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Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
La louange est à Allah, nous Le louons, nous L’implorons et nous
Lui demandons pardon. Nous cherchons protection auprès de Lui
contre les maux de nos âmes et contre nos viles actions. Celui
qu’Allah guide, nul ne peut l’égarer et celui qu’Il égare, tu ne
lui trouveras aucun guide. J’atteste qu’il n’y aucune divinité
excepté Allah sans aucun associé et j’atteste que Muhammad
est Son serviteur et Messager, Saluts et Bénédictions d’Allah
sur Lui.
La meilleure parole est la parole d’Allah Exalté et Loué soit-Il
et le meilleur guide est le guide Muhammad, Saluts et
Bénédictions d’Allah sur Lui. La plus mauvaise chose est celle
inventée, chaque chose inventée est une innovation, chaque
innovation est un égarement et tout égarement est dans le feu.
Ceci dit :
J’ai commencé ce travail en étant persuadé que je ne pourrais
jamais le finir et si malgré cela je l’ai commencé c’est pour en
montrer l’importance. Dans le cas où ce que je pensais s’avérais
juste, j’espère sincèrement que d’autres parmi vous reprendront
ce travail et feront mieux que moi car je suis convaincu qu’il
existe des gens bien mieux qualifiés que moi pour faire ce
travail car comme je l’ai précisé maintes fois, je ne suis ni un
savant, ni un arabisant et ni un historien. J’ai fait ce travail
par pure foi parce que personne d’autre ne l’a fait et je ne
l’ai fait qu’avec la permission du Tout Puissant qui a voulu que
je fasse ce travail sans quoi, vous vous doutez bien, j’aurais
été incapable de produire quoi que ce soit. Qu’Allah Exalté soit
Loué et Remercié pour cela et pour tant d’autres choses.
Les Barbaresques.
Les Barbaresques sont liés à l’Histoire de l’Algérie, de la
Tunisie et de la Libye, des conquêtes méditerranéennes, à
l’histoire des Ottomans et aussi à l’Histoire de l’Andalousie.
J’avais déjà
commencé ce livre avant de changer d’avis et d’intégrer le
travail que j’avais fait dans le volume II de l’Abrégé de
l’Histoire du Maghreb et de l’Andalousie mais lorsque
je suis arrivé à Turgut Reis (Darghouth Raïs),
j’ai de nouveau changé d'avis et décidé de faire un volume
propre aux Barbaresques qui représentent quand même trois
siècles d’Histoire. Si l’on connait les éminents commandants
Musulmans qui livrèrent batailles sur terre très peu en tout cas
et moi le premier, connaissent les éminents amiraux qui
livrèrent batailles sur les mers et il est temps de leur rendre
l’hommage qui leur est dû et peu importe les ragôts des
inquisiteurs.
Je travaille donc
actuellement sur la biographie de Turgut Reis et si je ne
pouvais venir à bout de mon projet, je mettrais sur le site des
livres PDF de sources non musulmanes qui me paraissent de bonnes
sources d’informations car il est évident qu’il faut parfois se
référer à des sources non musulmanes.
Comment se référer
à des sources non-musulmanes ?
Tout d’abord, le
lecteur doit être assez intelligent pour comprendre que la
guerre ne se mène pas qu’avec des armes mais aussi par les mots
et d’autres choses. Le lecteur doit avoir forcément dans
l’esprit la certitude islamique et être assez réaliste et
instruit pour comprendre les enjeux mondiaux et que la guerre
qui est menée contre l’Islam et les Musulmans est naturelle car
deux corps étrangers ne peuvent que se repousser !
De ce fait, le
lecteur comprendra alors que toutes les insultes et les
mensonges contre l’Islam et les Musulmans sont aussi naturels
que la guerre, même si elle n’a pas l’aspect d’une confrontation
majeure conventionnelle, est menée quotidiennement.
Il est donc normal
que les mécréants mentent et insultent car que pourrait-on
attendre d’autre d’eux et sans quoi, ils auraient été eux-mêmes
Musulmans.
Si vous êtes
convaincus de cela, vous pourrez alors aisément distinguer le
vrai du faux dans les sources non musulmanes car si la majorité
sont des auteurs absolument anti-islamique, il existe des
auteurs sérieux qui ont rapporté les fait exacts et tous les
historiens Musulmans n’ont pas rapporté tous les évènements avec
précision. Parfois, pour connaitre le nombre de l’armée lors
d’une bataille, vous serez surpris de trouver les réels chiffres
dans les écrits de certains écrivains non Musulmans ou à
l’opposé le mensonge éclatant. Quoi donc de plus naturel pour un
auteur chrétien ayant la foi chrétienne que de traiter les
Musulmans comme des infidèles ! Quand vous lisez, faites donc
abstraction de tout ce qui est anti-islamique car les historiens
Musulmans ne jettent-ils pas l’anathème par exemple sur les
croisés et les fanatiques chrétiens ?
Vous devez donc
être au-delà de tout cela et lire juste pour extraire
l’information.
Il est évident que
je ne tiens pas cela de moi-même mais d’un célèbre historien qui
m’a informé sur la réalité historique mondiale et l’intégralité
du système.
Pensez-vous donc
sincèrement que les mécréants ne savent pas que les Musulmans
sont dans le vrai ? Mais bien sûr que si, ils connaissent notre
religion parfois mieux que nous, la seule différence est qu’ils
refusent d’adorer Allah Exalté c’est tout ! Ils n’ont pas envie
de se prosterner et veulent boire du vin ! Ils ont choisi une
voie et la défendent dur comme fer, qui peut les blâmer pour
cela ? Donc quoi de plus naturel pour eux que d’insulter les
Musulmans qui veulent leur bien. Ils sont comme l’ivrogne à qui
on retire sa pinte, quelle sera sa réaction sinon la violence et
l’insulte ?
Donc pour étudier
l’histoire, vous devez aussi étudier l’histoire des autres.
Quelle réaction aurait un Chrétien fanatique qui lirait Ibn
Athir par exemple, à chaque fois qu’il maudit un croisé
diabolique et que lui voit comme un saint ? Pensez-y donc ! Vous
découvrirez alors le fond de leur âme et que ce qu’ils pensaient
il y a mille ans est exactement ce qu’ils pensent aujourd’hui !
Que la guerre d’hier est la même que celle d’aujourd’hui et pour
les mêmes raisons.
Rien n’a changé en
fait depuis l’avènement de l’Islam excepté la technologie. Avec
le boom des grandes villes, les mentalités évoluèrent
sensiblement de la barbarie vers la civilité mais elles
n’évolueront jamais guère plus que cela et ont commencé à
régresser vers leur état initial. Il ne fait aucun doute et pour
personne que c’est l’Islam qui a redonné une nouvelle vie au
christianisme et sans l’Islam, le christianisme était voué à
disparaitre. Allah Exalté à Lui les Louanges et la Gloire a créé
tout cela pour des buts particuliers et Il crée les causes pour
que les évènements surviennent tels qu’ils ont été consigné dans
la Table Gardée.
En dehors de quelques petits textes bien insuffisants pour
remplir des dizaines de pages, je ne dispose d’aucune source
musulmane vraiment importante pour le travail qui suit. J’ai
donc utilisé des sources non musulmanes choisies que j’ai relues
et réécris parfois pour la circonstance. Ce ne sont donc plus
les œuvres des auteurs originaux.
Il existe une immense bibliothèque sur le sujet, des contes de
fées aux ouvrages sérieux.
Le premier d’entre eux est :
az-Zouhrat an-Nayirah,
de Muhammad Ibn Muhammad al-Tilimsani qui fut traduit par
Alphonse Rousseau.
Le reste des sources suivront au fur et à mesure de l’avancée de
mes travaux. Si rien ne vient c’est que je suis dans
l’impossibilité définitive d’aller plus loin.
J’ai découvert dans l’Histoire un nombre infini de choses mais
bien plus, l’infinie miséricorde d’Allah Exalté envers Ses
serviteurs et bien qu’ils aient atteint un seuil de déchéance
avancée et ceci n’est qu’un pourcent de Sa Miséricorde,
qu’attendre alors du reste !
Etant donné que je suis moi-même dans cette classe, je demande
au Tout Miséricordieux de me faire miséricorde et de me faire
parvenir au même rang que les proches même si je ne le mérite
pas et n’ai rien fait pour rivaliser avec eux puis d’accepter ce
travail et de le rendre bénéfiques pour les gens.
O Grand Seigneur pardonne-nous pour
tous nos manquements et Gloire à Toi Seigneur Exalté, du début à
la fin et pour toujours, nul ne sera jamais en mesure d’effacer
Ta Lumière Bénie. Et Paix et Bénédictions sur le meilleur des
hommes, Muhammad Ibn ‘AbdAllah le Messager d’Allah, sa famille,
ses Compagnons, ceux qui les suivront et peut-être moi à des
milliards et des milliards d’années lumières à la traine, le
dernier de tous. Amine
Az-Zouhrat an-Nayirah
Muhammad Ibn Muhammad al-Tilimsani
...
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
Que le Tout-Puissant répande Sa grâce sur notre seigneur et
maître Muhammad ainsi que sa Famille !
Louange à Allah Exalté qui promit la victoire et le succès à
ceux qui proclament Son Unicité ; qui châtie les polythéistes
par la misère et le trépas. Et que les Saluts et les
Bénédictions soient sur celui qu’Il envoya, le plus noble des
êtres humains par sa tribu et sa famille, qui invita les hommes
à combattre sans cesse pour l’Islam.
Les pages de ce livre furent écrites pour amener à la défense de
la foi celui dont le cœur est timide et pour enflammer le brave
d’une plus vive ardeur. Je les ai nommées :
az-Zahrat an-Nayirah
(la fleur brillante) ou récit des évènements survenus à Alger, à
l’époque des diverses invasions des armées mécréantes.
J’ai puisé l’idée de ce livre dans cette parole de la plus
excellente de toutes les créatures (Saluts et Bénédictions
d'Allah sur lui) : « Allah
préservera du feu quiconque se sera livré au Ribat ne serait-ce
que le temps de la traite d'une chamelle. »
Le sens de cette tradition est : qu’Allah Exalté préservera du
feu de l’enfer, celui qui combattra pour la foi, ne fût-ce qu’un
court intervalle.
On désigne par le mot rabata (rabata, dont le mot
d’action est ribatoun, a proprement le sens de lier, attacher,
et par suite, s’encourager, s’enhardir à quelque chose, de là,
la signification spéciale de combattre pour la foi), l’action de
combattre par les armes l’ennemi de la religion. Cette sublime
parole renferme une promesse ineffable et un noble sujet
d’ardeur pour les habitants d’Alger. En effet, l’auteur du
Moudmarat,
commentateur du Kitab
as-Sayr, le Sheikh al-Kadouri, dit dans son grand
commentaire sur cet ouvrage que le mot ribat ne lui
parait applicable qu’à des combats pour la foi, aux luttes en
pays limitrophes d’un état musulman ; et cette opinion
respectable doit toujours attacher au sol de leur patrie les
habitants de la ville algérienne, puisqu’il n’est au-delà de
cette province du côté des mécréants, (qu’Allah les extermine )
aucune contrée habitée par des Musulmans.
Un motif d’un intérêt plus puissant encore, ajoute l’auteur du
Moudmarat, après le
passage déjà cité, c’est l’assertion de plusieurs Docteurs, qu’à
la première invasion d’une province, elle jouit pendant quarante
ans du bénéfice moral du ribat ; une seconde invasion étend ce
privilège de grâce divine à cent vingt autres années ; une
troisième enfin le lui accorde jusqu’au jour du jugement
dernier.
Nous préférons la première définition du ribat ; mais, l’une comme l’autre, est applicable à Alger, parce que depuis l’arrivée des Turcs dans cette province, nous avons essuyé sept ou huit différentes attaques des mécréants et que grâce à la protection et à l’assistance divine, chaque attaque fut témoin de leur défaite.
Autant pour rendre hommage aux Turcs qui sont les défenseurs les plus ardents et les plus courageux de l’Algérie, que pour diriger tous les princes dans les guerres futures, nous avons indiqué en tête de cet ouvrage la cause et la date de leur établissement.
En l’an 925 de l’Hégire (1519), Khayr ad-Din le célèbre Raïs et
son frère ‘Arouj, quittèrent Tunis pour Jijel et Bougie qu’ils
conquirent et où ils établirent le centre de leurs futures
opérations.
Les habitants d’Alger, séduits par la renommée des deux
illustres frères qui venaient de délivrer ces villes musulmanes
du joug des mécréants, députèrent vers eux plusieurs personnages
distingués, porteurs d’une requête conçue à peu près en ces
termes :
«
Gloire vous soit rendue, ô défenseurs de la foi et puisse votre
zèle pour le Jihad ne jamais éprouver de revers. Votre bravoure
et la fortune de vos armes nous sont connues puisque vous venez
de rendre à leurs véritables maîtres les villes de Bougie et de
Jijel. Vos noms demeureront à jamais célèbres par le succès qui
a couronné votre noble entreprise, et maintenant à vous seul
appartient de venir nous délivrer de l’oppression des mécréants
(koufar) car hélas, nous nous trouvons réduits à une bien
pénible situation. »
‘Arouj Raïs accueillit convenablement les envoyés et écouta le
motif qui les amenait devant lui puis fit prendre immédiatement
les dispositions nécessaires pour son départ pour Alger où il se
présenta bientôt avec deux simples galiotes.
Son entrée en ville fût un concours unanime de population, une
rivalité d’empressement, de bénédictions et d’allégresse ; ce
fut à qui suivraient ses pas et honorerait sa présence d’une
manière plus digne.
Sur ces entrefaites, et tandis que ‘Arouj Raïs cédait ainsi aux
instances des Algériens et se préparait à leur accorder son
aide, Khayr ad-Din cherchait de son côté à rejoindre son frère.
Il débarqua à Jijel, dont les habitants lui apprirent à la fois
la démarche des Algériens, la détermination et le récent départ
de ‘Arouj, son arrivée au milieu de ses protégés, ainsi que les
fêtes auxquelles elle avait donné lieu. Ces nouvelles étaient
sans doute bonnes mais Khayr ad-Din n’ignorait pas la faiblesse
du corps de troupes que son frère avait emmené avec lui ; il ne
pouvait aller lui-même s’associer à son entreprise, et la
réunion de ces circonstances ne cessait de l’inquiéter beaucoup.
Il décida donc de lui expédier un renfort de deux cent
quatre-vingts hommes puis retourna à Tunis, dans le but apparent
d’y passer l’hiver mais avec l’intention secrète de s’y ménager
pour l’avenir l’amitié et l’appui des chefs et des notables.
A
l’arrivée d’un renfort aussi inespéré, ‘Arouj réunit ses forces
aux combattants que lui fournit la ville, et se mit en mesure
d’attaquer l’ennemi résolument et sans quartier.
Il existait au lieu même où l’on voit aujourd’hui la tour du
fanal, deux ouvrages fortifiés occupés par les Chrétiens. Plus
tard lorsque ces forteresses tombèrent toutes deux au pouvoir de
Khayr ad-Din, il n’en conserva qu’une, et se servit des
matériaux de la seconde pour la construction de la jetée qui est
encore debout. Le fortin conservé est celui qui sert de base à
la tour du fanal. Les Chrétiens concentraient leurs efforts sur
la défense de ces points car ils redoutaient d’autant plus que
les Musulmans ne parviennent à s’en rendre maîtres, qu’en eux
seuls résidait tout l’avenir de leur domination ; la chute de
l’un entraînait infailliblement celle de l’autre.
Ces graves préoccupations furent l’objet de délibérations et
d’un conseil d’état tenu en Espagne, où l’avis unanime fut
d’attaquer Alger et de tout essayer pour garder la possession de
la ville.
En conséquence de cette détermination les préparatifs de guerre
furent poussés avec activité et en peu de temps les Chrétiens
furent en mesure de se représenter devant Alger avec une force
navale composée de trois cent vingt bâtiments de guerre et de
transport transportant quinze mille combattants (si l’on en juge
la note qui suit, ils auraient été bien plus nombreux). La
flotte mouilla près de la ville que, dans leur orgueilleuse
pensée, les Chrétiens voyaient déjà soumise à leurs armes par le
fer ou par la famine.
Quelques jours après leur arrivée en
rade, ils tentèrent un débarquement[1]
tandis que ‘Arouj Raïs avec sa valeureuse troupe, secondé par
les habitants d’Alger rassembla tous ses moyens de défense, et
fît fortifier les points les plus importants de la ville. Des
étendards de guerre furent arborés sur les remparts de la
glorieuse cité, et forts de l’assistance et de la protection du
Très-Haut, ils attendirent courageusement l’heure du combat.
Les mécréants s’approchèrent assez près de la ville et suivant
leur habitude, ils campèrent derrière un retranchement élevé à
la hâte. Semblables à des hordes de chiens qui se disputent une
immonde carcasse, les soldats mécréants brandissaient déjà leurs
épées enflammés d’une ardeur aveugle et on les entendit murmurer
contre leurs chefs qui retardaient trop à leur gré le signal de
l’assaut. Tout enfin annonçait un instant décisif.
A l’idée du sort qui pourrait être réservé à Alger à cause de la plus légère imprévoyance ‘Arouj Raïs jugea prudent d’assembler à la hâte, un conseil de guerre ou il proposa de marcher contre l’ennemi sans attendre son attaque et de le forcer à rembarquer. Cette motion fût adoptée d’enthousiasme par les soldats Musulmans et dès-lors, rien n’arrêta plus l’ardeur de ‘Arouj et de ses soldats, et au cri solennel de guerre Allahou Akbar (Allah est Grand), les portes s’ouvrirent devant ces vaillants guerriers. L’attaque fût vive et meurtrière tandis que la défense fut circonspecte et timide. Le Très-Haut accorda la victoire aux défenseurs de la foi, et sous Sa puissante égide, ils tuèrent et firent prisonniers autant de mécréants qu’Il l’avait décidé. L’ennemi abandonna ses retranchements et tout son matériel de guerre puis s’enfuit poursuivit par les Musulmans. Mille hommes seulement de cette puissante armée trouvèrent le salut dans la fuite tandis que le reste vint se briser sous les coups multipliés des sabres Musulmans. Après cette sanglante défaite, le petit nombre de Chrétiens qui ne payèrent pas de leur vie la vaine prétention d’anéantir la domination musulmane à Alger, parvinrent à se rembarquer et retournèrent dans leur pays.
A
la nouvelle de ce grand désastre, qu’il ne put attribuer qu’à la
couardise de ses troupes, le tyran espagnol fût saisi d’une vive
douleur, maudit sa mauvaise fortune, se meurtrit le visage,
déchira ses plus riches vêtements, et on l’entendit s’écrier : «
O malheur, ô malheur, ô effrayant désastre ! »
A
Alger, au contraire, le peuple se livra à la plus vive joie et
ne cessa de bénir les noms de ‘Arouj et de Khayr ad-Din et ces
événements eurent lieu en l’an 625 de l’Hégire.
‘Arouj Raïs envoya à son frère les évènements détaillés de tous
ces faits ; il lui apprit l’expédition des Chrétiens, le combat
qui s’ensuivit et la victoire que, dans sa Toute-Puissance,
Allah Exalté avait accordée aux croyants. Il termina sa lettre
en engageant vivement son frère à venir s’établir à Jijel et lui
recommanda surtout de l’informer de l’instant de son arrivée.
Conformément à l’invitation de son frère, Khayr ad-Din se rendit
peu après à Jijel d’où il lui écrivit aussitôt et lui annonça
son arrivée avec dix bâtiments et des troupes.
Il y avait dans les environs de Jijel, un Sheikh, un chef arabe
d’une horde de Berbères, qui abandonna le Jihad et s’était
devenu tributaire, le vassal et l’espion des Chrétiens qui
occupaient Bougie. Il leur payait chaque année un tribut de sept
mille saa de blé, mille moutons et sept cents bœufs. ‘Arouj Raïs
informa son frère Khayr ad-Din et lui enjoignit de mettre en
œuvre tous ses moyens pour parvenir, soit par la force des
armes, soit par la ruse, à s’emparer de ce traitre.
Lorsque ces instructions parvinrent à Khayr ad-Din, il se mit à
la poursuite et à la recherche de ce Sheikh et n’eût de repos
que lorsqu’il eût découvert sa retraite. Khayr ad-Din et ses
forces impressionnèrent tellement ce dernier qu’il fît
immédiatement sa soumission et prit l’engagement formel de
s’affranchir du vasselage des Chrétiens et de lui payer
annuellement le tribut à l’acquittement duquel il était
précédemment assujetti par les mécréants. Cette humble
proposition fût acceptée par Khayr ad-Din qui obtint en outre
des otages en garantie de l’exécution de cet engagement. Khayr
ad-Din informa son frère des résultats de sa mission et ne tarda
pas à aller le rejoindre à Alger. Là, les deux frères, mus par
les mêmes pensées, s’appliquèrent d’un commun accord à maintenir
la tranquillité et à assurer l’exercice de leur autorité dans
toute l’étendue de leurs états.
Dans la cour du souverain des Bani Zayyane qui régnait alors à
Tilimsen, se trouvait un jeune homme, son neveu, qui se montrait
extrêmement jaloux de son autorité et cherchait l’occasion de
détrôner son oncle. Ce jeune homme, impatient se mit à la tête
d’une conspiration contre le prince régnant mais soit par
trahison ou imprudence, le complot fut découvert et dès-lors, la
vie des conspirateurs fut en danger et ils durent prendre la
fuite pour éviter la vengeance qui les guettait. Le neveu se
retira donc en Espagne où il fut accueilli par le tyran qui le
reçut même avec les honneurs réservés aux dignitaires arabes.
Les fêtes, les suggestions et cette considération dont il fut
sans cesse environné, réveillèrent dans sa tête les hardis
projets qu’il avait précédemment rêvés et convaincu que seul il
ne pourrait en venir à bout, il n’hésita point à confier son
secret au tyran mécréant et s’en remit à lui pour mener à bonne
fin son projet qui consistait à conquérir la côte africaine dont
il demanda la souveraineté en s’engageant, de son côté, à
reconnaître le tyran pour souverain et à agir envers lui à
l’égal de ses vassaux. Cette proposition fut acceptée avec joie
par les maudits Chrétiens qui peu après, envoyèrent sur Ténès
une flottille chargée de leurs meilleurs combattants. Les
habitants de cette ville ne purent résister longtemps aux forces
de l’ennemi et durent capituler.
Le premier but de l’expédition des Chrétiens atteint, ils
levèrent les voiles et retournèrent dans leurs pays après avoir
laissé à Ténès le neveu du roi de Tilimsen (Tlemcen) comme
gouverneur pour le tyran d’Espagne, avec quatre navires et cinq
cents combattants.
Khayr ad-Din Raïs fut bientôt informé de ces événements et le
courageux défenseur de la foi, animé d’une ardeur infatigable
pour le triomphe de la religion de l’Islam, s’embarqua avec une
partie de ses troupes et vint avec ses navires mouiller devant
Ténès. A sa vue, les Chrétiens qui étaient montaient la garde
sur les bâtiments se réfugièrent en toute hâte dans la place où
ils s’enfermèrent avec les habitants. Khayr ad-Din assiégea
Ténès du Fajr jusqu’au l’asr.
A la nuit tombante, le gouverneur qui jugea ses moyens de défense insuffisants et qu’il n’avait point de salut à espérer, s’enfuit de la ville et l’abandonna. Le lendemain matin la population sortit pour se soumettre et remit les clés des portes aux assiégeants. Le capitaine Khayr ad-Din (que le Très-Haut répande sa grâce sur lui) entra en vainqueur dans la ville soumise et revint à Alger avec les quatre cents Chrétiens de la garnison de Ténès. De retour dans sa capitale, il continua à gouverner de concert avec son frère ‘Arouj.
Les deux Raïs ‘Arouj et Khayr ad-Din se partagèrent le
gouvernement de leur état ; la partie Est fut attribuée au
commandement de Khayr ad-Din et celle de l’Ouest à son frère
‘Arouj.
Khayr ad-Din, établit sa résidence à Dellys dans la province de
l’Est. Là, avec le concours de ses braves soldats, il affermit
son gouvernement naissant, attribua un nouveau salaire à ses
troupes pour gagner leur confiance, leur dévouement et leur
assistance puis il pensa à étendre son action vers l’intérieur
des terres. Il divisa donc son gouvernement en plusieurs
districts et envoya dans chacun d’entre eux un agent sur la
fidélité du quel il pouvait compter et qu’il investit de plein
pouvoir.
Le gouverneur qui avait abandonné Ténès apprit que Khayr ad-Din
avait quitté la ville conquise pour aller s’établir à Dellys. Il
se rendit immédiatement dans la province de l’Ouest et entra
pour la deuxième fois dans la ville de Ténès où il fut de
nouveau proclamé gouverneur cependant, l’influence qu’exerçait
‘Arouj le menaçait et il souleva les populations de l’intérieur
contre son rival.
Fatigué des complots de ce traître et désirant y mettre fin,
‘Arouj pria son frère Khayr ad-Din de se rendre à Alger pour le
remplacer, pendant son absence ce qu’il fit. ‘Arouj Raïs
rassembla alors ses troupes et partit pour une expédition dans
l’Ouest.
Le souverain de Tilimsen loin de chercher à s’assurer la
bienveillance de son peuple que la conjuration de son neveu
avait fortement indisposé contre lui, ne cessait au contraire de
l’opprimer et régnait sur ses sujets en véritable despote. Ces
derniers, fatigués de l’oppression, se tournèrent vers ‘Arouj
qui répondit à leurs vœux et vint assiéger Tilimsen qui ne tarda
pas à capituler.
Le tyran, prévoyant d’avance le châtiment qui l’attendait
s’enfuit de Tilimsen, emportant avec lui toutes les richesses
qu’il avait amassées pendant son règne et partit chercher asile
chez le roi de Fès des Bani Marine et lui demanda les moyens de
reconquérir son royaume.
‘Arouj entra dans Tilimsen, s’y fit reconnaître souverain,
ordonna la mise en liberté des deux frères du prince déchu et
par des largesses habilement distribuées affermit sa nouvelle
conquête.
La Forteresse des Bani Rashid qui se trouvait à l’ouest était un
pays fertile en grains et riche en bestiaux. Le commerce de
grains était considérable et la ville d’Oran qui à cette époque
était au pouvoir des pouvoir des Chrétiens, recevait toutes ses
denrées de Qal’ah Bani Rashid dont les habitants étaient ses
alliés. Mais lorsque le roi de Tilimsen fut déchu de son pouvoir
et que ‘Arouj devint le souverain de la région, il ordonna aux
habitants de Qal’ah de cesser toute relation commerciale ou
politique avec les Chrétiens d’Oran sous peine d’un terrible
châtiment. La position de ces derniers en souffrit et le roi
détrôné de Tilimsen, profitant de cette circonstance, écrivit
aux Espagnols et leur dit :
« Vous voyez par vous-mêmes la
position critique où vous vous trouvez depuis qu’un usurpateur
aidé de cette population parjure est venu me chasser du trône de
mes pères ; à peine les Turcs ont-ils planté leur étendard sur
les remparts de ma ville que les vivres et les denrées que
Qal’ah Bani Rashid vous fournissait ont cessé de vous parvenir.
Pourquoi ne m’avez-vous point secouru et aidé à exterminer
‘Arouj Raïs ? Pourquoi ne m’avez-vous pas envoyé vos troupes
pour me soutenir et de l’or pour assurer ma puissance sur ces
hordes rebelles ? Votre position n’aurait-elle pas été à l’abri
de toute humiliation ? Je crois de mon devoir de vous mettre en
garde. Réfléchissez aux terribles conséquences de ces
événements, réfléchissez, car avant peu, ces hommes viendront
vous attaquer jusque dans vos plus forts retranchements ![2]
»
Ces paroles ne manquèrent pas d’atteindre le but et les
Chrétiens ébranlés par les insinuations perfides de l’infâme
souverain répondirent à sa missive dans les termes suivants :
«
Vous ne nous avez jamais demandé protection ni secours ; jamais
aucune communication ne nous est parvenue de votre part. Si
telle avait été votre intention et le caractère de vos
démarches, certes nous n’aurions pas hésité à aider un allié tel
que vous. Le mal est fait et il faut s’efforcer d’y remédier.
Nous vous offrons notre concours et ce dont vous aurez besoin
vous l’aurez. Allez, volez au-devant de l’ennemi et en
l’exterminant, qu’il se repente d’avoir souillé vos états et osé
braver notre puissance. Nous réitérons l’engagement que nous
venons de prendre et rien de ce que vous demanderez ne vous sera
refusé. »
Le traitre satisfait du succès de son message, leur écrivit
aussitôt : « Envoyez-moi une somme d’argent assez forte pour
assurer une levée considérable de troupes avec qui je
reconquerrai mon royaume et comme par le passé, je vous
fournirai en allié fidèle tous les grains et tous les vivres
dont vous pourrez avoir besoin. »
Par conséquence, les maudits Chrétiens lui envoyèrent une somme
de sept mille dinars d’or et mille-cinq-cents soldats et prirent
en échange, soixante enfants des principaux chefs arabes, réunis
sous les étendards de l’ex- roi de Tilimsen, en otages.
Le traitre rassembla quinze cents cavaliers en plus de la légion
espagnole puis marcha aussitôt sur Qal’ah Bani Rashid.
Khayr ad-Din Raïs qui commandait à Alger pour son frère ‘Arouj,
connaissant toute la faiblesse de la garnison et envoya au
secours de Qal’ah, une armée sous les ordres de son autre frère
Ishaq. Les Chrétiens assiégeaient alors la ville lorsque Ishaq
et ses braves arrivèrent et il leur livra aussitôt une grande
bataille sous les remparts de la forteresse et, grâces soient
rendues au Maître Éternel des Deux-Mondes, tous les avantages
furent glorieusement acquis par ses troupes et ils purent ainsi
à l’issu du combat rentrer dans la ville fortifiée et se joindre
à la garnison que ‘Arouj Raïs avait laissé. Les pertes des
Chrétiens s’élevèrent cette journée à mille hommes dont
sept-cents tués et trois-cents prisonniers.
Peu de temps après qu’Ishaq et ses troupes furent entrées dans
Qal’ah Bani Rashid, le maudit roi de Tilimsen arriva avec son
armée d’Arabes et sa légion de Chrétiens et prit immédiatement
les dispositions nécessaires pour mettre le blocus sur la ville
et intercepter ses communications avec le désert.
La garnison bien inférieure en nombre que les assiégeants se
renferma dans ses murs et évita d’engager une bataille décisive
cependant, elle fit toutefois quelques sorties et au cours de
l’une d’entre elles, cent vingt Chrétiens tombèrent en son
pouvoir. Informé par ses espions que les assiégés allaient en
tenter une nouvelle, l’infâme roi de Tilimsen fit poser une
embuscade en face d’une des portes de la ville, la légion
espagnole et son artillerie de manière à mitrailler les
assiégés. Les Musulmans ne s’y attendaient pas et lorsqu’ils
voulurent sortir de la ville, l’artillerie espagnole fit feu de
toutes ses pièces et tua un nombre considérable d’entre eux,
puisse Allah exalté les accepter en martyrs.
Les Musulmans rentrèrent en désordre dans la forteresse dont le
siège continua pendant seize mois consécutifs.
Pendant la durée du siège, les Espagnols creusèrent une mine
qu’ils remplirent de poudre et de projectiles meurtriers. Le feu
fut mis à la mine qui explosa et emporta une partie de la ville
faisant une brèche dans les murs dont les assiégés voulurent
profiter pour gagner la campagne mais ils furent repoussés par
l’ennemi qui leur cria : « Dussions-nous rester six ans ici, il
faut enfin, qu’avec l’aide du Très-Haut, nos armes viennent à
bout de cette poignée de défenseurs ! »
Une trêve de courte durée fût cependant consentie de part et
d’autre. Les assiégés s’engagèrent à remettre tous les
prisonniers de guerre, à abandonner la ville mais à peine
franchirent-ils les remparts ils tombèrent sur l’ennemi qui
après un court instant reprit bientôt l’offensive et dans
l’engagement acharné qui s’en suivit, Ishaq paya de sa vie son
amour de la foi. La mort du chef ralentit l’ardeur de ses
soldats toutefois un de ses braves lieutenants nommé Iskandar
s’arma du sabre tombé des mains du frère de son souverain,
parvint à rallier ses soldats et ranimer les courages mais
accablés par des forces supérieures, encerclés de toutes parts,
ils succombèrent bravement jusqu’au dernier et leur sang
généreux abreuva une seconde fois la terre, que la miséricorde
divine soit sur eux.
A
la nouvelle de cette défaite, Khayr ad-Din se soumit sans
murmurer aux décrets de la providence et s’en remit à la
protection divine du soin de décider de son avenir et de celui
de ses compagnons. Toutefois, il ne négligea rien pour réparer
cet échec et il sut mettre à profit l’hiver qui ne lui
permettait de rien entreprendre pour préparer les forces et les
ressources dont il aurait besoin au printemps. C’est alors
seulement qu’il quitta Alger à la tête de six cents fantassins
et de plus de vingt mille cavaliers qui devaient à la fois
assurer le succès de son entreprise et couvrir ses frontières
menacées par le souverain de Tilimsen.
Toute la région du Gharb était la plus faible de son dominion et
celle qui lui donnait le plus d’inquiétude, il écrivit donc aux
habitants de Tilimsen : « Gloire à vous, gloire ô mes braves
soutiens ! S’il est écrit que le sultan de Tilimsen vienne
encore parmi vous exiger votre soumission, évitez tout combat,
reculez devant toute résistance ; l’oppression en serait le
résultat infaillible. Recevez-le au contraire avec joie et
honneur ; soumettez-vous à son pouvoir éphémère ; attendez que
l’heure de la victoire ait sonné pour vous ; attendez enfin que
je vienne réclamer de votre ancienne affection le concours de
vos armes. »
Les tribus de l’Ouest se conformèrent fidèlement à cette invitation et se soumirent au souverain traitre dès son entrée sur leur territoire et ne lui épargnèrent ni protestations ni honneurs, comptant bien sur la réalisation prochaine des promesses de Khayr ad-Din.
Le roi maudit constamment secondé par
les Chrétiens, dirigea ses troupes sur Alger tandis qu’une
escadre espagnole se présentait pour attaquer la ville[3].
Poussée comme le rapide ouragan, elle mouilla devant la ville à
l’heure où du haut des minarets les muezzins appelaient les
croyants pour la prière de ‘Asr.
Le chef des Chrétiens, envoya aussitôt une lettre à Khayr ad-Din
disant : « Envisage la destinée de tes frères ‘Arouj et Ishaq
qui ont tous les deux succombé sous nos coups. Si tu te
préoccupes de ton titre de vaillant capitaine, si tu tiens à
mériter l’estime universelle, tu dois croire à la sagesse de nos
conseils et t’y soumettre aveuglément sans quoi ton sort sera
celui de tes frères. Songes-y bien avant de prendre une
détermination car la fortune nous sourit et la victoire qui
apparait radieuse à l’horizon semble voiler à jamais notre
mauvaise étoile et tu ne l’ignores pas, le succès a couronné
plusieurs de nos entreprises. Encore une fois, mûris bien ta
réponse avant de nous la transmettre. »
Khayr ad-Din Barberousse (Barbarossa) ne fit point attendre sa
réponse ; « O Chrétien ! Tu te trompes lourdement. Les
compagnons que nous avons perdus ne sont pas morts mais vivants
dans la vie céleste que leur réservait l’Éternel qu’ils
invoquaient et défendaient sans cesse et qui, d’une bonté
infinie, les a pris sous Sa divine protection, exempts de soucis
et de peines, ils sont heureux là-haut de ce que leur a accordé
leur Seigneur ! Des demeures éternelles sous lesquelles courent
des rivières en compagnie de Houri. Ils sont placés au premier
rang des élus dignes de la bonté divine car ils ont sacrifié
leur vie terrestre pour la défense et le maintien de la foi !
Quant à nous, Chrétien, nous sommes aussi impatients de te
combattre que tu peux l’être toi-même de soumettre Alger. Nous
combattrons avec d’autant plus d’ardeur que les récompenses
accordées à nos frères morts pour la divine cause, nous sont
également réservées dans le Ciel. Avec l’aide d’Allah Exalté, le
sort qui a trahi nos frères est celui qui vous sera réservé.
Réunissez toutes vos forces pour nous attaquer car tant qu’il
nous restera un souffle de vie, nous défendrons Alger la
Guerrière et c’est en vain que vous essaierez d’en enlever une
seule pierre. Il n’y aura donc ni trêve, ni pitié et ni paix
jusqu’à ce qu’Allah Exalté décide entre nous, la lame tranchante
du sabre décidera seule entre nous ! »
Aussitôt après la lecture de cette lettre, le chef des Chrétiens
ordonna le débarquement des troupes et du matériel. Cette
opération se fit rapidement et dans la soirée de ce même jour
une partie des troupes était déjà établit à terre. Deux jours
après, tout était déposé, hommes, artillerie et bagages.
L’attaque suivit de près le débarquement et l’armée ennemie
déployée en deux corps se porta sur la ville tandis que
l’artillerie des vaisseaux ouvrit le feu sur les batteries de
terre.
Khayr ad-Din Raïs, à la tête de cinq mille hommes de troupes
bien déterminées à vaincre ou à mourir, sortit de la ville après
y avoir laissé trois cents de ses soldats et des armes pour les
habitants puis, se portant alternativement du centre de sa
petite armée à l’aile droite et à l’aile gauche, il stimula le
courage de ses troupes et les harangua tour à tour. Dès-lors,
rien n’arrêta plus l’impatience de cette brave légion qui déjà
animée par la foi qu’elle allait défendre, plaça sa confiance en
Allah Exalté, à Lui les Louanges et la Gloire, se jeta
de toutes parts sur
l’ennemi. Cette attaque intrépide et spontanée, ébranla un
instant le courage des Chrétiens, surpris de ce choc imprévu ;
cependant la voix de leurs chefs les rappela à leur devoir et
ils reprirent l’offensive. Le combat qui dura assez longtemps
fût meurtrier pour l’ennemi d’Allah Exalté et la victoire se
déclara enfin en faveur des Musulmans. Une terreur panique
s’empara alors des Espagnols qui, poursuivis par les soldats de
Khayr ad-Din, se précipitèrent vers le rivage dans un désordre
complet et ils auraient été anéantis si le feu des navires ne
les avaient couverts et mit à l’abri de la poursuite des
vainqueurs.
Le résultat immédiat de cette journée fût de réduire à six mille
les vingt mille ennemis qui avaient pris part au combat. A la
tombée de la nuit, les Musulmans rentrèrent triomphalement dans
la ville pour s’y reposer jusqu’au lendemain des fatigues de la
journée et les Espagnols songèrent à regagner leurs navires mais
par un enchaînement de malheurs pour ces mécréants, la levée
effrayante de la mer les en empêcha et ils durent se résoudre à
se confiner derrière leurs retranchements pour éviter l’attaque
de nos braves soldats.
Le lendemain, les Musulmans tirant leur artillerie vinrent
assiéger le camp ennemi et l’attaqua dura deux jours et deux
nuits. Le troisième jour la mer se calma enfin et les ennemis en
profitèrent pour embarquer à bord de leurs vaisseaux mais à
l’instant où ils levèrent les voiles, une effroyable tempête
s’éleva tout-à-coup et plusieurs navires vinrent s’écraser sur
la côte.
N’est-ce point-là le témoignage de la puissance divine et de la
protection constante qu’Allah Exalté accorde aux combattants
dans Sa voie ? Bientôt la plage fut couverte de débris et les
mécréants après avoir vainement demandé de l’aide à leurs frères
trouvèrent la mort ou l’esclavage face aux Musulmans rassemblés
sur le rivage. Trois mille Chrétiens furent enchainés et plus de
trente-six de leurs chefs furent également pris en esclavage et
parmi eux se trouvait le commandant en chef des vaisseaux, que
les Espagnols nommaient leur général.
Khayr ad-Din rentra dans Alger avec ses troupes et ses
prisonniers acclamé par une foule en liesse et ce fut une
mémorable journée car il venait de les sauver des ennemis de
l’Islam pour la seconde fois. Par ordre de Khayr ad-Din, les
prisonniers furent enfermés dans des cachots tandis que le
général le fut dans son palais où ses blessures furent soignées
et ses moindres besoins accordés puis lorsqu’il guérit, il fut
enfin conduit dans le même lieu où ses compagnons étaient
détenus.
Lorsque le roi de Tilimsen apprit la défaite des Espagnols et la nouvelle victoire remportée par Khayr ad-Din, il abandonna immédiatement le territoire algérien et se retira à Tilimsen dans l’attente des évènements. Les rescapés de l’escadre qui échappèrent au naufrage parvinrent à revenir en Espagne ou la nouvelle de cette désastreuse campagne jeta l’alarme dans toutes les familles et bientôt le seul nom de Khayr ad-Din que les Espagnols nommaient Barbarousha suffit dès-lors à répandre la terreur sur toute la côte.
Suite à cette expédition le nombre des prisonniers devint
tellement considérable que les gardiens allèrent trouver Khayr
ad-Din et lui firent part du danger de tenir rassemblés dans un
même lieu un aussi grand nombre de Chrétiens tombés en son
pouvoir par l’effet de l’assistance divine. « Le fort de
l’ennemi touche presque notre ville (ceci se passait en 926 et
Khayr ad-Din s’empara des établissements espagnols situés en
face d’Alger en l’an 939 de l’Hégire) et nous craignons qu’ils
s’enfuient et s’y réfugient, le chemin est si court ! » Khayr
ad-Din apprécia la justesse de cet avis et fit construire sous
terre trois vastes cachots dans lesquels on transféra les
prisonniers qui furent ainsi dans l’impuissance de se soulever
contre leurs gardiens.
Cependant, il y avait au nombre des gardiens des prisonniers, un
jeune homme spécialement attaché au service du général espagnol
qui séduit par ses offres et l’espoir d’une réussite certaine,
consentît à aider à la tentative d’évasion préparée par le
général : « A l’aide des clés que tu déroberas pendant la nuit à
nos gardiens », lui dit celui-ci, « tu nous ouvriras les portes
de nos cachots. Reste sans inquiétude, les cris d’alarme seront
sans peine étouffés et à la faveur de l’obscurité nous nous
sauverons rapidement vers la plage, dans la direction du fort
que les Espagnols occupent en face d’Alger. Là, par des signaux
convenus, des barques nous emmèneront vers nos frères. Quant à
toi qui auras si généreusement concouru à la délivrance de mes
compagnons d’infortune, tu seras noblement et dignement
récompensé par mon souverain seigneur et maître. »
Ces paroles achevèrent de convaincre le jeune homme et le
général attendit avec impatience le moment venu.
C’est ici qu’il faut reconnaître la Toute Puissance d’Allah
Exalté ! C’est ici qu’Alger la Guerrière bénéficia de Sa
protection dont elle fut constamment l’objet. Alors même que le
général chrétien cherchait à corrompre son gardien et l’associer
à sa téméraire entreprise, Khayr ad-Din vit en songe un
cataclysme effroyable qui renversa ses prisons et engloutit ses
esclaves ce qui le réveilla en sursaut. Il se prosterna et
demanda humblement à Allah Exalté de continuer à lui accorder
Son appui ainsi qu’un rayon de sa céleste lumière pour
l’éclairer dans les ténèbres de cette mystérieuse vision, La
prière et la foi le ranimèrent aussitôt et il se releva plus
calme et plus tranquille et fit appeler ses officiers et les
gardiens des prisonniers.
Il s’informa avec inquiétude de ses prisonniers et manda sans
délai le jeune homme attaché au service du général chrétien. Aux
interpellations de Khayr ad-Din, celui-ci répondit tout d’abord
n’avoir échangé avec l’ennemi aucunes paroles contraires à la
sûreté des prisonniers ou à celle de l’état toutefois, la
crainte des supplices dont on le menaça, ébranla sa fermeté et
il avoua que le chef des maudits Chrétiens l’avait en effet
séduit par des propositions perfides et qu’il s’était engagé à
ouvrir les portes de la prison afin que les prisonniers profite
de cet instant pour rejoindre leurs compatriotes qui occupaient
le fort de la Marine. Cet aveu fut un trait de lumière pour
Khayr ad-Din Raïs qui comprit que le complot était l’œuvre de
tous et non d’un seul, et qu’il fallait redoubler la
surveillance exercée envers les prisonniers. Quant au jeune
homme il fût provisoirement jeté dans un cachot.
Le général écrivit alors, par autorisation de Khayr ad-Din, aux
Espagnols qui se trouvaient dans le fort de l’île pour les prier
d’envoyer une somme de cent-vingt-mille dinars d’or pour son
rachat et celui de ses compagnons d’infortune. Les Espagnols en
référèrent à leur souverain qui s’empressa d’envoyer la somme
demandée mais le destin en avait décidé autrement.
Avant de livrer les prisonniers tombés en son pouvoir, Khayr
ad-Din rassembla les ‘Ulama d’Alger et leur fit part de la
demande que lui avait été adressée par le général ainsi que des
conditions du rachat. Il ne leur cacha point le désir qu’il
avait de lui accorder sa demande qui lui paraissait avantageuses
pour l’état.
Les membres du conseil n’approuvèrent pas cette ouverture : «
Émir, » lui dirent-ils, « y-a-t-il donc meilleur trésor que ces
inestimables trophées de ta victoire ? Ignores-tu que ces mêmes
prisonniers que tu vois si impuissants aujourd’hui étaient des
nobles dans leur pays ; qu’ils sont encore grands et puissants ?
Ne doutes pas que s’ils sont rendus à la liberté, leur présence
et leur expérience ranimeront le courage démoralisé de leurs
frères ! Prend en compte la sûreté de nos conseils, refuses ces
avances perfides et rends-toi de digne de ta renommée en
méprisant cet or que tes ennemis te proposent » et ils finirent
en se prononçant à l’unanimité pour la mise à mort des
prisonniers.
Ces paroles touchèrent Khayr ad-Din toujours fidèle aux intérêts
de son royaume qui refusa alors l’échange proposée et en informa
la garnison du fort de l’île.
Cette nouvelle jeta la consternation parmi les Chrétiens qui
écrivirent aussitôt à leur gouvernement. Le tyran espagnol fut
très affecté par les résultats de cette négociation mais ne
perdit toutefois pas espoir et comptant sur le puissant effet de
l’or, envoya de nouveau deux-cent-quarante-mille dinars destinés
au rachat de ses officiers.
Cette nouvelle tentative ne fût pas plus heureuse que la
première et les Algériens firent tous leurs efforts pour
accélérer la sentence que leurs ‘Ulama avaient rendue contre les
prisonniers. Aussi le jour de l’exécution fût promptement fixé
et la tête du général, pour servir d’exemple roula la première.
Khayr ad-Din adressa de ferventes actions de grâces au Seigneur
et remercia le Très-Haut de lui avoir donné confiance en le
jugement des ‘Ulama. Allah Exalté l’en récompensa car Il ne
prive jamais de Sa récompense celui qui fait le bien !
Immédiatement après le supplice le corps des espagnols
prisonniers furent jetés à la mer excepté le cadavre de leur
général, qu’un des gardiens du bagne avait adroitement soustrait
dans l’espoir d’en tirer profit.
Lorsque les Espagnols furent informés de ces faits, ils devinrent un vif sujet de douleur mais ce fût surtout la mort du général qui affligea profondément leur tyran qui privé désormais des services de ce chef, voulût au moins avoir la consolation de posséder ses restes et il s’empressa d’envoyer sept-mille dinars d’or pour racheter sa dépouille. L’envoyé du tyran obtint une entrevue avec Khayr ad-Din mais sans succès. Khayr ad-Din répondit à l’envoyé espagnol que la demande de son souverain ne pouvait être ad- mise puisque tous les corps avaient depuis longtemps été précipités dans la mer. Le gardien qui avait soustrait le cadavre en fît part à Khayr ad-Din mais il consulta de nouveau son conseil qui s’opposa à cette transaction. Les restes du général furent donc jetés à la mer et l’envoyé se retira abattu par l’échec de sa mission.
Khayr ad-Din voulut retourner dans son pays et l’occasion lui
paraissait d’autant plus favorable que la tranquillité parfaite
dont jouissaient ses états était pour lui un gage puissant de
sécurité pendant son absence, il réunit dans ce but, les ‘Ulama
et les no- tables en assemblée générale et leur dit : « Mon vœu
le plus cher en tant que sujet fidèle est d’aller rendre
hommages à mon souverain. Je vous laisse ainsi que mes états à
l’abri des attaques de l’ennemi car le dernier échec qu’il a
essuyé devrait éloigner toute tentative de retour. Je crois
avoir suffisamment pourvu à toute éventualité et je confie votre
défense à mes braves soldats. Je vous laisse un large armement
matériel de guerre et quatre cents pièces d’artillerie
garnissent aujourd’hui les remparts d’Alger qui ne possédait pas
un seul canon. »
Chacun le pressa et le supplia de renoncer à son projet
cependant Khayr ad-Din leur répondit : « J’ai conçu le projet de
mettre mes états sous l’égide protectrice de notre maître le
sultan en échange de l’or, des troupes, des armes et des
munitions qu’il voudra bien nous fournir. Il ne revendiquera
comme droit de suzeraineté que de faire frapper la monnaie à son
effigie et que son nom soit invoqué dans la Khoutbah. »
L’assemblée entière, s’opposa une nouvelle fois au départ de
Khayr ad-Din mais il fut décidé qu’un ambassadeur de la
population algérienne et porteur d’une lettre de Khayr ad-Din
serait envoyé près du sultan pour réclamer son assistance et
patronage. Khayr ad-Din choisit un personnage distingué du nom
de Hajj Houssayn qui quitta Alger à la tête de quatre navires
chargés de présents pour la cour du Sultan.
Lorsque l’ambassadeur algérien arriva à Constantinople, il fût
présenté au sultan par le premier ministre chez lequel il était
descendu Le sultan accepta les présents qui lui étaient offerts
au nom du peuple algérien et ordonna de loger l’ambassadeur dans
le palais. Quelques jours après, l’ambassadeur obtint une
seconde audience au cours de laquelle le Sultan lui remit une
lettre revêtue de son cachet impérial, lettre qu’il adressait
aux habitants d’Alger et dans laquelle il déclarait accepter
leurs demandes et leur promettait en retour son appui constant
et l’intervention de ses armes en cas de nécessité.
Hajj Houssayn revint bientôt à Alger où Khayr ad-Din fût nommé émir au nom de Salim Khan et devrait rendre compte à l’avenir des événements qui surviendraient dans l’étendue de son gouvernement. La monnaie fût donc frappée à l’effigie du sultan et que son nom mentionné dans les prières récitées dans les mosquées.
Malgré le nombre de ses victoires et la paix dans ses états,
Khayr ad-Din voyait toujours d’un œil inquiet l’ilot d’Alger aux
mains de ses ennemis et il en méditait depuis longtemps la
conquête, n’attendant qu’une occasion favorable pour réduire les
ouvrages qui en défendaient l’approche. Il entreprit alors une
attaque surprise sur l’îlot et après une petite résistance la
garnison capitula. Cette conquête achevée, Khayr ad-Din fit
immédiatement détruire un des forts qui couronnaient l’île
tandis que le second fut désarmé et mit hors d’état de nuire.
Khayr ad-Din n’avait pas abandonné son voyage à Constantinople
mais il ne voulut point l’entreprendre sans s’être assuré à
l’avance des dispositions de Salim Khan, le sultan régnant. La
demande qu’il lui transmit fut reçut favorablement et Sinan
Shaoush vint en personne lui confirmer l’assentiment de son
maître en l’an 944 de l’Hégire.
Khayr ad-Din nomma Hassan Agha pour le remplacer à la tête de
l’état durant son absence. C’était un homme sage, prévoyant,
intelligent, courageux juste et bon et comme Khayr ad-Din,
sincèrement attaché aux intérêts de la foi. Sous sa
souveraineté, la puissance maritime d’Alger allait rapidement
accroître ses ressources et à peine arriva-t-il au pouvoir, que
déjà trente puissantes galiotes construites dans ses arsenaux,
sillonnèrent la Méditerranée et répandirent incessamment la
terreur sur les côtes espagnoles, d’où elles ramenèrent un
précieux butin de guerre.
Le successeur de Khayr ad-Din rendit le mal pour le mal aux
Chrétiens et les représailles dont il usa égalèrent celles du
grand capitaine mais ne les surpassèrent point.
L’insuccès de toutes les entreprises de l’Espagne semblait en
éloigner le retour quand le tyran prépara une autre expédition
contre Alger avec des moyens beaucoup plus nombreux que ce qui
avait été auparavant déployé. Les préparatifs furent tenus
secrets et ignorés de tous. Le tyran avait demandé et obtenu de
la république de Gènes un contingent de troupes et une escadre
de bâtiments de guerre et rien ne paraissait plus entraver
l’exécution de ce grand projet. Il monta donc à bord de son
meilleur vaisseau et peu de jours après, à l’heure de ‘Asr du
jeudi 28 du mois de Joumadah Akhir de l’année 948 de l’Hégire,
l’armada mouilla dans la rade d’Alger.
Les Algériens qui n’avaient jamais vu autant de navires furent
effrayés à l’approche de cette flotte imposante comparable à une
énorme et menaçante montagne. L’effroi gagna rapidement les
cœurs et Hassan Agha comprit qu’il n’y avait pas un instant à
perdre et que l’instantanéité pouvait sauver le pays. Il
convoqua à la fois les anciens, les notables, ainsi que les
‘Ulama d’Alger et s’adressa à la population pour relever les
courages et détruire l’effet qu’avait pu produire la présence de
l’armée ennemie : « Vous tous qui m’écoutez ici, leur dit-il,
auriez-vous oublié les victoires de ‘Arouj et de Khayr ad-Din
sur les armées chrétiennes ? Auriez-vous oublié leurs honteuses
défaites grâce à la miséricorde divine sur Ses serviteurs ? Ce
secours du Tout-Puissant ne vous faillira pas et croyez-moi, les
mécréants vont trouver le même sort qu’éprouvèrent leurs aïeux.
L’heure du Jihad a sonné ! Que tout défenseur de la foi se
relève et chasse de son âme la crainte puérile de la mort. Ne
connaissez-vous donc pas la promesse d’Allah Exalté ? Promesse
qui assure la place la plus élevée, la plus digne, à tous ceux
qui paieront de leur vie le bonheur de combattre dans Sa voie !
N’a-t-Il pas dit Exalté soit-Il : « Ne
pense pas que ceux qui ont été tués dans la voie d’Allah, soient
morts. Au contraire, ils sont vivants, auprès de leur Seigneur,
bien pourvus et joyeux de la faveur qu’Allah leur a accordée !
(Qur’an 3/169) »
Si nous sommes faibles et l’ennemi nombreux n’a-t-Il pas dit
aussi : « Combien de
fois une troupe peu nombreuse a, par la grâce d’Allah, vaincu
une troupe très nombreuse ! (Qur’an 2 :249) » Ainsi le
Tout-Puissant a dit, n’en doutez pas, Il est avec ceux qui ont
la foi et la patience. Vous connaissez Ses promesses : la
victoire ou le martyre ! Ainsi, plus de doute, notre devoir est
tracé, notre sort est écrit et c’est la mort dans l’un ou
l’autre cas.
L’homme qui meurt Shahid acquiert bien plus de mérite que celui
qui succombe à sa fin naturelle et le Messager d’Allah (Saluts
et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Le paradis est à
l’ombre des sabres. » Allah Exalté a voulu que le Jihad soit
dans notre pays et nous a gratifiés de cette immense faveur.
Bonne nouvelle à celui qui s’abreuvera de la coupe de la
Shahadah (martyr) ! Nous avons d’un commun accord défendu cette
province contre les attaques des ennemis et j’ai l’espoir que
nous la préserverons cette fois encore du fléau qui semble la
menacer d’autant plus que des renforts nous seront envoyés par
notre sultan et par Khayr ad-Din Pacha.
Ces paroles pleines d’ardeur produisirent un effet immédiat sur
toute l’assemblée qui, à l’exemple du peuple, courut à l’arsenal
se munir d’armes pour marcher au combat et tous s’adressèrent au
Très-Haut pour lui demander la victoire et la force de vaincre
l’ennemi de la religion.
Les forts furent sans délai équipés d’une bonne artillerie et
Hassan Agha désigna lui-même les postes que devaient occuper les
défenseurs de la ville ; de leur côté les Chrétiens impatients
d’en venir aux mains, opérèrent promptement un débarquement de
troupes et de matériel et élevèrent à la hâte leurs
retranchements.
Le tyran à la vue des défenses des Algériens dit à ses
compagnons : « Voyez avec quoi ils prétendent nous repousser et
nous empêcher de prendre la ville dont l’orgueil semble prêt à
s’abaisser devant nous. Cet homme n’est-il pas bien insensé
d’oser se mesurer avec moi, moi le souverain d’un grand empire,
entouré d’une immense armée ! Malheureux Algériens, ouvrez donc
les yeux sur le résultat infaillible de la lutte qui va bientôt
s’engager ! Revenez de votre aveuglement et qu’un chef
s’empresse de venir implorer sa grâce et celle de ses
concitoyens ! »
Le tyran jura alors sur les choses les plus sacrées de sa
religion qu’il démolirait Alger pierre à pierre et qu’il y
effacerait jusqu’à la dernière trace de l’Islam puis écrivit la
lettre suivante à Hassan Agha : « Toi qui oses me braver ainsi,
saches donc que tu n’es qu’un sujet, que dis-je ! Tu es le plus
simple parmi les plus simples des serviteurs de Barberousse ! Tu
as devant toi le tyran d’Espagne ! Ignores-tu que mes armes ont
soumis Tunis et Tunis est bien plus puissante qu’Alger. J’y suis
néanmoins entré avec l’aide de mon épée et l’ai quitté après
avoir chassé Barberousse, Barberousse ton seigneur et maître !
Détrompes-toi donc car sous peu, j’entrerai dans Alger à la tête
de mon armée, et si je ne puis m’en emparer sur le-champ, le
siège en sera maintenu tout l’hiver et si l’or diminue et que
mes troupes s’affaiblissent, mes états ne sont-ils pas là pour
m’en fournir de nouveau ? Toutefois je veux bien consentir,
avant de commencer les hostilités, à t’offrir le salut pour toi
et pour les tiens. Je te propose donc de capituler. Si tu
refuses, il n’y aura ni pitié ni grâce mais guerre et carnage !
Réfléchis bien à la détermination que tu vas prendre car si tu
persistes dans le refus de mes propositions, j’ordonnerai à tous
mes soldats de fondre ensemble sur la ville et ne pourrait plus
répondre alors des malheurs qui l’accableront ! »
L’envoyé espagnol se présenta devant Hassan Agha et lui remit la
lettre du tyran qu’il lit rapidement et dicta sur-le-champ la
réponse suivante : « Chien de Chrétien ! Tu n’es qu’un chien
parmi les chiens tes frères mais j’admire ton présomptueux
orgueil de vouloir subjuguer cette cité guerrière alors même que
tu as si honteusement échoué devant de misérables bicoques ! Si
par malheur pour toi notre maître, le sultan avait eu vent de ta
folle entreprise, tu serais bientôt son esclave et un Noir, un
simple noir suffirait seul pour te conduire à ses pieds ! Un
instant encore et tu assisteras à ta destinée car c’est en vain
que tu as réuni l’intégralité de tes forces, elles seront
insuffisantes. Il faut que tu sois insensé ou dépourvu du
moindre jugement pour t’exalter ainsi et te flatter d’un succès
qu’il convient d’obtenir avant tout. Je termine en te rappelant
qu’à deux reprises et ici vos efforts sont venus se briser
contre nous, que deux fois l’Éternel vous a noirci le visage et
que s’Il veut, les événements qui se préparent ne seront que la
répétition de ceux qui les ont précédés. »
Cette lettre cachetée et remise au parlementaire fût bientôt
entre les mains de l’tyran qui la parcourut avec une extrême
indignation. Aussitôt sur ses ordres, ce qui restait
d’artillerie fût débarqué,
les derniers préparatifs furent achevés et chacun se
disposa pour l’attaque.
De son côté Hassan Agha ne cessait de surveiller et d’activer
toutes les opérations. De l’avis de son conseil privé, il fût
décidé qu’on
attaquerait vigoureusement
l’ennemi et qu’on procéderait par surprise nocturne.
Six-cents hommes déterminés furent joints à mille cavaliers pour
former un corps d’élite chargé spécialement de cette entreprise
qui devait partir aux premières lueurs de l’aube et lorsqu’il
arriva, une des portes s’ouvrit et la petite troupe sortit de la
ville se dirigeant avec une extrême précaution vers le camp
ennemi. A l’approche du camp ennemi et au cri général d’Allahou
Akbar (Allah est grand), ils firent feu
simultanément. Les mécréants se réveillèrent en sursaut, se
jetèrent sur leurs armes mais leur surprise fût telle qu’ils
firent feu de toutes parts et s’entretuèrent mutuellement tandis
que le feu bien nourri des vaisseaux ennemis tonna. Les
Musulmans retournèrent dans la ville laissant l’ennemi si
consterné que le lendemain ils cherchaient encore à se
reconnaître.
La perte des Espagnols fût d’environ trois mille hommes et ce fatal coup ne fût pour eux que le sinistre présage d’un choc encore plus funeste dont la providence allait bientôt les frapper.
Au fur et à mesure que les troupes gagnaient la plage, elles
élevaient des retranchements pour l’installation de l’armée. Le
débarquement fut poussé par les Chrétiens avec une rapidité
étonnante et la mer devint noire de chaloupes et de sandales si
bien que les hommes pouvaient se transporter de terre à bord à
pieds secs, en marchant sur les radeaux, tant les sandales et
autres embarcations étaient rapprochées et fortement liées les
unes aux autres.
Ce fût donc dans la matinée du lundi que l’ennemi se mît en
mouvement. La campagne était entièrement couverte de ses hordes
et la population algérienne sous l’influence de terreurs
purement imaginaires et exagérées crût voir marcher
d’innombrables colonnes de fourmis.
Quatre mille chevaux composaient la cavalerie ennemie et
lorsqu’elle lanca l’attaque, elle fut vigoureusement repoussée
avec d’énormes pertes.
Les Algériens renfermés dans leur ville se battirent avec
désespoir et il est nécessaire de rendre ici justice à la
bravoure de Hajj Pacha, de Hajj Mami, à l’intrépidité du Qaïd
al-Akhdar et de Hajj Bakir qui combattirent avec la plus grande
témérité dans les environs de Ras Tafourah (Fort Bab ‘Azoun).
Les canons ne cessèrent de tonner de part et d’autre jusqu’à la
tombée de la nuit et cette même nuit, à l’approche de l’aube,
s’éleva une fameuse tempête qui repoussa en pleine mer tant de
navires désemparés. Le ciel se chargea de nuages épais d’où
s’échappèrent des torrents semblables à un déluge qui vint
couronner cette scène de désolation qu’Allah Exalté ordonna dans
Sa Toute Puissance pour protéger Ses serviteurs.
Suite à l’orage, plusieurs navires s’entrouvrirent, d’autres
sombrèrent au large et le reste vinrent se briser sur la côte.
Une terreur panique s’empara de tous les Espagnols et
particulièrement de ceux qui se trouvaient à terre qui se
retrouvèrent attaqués par l’ennemi et ne pouvant faire usage de
leurs armes mouillées, ils restèrent glacés d’épouvante et
anéantis.
En homme de guerre habile, Hassan Agha s’empressa de mettre à
profit l’avantage dont le ciel le favorisait pour opérer une
sortie générale et livrer bataille à l’ennemi toutefois, les
Chrétiens firent preuve dans cette sanglante journée d’un
courage et d’une intrépidité remarquables. Le Monarque chrétien
était entouré de sa garde impériale, forte de vingt-mille hommes
qui n’avaient pas encore pris part à l’action. L’armée des
croyants se précipita sur eux et en massacra un grand nombre.
Hassan Agha rassembla bientôt tous ses braves soldats et rentra
peu après dans la ville, drapeaux en tête. Les Chrétiens eurent
à regretter dans cette journée mémorable, la perte de
quatre-mille d’entre eux. Deux-cents Musulmans trouvèrent aussi
dans la mort la gloire et le bonheur d’avoir combattu pour la
cause d’Allah Exalté.
Le résultat funeste de la bataille découragea les rangs ennemis
et le froid, la pluie continue et la perte d’un grand nombre de
leurs bâtiments vinrent accroître leurs angoisses. Ils firent
alors de bien tardives réflexions sur la témérité de leur
entreprise et eurent à déplorer amèrement la position critique
où venait de les conduire la gloire chimérique de l’orgueil puis
à cela, vînt s’ajouter la pénurie complète de provisions de
bouche car dans leur sécurité presque aveugle, ils avaient
négligé de débarquer tous les vivres que renfermaient leurs
vaisseaux si bien qu’ils eurent à supporter les cruels effets de
leur imprévoyance et au bout de trois jours de souffrance, ils
furent réduits à se nourrir de la viande de leurs chevaux.
Quand le chef de l’armement réunit les débris échappés à la
tempête, il ne pût que contempler la position critique dans
laquelle se trouvaient l’armée et son tyran aussi conçut-il le
projet d’attaquer la ville du côté de la mer et essaya vainement
d’y pénétrer. Perdant tout espoir de succès, il se réfugia avec
les débris de sa flotte derrière le cap Matifou où la pluie et
les éléments déchainés continuèrent à l’assaillir.
Le tyran, découragé lui-même, ne contemplait pas sans effroi les
résultats de cette fatale défaite. Il dût reconnaître la main de
Dieu dans la perte de son armée et dans les souffrances qu’elle
endurait. Les rôles étaient changés désormais et d’assiégeant
qu’il était, il devint le véritable assiégé.
Dans ces conjonctures graves, il devait prendre une prompte
décision pour assurer le salut du reste de l’armée. Le camp,
l’artillerie et les bagages furent abandonné et la retraite
ordonnée vers le cap Matifou ou le tyran espérait trouver un
refuge à bord de ses vaisseaux rescapés qu’il avait vu se
diriger vers ce point. Toutefois, sa retraite n’était pas encore
à l’abri des coups des soldats de Hassan Agha et peu après la
déroute de l’ennemi, les Musulmans sortirent de la ville, firent
main basse sur tous ce qu’ils trouvèrent dans le camp abandonné
et atteignirent enfin le gros de l’armée chrétienne aux environs
de la rivière de l’Aratch que les pluies avaient prodigieusement
grossie. Le danger imminent, les Chrétiens se jetèrent dans la
rivière et gagnèrent l’autre rive non sans y avoir laissé un
grand nombre de leurs frères. Quant au tyran, il passa la
rivière sur un pont que l’on construisit avec les débris des
bâtiments naufragés.
Hassan Agha s’empressa de porter à la connaissance du sultan
tous les événements et le récit de la victoire qu’Allah Exalté à
Lui les Louanges et la Gloire avait accordée aux Algériens sur
les ennemis de la foi. Un de ses officiers s’embarqua sur une
galiote et fût chargé d’aller à Constantinople remettre ce
rapport au sultan. A son arrivée à Islamboul, l’envoyé se rendit
immédiatement chez Khayr ad-Din qui le présenta lui-même au
sultan et celui-ci satisfait de la conduite glorieuse d’Hassan
Agha, le nomma gouverneur d’Alger et lui envoya un caftan
magnifique avec sa nomination. Il lui fit passer également par
l’entremise de son ambassadeur, d’autres pelisses d’honneurs et
de fort riches présents destinés aux principaux personnages qui
s’étaient distingués dans cette circonstance. L’envoyé reçut
ainsi que sa suite des marques nombreuses de la munificence du
sultan.
Au retour de son envoyé, Hassan Agha assembla son conseil et lût
le firman impérial qui l’investissait du gouvernement d’Alger
puis revêtit le caftan qu’on lui avait envoyé et fit la
distribution des présents adressés par la cour de
Constantinople. Des actions de grâces pour la conservation des
jours du sultan achevèrent cette cérémonie.
Et Alger, semblable à une jeune mariée fraîche et heureuse, continua à jouir du bienfait de la sécurité dont le Tout Puissant l’avait dotée et désormais pour elle, il n’y avait plus d’ennemis. Cet événement mémorable fût connu du monde entier, depuis l’habitant des régions de l’Est jusqu’à celui des régions de l’Ouest.
La
terreur du nom Musulman répandit longtemps la crainte dans le cœur
des mécréants. C’est le jeudi 28 du mois de Joumadah Akhir de
l’année 948 de l’Hégire soit le 8 du mois de novembre 1541 que cette
horde de mécréants arriva en vue d’Alger. O Grand Seigneur fais
miséricorde au noble Hassan
Agha et ceux qui combattirent avec lui !
[1]
L’expédition est celle qui fût dirigée par Francisco de Vero
maître de l’artillerie espagnole. Le motif qui la fît
entreprendre était l’occupation d’Alger par les Turcs,
occupation qui avait amené la rupture de la trêve entre
cette ville et l’Espagne, suspendu le paiement du tribut
annuel, et menaçait journellement la garnison du Penon. Le
prétexte que l’on mit en avant, fût de rétablir dans le
gouvernement d’Alger le jeune Yahia, légitime successeur de
Salim Ibn at-Toumi, son père, que ‘Arouj avait mis à mort.
Le cardinal Ximenès qui avait fort à cœur la conquête des
États-Barbaresques, prépara l’équipement d’une flotte de
soixante à quatre-vingts voiles qui transportaient de huit à
dix mille hommes. Ces forces arrivèrent dans la baie d’Alger
le 10 septembre 1516. D’après les historiens espagnols (qui
cherchent toujours à justifier les pertes par d’odieux
mensonges comme tous leurs confrères d’Europe), Francisco de
Vero aurait commît la faute grave de partager ses troupes en
quatre corps, et d’attaquer la ville sur quatre points
différents ce qui est contredit par le texte. Les Turcs et
les Algériens triomphèrent facilement de ces forces ainsi
morcelées et la cavalerie de ‘Arouj fit un grand massacre
des fuyards lorsque la déroute commença à se déclarer. Peu
de soldats échappèrent au désastre ; leur chef lui-même
voyant la partie perdue abandonna son armée et se cacha avec
son fils dans les rochers sur la plage, et après y être
resté une partie de la journée il parvint à gagner un de ses
navires. Outre la faute capitale commise par Francisco de
Vero dans la disposition de son attaque, il eut tort de ne
pas réprimer le désordre et les excès auxquels ses soldats
presque tous de nouvelles recrues (zarma), se livrèrent
aussitôt après le débarquement ; car à peine à terre, un
grand nombre commença à se débander pour piller les maisons
de campagne qui avoisinaient la ville (à ne pas prendre pour
argent comptant car les historiens espagnols excepté l’un
d’entre eux, sont réputés pour avoir complètement falsifié
l’histoire en rapport avec les Musulmans et inventés des
contes pour redorer leur blason).
[2]
Louanges à Allah Exalté. Nous entendons exactement les même
propos dans la presse aujourd’hui !
[3]
Les succès obtenus par les Espagnols dans la province d’Oran
et notamment la victoire remportée par le marquis de Comarès
(commandant de la bataille) sur ‘Arouj, puisse Allah lui
faire miséricorde, qui périt sur le champ de bataille (lors
de la Bataille de Qal’ah Bani Rashid), laissèrent penser
Charles-Quint que le moment était favorable pour exterminer
les Barbaresques d’Alger. Une expédition fut donc envoyée et
confiée à Hugo de Moncade, le prince de Messine et vice-roi
de l’empereur en Sicile. Gonzalve Marius de Ribera lui fut
adjoint en qualité de chef de l’artillerie avec la mission
spéciale de diriger l’attaque de la ville ; mission
importante, qui le mettait en quelque sorte sur pied
d’égalité du général en chef cependant, ce partage maladroit
du pouvoir fût une des principales cause du désastre qui
termina cette entreprise (zarma !).
Voici ce que
rapportent les historiens espagnols : « Le 17 août 1518, la
flotte espagnole vint mouiller dans le fond de la baie
d’Alger. Elle se composait de trente navires, huit galères
et quelques brigantins de transport, et elle avait à bord
outre
quatre mille hommes de vieilles troupes
espagnoles, quelques renforts qu’elle avait successivement
recueillis dans ses relâches à Bougie et à Oran. Selon les
historiens espagnols Moncade s’empara le jour même du
débarquement d’une hauteur qui lui offrait une position
favorable, et il s’y fortifia avec quinze cents hommes ; il
voulut commencer immédiatement l’attaque de la ville ; mais
Ribera s’y opposa, disant qu’il fallait attendre l’arrivée
du contingent promis par le roi de Tilimsen, afin d’employer
ces Arabes auxiliaires contre la cavalerie indigène que
Khayr ad-Din pouvait leur opposer. Un conseil de guerre
assemblé pour traiter cette question discuta pendant sept
jours sans rien décider ; le huitième jour, un coup de vent
du nord jeta à la côte vingt-six navires de la flotte et
quatre
mille hommes se noyèrent. Dans ce naufrage
Moncade obligé à la retraite par un pareil désastre,
abandonna ses retranchements laissant derrière lui un
matériel immense, et descendit sur la plage pour se
rembarquer. Il fut suivi par les Turcs et les Arabes qui
tuèrent beaucoup de monde et firent un grand nombre de
prisonniers. Il parvint cependant à gagner ses navires avec
une poignée d’hommes qui échappèrent au massacre. Paul Jove
raconte que ce général avait à peine mis à la voile qu’une
autre tempête lui jeta plusieurs bâtiments à la cote et
fournit aux Algériens une nouvelle occasion de massacrer des
Chrétiens et de faire des esclaves. »
Surprenant n’est-ce
pas ? Si les quatre mille hommes ne noyèrent d’où viennent
donc les autres, « les quelques autres »
qui sont des milliers d’autres en fait ?
[4]
Le tyran Charles-Quint arriva le 19 octobre 1541 en vue
d’Alger amenant avec lui près de quarante mille hommes
répartis sur 65 galères et 451 bâtiments de transport soit
516 voiles. Le débarquement eut lieu le 23 et l’armée fit
mille pas environ et vint camper à un endroit appelé
al-Hammah. Cette circonstance fixe à peu près le lieu du
débarquement sur la plage qui est entre l’Aratch et
Hussein-Dey. Quant aux autres événements de cette mémorable
expédition ils sont racontés par le chroniqueur musulman
avec beaucoup de détails et plus d’exactitude qu’on n’en
trouve dans les historiens espagnols. Quant à la perte de
douze mille hommes que notre manuscrit attribue à l’armée
espagnole, elle n’est pas exagérée et MM. Sander, Rang et
Ferdinand Denis dans leurs notes sur la fondation de la
régence d’Alger citent le nombre d’environ dix- huit mille
hommes.