrent beaucoup de
personnes.
Dans la nuit
du 14 du mois de Mouharram, il y eut une éclipse totale de la
lune.
Le vendredi
28 du même mois, il y eut au coucher du soleil, une éclipse totale
du soleil. Ainsi, durant le mois de Mouharram, il y eut deux
éclipses, l’une du soleil et l’autre de la Lune.
Cette même
année, une flèche tirée par une page grecque du vil, appelé Qartas,
toucha Abou Ahmad peu après son entrée dans la ville du vil
pour démolir ses murs.
Après la mort
de Bahboud, le chef des zanj convoita les trésors et la richesse que
Bahboud avait amassée. Il établit que ses possessions s’élevaient à
deux-cent-mille dinars, et de grandes valeurs de bijoux, d’or et
d’argent. Il utilisa tous les stratagèmes pour les chercher et il
les convoita tellement, qu’il fit emprisonner tous les hommes de
Bahboud, ses parents et ses compagnons. Il les flagella, fouilla
maison après maison et détruisit bâtiment après bâtiment appartenant
à Bahboud, en espérant y trouver quelque chose, mais il ne trouva
rien.
Ce qu’il fit
aux hommes de Bahboud en cherchant sa richesse fut l’un des facteurs
qui tournèrent les compagnons du rebelle contre lui. Il invita leur
colère et les fit fuir. Al-Mouwaffaq annonça qu’il leur offrait la
sécurité pour protéger les compagnons de Bahboud et ils se rendirent
à lui volontiers. Ils furent alors couverts de faveurs, de cadeaux
différents, de robes d’honneur et une attribution militaire selon
leur grade.
Abou Ahmad
remarqua que la traversée au camp du rebelle était difficile lorsque
les vents remuaient les eaux du Tigre. Il décida donc de préparer un
endroit pour servir de campement pour lui et ses troupes sur la rive
ouest du Tigre entre Dayr Jabil et Nahr al-Moughirah. Il donna
l’ordre de couper les palmiers et de préparer le terrain pour un
périmètre défensif qui devait être entouré de tranchées défensives
et fortifié avec des murs pour le rendre sûr contre les raids
nocturnes et les assauts inattendus des rebelles. Il institua un
roulement du personnel chargé des travaux supervisés par ses
officiers. Chacun prit son tour en partant avec l’infanterie et les
ouvriers qui étaient avec eux pour travailler tôt le matin et toute
la journée pour préparer le camp qu’Abou Ahmad avait décidé
d’établir là.
Pour
le contrer, le vil fit aussi des roulements entre ‘Ali Ibn Aban
al-Mouhallabi, Souleyman Ibn Jami’ et Ibrahim Ibn Ja’far al-Hamadani
pour les surveiller. Ankalayh, le fils du vil, avait l’habitude
d’accompagner chaque jour Souleyman lors de son tour de garde et
faisait souvent de même avec Ibrahim. Plus tard, le vil nomma
Ankalayh à la place d’Ibrahim Ibn Ja’far et Souleyman Ibn Jami’
l’accompagnait. Le vil assigna alors Souleyman Ibn Moussa
ash-Sha’rani et ses frères à Ankalayh et ils étaient constamment
avec lui.
Le vil savait
que, comme les deux armées étaient closes, si al-Mouwaffaq
s’approchait suffisamment de lui durant le combat, cela réduirait
l’espace entre lui et ceux qui cherchaient à se rendre aux forces
gouvernementales. Suite à cela, la position du rebelle
s’effondrerait et toutes ses préparations seraient compromises.
Donc, il donna l’ordre à ses hommes de livrer bataille aux officiers
gouvernementaux passant chaque jour pour contrarier leurs tentatives
de préparer le nouveau camp. Un jour, des vents orageux éclatèrent
et quand un des officiers d’al-Mouwaffaq passa sur la rive ouest du
Tigre, le rebelle vit le capitaine isolé, coupé de ses troupes et
empêché de retraverser le Tigre houleux. Il saisit donc l’occasion
de l’attaquer avec toute son armée, un groupe beaucoup plus grand
que le contingent de l’officier gouvernemental. Les péniches
assignées à l’officier ne pouvaient pas atteindre l’endroit de leur
travail à cause du vent qui les poussait vers les rochers et les
équipages craignaient de briser leurs vaisseaux. Le zanj maîtrisa
cet officier et ses hommes, et les expulsèrent de leurs positions et
passant près d’un détachement des forces gouvernementales, ils
tuèrent tous les hommes jusqu’au dernier. Les zanj pourchassèrent un
autre groupe qui s’était enfui dans l’eau, tuèrent certains hommes
et capturèrent d’autres prisonniers mais la plupart s’enfuirent et
atteignirent leurs navires dans lesquels ils montèrent et se
dirigèrent vers al-Mouwaffaqiyah.
Ce succès des
zanj provoqua beaucoup de chagrin et une grave inquiétude dans le
camp d’al-Mouwaffaq. Abou Ahmad vit alors que le plan
d’établir le camp sur la rive ouest du Tigre se révélait dangereux
et pas à l’abri des stratagèmes du vil et de ses hommes, qui
seraient toujours capables d’attaquer la nuit, de trouver un moyen
facile d’échapper et de gagner un répit en raison des nombreuses
palmeraies du terrain et de la difficulté de traverser à cet endroit
particulier. Il se rendit compte que les zanj étaient plus capables
que ses troupes de passer par ces endroits désolés et qu’il était
plus facile pour eux de le faire. Donc, il abandonna son plan du
nouveau camp sur la rive ouest du Tigre et fixa dorénavant son
objectif de raser les murs de la ville du vil et d’élargir les
routes et les chemins y menant pour ses troupes. Alors, il donna
l’ordre de commencer la démolition des murs dans la section
adjacente du canal Nahr Mounka.
Pour contrer
cette nouvelle menace l’abominable envoya son fils Ankalayh, ‘Ali
Ibn Aban et Souleyman Ibn Jami’ pour le prévenir. Chacun d’entre eux
devait prendre son tour le même jour. Si les troupes d’al-Mouwaffaq
étaient plus nombreuse, les trois devaient unir leurs forces pour
repousser les attaquants. Quand al-Mouwaffaq remarqua le
regroupement des déviants et leur effort collectif de prévenir la
démolition des murs, il décida de prendre part personnellement à
l’action, inspirant ainsi un plus grand dévouement, plus d’endurance
et de zèle de ses troupes. Il entra dans la bataille qui devint
confuse et lourde et qui décima les deux armées. Abou Ahmad
poursuivi ses assauts contre les déviants durant plusieurs jours
sans répit mais malgré cela, ses troupes furent incapables de
pénétrer les positions des déviants à cause de deux ponts s’étendant
sur le Canal Mounka. Quand le combat semblait atteindre son point
culminant, les zanj traversaient les ponts et prenaient la route
menant à l’arrière des troupes d’Abou Ahmad où ils divisaient
les forces gouvernementale et les détournaient de leur but de
démolir les murs.
Alors,
al-Mouwaffaq chercha un stratagème pour détruire ces deux ponts pour
bloquer les zanj de la route qu’ils avaient prise pour détourner ses
troupes quand le combat était devenu intense. Il instruisit certains
de ses officiers parmi les pages d’aller vers ces deux ponts et de
se cacher dans l’attente des zanj, pour les prendre par surprise,
quand ils deviendraient négligents dans leur surveillance. Il leur
ordonna aussi de préparer des pioches, des scies et d’autres outils
qui pourraient être nécessaires pour détruire les deux ponts et de
travailler rapidement pour leur être utile. En agissant conformément
à ses instructions, les pages partirent et atteignirent le Canal
Mounka à midi. Les zanj apparurent et s’empressèrent à leur
rencontre dont Abou an-Nida', avec un groupe de plus de cinq-cents
hommes. Les hommes d’al-Mouwaffaq et la force des zanj se livrèrent
une bataille qui dura jusqu’au tournant du jour, quand les pages
d’Abou Ahmad maîtrisèrent les déviants, et les repoussèrent
hors des ponts. Une flèche atteignit Abou an-Nida', dans la
poitrine, perça son cœur et le terrassa. Ses soldats protégèrent son
corps qu’ils emmenèrent dans leur fuite. Les officiers des pages
d’al-Mouwaffaq purent ainsi démonter les deux ponts. Ils coupèrent
les mouillages, lancèrent les pontons dans le Tigre et ramenèrent
les planches de bois à Abou Ahmad. Les pages informèrent
al-Mouwaffaq de la mort d’Abou an-Nida' et du démantèlement des
ponts, remplissant ainsi de joie al-Mouwaffaq et les gens de son
camp. L’archer qui toucha Abou an-Nida' reçut un généreux cadeau.
Alors, Abou Ahmad
accentua sa lutte contre le vil et ses partisans. Ils rasèrent ces
sections des murs où ils purent pénétrer, en gardant l’ennemi
préoccupé dans leur ville pour les détourner de la défense de leur
mur. Ainsi ils accélérèrent sa démolition. Des murs, ils se
déplacèrent vers les résidences d’Ibn Sim’an et de Souleyman Ibn
Jami’ qui tombèrent entre les mains des troupes d’al-Mouwaffaq, les
déviants furent incapables de les défendre et d’arrêter l’avance des
hommes d’al-Mouwaffaq. Ces deux résidences furent démolies et
pillées. Les troupes d’al-Mouwaffaq atteignirent aussi un des
marchés du chef des zanj établi sur la rive du Tigre et appelé
al-Maymounah. Al-Mouwaffaq ordonna à Ziraq, le commandant de
l’avant-garde d’Abou al-‘Abbas, de se mettre en route pour ce
marché. Il partit aussitôt avec ses troupes pour exécuter les ordres
et ce marché fut totalement rasé.
Al-Mouwaffaq
marcha alors vers la résidence que le chef des zanj avait construit
pour al-Joubba’i, la démolie et pilla aussi les magasins adjacents
du vil. Alors, il donna l’ordre à ses hommes de partir vers
l’endroit où le vil avait construit une structure qu’il appelait la
mosquée publique. Les déviants redoublèrent de persévérance pour la
défense de cet endroit puisque le vil les avait convaincus que la
défense de cet endroit leur revenait et qu’il devait le glorifier.
Les zanj crurent ses allégations et obéirent à ses exhortations, et
il fut très difficile pour les hommes d’al-Mouwaffaq d’atteindre
leur objectif. La lutte pour cet endroit dura des jours et à ce
point, seulement les plus dévoués, les plus héroïques et les plus
persistant des hommes étaient restés avec le vil. Ils se défendirent
avec tellement de zèle qu’ils tinrent leurs positions. Si un d’entre
eux était frappé par une flèche, d’un coup de lance ou d’épées, son
voisin immédiat le tirait de côté et prenait sa position car ils
craignaient que si la position d’un homme restait vide, il
arriverait du mal au reste de ses compagnons.
Quand Abou Ahmad
vit l’endurance et la posture défensive de ce groupe et que leur
résistance durerait des jours, il donna l’ordre à Abou al-‘Abbas de
se déplacer vers un des côtés du bâtiment que l’abominable appelait
la mosquée et de prendre pour ce but ses pages les plus vaillants.
Il lui assigna des soldats du génie pour la démolition afin que si
on leur demandait d’abattre quelque chose, ils se dépêcheraient de
réaliser leur tâche. Al-Mouwaffaq ordonna de placer des échelles
contre les murs ou quelques archers grimpèrent et arrosèrent d’une
pluie de flèches les zanj derrière les murs. Il étendit son
infanterie des limites de la résidence d’al-Joubba’i à la position
où il avait assigné Abou al-‘Abbas. Alors il distribua de l’argent,
des médaillons et des bracelets à tous ceux qui avaient pris part
aux travaux de démolition des murs, du marché du vil et les maisons
de ses compagnons. Ce qui avait été difficile jusqu’ici devint
facile après une longue lutte violente, le bâtiment que le vil
appelait mosquée fut démoli. Les troupes gouvernementales
emportèrent la chaire et la livrèrent à al-Mouwaffaq, qui revint
avec elle à al-Mouwaffaqiyah, de bonne humeur et heureux.
Abou Ahmad
al-Mouwaffaq blessé par une flèche
Alors,
al-Mouwaffaq revint à la démolition des murs, en détruisant la
section qui courait de la résidence d’Ankalayh à celle
d’al-Joubba’i. Les hommes d’al-Mouwaffaq tombèrent sur certains des
bureaux administratifs et des entrepôts appartenant au vil qu’ils
pillèrent et incendièrent. Ces événements survinrent un jour d’épais
brouillard qui obscurcit la vision, si bien que les hommes pouvaient
à peine se voir. Ce jour, fut le début de la victoire pour
al-Mouwaffaq. Au beau milieu du combat, une flèche des déviants
lancée par Qartas, un page grecque qui était avec le rebelle, toucha
al-Mouwaffaq dans la poitrine, le lundi 25 du mois de Joumadah Thani
de l’année 269 de l’Hégire (882). Al-Mouwaffaq garda secret
l’incident et revint à al-Mouwaffaqiyah. Sa blessure fut soignée et
bandée cette nuit même et il passa le reste de la nuit dans sa
ville. Bien que sa blessure l’ait tracassé, il revint à la lutte
pour remonter le moral de ses commandants de manière à ce qu’aucune
appréhension ou faiblesse ne les saisissent. À cause de cette
activité excessive, sa maladie s’intensifia et des complications
survinrent. L’affaire prit une tournure si sérieuse qu’elle provoqua
l’inquiétude pour sa vie et il eut besoin des meilleurs soins
possibles.
Le camp
entier, les troupes et les sujets s’inquiétèrent à leur tour. Leur
appréhension de la force de l’abominable était si grande, qu’un
détachement de troupes postées dans al-Mouwaffaqiyah quitta la ville
à cause de la peur qui les saisis. La gravité de sa maladie devint
un sujet de discussion dans les cercles gouvernementaux. Les
conseillers parmi ses confidents lui conseillèrent d’abandonner son
camp pour Baghdad et de désigner quelqu’un à sa place. Il refusa de
le faire, en craignant que les forces dispersées du vil ne se
regroupent à nouveau. Donc, en dépit du sérieux de sa maladie et des
discussions à son sujet dans les cercles gouvernementaux, il resta.
Allah Exalté dans Sa clémence lui accorda la bonne santé, et après
un isolement assez long il se montra à ses officiers et à son cercle
intérieur, ce qu’il leur remonta grandement le moral et les
renforça. Il resta dans sa retraite et continua à se rétablir
jusqu’au mois de Sha’ban de cette année. Quand il fut rétabli et se
sentit capable de reprendre la lutte contre le vil, il se sentit
stimulé et retourna à la bataille contre le rebelle avec sa vieille
persévérance.
Quand
l’abominable vérifia ce qui était arrivé à Abou Ahmad, il
donna de fausses promesses à ses hommes et de faux espoirs. Mais il
fut informé qu’Abou Ahmad avait reparu, naviguant dans sa
péniche, le rebelle jura de sa chaire que ce n’était qu’une fausse
une rumeur sans preuve et que ce qu’ils avaient vu dans la péniche
n’était une effigie qui dans leurs esprits troubles leur sembla être
Abou Ahmad.
Au mois de
Sha’ban de cette année, les troupes d’Abou Ahmad incendièrent
la forteresse du vil et la pillèrent.
La capture de
la forteresse du vil
Quand Abou Ahmad
se rétablit de ses blessures, il se remit à lutter sans arrêt contre
le vil qui avait réparé certaines des infractions qui avaient été
faites dans le mur, qu’al-Mouwaffaq ordonna de démolir avec le mur
contigu, tard un après-midi. La bataille avait été menée près du
canal Mounka. Les zanj s’étaient concentrés dans cette région pour
lutter contre lui en pensant que c’était le seul champ de bataille
actif. Al-Mouwaffaq se mit en route, avec les soldats du génie qu’il
avait précédemment préparés, vers le canal Mounka, où il chargea les
déviants qui s’y trouvaient. Quand le combat devint intense, il
donna l’ordre aux rameurs et aux capitaines de se mouvoir rapidement
jusqu’au canal de Jouwway Kour. C’était une ramification du Tigre
au-dessous du canal du Nahr Abou al-Khassib. Lorsqu’ils arrivèrent,
ils trouvèrent le Jouwway Kour sans troupes régulières et ni
fantassins. Al-Mouwaffaq s’approcha et envoya les soldats du génie
pour démolir la section du mur à côté de ce canal alors, il emmena
ses troupes régulières et pénétra dans la voie en haut du canal, ou
il tua beaucoup de personnes. Puis, il atteignit certaines des
forteresses du vil qu’ils pillèrent et incendiaires en sauvant un
grand nombre de femmes retenues prisonnières. La force
gouvernementale saisit certains des chevaux des rebelles et les
transporta sur la rive ouest du Tigre.
Au coucher du
soleil, al-Mouwaffaq se retira en toute sécurité tranquillité avec
le butin. Il revint alors le matin suivant pour reprendre la
bataille et démolir les murs. Il poussa la démolition du mur jusqu’à
ce qu’il atteigne la résidence de Dar Ankalayh, qui était contigüe à
la résidence du vil. Quand toutes les ruses du vil faillirent à
stopper la démolition du mur et d’empêcher les troupes
d’al-Mouwaffaq de pénétrer sa ville, il ne sut plus que faire pour
faire face à cette situation qui lui avait échappé. ‘Ali Ibn Aban
al-Mouhallabi lui conseilla de laisser l’eau s’écouler sur la terre
marécageuse sur laquelle les troupes d’al-Mouwaffaq étaient passées
pour l’en empêcher. Il suggéra aussi au rebelle de creuser des
tranchées dans un certain nombre d’endroits, qui entraveraient leur
entrée dans la ville. Si les forces gouvernementales risquaient de
traverser la tranchée et s’ils étaient vaincus, ils leur seraient
difficiles de revenir vers leurs vaisseaux. Ils firent tout cela
dans différentes sections de leur ville et le long du terrain de
manœuvres que le vil avait transformé en route principale. Ces
tranchées s’étendirent aussi près de sa résidence. Maintenant
qu’Allah Exalté lui avait permis de démolir le mur de la ville du
vil, al-Mouwaffaq se disposa à remplir les tranchées, les canaux et
les endroits où des obstructions avaient été montées, pour rendre le
passage impraticable pour sa cavalerie et son infanterie. C’est ce
qu’il voulut mais les zanj se défendirent et luttèrent une longue
période sans répit, les deux côtés soutenant de lourdes pertes tant
de morts que de blessés. Un jour le nombre de blessés atteignit
presque deux-mille parce que les deux armées étaient proches l’une
de l’autre durant la bataille et parce que les tranchées
nouvellement creusées empêchaient chaque armée de repousser l’autre
de sa position. Quand al-Mouwaffaq vit cela, il décida d’incendier
la résidence du vil et de l’attaquer du Tigre. Un grand nombre de
combattants zanj, qui avaient été préparés par le vil se mit en
travers de sa route. Ils lancèrent des pierres, des flèches, et
d’autres projectiles avec les arcs, les frondes, les balistes et les
catapultes des murs et des portées supérieures de la forteresse. De
plus, du plomb fut fondu et envoyé sur les troupes gouvernementales.
Et ils firent cela à chaque fois que les péniches s’approchèrent de
la forteresse si bien qu’il fut impossible aux attaquants
d’incendier la résidence du vil.
Al-Mouwaffaq
ordonna alors que des écrans de bois soient montés sur les péniches.
Ces écrans furent couverts avec des peaux de buffle, de la toile et
vernis avec différentes sortes de substances chimiques qui les
protégeraient du feu. Un certain nombre de péniches furent équipées
de cette manière. Al-Mouwaffaq compléta chacun de ces vaisseaux avec
une force des lanciers les plus braves et des archers parmi ses
pages et il attacha à chacune d’elles des pyromanes à qui il fut
confié la tâche de mettre le feu à la résidence du chef des zanj.
Le vendredi
17 du mois de Sha’ban de l’année 269 de l’Hégire (882), Muhammad
Ibn Sim’an, le scribe et le vizir du vil demanda à al-Mouwaffaq la
sécurité car il vint à détester le rebelle et sa compagnie depuis
qu’il savait qu’il était un imposteur.
Muhammad
Ibn al-Hassan a rapporté : C’était pourquoi j’étais aimable
avec Ibn Sim’an. Ensemble nous concevions des plans pour s’enfuir en
vain. Mais quand le siège prit son tollé au vil et que ses hommes
l’abandonnèrent, en affaiblissant sa position, Ibn Sim’an conçut un
plan de fuite et m’en informa, en disant : « Je suis disposé à
partir sans enfant ni famille pour me sauver ». Alors il me demanda
: « Veux-tu faire de même ? » Je répondis : « Tu as raison dans ta
décision car tu ne laisseras qu’un petit enfant. Le perfide ne sera
pas capable d’assaillir l’enfant ou t’exposer à la honte par cela.
Mais quant à moi, j’ai une famille et je ne peux pas me permettre de
les exposer à la cruauté du rebelle. Fais comme tu l’as décidé et
fait leur connaître mon intention de me détacher du rebelle et de
mon dégoût de lui être associé. Si Allah me libère moi et mes
enfants, je te suivrai rapidement; mais si nos destins devaient être
liés, nous serons ensemble et nous le supporterons ».
Muhammad
Ibn Sim’an envoya un de ses représentants du nom d’al-‘Iraqi, qui
arriva au camp d’al-Mouwaffaq et demanda la sécurité pour son
maître. Al-Mouwaffaq fit préparer des péniches qui ramenèrent Ibn
Sim’an, le jour fixé, dans le camp d’al-Mouwaffaq, le lendemain de
sa demande de protection, le samedi 18 du mois de Sha’ban de l’année
269 de l’Hégire (882). al-Mouwaffaq, habillé des meilleurs vêtements
militaires et pourvus des meilleurs équipements reprit le conflit
contre le vil. Il emporta les péniches équipées d’écrans, comme
décrit précédemment, et ensuite il partit avec le reste de ses
péniches et de ses galères manœuvrées par ses Mawlah et ses pages.
Il emporta aussi des bacs qui transportaient l’infanterie.
Al-Mouwaffaq ordonna à son fils, Abou al-‘Abbas de partir pour la
résidence de Muhammad Ibn Yahya, surnommé
al-Karnaba’i. Cet endroit était en face de la résidence du vil sur
la rive est du canal Abou al-Khassib, surplombant le canal et le
Tigre. Il l’envoya pour incendier la résidence ainsi que les
résidences adjacentes appartenant aux commandants du vil De cette
façon, il tiendrait les commandants occupés et les empêcheraient
d’aider le rebelle et lui fournir leur soutien.
Al-Mouwaffaq
ordonna aux hommes dans les péniches équipées d’écrans de se diriger
vers les structures et les terrasses du vil étendus le long du
Tigre. Et en faisant cela, ils approchèrent leurs péniches près des
murs de la forteresse. Ils engagèrent les rebelles dans la plus
féroce des batailles et les arrosèrent de feu. Bien que les rebelles
se soient défendus avec ténacité, Allah Exalté leur accorda la
victoire et les zanj furent repoussés des balcons et des structures
qu’ils défendaient. Les pages d’al-Mouwaffaq mirent le feu à tout
cela, tandis que les hommes dans les péniches sortirent indemnes des
flèches, des pierres, du plomb fondu et des autres projectiles
lancés sur eux grâce aux écrans qu’ils avaient fixés à leurs
vaisseaux. De cette manière, ils furent capables de capturer la
résidence du vil. Alors, al-Mouwaffaq ordonna à tous les gens des
péniches de se retirer puis, releva les pages et les remplaça par
d’autres, attendant que la marée monte. Quand cela se produit, les
péniches avec les écrans se rendirent de nouveaux vers la forteresse
du vil et conformément aux ordres d’al-Mouwaffaq, ils incendièrent
les éléments de la forteresse du vil qui faisaient face au Tigre. Le
feu ravagea ces structures, et atteignit les couvertures avec
lesquelles le vil protégeait ses quartiers et les rideaux de ses
portes. Les flammes devinrent plus intenses, rendant impossible pour
lui et ses hommes d’enlever quoi que ce soit de sa résidence, tel
que l’argent, les meubles et ses affaires personnelles. En fuyant,
ils laissèrent tout derrière eux. Les pages d’al-Mouwaffaq et leurs
hommes prirent d’assaut la forteresse du vil et pillèrent tout que
le feu n’avait pas encore atteint, l’or, l’argent, les perles, les
pierres précieuses, les bijoux et beaucoup d’autres articles. Un
certain nombre de femmes asservies par le vil furent sauvées. Les
pages d’al-Mouwaffaq atteignirent les autres résidences du vil et de
son fils Ankalayh et les incendièrent à leur tour. Emportés par la
joie par ce qu’Allah Exalté leur avait accordé ce jour, les troupes
continuèrent de lutter contre les zanj dans leur ville. Les forces
gouvernementales portèrent un lourd coup contre les rebelles, et en
tuèrent, blessèrent et capturèrent un grand nombre.
De la même
manière, Abou al-‘Abbas attaqua la résidence d’al-Karnaba’i et la
région contiguë, incendiant, démolissant et pillant. Il coupa et
prit une chaîne en fer massif que le vil avait attachée en travers
du canal Abou al-Khassib pour le rendre inaccessible aux péniches.
Au moment de la prière du soir al-Mouwaffaq se retira avec l’armée,
complètement victorieuse. Ce jour-là, le vil subit des pertes dans
sa richesse, les enfants et les femmes musulmanes captives. Les
Musulmans, à cause de lui, n’avaient subi jusqu’ici que le chagrin,
la dépossession, la perte des proches et de la famille,
l’affliction, la captivité, la dissolution des familles et de dures
épreuves pour les femmes et les enfants. Ce jour-là, son fils,
Ankalayh fut gravement blessé à l’estomac et échappa de justesse à
la mort.
Le lendemain,
le 18 du mois de Sha’ban de cette même année, Noussayr se noya.
Le lendemain,
al-Mouwaffaq reprit tôt le matin la lutte contre le vil. Il donna
l’ordre à Noussayr Abou Hamzah de se mettre en route pour le
pont de bois de teck que le perfide avait construit sur le canal
Abou al-Khassib, au-delà des deux ponts que Noussayr avait saisi.
Al-Mouwaffaq donna aussi
l’ordre à Ziraq d’aller avec ses troupes dans la région de la
résidence d’al-Joubba’i pour lutter contre les rebelles qui s’y
trouvaient et il envoya un autre groupe de commandants au voisinage
de la résidence d’Ankalayh pour faire de même. Aussitôt que la marée
monta, Noussayr navigua rapidement en avant avec un certain nombre
de ses péniches vers le canal Abou al-Khassib, mais la marée les
porta et les força contre le pont. En même temps, sans être
ordonnées, un certain nombre des péniches d’al-Mouwaffaq avec à leur
bord des Mawlah et des pages entrèrent aussi dans le canal, elles
aussi portées par la marée et forcées contre les vaisseaux de
Noussayr tandis que les capitaines et les rameurs furent impuissants
de contrôler ce qui arriva.
Les zanj s’en
aperçurent et se rassemblèrent pour attaquer les péniches, en les
encerclant des deux côtés du canal. Paniqués, les rameurs se
jetaient à l’eau et abandonnèrent leurs vaisseaux aux zanj, qui les
saisirent. Les zanj tuèrent un certain nombre de combattants, mais
la plupart d’entre eux moururent noyés. Noussayr se défendit de sa
péniche jusqu’à ce que, par peur d’être capturé, il sauta dans l’eau
et se noya par la suite.
Al-Mouwaffaq
débuta son jour dans la bataille avec les zanj, pillant et brûlant
leurs résidences et il eut la main supérieure jusqu’à ce que le jour
soit fini. Parmi ceux qui défendirent la forteresse du perfide, il y
eut Souleyman Ibn Jami’ et ses troupes. La bataille entre les hommes
de Souleyman et ceux d’al-Mouwaffaq continua sans répit puisque ce
dernier tenu sa position. Souleyman continua à offrir de la
résistance jusqu’à ce que des embusqués tirés des pages noires
d’al-Mouwaffaq émergent sur ses arrières et il fut mis en déroute.
Les pages le poursuivirent, tuant certains de ses hommes et
capturant d’autres. Dans cette bataille, Souleyman fut touché à la
cuisse, une blessure qui diminua sa force et le poussa à s’arrêter
dans un endroit consommé par le feu où les charbons étaient encore
incandescents. Certaines parties de son corps furent brûlées mais il
fut protégé par un groupe de ses hommes alors qu’il était sur le
point d’être capturé. Al-Mouwaffaq victorieux et indemne se retira,
pendant que les zanj devinrent plus faibles et plus effrayés ayant
vu leur fin proche.
Abou Ahmad
devint malade de l’arthrite qui dura de la fin de Sha’ban, Ramadan
et une partie de Shawwal. Par conséquent il s’abstint de lutter
contre le vil. Mais aussitôt qu’il se rétablit, il donna l’ordre de
préparer tout le nécessaire pour rencontrer les déviants et tous ses
hommes s’appliquèrent à cette tâche.
Le mardi 10
du mois de Shawwal, une bataille survint dans la ville du maudit
entre Abou Ahmad et les zanj. Lors de cet engagement Abou Ahmad
obtint son objectif désiré.
Pendant
qu’al-Mouwaffaq était préoccupé par sa maladie, le vil, l’ennemi
d’Allah, rétablit le pont dans lequel les péniches Noussayr
s’étaient prises. Il ajouta des éléments au pont qu’il croyait avoir
renforcé. Au-delà de cela, il érigea des pieux de bois recouverts de
fer. Devant cela, il construisit une barricade de pierres pour
réduire l’entrée pour les péniches et provoquer un courant
tournoyant dans le canal Abou al-Khassib pour que les gens redoutent
d’y entrer.
Al-Mouwaffaq
recruta deux officiers parmi ses pages, commandant chacun
quatre-mille hommes et leur donna l’ordre d’aller dans le canal Abou
al-Khassib. L’un d’entre eux devait voyager le long du côté est du
canal et l’autre le long du côté ouest et devaient marcher le vers
le pont que le rebelle avait restitué et démanteler le barrage qu’il
avait érigé devant lui. Ensuite, ils devaient alors combattre et
expulser les troupes du vil dans la région du pont. Il leur assigna
des charpentiers et des soldats du génie pour démonter le pont et
les pieux. Sur sa commande, les bateaux furent équipés, préparés,
chargés de roseaux immergés dans le naphte et ils devaient entrer
dans ce canal quand la marée serait montée et mettre le feu au pont.
Ce jour,
al-Mouwaffaq avança avec l’armée jusqu’à ce qu’il atteigne
l’embouchure du canal Abou al-Khassib. Il ordonna d’envoyer les
combattants à terre dans un certain nombre d’endroits en amont et en
aval du camp du vil pour détourner les troupes du rebelle et les
empêcher d’apporter leur aide à ceux qui défendaient le pont. Les
deux officiers et leurs troupes avancèrent et furent interceptées
par les hommes du vil sous le commandement de son fils Ankalayh,
‘Ali Ibn Aban al-Mouhallabi et Souleyman Ibn Jami’. Les deux forces
se livrèrent alors combat. La bataille fut prolongée car les zanj
luttèrent violemment pour défendre leur pont, pensant que sa
destruction, apporteraient la calamité sur eux ainsi qu’aux deux
ponts flottants que le vil avait établis au-delà du canal Abou
al-Khassib et qu’ils deviendraient facilement accessibles. Le nombre
de tués et de blessés grandi pour les deux camps et la bataille dura
jusqu’au temps de la prière de l’après-midi. Alors les pages
d’al-Mouwaffaq chassèrent les rebelles du pont et le traversèrent.
Les charpentiers et les ouvriers coupèrent le pont desserré et ils
le démontrèrent ainsi que les pieux. Le vil avait construit le pont
et les enjeux si solidement qu’il fut impossible pour les ouvriers
et les charpentiers de les démonter rapidement. À cause de cela,
al-Mouwaffaq ordonna que les vaisseaux portant les roseaux immergés
dans le naphte entrent dans le canal et soient incendiés afin qu’ils
flottent dans le courant. Cela fut fait, et les navires atteignirent
le pont, et l’incendièrent. Les charpentiers purent enfin réaliser
leur plan et démonter les pieux, en ouvrant ainsi de nouveaux le
canal aux hommes sur les péniches. La force sur les vaisseaux entra
alors dans le canal. Cela releva le moral des pages et, ils
reconduisirent les troupes du rebelle de leurs positions et les
pourchassèrent jusqu’à ce que le dernier ait atteint le premier pont
flottant derrière le pont. Un grand nombre des rebelles furent tués
et un groupe d’entre eux demanda la sécurité à al-Mouwaffaq. Il
ordonna de leur octroyer immédiatement des robes d’honneur et ils
furent placés dans des positions où leurs camarades pourraient les
observer et seraient peut-être désireux de bénéficier d’un
traitement semblable.
Les pages
atteignirent le premier pont flottant, à peu près au coucher du
soleil. Al-Mouwaffaq détesta avoir ses hommes profondément engagés
dans le canal Abou al-Khassib avec l’arrivée de l’obscurité, de peur
que les rebelles ne saisissent l’occasion pour les attaquer. Donc,
il ordonna aux troupes de se retirer en toute sécurité à
al-Mouwaffaqiyah. Al-Mouwaffaq dépêcha des lettres dans les régions
pour être lues sur des chaires et informer les Musulmans de la
victoire et de la conquête qu’Allah Exalté lui avait accordée. Il
ordonna que ceux de ses pages qui s’étaient distingués soient
récompensés selon leurs exploits, leurs sacrifices et la manière
dont ils exécutèrent ses ordres, pour inspirer le grand effort dans
la lutte contre leurs ennemis. Et cela fut exécuté conformément à
ses directives. Al-Mouwaffaq traversa à l’embouchure du canal Abou
al-Khassib, avec certains de ses Mawlah sur des péniches, des
galères et des skiffs. L’abominable chef zanj avait déjà obstrué le
passage avec deux barrières en pierre pour rendre l’entrée étroite
et le courant rapide, pour rendre difficile la circulation des
péniches et leur retour difficile. Al-Mouwaffaq ordonna de
démanteler ces deux barrières et ses hommes y travaillèrent du lever
du soleil à son coucher.
Les ouvriers
se retirèrent et retournèrent le lendemain matin pour finir de
démanteler ce qui était resté. Ils découvrirent cependant, que
pendant la nuit les rebelles avaient restitué ce qui avait été
enlevé. Alors, al-Mouwaffaq ordonna de déployer deux balistes
montées sur deux vaisseaux stationnés dans le canal Abou al-Khassib,
qui avait été préparé d’avance. Les ancres furent larguées pour
tenir les vaisseaux fermes et il assigna une péniche de soldats à
chaque vaisseau et les chargea de retirer les barrières. Il fut
donné l’ordre aux servants des deux balistes de tirer sur quiconque
des hommes du vil s’approcherait pour reconstruire les barrières, de
jour ou de nuit. Les rebelles gardèrent leur distance et, les hommes
responsables d’enlever les pierres purent enfin faire leur travail.
Les barrières furent totalement démantelées et l’accès au canal
devint plus accessible pour les péniches.
Cette même
année, le rebelle traversa de la rive ouest à la rive est du canal
Abou al-Khassib et l’approvisionnement fut coupé de toutes les
directions.
Il a été
rapporté quand al-Mouwaffaq détruisit les résidences du chef des
zanj et les incendia, ce dernier se réfugia et se fortifia dans les
résidences les plus extrêmes le long du canal Abou al-Khassib. Le
rebelle campa dans la résidence d’Ahmad Ibn Moussa, surnommé
al-Qalous, où il réunit autour de lui sa large famille et enfants.
Ses marchés furent transférés dans un endroit plus proche que celui
de Souq al-Houssayn.
Sa position,
néanmoins, devint extrêmement faible et il devint clair aux gens que
sa cause était condamnée. Ils avaient peur de lui apporter des
provisions et il fut ainsi coupé de toutes réserves. Le prix d’un
Ratl[2] de pain dans son camp atteignait maintenant dix
dirhams. Par conséquent, les rebelles mangèrent l’orge et ensuite
différentes sortes de grain. Cela continua jusqu’à ce que
finalement, ils deviennent cannibales. Si l’un d’entre eux était
isolé avec une femme, un enfant, ou un homme, il abattait cette
personne et dévorerait la victime. Les zanj les plus forts
assaillirent alors les plus faibles et quand ils isolaient une
faible personne, ils la tuaient et mangeaient sa chair. Ainsi, ils
mangèrent leurs enfants avant de déterrer les cadavres pour les
vendre et manger leur chair. La seule punition imposée par le vil
aux auteurs de ces abominables actes fut l’emprisonnement, mais ils
furent relâchés après avoir passé un certain temps en prison.
Il a été
rapporté que quand la résidence du vil fut démolie et incendiée, et
que tout ce qu’elle contenait fut pillée, il fut conduit, comme un
exclu sans foyer, de la rive ouest à la rive est du canal Abou
al-Khassib. Abou Ahmad décida alors de s’attaquer à la rive
est et la ruiner de la même manière qu’il l’avait fait sur la rive
ouest. Al-Mouwaffaq donna l’ordre à son fils Abou al-‘Abbas de
prendre positions dans ses péniches avec un groupe de ses hommes
dans le canal Abou al-Khassib. Il lui demanda aussi de choisir une
équipe de ses troupes et de ses pages et les débarquer dans la
section où se trouvait la résidence d’al-Karnaba’i sur la rive est
du canal. Les soldats du génie devaient être débarqués avec eux pour
démolir toutes les maisons et les habitations des compagnons du
rebelle qu’ils trouveraient.
Al-Mouwaffaq
quant à lui, se posta près de la forteresse al-Hamadani, à qui avait
été confiée la défense de ce secteur. Il était le commandant des
troupes du rebelle et l’un de ses premiers compagnons. Sur
l’instruction d’al-Mouwaffaq, une équipe de ses officiers et Mawlah
parti pour la résidence d’al-Hamadani, accompagnés de soldats du
génie. L’endroit avait été fortifié avec un grand corps de zanj et
d’autres troupes du vil, protégés par des balistes, des catapultes,
et des arcs Nawoukiyyah. Une lutte s’ensuivit au cours de laquelle,
il y eut beaucoup de tués et de blessés. Finalement les troupes
d’al-Mouwaffaq chassèrent les déviants en les passant par l’épée si
bien qu’un grand nombre d’ennemis fut tué. Les troupes d’Abou
al-‘Abbas infligèrent le même traitement à tous ceux qui tombèrent
sous leurs mains. Alors les troupes d’al-Mouwaffaq et d’Abou
al-‘Abbas fusionnèrent et combattirent les résistants de la
résidence d’al-Hamadani qui était fortifiée avec des balistes et ou
des drapeaux portant le nom du vil étaient déployés tout autour des
murs. Il fut impossible aux troupes d’al-Mouwaffaq de monter les
murs de la forteresse parce qu’ils étaient trop haut et
inaccessibles. Ils déployèrent de longues échelles contre les murs
mais elles restèrent trop courtes. Alors, certains des pages
d’al-Mouwaffaq lancèrent des grappins attachés à de longues cordes
qui accrochèrent les drapeaux et en les tirants tombèrent entre les
mains des hommes d’al-Mouwaffaq. Les défenseurs de la résidence
furent alors convaincus que les troupes d’Abou Ahmad étaient
sur le mur est effrayés, ils s’enfuirent et abandonnèrent la
résidence et tout ce qu’il y avait autour. Les lanceurs de naphte
montèrent le mur à l’aide des grappins et incendièrent les
catapultes, les balistes et tout le contenu de la résidence
d’al-Hamadani. Ils incendièrent aussi les résidences voisines des
rebelles. Ce jour, beaucoup de femmes musulmanes captives leur
furent arrachées et al-Mouwaffaq ordonna de les traiter avec douceur
et de transporter par péniches, galère et bacs jusqu’à la ville
d’al-Mouwaffaqiyah. La bataille continua sans répit du lever de
l’aube jusqu’après les prières d’après-midi. Un groupe des troupes
du vil et un certain nombre de ses pages spéciaux, qui étaient ses
gardiens personnels demandèrent la sécurité qui leur fit accordée
par al-Mouwaffaq et qui ordonna de les traiter avec bonté et de leur
donner des robes d’honneur, des présents et un salaire militaire.
Al-Mouwaffaq se retira et ordonna que les drapeaux du vil soient
accrochés à l’envers au milieu des péniches pour qu’ils puissent
être vus par ses hommes. Un groupe d’entre ceux qui avaient demandé
la sécurité guida al-Mouwaffaq vers une immense place du marché du
vil qui se trouvait derrière la résidence d’al-Hamadani et adjacent
au premier pont qui s’étendait sur le canal Abou al-Khassib. Le vil
avait appelé le marché al-Moubarakah. Ils l’informèrent que s’il
incendiait ce marché, les rebelles n’auraient plus aucun autre
marché et les marchands qui fournissaient des marchandises le
quitteraient définitivement. Les rebelles se sentiraient ainsi
abandonnés et contraints à demander la sécurité.
Al-Mouwaffaq
décida de mettre fin à ce marché et de l’encercler de trois
directions. Il ordonna à Abou al-‘Abbas de partir vers le côté
contigu au premier pont, à son Mawlah Rashid d’aller du côté
adjacent à la résidence d’al-Hamadani et il a ordonné à un officier
de ses pages noirs d’aller dans le secteur du marché adjacent au
canal Abou Shakir et chacun de ces détachements fit ce qui lui fut
ordonné.
Les zanj se
rendirent compte de l’arrivée des troupes gouvernementales et
marcher à leur rencontre. La bataille s’engagea puis un lourd combat
s’ensuivit et le rebelle renforça ses hommes. Al-Mouhallabi,
Ankalayh et Souleyman Ibn Jami’ et leurs troupes étaient
complètement préparés et avec l’arrivée des renforts, ils luttèrent
violemment pour défendre leur secteur. Au début de leur attaque, les
hommes d’al-Mouwaffaq atteignirent un point du périmètre du marché
qu’ils incendièrent et les flammes se propagèrent au reste du
marché. Les deux groupes luttèrent tandis que les flammes les
enveloppèrent et les toits qui s’étaient déjà enflammé,
s’effondrèrent sur les têtes des combattants, en les brûlant. Cette
situation dura jusqu’au coucher du soleil et le début de la nuit.
Alors ils arrêtèrent le combat et al-Mouwaffaq et ses hommes
revinrent vers leurs vaisseaux et les zanj vers leur maître. Les
habitants de la place, aussi bien que les marchands, l’armée du vil
et la foule du marché s’enfuirent et atteignirent les parties
supérieures de la ville. Ils emportèrent avec eux leur argent et
leurs marchandises qu’ils avaient réussies à sauver. Ils avaient
déjà remporté le gros de leurs marchandises et des marchandises de
ce marché, craignant qu’ils subissent ce qui leur est arrivé le jour
ou Allah Exalté accorda la victoire al-Mouwaffaq sur la résidence
d’al-Hamadani qu’il incendia.
Alors, après
cette bataille, le vil creusa des tranchées sur la rive est et créa
des obstacles sur la route de la même manière qu’il avait fait sur
la rive ouest. Il creusa une large tranchée du bord du Jouwway Kour
au Canal Gharbi. Son inquiétude principale était la fortification de
la section de la résidence d’al-Karnaba’i au canal de Jouwway Kour,
car ce secteur contenait les résidences principales et les
habitations de ses hommes. Par conséquent, les jardins et d’autres
endroits vides entourés de murs furent transformés en tranchées de
Jouwway Kour au canal Gharbi. Chaque fois qu’une bataille éclatait
dans l’un de ces secteurs, les zanj se hâtèrent de défendre leurs
positions et d’empêcher l’ennemi d’avancer. Suite à cela,
al-Mouwaffaq décida de démolir le reste du mur jusqu’au Canal
Gharbi, ce qu’il accomplit après une longue bataille rangée.
Le vil était
sur la rive est du Gharbi dans un camp dans lequel se trouvait des
contingents de zanj et d’autres. Ils étaient retranchés derrière un
mur protecteur et des douves. Ces troupes qui défendaient la région
adjacente au mur le long du Canal Gharbi étaient les plus
courageuses et les plus vaillantes des hommes du vil. Pendant la
bataille à Jouwway Kour et dans les régions adjacentes, ils
attaquèrent les troupes d’al-Mouwaffaq sur ses arrières et ce
dernier donna donc des ordres de se mettre en route vers cet
endroit, et de le prendre à ses défenseurs, de démolir les murs et
de chasser tous ceux qui y étaient retranchés. Il envoya des
instructions à Abou al-‘Abbas et à un certain nombre de commandants
de ses pages et ses Mawlah pour se préparer à cette tâche et ils
firent comme ordonné.
Al-Mouwaffaq
avança avec les troupes qu’il avait préparées au Canal Gharbi, après
quoi il ordonna de déployer les péniches des limites du canal Nahr
Jouwway Kour jusqu’à ad-Dabbassin. Les combattants atteignirent les
deux rives du Canal Gharbi et les échelles furent déployées contre
le mur, sur lequel, les zanj avaient un certain nombre de balistes,
et le combat éclata de l’aube jusqu’à l’après-midi. Un certain
nombre d’infractions furent faites dans le mur, les balistes furent
incendiés. Les deux groupes cessèrent alors le combat, aucun d’entre
eux n’ayant gagné aucun avantage sur l’autre sauf que les troupes
d’al-Mouwaffaq avaient réussi à faire ces brèches et détruire les
balistes. Les deux armées endurèrent un grand nombre de blessés.
Al-Mouwaffaq et toutes ses troupes revinrent alors à
al-Mouwaffaqiyah, où il ordonna que les blessés soient traités et
récompensés, chacun selon la gravité de sa blessure. Ce fut la
politique qu’il appliqua, du premier jour où il s’engagea dans la
bataille contre le vil jusqu’à la mort de ce dernier.
Après cette
bataille, al-Mouwaffaq resta où il était pendant quelque temps.
Alors, il jugea opportun de revenir à cet endroit et de s’en
occuper, plutôt qu’un autre secteur, parce qu’il se rendit compte
combien il était bien fortifié et du courage et la persévérance des
défenseurs. Il se rendit compte qu’il serait incapable de gagner la
maîtrise sur la région entre les canaux de Gharbi et Jouwway Kour
sans d’abord en chasser les troupes. Donc il prépara ce qu’il avait
besoin d’équipements pour la démolition et il augmenta le nombre de
soldats du génie. Alors, il choisit les combattants, les archers,
les lanciers, les épéistes experts noirs et partit vers la même
destination. Il débarqua les fantassins dans des endroits
convenables et envoya un certain nombre de péniches dans le canal.
La bataille commença et fit rage car les deux armées affichèrent une
grande résistance. Les zanj demandèrent des renforts à leur maître
et Al-Mouhallabi et Souleyman Ibn Jami’ vinrent à leur secours avec
leurs armées. Cela renforça la détermination de l’ennemi et ils
chargèrent les troupes d’al-Mouwaffaq. Souleyman attaqua d’une
embuscade dans les parages du Jouwway Kour, repoussa la force
d’al-Mouwaffaq vers leurs navires en tuant beaucoup d’hommes.
Al-Mouwaffaq se retira sans mener ses plans à fin. Il devint clair
qu’il devrait lutter contre les zanj à un certain nombre d’endroits,
pour diviser ainsi leur force et soulager la pression qu’ils
exerçaient sur ceux qui venaient à cet endroit difficile. De cette
manière, il pourrait alors enfin accomplir son objectif.
Il décida de
renouveler l’assaut contre l’ennemi et donna l’ordre à Abou
al-‘Abbas et à certains commandants de traverser, en choisissant les
meilleur de leurs hommes. Il confia à son Mawlah Masrour le canal de
Nahr Mounka et lui donna l’ordre de mener ses hommes à cet endroit,
vers les collines adjacentes et les palmeraies. Masrour
détournerait, par conséquent, les rebelles, en leur faisant croire à
une attaque de ce côté. Il donna l’ordre à Abou al-‘Abbas de poster
ses troupes le long du Jouwway Kour et de manœuvrer ses péniches à
ces endroits jusqu’à ce qu’il arrive à ad-Dabbassin, qui était
au-dessous du Canal Gharbi. Al-Mouwaffaq se mit en route pour le
Gharbi et ordonna aux commandants de ses pages de se mettre en route
avec leurs hommes et de combattre les zanj dans leur forteresse. Les
troupes gouvernementales ne devraient pas se détourner d’eux jusqu’à
ce qu’Allah Exalté ait accordé la victoire aux troupes
gouvernementales, ou qu’ils aient reçu de nouveaux ordres
d’al-Mouwaffaq. Alors il ordonna aux gens de démolir les murs. Quand
ils partirent exécuter leurs ordres, les rebelles, enhardis par les
deux batailles précédentes se précipitèrent en avant mais les pages
d’al-Mouwaffaq restèrent fermes et luttèrent bravement contre eux.
Allah Exalté accorda alors la victoire aux troupes gouvernementales
et ils les chassèrent de leurs positions. Les hommes d’al-Mouwaffaq
s’enhardirent, chargèrent les zanj et les mirent en fuite. Les
ennemis s’enfuirent et quittèrent leur forteresse qui tomba entre
les mains des pages d’al-Mouwaffaq qui démolit la forteresse,
incendia les résidences des zanj et pilla tout ce qui pouvait
l’être. Ils poursuivirent alors l’ennemi fuyant, en tuant un grand
nombre d’entre eux et en prenant des captifs. Un très grand nombre
de femmes musulmanes retenues captives dans cette forteresse furent
sauvées et selon les instructions d’al-Mouwaffaq, furent traitées
courtoisement et transportées en lieu sûr. Alors, al-Mouwaffaq
ordonna aux hommes de revenir à leurs vaisseaux et ils se retirèrent
dans leur camp à al-Mouwaffaqiyah après avoir atteint son objectif
dans ce secteur.
Toujours
cette même année, al-Mouwaffaq entra dans la ville du maudit et
incendia ses résidences sur la rive est du canal Abou al-Khassib.
Il a été
rapporté, qu’après avoir détruit les murs de cette résidence
appartenant aux rebelles, Abou Ahmad voulut pénétrer la
ville. Par conséquent, il fit réparer les sentiers des deux côtés du
canal Abou al-Khassib et de la forteresse du vil pour rendre la
route assez large pour permettre aux combattants d’aller et de venir
à leur guise pendant la bataille. Sur ses instructions, la porte de
la forteresse du vil, la même que celle que le vil avait démantelée
du Hisn Arwakh dans Basra, fut démantelée et transporté dans
la Ville de la Paix[3]. Alors al-Mouwaffaq décida de raser le premier
pont qui était sur le canal Abou al-Khassib, car il entravait l’aide
entre ses troupes. Donc selon ses instructions, un grand vaisseau
fut préparé et chargé de roseaux immergés dans le naphte. Au milieu
du vaisseau, un grand mât fut monté, pour empêcher le vaisseau de
naviguer au-delà du pont quand il l’aurait atteint. Il attendit
d’agir vers la fin de la lumière du jour quand les rebelles seraient
négligents et dispersés. Le vaisseau fut tiré par les péniches qui
le remorquèrent jusqu’à ce qu’il atteigne le canal où il fut
incendié et libéré à la marée montante. Les zanj s’en aperçurent
quand le vaisseau atteignit le pont. Ils rassemblèrent leurs forces
à cet endroit si bien qu’ils couvrirent la région entière. Les zanj
lancèrent des pierres, de la terre et de l’eau dans le vaisseau pour
étouffer le feu qui enflamma le pont et le brûla légèrement.
Certains des zanj plongèrent dans l’eau et percèrent le vaisseau
pour le couler et
éteindre le feu. Enfin ils récupérèrent le vaisseau qui tomba entre
leurs mains.
Quand Abou Ahmad
vit ce qu’ils avaient fait, il décida de les contester pour ce pont
jusqu’à ce qu’il l’ait détruit. Pour ce but, il choisit deux
officiers parmi ses pages et leur ordonna de traverser avec toutes
leurs troupes, en prenant des armes pointues, des solides plastrons,
des outils spéciaux, un équipement pour les lanceurs de naphte et
des outils pour démolir le pont. Al-Mouwaffaq ordonna aussi à des
officiers de prendre position des deux côtés de la rive du canal.
Al-Mouwaffaq, avec ses Mawlah, ses domestiques et ses pages,
embarquèrent sur les péniches et les galères et partirent pour
l’embouchure du canal Abou al-Khassib tôt le matin, le samedi 14 du
mois de Shawwal de l’année 269 de l’Hégire (882).
Le premier à
atteindre le pont fut l’officier qui devait prendre le contrôle de
la rive ouest du canal. Il chargea les troupes du vil à qui avait
été confié la garde du pont. Un certain nombre d’entre eux furent
été tués. Le pont fut alors incendié avec les roseaux et d’autre
matière incendiaire qui avaient été préparés à cet effet et qui
furent déversés sur la structure. Les partisans du vil qui était
posté à cet endroit s’enfuirent. Après cela, les troupes
gouvernementales qui avaient été envoyées sur la rive est du canal
arrivèrent à leur tour au pont et, comme instruit, ils
l’incendièrent à leur tour de leur côté. L’abominable avait donné à
son fils Ankalayh et Souleyman Ibn Jami’ et leurs armées la défense
du pont pour prévenir sa destruction. Quand les deux procédèrent
comme ordonnés, les troupes d’al-Mouwaffaq, qui avaient été placées
sur leur arrière, les attaquèrent et les engagèrent dans une lourde
bataille jusqu’à ce que les zanj furent mis en fuite.
Ainsi les
troupes gouvernementales purent mener à bien leurs projets et
incendier le pont. Puis ils avancèrent vers l’arsenal où se
trouvaient les péniches, les galères et les manufactures d’armes du
vil, et y mirent le feu. Tout fut totalement brûlé excepté quelques
péniches et galères qui étaient dans le canal. Ankalayh et Souleyman
Ibn Jami’ s’enfuirent et les pages d’al-Mouwaffaq atteignirent une
prison que le vil avait fait construire sur la rive ouest du canal
Abou al-Khassib. Les zanj la défendirent une partie du jour jusqu’à
ce qu’ils furent chassés. Alors la prison tomba dans les mains des
pages d’al-Mouwaffaq, qui libérèrent les hommes et les femmes retenu
là. Après avoir brûlé le pont comme ordonné, les pages
d’al-Mouwaffaq, qui se trouvaient sur la rive est, pénétrèrent à Dar
Mouslih. Ce Mouslih fut l’un des premiers des
commandants du vil. Ils entrèrent de force dans sa résidence qu’ils
pillèrent, saisirent ses enfants et sa famille et mirent le feu à
tous ceux qu’ils purent atteindre de ce côté de la rive.
Il restait
encore, au milieu du pont, des pôles que l’abominable avait
fermement fixés. Al-Mouwaffaq ordonna à Abou al-‘Abbas de dépêcher
un certain nombre de péniches à cet endroit et il fit ainsi en
envoyant parmi eux Ziraq avec un certain nombre de ses troupes.
Après leur arrivée, ils envoyèrent des gens avec des pioches
spécialement préparées et des scies les pôles furent coupés et tirés
ensuite du canal. Le reste du pont s’effondra et les péniches
d’al-Mouwaffaq entrèrent dans le canal. Les deux officiers et toutes
leurs troupes avancèrent sur les deux rives canal vides de toute
troupe du rebelle qui s’était enfuit. Alors, al-Mouwaffaq et tous
ses hommes se retirèrent en toute sécurité et de nombreuses
personnes furent sauvées suites à cette opération. Un grand nombre
de têtes des rebelles furent apportées à al-Mouwaffaq et il
récompensa par des cadeaux tous ceux qui les avaient apportées. Le
retrait d’al-Mouwaffaq commença à trois heures du matin ce jour-là,
après que le vil et tous ses zanj et non-zanj fuirent du côté de la
rive est du canal Abou al-Khassib, évacuant ainsi complètement la
rive ouest occupée par les forces d’al-Mouwaffaq.
Ce dernier
rasa tout qui entravait leur combat contre les rebelles, les
forteresses du vil et celles de ses compagnons. Il élargit les
passages étroits d’Abou al-Khassib, augmentant ainsi l’appréhension
parmi les hommes du tyran. Un grand nombre de ses officiers et de
ses troupes, qui n’avait jamais pensé à l’abandonner, demandèrent la
sécurité à d’al-Mouwaffaq. Comme leurs demandes de sécurité furent
accordées, ils abandonnèrent en masse le vil et ils furent traités
généreusement. Des robes d’honneur leur furent accordées selon leurs
grades et ils furent enrôlés dans les registres militaires.
Après cela,
al-Mouwaffaq consacra son attention à ramener ses péniches et ses
pages dans le canal. Il donna les ordres de brûler les résidences
des rebelles le long des rives ainsi que leurs navires. Il voulut
entraîner ses hommes à pénétrer dans le canal pour faciliter la
navigation sur les voies navigables et parce qu’il avait l’intention
d’incendier le deuxième pont et d’avancer vers des positions les
plus lointaines des rebelles.
Un jour, de
bataille contre le vil, un vendredi, al-Mouwaffaq pressa en avant
dans le canal Abou al-Khassib, et il était positionné à un certain
endroit du canal quand un soldat des troupes rebelles vint demander
la sécurité, avec une des chaires de son maître. Al-Mouwaffaq
ordonna à cet homme, accompagné par un juge qui servait le vil, de
lui retourner la chaire. Ce fut ce genre d’incident qui mina le
soutien des rebelles à leur maître.
Pendant ce
temps, le vil avait réuni tous ses vaisseaux restants navigables et
d’autres et les plaça près du deuxième pont. Là, il concentra aussi
ses officiers et ses troupes les plus vaillants. Al-Mouwaffaq
ordonna à certaines de ses pages de s’approcher du pont et mettre le
feu aux vaisseaux navigables qui se trouvaient à proximité et de
brûler le maximum d’entre eux après avoir saisi tout ce qu’ils
pourraient. Les pages assignées à cette mission exécutèrent leur
devoir. Leur opération intensifia l’activité du rebelle dans la
défense du deuxième pont. Il se chargea personnellement du
commandement de ses forces, craignant qu’une ruse se préparait pour
le priver de la rive ouest des canaux qui donnerait un accès aux
troupes d’al-Mouwaffaq, et le début de sa fin.
Après que le
premier pont fut brûlé, al-Mouwaffaq passa plusieurs jours à
transporter des détachements de ses pages, les uns après les autres,
du côté ouest du canal Abou al-Khassib. Ils brûlèrent le reste des
habitations des rebelles en approchant du deuxième pont. Un groupe
de zanj, qui était resté derrière dans leurs résidences sur la rive
ouest à proximité du deuxième pont, engagèrent dans la bataille les
forces gouvernementales. Les pages d’al-Mouwaffaq avaient l’habitude
de venir dans ce secteur et établir des positions sur les routes
importantes et les sentiers pris par l’armée du vil. Quand
al-Mouwaffaq constata que ses pages et ses troupes étaient
familières avec la route et capables de trouver leur voie le long de
ses sentiers, il décida de brûler le deuxième pont. Par cette
manœuvre il pourrait capturer la rive ouest du canal de l’armée du
vil et déployer ses forces combinées dans une seule région, sans
qu’il n’y ait aucune barrière entre les deux armées exceptées le
canal Abou al-Khassib.
Le Samedi 20
du mois de Shawwal de l’année 269 de l’Hégire (882), al-Mouwaffaq
donna l’ordre à Abou al-‘Abbas de procéder avec ses troupes et ses
pages vers la rive ouest. Il envoya des ordres pour qu’il déplace
son camp avec ses forces vers le site du bâtiment que le rebelle
avait appelé la mosquée et de marcher vers l’endroit où le vil avait
établi une espèce de plate-forme pour la prière et les fêtes. Quand
Abou al-‘Abbas atteindrait la plate-forme, il devrait se diriger
vers la colline d’Abou ‘Amr, le frère d’al-Mouhallabi. Al-Mouwaffaq
mit sous son commandement des officiers parmi ses pages tirés de la
cavalerie et de l’infanterie pour former une force d’environ
dix-mille hommes. Il ordonna à Abou al-‘Abbas de confier
l’avant-garde à Ziraq afin qu’il se positionne sur l’étendue ouverte
de la plate-forme pour prévenir une embuscade que les rebelles
pourraient avoir préparé dans ces endroits. Al-Mouwaffaq ordonna
aussi à un groupe d’officiers parmi ses pages montés de se disperser
parmi les collines dans la région, entre la colline d’Abou ‘Amr et
celle d’Abou Mouqatil az-zanji. Ils devraient le faire jusqu’à ce
qu’ils aient tous convergé de position des collines jusqu’à
l’endroit du deuxième pont le long du canal Abou al-Khassib. Il
envoya des instructions à un autre groupe d’officiers des pages
assignés à Abou al-‘Abbas, pour marcher avec leurs troupes entre la
résidence du vil et celle de son fils Ankalayh. Ils devraient
marcher le long de la rive du canal Abou al-Khassib et du territoire
adjacent, avec le but de rejoindre les groupes avancés de pages
venant des collines. Leur but commun était le pont. Al-Mouwaffaq
leur ordonna d’emporter des outils, tels que des barres de mines (en
fer), des pioches, des scies et un détachement de lanceur de naphta
(pyromane) afin qu’ils puissent démolir et brûler tout qu’ils
pourraient.
Il ordonna à
son Mawlah Rashid de partir pour la rive est du canal Abou
al-Khassib avec l’équipement semblable et de ce diriger ensuite vers
le pont, et d’engager ses défenseurs. Abou Ahmad entra dans
le canal Abou al-Khassib avec ses péniches, ayant déjà mis de côté
quelques vaisseaux spécialement équipés avec ses pages parmi les
archers et les lanciers les plus vaillants. En plus des hommes, il
prit aussi les outils nécessaires pour démolir le pont. Et il envoya
la force en avant le long du canal.
Le combat
entre les forces adverses éclata sur les deux rives du canal et la
bataille fit rage. Sur la rive ouest, Ankalayh, le fils du vil et
ses troupes, soutenu par Souleyman Ibn Jami’ avec ses troupes,
engagèrent Abou al-‘Abbas et ses hommes. Sur la rive est, faisant
face à Rashid et sa force, se trouvait le chef des zanj en personne
avec al-Mouhallabi avec le reste de leur armée. La bataille de ce
jour, durera jusqu’au milieu de l’après-midi. Alors les zanj furent
mis en déroute et s’enfuirent sans se retourner et les épées prirent
leur dû. Le nombre de têtes des déviants étaient si nombreuses
qu’elles ne purent être comptées. Chaque fois qu’une tête était
apportée à al-Mouwaffaq, il ordonna de la jeter dans le canal Abou
al-Khassib pour que les combattants arrêtent de compter des têtes et
qu’ils poursuivent plutôt leurs ennemis. Alors il ordonna aux
commandants des navires assignés au canal Abou al-Khassib de
s’approcher du pont et de l’incendier, en détournant les défenseurs
avec des flèches. Ils firent ainsi et mirent le feu au pont.
Ankalayh et Souleyman, blessés et mit en déroute, arrivèrent au
pont, en ayant l’intention de passer du côté de la rive est du canal
Abou al-Khassib, mais les flammes bloquèrent leur voie ainsi que les
gardes qui s’y trouvaient et ils se jetèrent alors dans l’eau. Un
grand nombre de zanj furent noyés ce jour mais Ankalayh et Souleyman
réussirent à s’enfuir, en évitant de justesse la mort.
Des hordes
d’hommes se rassemblèrent des deux côtés du pont et il fut démoli
après qu’un navire rempli des roseaux en feu le heurta, et aida à le
démolir. Alors la totalité des forces gouvernementales se
dispersèrent dans les régions adjacentes au deux rives du canal. Ils
pénétrèrent dans la ville du vil et incendièrent un grand nombre de
résidences, de forteresses et de marchés de l’ennemi et sauvèrent
d’innombrables femmes captives et des petits enfants. Al-Mouwaffaq
ordonna aux combattants de les transporter dans leurs navires et de
les emmener à al-Mouwaffaqiyah.
Après que sa
forteresse et ses habitations furent incendiées, le rebelle vécut
dans les résidences d’Ahmad Ibn Moussa al-Qalous et de Muhammad
Ibn Ibrahim, surnommé Abou ‘Issa. Son fils Ankalayh logea dans la
résidence de Malik, le neveu d’al-Qalous. Alors, un détachement des
pages d’al-Mouwaffaq se dirigea vers ces résidences où ils
entrèrent. Puis, ils mirent le feu dans plusieurs endroits et
pillèrent tout ce que le vil avait sauvé des précédentes résidences.
Le vil s’enfuit et ce jour, ses trésors ne furent pas découverts.
Beaucoup de femmes musulmanes ‘Alid, qui était retenues captives
dans un endroit près de sa résidence furent sauvées et al-Mouwaffaq
ordonna de les transporter dans son camp et de les traiter avec
gentillesse et considération. Un groupe, composé des pages
d’al-Mouwaffaq et certains d’entre ceux qui avaient abandonné le
rebelle furent assignés à Abou al-‘Abbas, qui partit pour une prison
que le gaspilleur avait construit sur la rive est du canal Abou
al-Khassib. Ils la capturèrent et libérèrent un grand nombre de
soldats emprisonnés qui avaient combattu le vil et ses troupes,
ainsi que d’autres détenus. Les prisonniers furent tous emmenés dans
leurs chaînes et apportés devant al-Mouwaffaq, qui ordonna que leurs
fers soient enlevés et que les prisonniers soient transportés à
al-Mouwaffaqiyah. Ce jour, toutes les péniches, les vaisseaux
navigables et d’autres bateaux, grands et petits, dont les Harraqah
et Zallalah, furent déplacés du canal dans le Tigre. Ces navires et
tout ce qui fut pris du camp de l’abominable et emballé dans les
vaisseaux, fut vendu aux enchères par al-Mouwaffaq à ses troupes et
ses pages. C’était un butin riche et précieux.
Cette année,
Ankalayh, le fils du vil, demande à la sécurité à Abou Ahmad
al-Mouwaffaq. En ce qui concerne le pardon, Ankalayh lui envoya un
messager demandant une considération spéciale. Al-Mouwaffaq fut
d’accord avec toutes ses conditions et renvoya son messager. Suite à
cet événement, al-Mouwaffaq fut convaincu qu’Ankalayh avait été
engagé malgré lui dans la guerre. Mais le vil, le père d’Ankalayh,
fut informé des intentions de son fils et le lui reprocha tellement
qu’il finit par renoncer à sa demande de sécurité. Par la suite,
Ankalayh revint à la lutte contre les forces d’al-Mouwaffaq avec
plus de détermination et prenant personnellement part au combat.
Toujours
cette année, Souleyman Ibn Moussa ash-Sha’rani, le commandant de
l’armée du vil, envoya quelqu’un à Abou Ahmad pour demander
la sécurité. Abou Ahmad refusa de lui accorder sa demande à
cause du comportement passé d’ash-Sha’rani et de l’immense quantité
de sang qu’il versa. Il fut alors informé qu’un groupe du vil furent
effrayés par son refus à ash-Sha’rani. Abou Ahmad lui fit
alors savoir qu’il lui accorderait la sécurité pour apaiser les
autres compagnons du vil. Al Mouwaffaq donna des ordres d’envoyer
des vaisseaux à l’endroit auquel ash-Sha’rani avait promis de se
montrer et effectivement, ash-Sha’rani, son frère et un groupe de
ses officiers les attendait à l’endroit conclut et ils furent
emportés sur les péniches. Le vil lui avait précédemment confié la
défense de la partie inférieure du canal Abou al-Khassib.
Abou
al-‘Abbas le livra à al-Mouwaffaq après quoi, ce dernier traita
ash-Sha’rani bienveillamment, lui accorda la sécurité, comme promis
et ordonna qu’il soit donné à lui et ses compagnons des cadeaux et
des robes d’honneur. Ils furent paradés somptueusement vêtus sur des
montures complètement équipées. Ash-Sha’rani et ses hommes furent
assignés à Abou al-‘Abbas, qui les inclus dans les grades de ses
troupes. Alors, Abou al-‘Abbas ordonna qu’ash-Sha’rani soit placé
sur une péniche, pour apparaître devant les troupes du vil. Cela les
rendrait plus confiants à rechercher la sécurité. Et, effectivement,
peu de temps après que la péniche d’ash-Sha’rani fut enlevée de sa
position dans le canal Abou al-Khassib, un grand nombre d’officiers
zanj demandèrent la sécurité à leur tour. Ils furent tous amenés
devant Abou Ahmad, qui leur présenta des cadeaux et leurs
accorda des mêmes robes et des présents comme il avait été accordé à
ceux qui les avaient précédés.
Avec la
défection d’ash-Sha’rani, la prise du vil sur la partie inférieure
du camp fut relâchée et sa cause fut sapée et affaiblie. Ce dernier
chargea alors Shibl Ibn Salim de défendre le secteur autrefois
assigné à ash-Sha’rani et l’envoya vers la partie inférieure du
canal Abou al-Khassib. Mais avant que le jour ne touche à sa fin,
c’est-à-dire le jour où al-Mouwaffaq exposa la péniche avec
ash-Sha’rani devant le vil et ses troupes, un messager arriva de
Shibl Ibn Salim demandant la sécurité à al-Mouwaffaq. Il demanda
aussi que des péniches soient placées près de la résidence d’Ibn
Sim’an afin que Shibl, les officiers et ses hommes puissent partir
la nuit. Le messager revint avec la réponse positive et que les
péniches seraient placées à l’endroit désigné. Tard dans la nuit,
Shibl, sa maison, ses enfants et un groupe de ses officiers et de
ses hommes, s’embarquèrent sur les navires. Cependant, ses hommes
durent présenter leurs armes au vil qui avait été informé de
l’intention de Shibl, et avait envoyé un groupe de zanj pour les
empêcher d’atteindre les péniches. En se défendant, Shibl et ses
hommes tuèrent un certain nombre de zanj et parvinrent aux vaisseaux
en toute sécurité. Quand l’aube empourpra le ciel, les péniches les
avaient apportés à la forteresse d’al-Mouwaffaq à al-Mouwaffaqiyah.
Sur l’ordre d’al-Mouwaffaq, il fut remis à Shibl des cadeaux
coûteux, il fut couvert de beaucoup de robes d’honneur et défila sur
plusieurs chevaux complètement équipés. Ce Shibl fut l’un des
associés les plus proches du vil, l’un de ses premiers compagnons.
Il était un homme courageux qui afficha le grand courage pour la
cause du rebelle. Les hommes de Shibl furent aussi récompensés, on
leur donna des robes d’honneur et avec leur maître, il leur fut
accordé des attributions militaires et des logements. Ils furent
tous assignés à un officier des pages d’al-Mouwaffaq. Shibl et ses
hommes furent transportés dans des péniches et placés où ils
pourraient être observés par le vil et ses partisans. Cela
impressionna le vil et ses commandants et leur donna envie de saisir
l’occasion et de demander la sécurité.
Les conseils
de Shibl et sa sagacité incitèrent al-Mouwaffaq à lui confier la
réalisation de certaine tactique contre le vil. Al-Mouwaffaq assigna
à Shibl une équipe de déserteurs zanj vaillants, pour procéder à une
attaque nocturne sur le camp du vil. Il choisit Shibl et ces hommes
pour cette tâche à cause de leur audace et leur familiarité avec les
routes du camp. Shibl partit pour exécuter cette mission empruntant
une route qu’il connaissait bien et ensuite, à l’aube il le prit par
surprise. Alors, il tomba sur un grand corps de zanj dont un grand
nombre d’officiers et leurs gardes que le vil avait déployé pour
défendre la résidence de Dar Abi ‘Issa et c’est l’endroit où le
déviant logeait. Shibl les prit par surprise et tua un grand nombre
d’entre eux. Il prit un groupe d’officiers zanj captifs, saisit
beaucoup de leurs armes, et se retira en toute sécurité avec tous
ses hommes. Ils revinrent à al-Mouwaffaq, qui les récompensa avec
élégance, lui donna des robes d’honneur et promut un certain nombre
d’entre eux à un grade supérieur. Cette attaque des hommes de Shibl
sur les troupes du perfide terrorisa ces derniers. Ils craignirent
de s’endormir et procéder à des tours de garde constant. Ils furent
tellement terrifiés que le camp resta sur l’impression permanente
d’une éventuelle attaque et l’inquiétude les submergea. On entendit
leurs agitations et les cris des gardes aussi loin
qu’al-Mouwaffaqiyah.
Suite à cela,
al-Mouwaffaq continua d’envoyer des patrouilles contre les zanj, en
les harcelants jours et nuits des deux côtés des rives du canal Abou
al-Khassib. Les rebelles restèrent éveillés la nuit et furent
empêchés de rechercher de la nourriture. Pendant ce temps, les
troupes d’al-Mouwaffaq devenaient de plus en plus familières et
gagnèrent de l’expérience dans la pénétration de la ville de
l’abominable et alors ils purent mener des attaques permanentes. Ces
raids persistants gardèrent le camp des rebelles dans un état
continuel de terreur. Quand al-Mouwaffaq estima que ses troupes
avaient obtenu l’entraînement nécessaire dont ils avaient besoin, il
décida de traverser le canal et de lutter contre le vil sur la rive
est du canal Abou al-Khassib. Il convoqua une assemblée générale et
demanda la présence des officiers des rebelles qui avaient rejoint
son côté, aussi bien que les chefs de leur cavalerie et de leur
infanterie parmi les zanj et les troupes blanches. Tous furent
amenés et purent entendre le discours d’al-Mouwaffaq.
Alors il leur
parla, les éclaira sur leur ancienne nature, leurs erreurs, leurs
violations de ce qui était sacré, aussi bien que l’apostasie dont le
vil les avait endoctrinés. Tout cela, dit-il, avait rendu leur sang
licite pour lui, mais il leur pardonna leurs péchés, leurs
transgressions et leur accorda la sécurité. Il rappela combien il
avait été bon envers ceux qui s’étaient réfugiés chez lui, leur
avait accordé des cadeaux, un salaire militaire, un logement et les
avaient assignés à ses commandants et ses troupes fidèles. Il leur
dit que ces faveurs qu’il leur avait accordées les contraignaient à
lui obéir et le suivre. Ils ne devaient rien entreprendre qui
pourrait être contradictoires avec la loyauté à Allah Exalté et
l’appel à la loyauté à ses dirigeants les obligeaient à lutter avec
zèle dans la voie d’Allah Exalté contre Ses ennemis, c’est-à-dire
les traîtres et leurs complices. Puisque, plus que quiconque
d’autre, ils connaissaient les routes menant au camp du vil, les
dangers et les pièges des routes, les emplacements des voies de
fuite qu’il avait préparée, ils leur incombaient de lui fournir tous
les renseignements nécessaires et faire leur maximum pour envahir et
pénétrer la ville du vil et l’atteindre dans ses forteresses,
jusqu’à ce qu’Allah Exalté les aide à le battre ainsi que ses
partisans. S’ils faisaient ainsi, leurs actions seraient
récompensées généreusement. Quiconque ne serait pas fidèle à son
obligation, inviterait les autorités à baisser sa position, réduire
son statut et le déposer de son grade.
Ensemble, ils
élevèrent leurs voix, acclamèrent al-Mouwaffaq, sa générosité et
proclamèrent leurs vraies intentions de faire attention et de lui
obéir. Ils promirent de lutter avec zèle contre ses ennemis ainsi
que leur empressement à répandre leur sang et sacrifier leurs vies
dans n’importe quelle tâche qu’il pourrait leur confier. Toute tâche
qui leur confierait serait seulement pour renforcer leur intention,
il leur montra qu’il avait confiance en eux et leur accorda une
place parmi les gradés de ses commandants. Ils lui demandèrent de
choisir un endroit où ils pourraient lutter, pour montrer leur
sincérité de leurs intentions et leur haine envers l’ennemi et
démontrer ainsi qu’ils avaient abandonné de tout leur cœur les
erreurs de leur précédente sottise. Al-Mouwaffaq approuva leur
demande et les laissa savoir sa satisfaction de la loyauté qu’ils
lui avaient manifestée. Ils partirent encouragés par la réponse
qu’ils reçurent, la gentillesse et promesse.
Au moins de
Dzoul Qi’dah de cette année, al-Mouwaffaq entra dans la ville du
déviant, sur la rive est du canal d’Abou Al Khassib, qu’il pilla et
rasa.
[1]
Nawroz. La nouvelle année perse.
[2]
Entre 100 et 500 grammes.
[3]
Madinat As-Salam ou Bagdad, la capitale de l’Irak.