Le sultan Muhammad II al-Fatih le Conquérant de Constantinople
Après
la mort du sultan Mourad II, il fut succédé par son fils Muhammad II
pour la troisième fois alors qu’il était âgé d’une vingtaine
d’année. La première chose à laquelle il pensa lorsqu’il devint
sultan, fut de conquérir la ville de Constantinople, espérant
réaliser la la prophétie de la bonne nouvelle annoncée par le
Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et qui ne s’était
toujours pas concétrisé : « ‘AbdAllah Ibn Bishr al-Khath‘amī a
rapporté de son père qu’il a entendit le Prophète (Saluts et
Bénédictions d’Allah sur lui dire : « Constantinople sera
conquise. Quel excellent commandant que son commandant (celui qui la
conquira) et quelle excellente armée que cette armée. »
Mousnad de l’Imam Ahmad, Hadith 18189
Le
sultan Muhammad II vit que son grand-père, Bayazid I, avait
construit à cette intention particulière, une forteresse sur le
littoral asiatique du Bosphore, qu’il appela Anadolu Hisari, la
Forteresse d’Anatolie.
Cette
forteresse fut construite au point le plus étroit du Détroit du
Bosphore et Muhammad construisit donc à son tour une forteresse
qu’il appela Rumeli Hisari, c’est-à-dire la Forteresse de Rumeli
(Roumélie). L’intention derrière cela était d’obtenir le contrôle
total du Bosphore. Ce fut le sultan Muhammad lui-même qui en dessina
les plans la forteresse fut bâtie par par l’architecte Mouslih
ad-Din Agha et 7.000 travailleurs qui achevèrent la tâche en quatre
mois. La forteresse avait une forme triangulaire et ses remparts
faisaient 20 pieds (6,1 m) d’épaisseur. Dans chaque coin
se trouvait une large tour couverte de plomb, et dont
l’épaisseur était 32 pieds (9,7 m).
Alors
que les préparations ottomanes pour la conquête de Constantinople
battaient leur plein à Edirne, la situation dans la ville
était un chaos total.
L’Empereur Constantin chercha l’aide urgente du pape Nicholas V qui
répondit en envoyant à Constantinople le Cardinal Isidore
– un catholique – qui se
rendit à l’église Aya Sofia et y accomplit les rituels conformément
aux principes catholiques, contredisant et s’opposant aux rituels de
l’église orthodoxe de Constantinople. Les gens se tinrent là à
regarder le Cardinal venu les sauver avec une absolue terreur.
L’empereur byzantin était en faveur de l’union des Eglises orthodoxe
et catholique, cependant, le chef du gouvernement, Loukas Notaras,
ainsi que Gennadius (qui devint patriarche après la conquête)
s’opposa véhémentement à cette union, craignant que la dominance
catholique ne mène à l’éradication de l’Eglise orthodoxe. Notaras
aurait dit, d’après la croyance populaire : « Je préfére voir le
turban turc à Constantinople plutôt que la mitre latine. »
Les
Byzantins n’avait toujours pas oublié les actes barbares exécutés
par les Latins quand ils occupèrent Constantinople en 601 H (1204
EC), et en plus de cela, l’Eglise latine n’avait pas hésité à
envoyer des vagues de volontaires soit en disant en réponse à la
demande d’aide de l’empereur.
Cependant, l’arrivée d’Isidore ne donna aucun résultat relatif au
sujet de l’union des deux Eglises et au mois de Rabī‘ al-Awwal
857 H (avril 1453 EC), les
Ottomans assiégèrent Constantinople par terre et mer. 20.000 marins
sur 400 vaisseaux participèrent à ce siège alors que les forces
terrestres s’élevaient à à 80.000 combattants.
Le sultan plaça 14 batteries d’artillerie autour de la ville à qui il fournit d’énormes canons fabriqués par un Hongrois
nommé Orban. Ces canons pouvaient tirer un boulet à une distance d’un mile (1600 m). Le Baron Cardivo a dit dans son livre « Penseurs Islamiques » que le poids des boulets utilisés par Muhammad al-Fatih (le Conquérant) était de 300 kg. Il fallait 700 hommes pour tirer chaque canon et les charger prenait deux heures. L’artillerie était constituée de 200 cannons.
Les
forces navales ottomane, commandées par Baltah Oghlu Souleyman Beg
jetèrent l’ancre devant l’entrée du Golfe de la Corne d’Or car il
avait reçu l’ordre de détruire la flotte byzantine, qui était
chargée de défendre l’entrée du golfe. En plus, les Byzantins
avaient fermé l’accès du Golfe au moyen d’une longue chaîne en fer
qu’ils avaient tendu à travers celui-ci pour empêcher le traffic
fluvial et rendre l’accès impossible aux navires. Ce fut le plus
grand grand problème auquel furent confrontés les Ottomans du fait
leurs vaisseaux transportaient les soldats qu’ils devaient les
débarquer au plus près de la forteresse afin de pouvoir attaquer
Constantinople.
Puis
quatre vaisseaux arrivèrent, trois génois et un byzantin sous le
commandement du célèbre John Justiniani qui avait été envoyé par le
Pape pour défendre Constantinople et pour lui apporter des renforts.
Ces vaisseaux arrivèrent et la marine ottomane put incapable de les
empêcher d’atteindre la ville.
Après
une bataille acharnée contre la marine ottomane, Justiniani sortit
triomphant et avança avec ses navires dans le golfe. Les habitants
de Constantinople baissèrent pour eux la chaine de fer et les
laissèrent entrer avant de remettre celle-ci en place. Cet incident
obligea le sultan à imaginer une nouvelle stratégie dont
l’efficacité fut hautement attestée par les chefs militaires.
Cette
stratégie permit le tranfert de 77 navires légers qui furent hissés
sur terre au-delà du district de Galata contournant ainsi le
problème causé par la chaine. Ils placèrent donc des troncs de bois
généreusement enduis d’huile sur le parcours mentionné et sur
lesquelles les bateaux furent halés en glissant dessus sous le
couvert de la nuit tandis que l’artillerie ottomane étaient chargée
de procéder à quelques tirs dans une autre région afin de détourner
l’attention des Byzantins sur leur opération secrète et
effectivement nul ne se rendit compte du pont terrestre qui permit
le tranfert des navires dans le golfe et le transport des soldats
qui attendaient d’être débarquer sur la rive opposée. Lorsque le
jour se leva, les habitants de Constantinople furent saisis de
surprise. L’historien contemporain byzantin Doukas qui témoigna cet
évènement, décrivit sa surprise à la vue de cette opération en
disant : « C’est un miracle ! Nul n’a jamais auparavant vu ou
entendu parler d’une telle chose manœuvre. »
Après
que la marine ottomane échoua à empécher Justiniani d’entrer dans le
golfe, le sultan Muhammad n’eut pas d’autre choix que d’ordonner une
une attaque à grande échelle à laquelle participèrent toutes les
forces ottomanes néanmoins avant de procéder, le sultan Muhammad
envoya un seconde message à l’empereur pour lui demander de remettre
la ville pacifiquement afin d’empêcher un bain de sang, et
l’empereur serait libre de partir pour la destination de son choix,
en prenant avec lui ses biens et ses trésors. Le sultan Muhammad
promit la sécurité pour les habitants de Constantinople et leurs
biens, dans l’éventualité de la reddition de l’empereur. Mais
l’empereur – sur l’incitation des génois – refusa l’offre.
Le
roi de Hongrie oubliant qu’il avait déjà été écrasé un certain
nombre de fois souhaita à ce moment-là mettre la pression sur le
sultan Muhammad et il lui envoya un message l’informant que si les
Ottomans ne trouvaient pas un accord avec l’empereur de
Constantinople, il (le roi de Hongrie) mènerait une expédition
européenne pour annihiler les Ottomans ; mais ce message ne changea
rien et fit l’effet d’un moucheron tentant de terrasser un
mastotonde.
Le
jour (18 mai) passa tranquillement et à l’aube (le lendemain),
immédiatement après la prière de Fajr, Muhammad avança vers
l’endroit choisi pour l’attaque alors que le tonnerre de
l’artillerie lourde qui
tirait de puis le coucher de soleil de la veille déchirait l’air. Le
sultan donna alors l’ordre de sortir de sa housse et de déployer le
drapeau ottoman ce qui signifiait pour les Turcs qu’ils pouvaient
donner l’assaut général.
Pendant ce temps, les canons purent faire une brèche dans les
remparts, après quoi l’infanterie ottomane traversa les tranchées
qui avaient été creusées autour de Constantinople. Puis ils
élevèrent leurs échelles contre les remparts et les soldats
commencèrent à grimper par trois vagues successives et les
Janissaires (Les Janissaires (dérivé du turc ottoman (yeniceri)
signifiant « nouveaux soldats ») (Inkishariyah) élite de l’infanterie
turque, formant la garde du sultan et la première force de combat de
l’armée turque, de la fin du XIVème au début du XIXème. Ils furent
originellement fondés par le sultan Orkhan, comme garde royale. La
majorité des historiens y comprit les Musulmans rapportent à tord
que cette élite était formée de jeunes convertis chrétiens et de
prisonniers de guerre, reste des mamelouks néanmoins c’est un
mensonge que les historiens, les Docteurs Ahmad Youssouf Ibn Da’idj
et ‘Ali Muhammad as-Salabi ont rétuté dans leurs ouvrages. Les fils
des généraux et des commandants de l’armée étaient aussi recrutés
dans la force des janissaires qui fut abolie en 1826 par le calife
Mahmud II) participèrent à tous les assauts. Constantin fut forcé
d’envoyer ses forces de réserve, qui étaient stationnées autour de
l’église des Apôtres (location de la future mosquée d’al-Fatih) afin
qu’il puisse les rejoindre dans la bataille. Malheureusement pour
les Byzantins, un soldat ottoman frappa le commandant Justiniani
d’une flèche, le blessant gravement et le forçant à se retirer du
champ de bataille, en dépit des ferventes supplications de
l’empereur pour qu’il reste, car Justiniani avait un rôle important
à jouer dans la défense de la ville.
Le
premier ottoman à tomber martyre fut le prince Waliyy ad-Din
Souleyman, qui avait levé l’étendard ottoman sur les remparts de
l’ancienne ville byzantine. Suite à son martyre, 18 soldats ottomans
se ruèrent pour empêcher le drapeau d’être descendu et ils
parvinrent à le protéger jusqu’à ce que le reste des soldats arrive
pour le défendre sur les remparts. Le drapeau resta fermement
accroché sur les remparts après que ces 18 hommes soient tombés
martyre. Pendant ce temps, les Ottomans avaient continué leur assaut
sur la ville par les ouvertures dans les murs effectués par
l’artillerie puis en escaladant les échelles qu’ils avaient placées
contre les murs de la ville. Un autre détachement des assaillants
parvint à ouvrir les portes de Constantinople, alors qu’une autre
troupe prenait le contrôle de la chaine qui barrait l’entrée du
golfe, et l’ouvrirent. Suite à cela, la flotte ottomane avança dans
le golfe puis dans la ville elle-même. Les Byzantins furent pris de
peur et de consternation et certains furent tués, alors que d’autres
s’enfuirent.
Quand
Allah accorda la victoire aux Musulmans sur Constantinople, Muhammad
le Conquérant descendit de sa monture, se tourna face à la Qiblah et
se prosterna au sol en gratitude à Allah et dit : « En vérité,
Allah est Miséricordieux pour les martyrs. » Puis il cita le
Hadith du Messager d’Allah (saluts et bénédictions d’Allah sur
lui) concernant Constantinople et lui donna comme nom Islamboul,
c'est-à-dire la ville de l’Islam.
Il
interdit à ses soldats de piller puis il se tourna vers l’église
d’Aya Sofiya et se prosterna devant Allah en gratitude ; puis il
ordonna qu’elle soit transformée en mosquée et y fit la prière de
‘Asr, et voyant cela des Byzantins déclarèrent leur conversion à
l’Islam.
Le
sultan fut extrêmement tolérant et patient, car il permit aux
Chrétiens de pratiquer leur religion sans interférence et garantit
la protection de leurs églises et de leurs chapelles, et leur
garantit le droit de choisir leur propre patriarche. Les Chrétiens
se réunirent alors pour élire leur patriarche et ils choisirent
Gennadius. Le sultan confirma alors ce choix et le désigna à la tête
de l’Eglise orthodoxe ; lui assignant un garde personnel parmi les
janissaires et lui accordant le droit de donner des jugements dans
toutes les matières civiles et criminelles relatives aux chrétiens
orthodoxes. Pour l’aider en cela, le sultan désigna un comité
constitué d’un certain de membres importants de l’église et accorda
ce droit dans les provinces aux évêques et aux archevêques.
Après
que le sultan Muhammad le Conquérant eut établi la justice parmi les
Chrétiens effrayés qui avaient l’intention de s’enfuir, il retourna
à Islamboul et envoya immédiatement des messages aux chefs du monde
musulman, leur donnant la
bonne nouvelle de la conquête de Constantinople, y compris
une lettre au ‘Aziz (dirigeant) d’Egypte Ashraf Īnāl Shah, dont
voici des extraits :
« En
vérité, parmi les meilleures Sounan (traditions) de nos ancêtres il
y a qu’ils étaient des Moujahidiin pour la Cause d’Allah Exalté à
Lui les Louanges et la Gloire et qu’ils ne craignaient la censure de
personne ; et nous suivons fermement cette Sounnah et appliquons ses
obligations.»
Et
nous nous accrochons fermement à la guidance de notre Prophète,
Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), qui a dit :
« Quiconque dont les pieds se sont couverts de poussière pour la
Cause d’Allah ne sera pas touché par le Feu (Rapporté par
al-Boukhari, sous l’autorité de ‘Abder-Rahmane Ibn Jabr.). »
Après
que le sultan Muhammad al-Fatih ait décrit la ville, sa forteresse
et ses défenses et de la façon dont il avait résisté par rapport à
ceux qui étaient venus avant lui, il dit :
« Nous
leur avons fait la guerre et ils nous ont fait la guerre ; nous les
avons combattus et ils nous ont combattus et les combats entre nous
ont duré 44 jours et nuits, jusqu’à ce que le jour de la vérité se
lève le mardi 20 Joumādah al-Awwal et Allah, à Lui les Louanges et
la Gloire, nous accorda la victoire avant que le soleil ne se lève à
l’est. »
Le
sultan Muhammad le Conquérant envoya également une lettre au Sharif
de Makkah à l’occasion de la conquête de Constantinople, lui
convoyant la bonne nouvelle de la conquête et lui demanda d’invoquer
Allah en sa faveur, ainsi que des cadeaux tirés du butin ; en voici
des extraits :
Après
des phrases introductives, et après Loué et Glorifié Allah Exalté,
salué son Messager et présenté ses respects au Sharif de Makkah, il
dit :
« Nous
t’avons envoyé cette lettre pour te donner la bonne nouvelle des
bénédictions des conquêtes qu’Allah nous a accordées cette année –
dont nul œil n’a vu de semblable auparavant et nul oreille entendu –
et qui est la soumission de la ville de Constantinople. C’est
l’espoir de Votre Eminence que vous, ainsi que les habitants des
deux Lieux Sacrés (c'est-à-dire la Mecque et Médine), les savants,
les chefs bien-guidés, les ascètes, les adorateurs (d’Allah), les
gens pieux, les Shaykhs, les notables, les meilleurs des pieux
Imams, tous les grands et les petits et ceux qui s’accrochent à la
toile de la Maison d’Allah, qui est comme une anse ferme, qui ne
brisera jamais, les superviseurs de Zamzam et du Maqam Ibrahim
(station d’Abraham) et ceux qui s’enferment près du Messager d’Allah
(Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), seront heureux d’entendre
cette nouvelle et qu’ils demanderont à Allah de préserver notre Etat
quand il seront à ‘Arafat et d’implorer Allah de nous donner la
victoire. Qu’Allah déverse sur nous les bienfaits qu’ils invoquent
et qu’Il élève leur rang. Et avec la nouvelle mentionnée ci-dessus,
nous avons envoyé un cadeau spécial de 2.000 florins d’or pur de
poids et de finesse parfaits, pris du butin. Nous envoyons également
7.000 florins supplémentaires pour les indigents ; 2.000 pour les
chefs et les hommes de tête, 1.000 spécialement pour les serviteurs
des deux Lieux Sacrés et le reste pour les pauvres de Makkah et
d’al-Madinah – qu’Allah élève leur rang. Nous demandons donc qu’il
soit distribué entre eux, en fonction de leurs besoins et de leur
pauvreté et de les informer comment ils peuvent nous rejoindre, et
toujours nous invoquer dans leurs supplications (à Allah), pour (Sa)
Grace et Sa bienveillance, si Allah, le Très-Haut veut. Et qu’Allah
te protège et te garde dans la bien et la souveraineté jusqu’au jour
de la Récompense. »
Le
Sharif de Makkah répondit à la lettre de Muhammad al-Fatih en disant
:
« Nous
l’avons ouverte (la lettre) avec toute la dignité et l’avons lue
devant la Glorifiée Ka ‘bah, entre les gens d’al-Hijaz et les fils
des Arabes, et nous avons vu en elle par le Qur’an qui est un
médicament et une miséricorde pour les croyants
et nous avons vu à travers elle l’apparition du miracle
prédit par le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur
lui), le Sceau des Prophètes ; nulle autre conquête que celle de la
grande ville de Constantinople et ses territoires, avec ses
puissantes forteresses et ses lourds remparts qui sont bien connues
des gens. Nous avons loué et remercié Allah pour avoir facilité
cette difficile question et pour avoir atteint cet important
objectif ; cela nous a apporté la plus grande joie et nous sommes
ravis que tu aies ramené à la vie les principes de nos vénérables
ancêtres et la conduite de nos noble ancêtres – qu’Allah soit
miséricordieux pour leur âme et prépare pour eux les plus hautes
chambres dans les jardins. »
Par cette conquête – qu’Allah réalisa par
les mains du sultan Muhammad le Conquérant quand il avait 25 ans, la
lumière d’Allah et de l’Islam commença à se répandre en Europe de
l’est tandis que Muhammad al-Fatih continuait sa guerre dans les
territoires des Balkans.
Plans de la Bataille