L'ère des Futuhat -
conquêtes
1. La guerre contre
les perses
Les rois de perse firent tout leur possible pour écraser
l'Islam. En fait, l'infâme Khusro Pravez avait ordonné
l'arrestation de Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah
sur lui). Mais quelques jours plus tard, il fut assassiné
par son propre fils. Depuis, l'Iran ne connut plus de paix.
Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) devait tenir
compte de ce danger sur ses frontières orientales.
Dans le premier mois de l'an 12 après l'Hégire, une armée
fut expédiée sous le commandement de Khalid Ibn Walid
(qu’Allah soit satisfait de lui) pour envahir l'Iran. Cette
armée devait être renforcée par une autre, commandée par
‘Ouqba Ibn Amr (qu’Allah soit satisfait de lui). Khalid
(qu’Allah soit satisfait de lui) devait attaquer Ramla, un
avant-poste dans le sud de l'Iraq. Une seconde armée dirigée
par Ayaz Ibn Ghanam (qu’Allah soit satisfait de lui), devait
attaquer la frontière nord de l'Iraq. Selon la pratique
islamique, Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) adressa
cette note à Hourmouz, le commandant iranien:
«Embrassez l'Islam et vous serez en sécurité. Ou bien,
acceptez de payer la jizya sans quoi vous le regretterez.
J'emmène contre vous, un peuple qui aime la mort autant que
vous aimez la vie »
L'arrogant perse ne prit pas au sérieux cet avertissement.
Il fut tué dans la bataille qui s'ensuivit. L'armée perse
fut mise en déroute. Plusieurs célèbres généraux perses,
dont Bahman et Jahan, vinrent par la suite, affronter Khalid
(qu’Allah soit satisfait de lui), mais ils furent tous
vaincus. Les perses subirent de lourdes pertes.
Hira, sur la frontière iranienne demanda l’aide de la
forteresse des arabes chrétiens qui, jusqu'ici avaient
combattu avec les perses. Elle fut conquise par Khalid
(qu’Allah soit satisfait de lui). Peu après, les arabes
chrétiens des frontières se soumirent aussi à l’islam. Après
Hira, Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) attaqua
l'Inbar et Ain-Ut-Tamr, deux importants avant-postes perses
quand il a reçut une lettre de Ayaz l'appelant à son secours
au nord de l'Arabie où il était en difficulté à Doumatoul
Joundal. Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) accourut à
son secours.
Un des généraux ennemis, Akidar, savait par sa propre
expérience combien il était impossible d'arrêter l'attaque
de Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui). Il conseilla aux
autres de cesser le combat contre les musulmans. Voyant
qu'on ne l'écoutait pas, Akidar partit et les autres ne
comprirent la vérité que lorsqu'ils furent vaincus.
Un autre combat important eu lieu à Faraz. Une armée
gigantesque de perses et d'arabes traversa l'Euphrate. Le 15
Dhul Qi’da de l'an 12 après l'Hégire, Khalid (qu’Allah soit
satisfait de lui) les mit en déroute. De là il retourna à
Hira.
Les exploits de Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui)
Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) n'avait que dix
mille soldats lorsqu'il devint Calife. Avec cette armée, il
dut pacifier tout un pays révolté, tâche apparemment
impossible à accomplir.
Cependant, son succès fut étonnant et cela, grâce à sa Foi
inébranlable en Allah.
Il dit : « L'Islam est la voie de la vérité révélée par
Allah. Allah doit le défendre contre les ennemis.»
Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) comptait
davantage sur l'aide d'Allah que sur les troupes. Les
résultats lui donnèrent raison.
Un autre facteur important aida cependant Abou Bakr
(qu’Allah soit satisfait de lui). C'était Khalid Ibn Walid
(qu’Allah soit satisfait de lui), le plus grand général de
l'Islam. Grâce à son tact et à son courage, la puissance des
forces de l'Islam décupla. Les résultats furent étonnants.
Avec une poignée de soldats, Khalid (qu’Allah soit satisfait
de lui) réussit à vaincre tous les ennemis et sauvegarder
l'Islam dans la Péninsule Arabique. Il réussit ensuite à
conquérir l'Iraq et l'islamiser. De là, il affronta les
forces byzantines qu'il mit en déroute. Tout cela en deux
ans. Pendant toute la campagne, pas une seule fois Khalid
(qu’Allah soit satisfait de lui) ne subit un revers.
Souvent, par des marches forcées, il surprenait l'ennemi, et
ne se reposait pas avant de les avoir vaincus. Cela fit de
lui la terreur de l'ennemi. La vérité est que les exploits
de Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) font honte aux
victoires d'Alexandre ou de Napoléon.
L'épée Dégainée d’Allah
Khalid Ibn Walid (qu’Allah soit satisfait de lui) était un
général. A Ouhoud, il se battait au côté des Koraïchites.
C'est lui qui changea le cours des événements. Les chefs des
Koraïchites alors en fuite, la victoire semblait assurée aux
musulmans, mais, Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui)
s'aperçut que le défilé n'était pas gardé. A la tête de la
cavalerie, il le traversa et prit à revers l'armée
musulmane.
Après le traité de Houdaybiya, il embrassa l'Islam et brilla
par son talent militaire. Aussi, Muhammad (Saluts et
Bénédictions d’Allah sur lui) lui conféra le titre de
Sayfoullah, c'est-à-dire l'épée d'Allah. Mais ce n'est que
lorsque l'Islam dépassa les frontières de l'Arabie que le
monde vit le talent militaire de Khalid (qu’Allah soit
satisfait de lui).
Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) s'aperçut aussi
de son talent et lui confia la direction de la Campagne de
l'Iraq. Les exploits de Khalid lors de cette campagne ont
peu d'égaux dans l'histoire. En onze mois environ, il
conquit tout l'Iraq et le plaça sous la bannière de l'Islam
et cela avec seulement dix mille hommes. Il vainquit des
forces vingt fois plus puissante et dotées d'armes et
d’équipements plus perfectionnés que son armée. Khalid
(qu’Allah soit satisfait de lui) savait très bien combattre
avec un nombre de soldats moindre et des armes moins
puissantes. In Iraq, Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui)
livra quinze batailles et les gagna toutes. Il ne permettait
jamais que l'étendard de l'Islam ne quitte le champ de
bataille avant la défaite de l'ennemi. Vers la fin de cette
Campagne, Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) devint la
terreur des ennemis. Ces derniers tremblaient rien qu’en
sachant que Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui)
commandait de l'armée.
Un bon administrateur
Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) était non seulement
un grand conquérant, mais aussi un administrateur de premier
ordre. Il s'assurait que les affaires étaient bien
administrées dans les territoires qu'il avait conquis avant
d’avancer. Pour cela, il laissait derrière lui un délégué et
aussi un juge pour trancher les litiges.
Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) était extrêmement
bon et juste envers le peuple. Son armée avait l'ordre
strict de ne faire aucun mal aux fermiers et aux autres
civils. Il disait :
« Ils représentent la force réelle de la société et doivent
être toujours traités avec bonté et respect. »
C'était là quelque chose de nouveau pour les vaincus. Les
officiers perses et byzantins étaient très durs avec eux.
Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) conquit leur coeur à
tel point qu'ils finirent par haïr leurs anciens maîtres.
Son amour pour Allah
Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) aimait autant Allah
qu'il haïssait les ennemis d'Allah. La campagne d'Iraq prit
fin au mois de Dhul Qi’da de l'an 12 l'Hégire. Il gagna la
dernière bataille de cette campagne au milieu de ce même
mois.
Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) accorda dix jours de
repos à son armée. Puis il lui ordonna de rentrer au
quartier général à Hira. Le Hajj était proche et Khalid
(qu’Allah soit satisfait de lui) ne voulait pas le manquer.
Il fit savoir à ses hommes qu’il resterait avec l'arrière
garde.
Secrètement il se précipita vers Makka par un raccourci à
travers ce désert sans vie avec quelques hommes. En arrivant
dans la ville sainte, il déclara :
- Me voici O Allah ! Me voici à Ton service !»
Même pendant sa période glorieuse, Khalid (qu’Allah soit
satisfait de lui) n'oubliait pas qu’il servait la cause
d'Allah.
Sitôt après le Hajj, Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui)
retourna en hâte à son poste. Il rejoignit ses hommes avant
leur entrée à Hira. Les troupes pensaient que le commandant
était resté avec l'arrière garde. Mais lorsqu’ils virent sa
tête rasée, ils comprirent qu'il était allé accomplir le
Hajj.
Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) fut surpris
d'apprendre cette visite rapide de Khalid (qu’Allah soit
satisfait de lui) à la Maison d'Allah. Cependant, il
défendit à ses généraux de laisser seules les armées à
l'avenir car il dit : - «Une telle action pourrait créer une
situation dangereuse.»
Sa fermeté envers
l’ennemi
Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) était très dur avec
ceux qui prenaient les armes contre l'Islam.
Il pensait que ces gens-là ne devaient avoir que deux choix:
se rendre ou lutter jusqu'à la mort. Il ne laissait pas
partir ceux qui s'enfuyaient du champ de bataille. Il les
poursuivait jusqu'à ce qu'ils demandent grâce où qu'ils
soient tués.
Cette ligne de conduite de Khalid (qu’Allah soit satisfait
de lui) s'avéra très sage. Il en finissait une fois pour
toute avec l'ennemi et ne lui permettait pas de reprendre
les armes.
Les forces musulmanes étaient trop peu nombreuses pour faire
face à des soulèvements répétés.
On ne peut trouver dans l'histoire un autre général qui
possédât autant de qualités que Khalid (qu’Allah soit
satisfait de lui). Il est incontestablement le plus grand
général que l'Islam ait eu.
La guerre avec Byzance
La nécessité d’entreprendre une action militaire contre
Byzance se fit sentir depuis le temps du Prophète Muhammad
(Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Aussi, après sa
mort, Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) fut obligé
de faire quelque chose pour parer à ce danger.
En l'an 13 après l'hégire, il rassembla une grande armée
qu'il divisa en 4 bataillons, chacun ayant son commandant.
Chaque bataillon devait frapper à un point différent sur la
frontière syrienne: Abou ‘Oubeyda Ibn Al Jarrah (qu’Allah
soit satisfait de lui) devait marcher sur Hims, ‘Amr Ibn Al
‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) sur la Palestine, Yazid
Ibn Abou Soufiane (qu’Allah soit satisfait de lui) sur Damas
et Shourahbil Ibn Hassana sur la Jordanie.
Ces bataillons devaient attaquer l'ennemi au même moment. Le
but était d'empêcher l'ennemi de s'abattre de toutes ses
forces sur un seul bataillon des musulmans.
Des conseils en or
Avant le départ de ces armées, Abou Bakr (qu’Allah soit
satisfait de lui) donna les instructions suivantes aux
commandants :
1 - Craignez Allah à chaque instant, car Il sait ce qu'il y
a dans les coeurs des hommes
2 - Soyez bons envers les hommes sous votre commandement et
traitez-les bien.
3 - Donnez des ordres brefs car les ordres trop longs
risquent d'être oubliés.
4 - Améliorez d'abord votre conduite, les autres
s'amélioreront suivant votre exemple.
5 - Honorez les représentants de l'ennemi.
6 - Gardez vos propres plans secrets.
7 - Dites toujours la vérité afin de pouvoir obtenir de bons
conseils.
8 - Le soir, quand vous êtes libres, asseyez-vous parmi vos
soldats afin d'être en contact avec eux.
9 - Prenez de bonnes dispositions pour surveiller et
repousser l'ennemi.
10 - Evitez les menteurs. Soyez intimes avec les compagnons
véridiques et fidèles.
11 - Soyez sincères envers tous ceux avec qui vous avez des
relations.
12 - Prenez garde à la lâcheté et à la malhonnêteté.
13 - Vous rencontrerez des gens qui ont délaissé le monde et
vivent dans des lieux de prière. Laissez-les tranquilles.
La fusion des
quatre bataillons
Les nouvelles de l'invasion musulmane bouleversèrent
l'empereur Héraclius alors qu’il se trouvait à Jérusalem. Il
consulta ses nobles et fut en faveur d'un compromis avec les
musulmans. Il dit : « II est préférable d'abandonner la
moitié de la Syrie que de la perdre toute entière. »
A cela, les nobles ne furent pas de son avis.
L'empereur expédia quatre grands bataillons contre les
musulmans. Un de ces bataillons était commandé par son
propre frère. Chaque bataillon était beaucoup plus nombreux
que le bataillon musulman qu'il devait affronter. Cela donna
à réfléchir aux musulmans qui tinrent conseil.
« Nous serons écrasés par la supériorité du nombre si nous
nous battons séparément » dirent-ils.
Ils décidèrent de fusionner les quatre bataillons en une
seule armée de sorte que l'armée musulmane paraisse plus peu
nombreuse à leurs yeux. Ils informèrent le Calife de leur
décision. Ce dernier les approuva et leur envoya le message
suivant : « Les musulmans ne peuvent jamais être vaincus à
cause de leur petit nombre. Mais si leurs propres péchés les
accablent, ils seront vaincus. Evitez donc les péchés de
toutes sortes. »
La bataille de Yarmouk
Lorsque Héraclius apprit que les quatre bataillons musulmans
s’étaient unifiés, il fit la même chose de son côté. Les
quatre bataillons byzantins réunis formaient une masse
solide d'hommes. Les byzantins creusèrent des tranchées dans
la vallée de Yarmouk. Sur l'ordre du Calife, les musulmans
prirent position du côté opposé. Les deux armées restèrent
l'une en face de l'autre pendant des semaines, aucune
n'osant commencer la bataille.
Les forces byzantines avaient de nombreux avantages. En sus
de leur nombre, ils avaient devant eux, la rivière et
derrière, la montagne. Les commandants musulmans demandèrent
des renforts au Calife. Ce dernier écrivit immédiatement à
Khalid, lui demandant de se précipiter en Syrie.
Laissant Mouthana Ibn Harith en charge des affaires en Iraq,
Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui), à la tête de dix
mille hommes, partit pour la Syrie. Malgré sa précipitation,
Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) conquit en cours de
route, plusieurs forts et cités A son arrivée en Syrie, les
byzantins reçurent aussi des renforts, ce qui porta leur
nombre à deux cent quarante mille, alors que l'armée
musulmane ne comptait que trente six mille hommes.
1.
Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) réorganise l'armée
Khalid s'aperçut rapidement qu'il devait réorganiser l'armée
pour gagner la victoire.
Le commandant devait être unique. Il s'adressa aux autres
commandants : « Nous nous battons pour l'amour de la Foi.
Nous devons nous oublier. Nous ne pouvons pas être divisés
sous plusieurs commandants. Cela aiderait l'ennemi. Mieux
vaut avoir un seul commandant à tour de rôle. Si vous êtes
d'accord, permettez que je sois le commandant du premier
jour de la bataille ».
Ce plan plut à tous. Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui)
devint commandant en chef. Il divisa l'armée en plusieurs
sections, chacune sous un commandant. Chaque section était
divisée en plusieurs groupes, chacun ayant un chef. Abou
Soufiane fut nommé héraut. Il circulait parmi les troupes
afin de les encourager.
Comme les deux armées se tenaient l'une en face de l'autre,
un soldat musulman fit cette remarque : « Comme l'ennemi est
très nombreux ! »
Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) entendit cette
remarque et déclara : « Ce n'est pas le nombre qui compte,
mais plutôt l'issue de la bataille. » Finalement, la
bataille commença. Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui)
avec quelques soldats, se lancèrent à l'attaque. Ils
arrivèrent au coeur des forces ennemies, s'infiltrèrent
entre la cavalerie et l'infanterie. Ces deux dernières fut
alors séparées l'une de l'autre.
2. La lutte jusqu'à la
mort
Ikrima Ibn Abou Djahl (qu'Allah soit satisfait de lui) se
trouvait à la bataille de Yarmouk. Dès que la bataille
débuta, les troupes musulmanes commencèrent à chanceler sous
le poids du nombre de l’ennemi qui s’abattit sur elles.
Ikrima (qu’Allah soit satisfait de lui), voyant cela,
s'écria : « Jusqu'ici, j'ai toujours combattu contre le
Messager d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui).
C'est la première fois que je combats pour la cause d'Allah.
Je ne tournerai le dos à ce champ de bataille en aucun cas.
Qui voudrait donc se battre comme moi jusqu'à la mort ? »
En disant cela, Ikrima (qu’Allah soit satisfait de lui)
tendit la main pour recevoir l'engagement des autres. Son
fils ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) fut le premier à
s'engager. Quatre cents autres soldats suivirent l'exemple
de ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui). Comme des chats
sauvages, les hommes foncèrent sur les hordes ennemies. Ils
donnèrent de tels coups que la marée d'hommes s'éclaircit
devant eux. Leur attaque désespérée causa la confusion dans
les rangs ennemis.
3. La déroute de l'ennemi
Aussitôt, la cavalerie ennemie se trouva murée entre les
troupes de Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) et
l'armée musulmane. Cette dernière lui livra passage. Khalid
(qu’Allah soit satisfait de lui) s'attaqua alors à
l'infanterie ennemie qui n'était plus protégée. Prise au
dépourvu, l'infanterie ennemie recula, mais la montagne lui
barra la route. Dans le désespoir, les hommes coururent vers
la rivière ou la mort les attendait car ils s’étaient
auparavant enchaîner eux-mêmes pour ne pas fuir de la
bataille. Leurs chaînes devinrent de véritables pièges de la
mort. Quand quelques-uns tombèrent dans la rivière, ils
entraînèrent aussi leurs compagnons.
Il est dit que cent vingt mille hommes périrent noyés. La
déroute byzantine fut complète. Les pertes musulmanes furent
de trois mille tués.
Le courage des femmes
Les femmes musulmanes jouèrent un rôle important au cours de
cette bataille.
Elles formèrent un bataillon qui se tint à l'arrière de
l'armée musulmane. Elles donnaient de l'eau aux soldats et
soignaient leurs blessures. Elles les encourageaient quand
ils montraient des signes de faiblesse. Cela réchauffait
leur coeur. Alors, ils s'élançaient à nouveau sur l'ennemi
et semaient la mort.
Au début de cette bataille, l'armée byzantine força les
musulmans à reculer.
Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) s'adressa à ces
femmes qui se tenaient sur le sommet de la montagne : « O
filles d'Islam ! Si quelqu'un tourne le dos au champ de
bataille, tuez-le immédiatement ».
Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) fut obéi. Elles se
tinrent à leur poste, des pierres à la main et les yeux
fixés sur le champ de bataille. Quiconque s'enfuyait
recevait une volée de pierres et retournait au champ de
bataille pour se battre jusqu'à la mort.
Beaucoup de soldats musulmans avaient emmené leur famille
avec eux. Les femmes, dans des tentes, à l'arrière des
troupes, encourageaient les soldats.
La victoire de Yarmouk était due en grande partie au courage
des femmes.
Deux martyrs
Le lendemain matin, Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui)
fit le bilan des pertes. On lui emmena Ikrima et son fils
‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui), tous deux grièvement
blessés. Il posa leur tête sur ses genoux. Après quelques
minutes, ils expirèrent.
Ikrima (qu’Allah soit satisfait de lui) était le fils d’Abou
Djahl, le terrible ennemi de l'Islam. A la prise de Makka,
Ikrima (qu’Allah soit satisfait de lui) s'enfuit de peur
d'être tué. Mais quand il sut que Muhammad (Saluts et
Bénédictions d’Allah sur lui) avait pardonné à tous ses
ennemis, il y retourna. A sa grande surprise, le Prophète
d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) accourut
l'accueillir. A partir de ce jour, Ikrima (qu’Allah soit
satisfait de lui) fut un véritable fils de l'Islam. Il donna
sa vie en combattant pour la gloire de l'Islam.
Abnégation sans égale de Khalid (qu’Allah soit satisfait de
lui)
La bataille de Yarmouk battait son plein quand Khalid reçut
une lettre de Médine lui annonçant la mort d’Abou Bakr et
l'élection de ‘Omar.
La lettre lui apprit aussi que le nouveau Calife l'avait
relevé de ses fonctions de commandant en chef et l'avait
remplacé par ‘Abou ‘Oubeyda Ibn Al Jarrah.
Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) lut la lettre et
informa Abou ‘Oubeyda de sa nomination. Mais la nouvelle ne
fut pas rendue publique afin de ne pas décourager l'armée
musulmane. La lettre n'affecta pas Khalid (qu’Allah soit
satisfait de lui) qui continua à se battre aussi
courageusement qu'auparavant.
Après la bataille, tous surent que Khalid avait été relevé
de ses fonctions de commandant en chef. Quelqu'un lui
demanda : « Comment se fait-il que la nouvelle ne vous a pas
découragé ? » Khalid lui répondit : « Je ne me battais pas
pour ‘Omar mais pour la cause d'Allah Exalté ».
La dernière
maladie d’Abou Bakr
Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) tomba malade le 7
Joumada-AI-Akhir de l'an 13 après l'Hégire après une forte
fièvre. On fit tout pour faire baisser la température mais
en vain. Il paraissait clair que sa fin était proche.
Même à ce moment, Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui)
s'inquiétait pour l'avenir de l'Islam.
Il voulait s'assurer qu'après sa mort, tout irait bien chez
les musulmans.
La nomination de ‘Omar
Le premier souci d’Abou Bakr fut toujours le bien-être des
musulmans. Il ne permit à rien d'affaiblir l'Islam. Il
craignait surtout la division parmi les musulmans. Il se
souvenait de ce qui était arrivé après la mort de Muhammad
(Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et voulait
s'assurer que cela ne se reproduira plus après lui. L'unité
était la force secrète. Il fallait la garder à tout prix.
Plus son état de santé s'aggravait et plus Abou Bakr pensait
à son successeur.
Qui sera Calife après lui? Devrait-il nommer lui-même le
meilleur homme ou laisser le choix au peuple? Dans ce
dernier cas, des querelles pourraient éclater et ébranler
les fondations de l'Islam. C'était un trop grand risque
qu’Abou Bakr ne voulait pas courir.
Après avoir bien réfléchi, Abou Bakr décida de nommer ‘Omar
(qu’Allah soit satisfait de lui). Il soumit sa proposition
aux chefs des Compagnons. La plupart furent d'accord, mais
quelqu'un dit : « Omar (qu’Allah soit satisfait de lui) est
sans nul doute le meilleur homme, mais il est trop sévère ».
A cela, Abou Bakr répliqua : « Aussitôt que le fardeau du
Califat tombera sur ses épaules, il deviendra plus doux.»
Quand tous les Compagnons tombèrent d'accord, Abou Bakr
appela ‘Uthman (qu’Allah soit satisfait d’eux et lui dicta
le décret de la nomination de ‘Omar qui devait être lu au
peuple : « Ceci est la volonté de Abou Bakr, Calife du
Prophète d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui),
alors qu'il est sur le point de quitter ce monde. C'est le
moment où même un mécréant commence à avoir Foi et un
pêcheur à avoir confiance en Allah. Je nomme ‘Omar Ibn Al
Khattab comme votre Calife. En le nommant, j'ai pris en
considération votre bien-être. J'espère qu'il sera sincère
et juste. Mais s'il quitte ce sentier et devient injuste, je
ne connais rien de l'invisible. J'ai seulement le bien-être
des musulmans à coeur. Chacun est responsable de ses propres
actes. »
Le décret fut lu au peuple. Après cela, Abou Bakr monta sur
le toit de sa maison soutenu par deux hommes. Il s'adressa
au peuple en ces termes : « Chers frères, je n'ai pas nommé
un de mes propres frères ou parents comme votre Calife. J'ai
nommé l'homme le plus capable parmi vous. L'acceptez-vous ?
« Bien sûr, nous l'acceptons» répondirent les centaines de
personnes.
Après cela, Abou Bakr appela ‘Omar (qu’Allah soit satisfait
de lui) et lui dit : « O ‘Omar ! Je vous ai nommé mon
successeur. Mes derniers conseils sont que vous craigniez
Allah et que vous travailliez pour le bien-être des
musulmans. Rappelez-vous que les devoirs envers Allah
doivent être accomplis au moment convenable : quelques-uns
d'entre eux la nuit, et d'autres, le jour. Les premières
choses doivent venir en premier lieu. Le Jour du Jugement,
ceux dont les bonnes actions sont importantes, sortiront
avec succès. Ceux dont les mauvaises actions l'emportent sur
les bonnes, passeront un moment terrible. Pour le succès et
le salut, vous devez faire du Coran et de la vérité, vos
guides. Vous savez, ‘Omar que les versets du Coran parlent
de récompenses et de punitions côte à côte. Cela, pour
installer la crainte d'Allah dans le coeur des croyants et
les faire implorer le pardon. O ‘Omar ! Quand vous lirez le
passage sur les habitants du feu, priez Allah de ne pas vous
faire l'un des leurs. Mais quand vous lirez celui des gens
du Paradis, priez Allah de faire de vous l'un des leurs.
‘Omar si vous suivez le chemin que j'ai tracé pour vous,
vous vous trouverez à mes côtés ».
Quand ‘Omar l'eut quitté, Abou Bakr leva ses deux mains et
pria comme suit : « O Allah: J'ai fait cette démarche dans
le meilleur intérêt des musulmans. Car je crains la division
entre eux. Les conséquences de cette démarche sont mieux
connues de Vous. Après une soigneuse réflexion, j'ai nommé
l'homme le plus sincère et le travailleur le plus énergique
pour le bien-être du peuple. Je suis à la porte de la mort
maintenant aussi, aidez les musulmans O Allah ! Car après,
je n'y pourrais plus rien. Ils sont Vos serviteurs et leur
avenir dépend de Vous. Gardez leur chef sur le droit chemin.
Faites de ‘Omar (qu’Allah soit satisfait de lui) l'un des
plus nobles Calife».
La mort d’Abou Bakr
Après deux semaines de maladie, Abou Bakr (qu’Allah soit
satisfait de lui) rendit le dernier soupir à l'âge de
soixante trois ans. On l'enterra à côté de Muhammad (Saluts
et Bénédictions d’Allah sur lui). Avant sa mort, il dit : «
Ne m'enveloppez pas dans un tissu neuf. La couverture que
j'ai sur moi est suffisante. Lavez-la. » « Mais elle est
trop vieille et usée ! » dit sa fille ‘Aïcha. « Cela me
suffit » répondit Abou Bakr.
Son dernier désir fut accompli. Il avait dit aussi : «
Vendez mon terrain et remboursez à la trésorerie de l'Etat
la somme que j'ai touchée comme salaire. »
Ce fut fait. Avant de devenir Calife, Abou Bakr (qu’Allah
soit satisfait de lui) était un riche marchand. Ses
fonctions de Calife ne lui laissaient guère le temps de
s'occuper de son commerce. La question fut soumise aux
Compagnons qui lui votèrent un salaire annuel de six mille
dirhams. Tout cet argent fut remboursé à la trésorerie après
sa mort.
Abou Bakr le premier Calife laissa ainsi un bel exemple de
service désintéressé. Il vécut et travailla pour l'Islam
jusqu'au dernier souffle. Il ne réclama pas de récompense
pour ses labeurs.
Les deux
années du Califat d’Abou Bakr
Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) fut calife durant
2 ans, 3 mois et 10 jours. Durant cette courte période, il
rendit à l'Islam d'immenses services qui ont rendu son nom
immortel et l'ont placé parmi les plus grands hommes de tous
les temps.
Lorsque Abou Bakr devint calife, l'Islam était limité à
l'Arabie seulement. Là aussi, il n'avait pas pris pied
ferme. Dans plusieurs parties du pays, l'Islam, n'était
qu'un nom. Chez la plupart des gens, l'Islam n'était pas un
mode de vie. Beaucoup de tribus considéraient le Prophète
(Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) comme un simple roi
et essayèrent de rompre leur allégeance lorsqu'il mourut.
Abou Bakr leur donna une leçon durable. Il leur apprit que
l'Islam est un mode de vie.
Grâce à sa Foi inébranlable, Abou Bakr y parvint. Aucune
difficulté ne pouvait le faire dévier du chemin tracé par
Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Bien
qu’Oussama fût jeune et inexpérimenté, Abou Bakr ne voulut
rien entendre contre lui car c'était le Prophète (Saluts et
bénédictions d'Allah sur lui) qui l'avait choisi. Malgré la
révolte dans le pays Abou Bakr ne voulut pas retarder
l'expédition de Tabouk comme le Prophète (Saluts et
bénédictions d'Allah sur lui) l'avait ordonnée. Abou Bakr
(qu’Allah soit satisfait de lui) n'avait pas d’égal pour son
amour envers Allah et le Prophète (Saluts et bénédictions
d'Allah sur lui). C'était le secret de sa force inflexible.
C'est cette force intérieure qui le soutint dans les moments
les plus difficiles de son Califat.
La Foi d'Abou Bakr était sincère et ferme. Il a suivi
fidèlement tout ce qu'il avait dit au début de son Califat.
Il ne fut autre que l'agent d'Allah et de son Prophète
(Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) et le plus humble
serviteur du peuple. Ces qualités lui firent gagner un amour
profond et un grand respect de toutes les classes de la
population. Les résultats furent étonnants. L'Islam
s'implanta fermement dans son pays natal, dépassa ses
frontières, s'attaqua aux deux puissances les plus
redoutables de l'époque avec succès. Abou Bakr (qu’Allah
soit satisfait de lui) mit l'Islam sur la voie de
l'expansion mondiale.
Islam signifie soumission totale à la volonté d'Allah. Cela
exclut tout égoïsme. Le Prophète d'Allah (Saluts et
bénédictions d'Allah sur lui) a montré par son exemple
comment on peut atteindre ce but. Il a montré comment le
pouvoir de l'Etat doit être utilisé pour le bien public et
non pour les intérêts personnels. Abou Bakr fut le premier
homme à suivre l'exemple de Muhammad (Saluts et Bénédictions
d’Allah sur lui). Il ne tira aucun profit du Califat. Il
passa chaque minute des deux dernières années de sa vie au
service du peuple sans toucher un sou de salaire.
Abou Bakr avait plusieurs fils et beaucoup de parents. Il ne
choisit aucun d'eux pour des fonctions publiques. Il choisit
d'autres personnes plus compétentes.
Il nomma son propre successeur afin d'éviter des querelles.
Il ne choisit aucun parent mais l'homme qu'il pensait le
meilleur parmi les Compagnons. Il ne força pas son choix au
peuple. Il soumit sa proposition aux Compagnons. Quand ils
furent d'accord, il chercha l'assentiment du peuple.
Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) montra au monde
ce qu'est un gouvernement du peuple par le peuple.
Ni l'Orient, ni l'Occident n'avaient connu auparavant une
telle forme de gouvernement.
Les puissants empires de Perse et de Byzance étaient basés
sur la crainte.
Abou Bakr continua l'oeuvre du Prophète d'Allah (Saluts et
bénédictions d'Allah sur lui). Il eut à lutter durement et
le fit avec une volonté et une Foi qui étonnèrent tous. Il a
rendu à l'Islam de grands services.
|