La guerre entre les Mourabitine et les Mouwahhidine
Lorsque l’émir ‘Ali Ibn Youssouf entendit parler de ces rapides et
inquiétants évènements, il décida de retourner rapidement au Maghreb
pour y faire face et y mettre fin. Il envoya un message au
gouverneur de Souss, Aba Bakr Ibn Muhammad al-Lamtouni, lui
ordonnant de lever une armée et de mettre fin à la menace d’Ibn
Toumart. Le gouverneur marcha aussitôt vers les montagnes d’Agliz et
Ibn Toumart informé de son arrivée se prépara en conséquence et
donna le commandement de son armée à ‘AbdAllah Ibn Mou’sin surnommé
al-Bashir, et au mois de Sha’ban de l’année 515 de l’Hégire (1121)
eut lieu une bataille ou les Mourabitine furent écrasés.
L’émir ‘Ali Ibn Youssouf prépara une nouvelle armée qu’il envoya
contre Ibn Toumart mais la peur (rou’b) pénétra leur cœur
avant de début de la bataille et les Mourabitine s’enfuirent avant
même de livrer bataille poursuivit par les Mouwahhidine qui
les tuèrent à volonté.
‘Ali
Ibn Youssouf ne se démoralisa pas et leva une troisième armée dont
il donna le commandement à Syr Ibn Mazdali al-Lamtouni qui fut
écrasée à son tour.
Les
nouvelles de ces défaites retournèrent les tribus berbères qui
rejoignirent en masse les Mouwahhidine pour se trouver du
côté des vainqueurs. Sur dix batailles décisives, les Mouwahhidine
en remportèrent huit et Ibn Toumart fut blessé au cours d’une des
deux batailles qu’il perdit. Néanmoins, en l’an 518 de l’Hégire
(1124), l’ensemble de la région de Souss était sous son contrôle.
Après
trois années passées dans les montagnes d’Agliz, Ibn Toumart décida
de prendre pour bastion la ville de Thimanlan qui se trouvait dans
les hauteurs de la montagne Daran du mont atlasique et à cent
kilomètres au sud-ouest de Marrakech. Puis Muhammad Ibn
‘Abdillah Ibn Toumart ordonna de construire une forteresse sur la
cime de la montagne Daran et de la ceindre d’une enceinte de la même
manière que sa précédente forteresse dans la montagne d’Agliz, avec
un accès extrêmement réduit qui surplomberait la ville de Thimanlan.
Comment réussit-il à prendre la ville fortifiée de Thimanlan ?
Les
habitants de cette ville était la puissante tribu d’Hizmirah ou
Hizmiratoul-Jabal parce qu’elle habitait dans la montagne de Daran
et les gens de Thimanlan étaient issus de cette tribu. Ils
envoyèrent un message à Ibn Toumart pour l’informer qu’ils
acceptaient sa doctrine et l’invitèrent à venir habiter dans leur
ville fortifiée et ce dernier saisit immédiatement l’occasion et
partit pour la ville avec ses partisans. Ils furent accueillit
chaleureusement par les habitants qui l’honorèrent et lui
renouvelèrent leur allégeance. Chaque Jour Ibn Toumart sortait de la
ville pour y rencontrer les habitants qui venaient naturellement
avec leurs sabres[1]
et à qui il demanda de ne plus sortir avec leurs armes pour
rencontrer les Mouwahhidine leurs frères qui eux même venaient sans
armes. Et sur le champ, les habitants de Thimanlan lui obéirent et
déposèrent leurs armes à ses pieds et repartirent sans elles.
Ibn
Toumart cherchait par tous les moyens à venir à bout de ces gens qui
l’avait appelé, honoré, soutenu et un jour, il leur fixa un
rendez-vous après avoir auparavant demandé aux Mouwahhidine
de dissimuler leurs sabres (souyouf), et lorsque les
habitants naïfs de Thimanlan vinrent, les Mouwahhidine les
massacrèrent jusqu’au dernier lors d’un terrible et sanglant
massacre ou 15.000 Musulmans furent tués de sang-froid, leurs femmes
violées, leurs propriétés saisies et partagés entre eux.
La
réponse à ma précédente question a trouvé ici sa réponse et
effectivement toutes les sectes ont en commun « la boucherie », vous
l’aurez deviné !
Jamais dans l’histoire des Mourabitine avons-nous entendu parler
d’un tel crime et ce n’est que le début des exactions des Mouwahhidine.
Muhammad Ibn ‘Abdillah Ibn Toumart, à l’égard de son frère le
‘Oubaydi juif ismaélien n’avait rien à lui envié tout compte fait et
il allait nous démontrer la perversité malsaine de sa réelle
personnalité ! Pourquoi n’était-il donc pas parti combattre les
mécréants s’il voulait le bien des Musulmans et là, se vérifia la
clairvoyance du Qadi de Marrakech qui avait mis en garde ‘Ali
Ibn Youssouf Ibn Tashfine contre lui et lui avait dit : « « Cet
homme ne cherche pas à approuver le bien et désapprouver le mal,
mais il veut humilier les gens courant et répandre la division pour
accéder au pouvoir ».
Muhammad
Ibn ‘Abdillah Ibn Toumart le machiavélique qui se fit appeler
al-Mahdi et qui pour arriver à ses fins utilisa la faiblesse de ses
frères, la naïveté des gens et tous les moyens pour y parvenir sans
aucun égard à leur licité. Mais, il est toujours plus facile de voir
les défauts des autres que les siens et Ibn Toumart aveuglé par ses
ambitions oublia de se faire la morale en premier et de désapprouver
son propre mal !
Pire
encore, il donnait l’exemple à suivre à ses partisans et vingt-cinq
années après, en l’an 543 de l’Hégire (1148), le massacre se répéta
quand, le successeur d’Ibn Toumart ou comme il le surnommait « amir
al-mou'minin » ‘Abdel Mou'min Ibn ‘Ali qui, lorsqu’il écrasa
certaines tribus berbères qui s’étaient rebellés contre lui, et
qu’il revint en vainqueur dans la capitale Marrakech fit comme son
maitre (saydouhou) et ordonna de tenir un conseil des Mouwahhidine.
Il
distribua aux Shouyoukh (pluriel de Sheikh) des Mouwahhidine,
des listes de noms appelés « jara'id al-ward wal i’tiraf »,
et demanda à ces brutes sanguinaires et aux chefs des tribus
d’exécuter (tanfid) ces listes sur lesquelles étaient
consignées tous les noms des opposants de ‘Abdel Mou'min Ibn ‘Ali et
de tous ceux qui doutaient des Mouwahhidine avec son ordre de tous
les tuer.
Voici
une partie du résultat terrifiant des ordres qu’ils exécutèrent et
furent tués :
1 –
Cinq-cents membres de la tribu d’Hizmirah, cette même tribu qui fut
massacrée par son maitre quelques décennies plus tôt.
2 –
Huit-cent hommes de la tribu de ‘Adrajah.
3 –
Six-cent hommes d’Iglih de la région de Souss.
4 –
Huit-cent hommes de la tribu Hahah.
6 –
Six-cent hommes de la tribu d’Injist[2].
7 –
Cinq-cents de la tribu de Jazoulah.
8 –
Huit-cent hommes de la tribu de ‘Asfourah (ou ‘Asqourah). Sachant
que deux-mille-cinq-cents hommes de la tribu de cette même tribu
furent tués lorsque les Mouwahhidine les attaquèrent.
9 –
Cinq-cents hommes de la tribu de Tadillah.
10 -
Mille hommes des tribus de Sanhadja et Jirawah.
11 –
Six-mille hommes de Zenâta, la tribu de ‘Abdel Mou'min.
12 –
Douze-mille hommes des tribus des Bani Maqoud et de Sarbouwah.
13 -
Mille hommes de la tribu de Ghoumarah.
14 –
Six-cent homme de la tribu (ou la ville) de Doukkalah.
15
Huit-cent hommes de la tribu de Haylanah.
16 –
Six-cent hommes dans la ville de Tamisnah.
17 -
Mille hommes de la tribu de Bourghwatah.
18 –
Deux-cents-cinquante hommes des tribus de Malikah de d’Azrajah.
19 –
Cent-cinquante hommes de la tribu de Loudja’ah et,
20 –
Six-cents hommes de Dar’ah.
Quel
dogme justifie autant de mort ? Il ne fait aucun doute que c’était
un homme sanguinaire et qu’il dut lire l’histoire ou entendre parler
du ad-Da’i al-‘Oubaydi juif tant il existe de similitude entre les
deux groupes.
Quel
différence entre les Mourabitine qui combattait pour la suprématie
de « la ilaha illallah » (il n’y a de divinité qu’Allah), qui
obéissait au Califat Abbasside à Bagdad et si vous vous rappelez que
Youssouf Ibn Tashfine ne prit jamais le titre d’Amir al-Mou'minin !
En
fait ‘Abdel Mou'min Ibn ‘Ali l’« amir al-mou'minin » aurait
plutôt du prendre le titre de « jazzar al-mou'minin » (le
boucher des croyants) ou « safah al-mou'minin ».
Il ne
va sans dire qu’un grand nombre de Musulmans ont de l’admiration
pour les Mouwahhidine juste parce qu’ils portent ce nom et
sans même connaitre leur histoire mais ils ne sont pas les seuls, en
effet un certains nombres d’historiens leur ont trouvé des
circonstances atténuantes et ont rapporté que ces massacres étaient
nécessaires pour établir les piliers de son état ! Si de tels
massacres sont nécessaires pour établir n’importe quel état je leur
dis : qu’ils périssent donc !
Que
cela plaise ou non, nous ne sommes pas là pour cacher ou taire
l’histoire mais c’est un devoir pour nous de la rapporter aussi
véridiquement que l’on rapporté nos historiens.
Et
l’histoire des Mouwahhidine est infiniment triste et longue
et nous ne pouvons pas la rapporter complètement, ce livre n’étant
qu’un abrégé nous continuons donc à résumer les événements.
Le
conflit entre les Mouwahhidine du Mahdi Infaillible (al-ma’soum)
et les Mourabitine ne pouvait, tout compte fait, que servir les
intérêts des croisés et des ennemis de l’Islam et causer du tort aux
Musulmans. Certes du fait que les Mourabitine se laissèrent aller
aux plaisirs de ce monde et du laisser-aller de leurs dirigeants qui
vinrent après Youssouf Ibn Tashfine et qui n’étaient plus comme les
premiers Mourabitine du désert durs et forts qui avaient vécu dans
la difficulté, et aussi parce qu’ils délaissèrent la menace d’Ibn
Toumart, le mouvement de ce dernier se répandit rapidement.
La supériorité du bédouin sur le sédentaire
Avant
de revenir sur notre sujet je voudrais vous citer un passage du
livre « al-Mouqaddimah » (l’introduction) de l’historien Ibn
Khaldoun[3],
un livre extrêmement intéressant qui a été traduit en français sous
le titre « Discours sur l’Histoire Universelle ». L’auteur démontre
la supériorité du bédouin sur le sédentaire dans un grand nombre de
domaines et je témoigne, par expérience, de la véracité de ses
propos. Il dit :
« Les
Bédouins sont plus braves que ceux des villes.
Les
habitants des villes, s’étant livrés au repos et à la tranquillité,
se plongent dans les jouissances que leur offrent le bien-être et
l’aisance, et ils laissent à leur gouverneur ou à leur commandant le
soin de les protéger en leurs personnes et leurs biens. Rassurés
contre tout danger par la présence d’une troupe chargée de leur
défense, entourés de murailles, couverts par des ouvrages avancés,
ils ne s’alarment de rien, et ils ne cherchent pas à nuire aux
peuples voisins. Libres de soucis, vivant dans une sécurité
parfaite, ils renoncent à l’usage des armes, et laissent après eux
une postérité qui leur ressemble. Semblables aux femmes et aux
enfants, qui sont à la charge du chef de la famille, ils vivent dans
un état d’insouciance qui leur est devenu une seconde nature.
Les
Bédouins au contraire, se tiennent éloignés des grands centres de
population; habitués aux mœurs farouches que l’on contracte dans les
vastes plaines du désert, ils évitent le voisinage des troupes
auxquelles les gouvernements établis confient la garde de leurs
frontières, et ils repoussent avec dédain l’idée de s’abriter
derrière des murailles et des portes; assez forts pour se protéger
eux-mêmes, ils ne confient jamais à d’autres le soin de leur défense
et, toujours sous les armes, ils montrent, dans leurs expéditions,
une vigilance extrême. Jamais ils ne s’abandonnent au sommeil,
excepté pendant de courts instants dans leurs réunions de soir, ou
pendant qu’ils voyagent, montés sur leurs chameaux; mais ils ont
toujours l’oreille attentive afin de saisir le moindre bruit du
danger. Retirés dans les solitudes du désert et fiers de leur
puissance, ils se confient à eux-mêmes et montrent par leur conduite
que l’audace et la bravoure leur sont devenues une seconde nature. A
la première alerte, au premier cri d’alarme, ils s’élancent au
milieu des périls, en se fiant à leur courage. Les citadins qui vont
se mêler à eux, soit dans le désert, soit dans les expéditions
militaires, leur sont toujours à charge, étant incapables de rien
faire par eux-mêmes, ce dont on peut s’assurer de ses propres yeux.
Ils ignorent la position des lieux et des abreuvoirs; ils ne savent
pas à quels endroits les chemins du désert vont aboutir. Cette
ignorance provient de ce que le caractère de l’homme dépend des
usages et des habitudes, et non pas de la nature ou du tempérament.
Les choses auxquelles on s’accoutume donnent de nouvelles facultés,
une seconde nature, qui remplace le naturel inné.
Examinez ce principe, étudiez les hommes, vous reconnaîtrez qu’il
est presque toujours vrai. Les prolégomènes d’Ibn Khaldoun ». Fin de
citation.
Ceci
est une éclatante vérité sur la différence entre les sédentaires et
les Bédouins et de la supériorité de ces derniers qui furent aussi
les premiers hommes de l’Islam vous comprendrez donc pareillement la
supériorité de l’Islam.
Le machiavélisme d’Ibn Toumart
A
Thimanlan, Muhammad Ibn ‘Abdillah Ibn Toumart se prépara pour
la troisième étape de son conflit contre les Mourabitine et prépara
un autre plan machiavélique.
Il
avait demandé depuis quelques temps à Abi Muhammad Ibn
‘Abdillah Ibn Mouhsin ash-Sharishi, surnommé al-Bashir, de
feindre le laisser aller, la faiblesse, la lâcheté et de s’écarter
des gens et ne plus parler. De dire aux gens qu’il était devenu
paresseux et qu’il dormait beaucoup, de leur montrer qu’il ne savait
pas bien lire ni même écrire et encore moins capable de monter à
cheval, soit en d’autre terme, qu’il était un bon à rien !
Mais
en secret Ibn Toumart s’était occupé de son éducation et lui avait
fait mémorisé le Qur’an. Il avait conclu ce plan, qui allait
réussir, afin de découvrir et se débarrasser des gens qui lui
étaient opposé parmi les chefs et les tribus qui lui étaient
soumises.
Muhammad
Ibn ‘Abdillah Ibn Toumart avant de se rendre dans la montagne, avait
demandé à ses partisans d’appeler à son mouvement l’ensemble des
gens durant son absence et de leur poser la question pour savoir
s’ils pensaient qu’il était bien le Mahdi Infaillible. Puis, il
avait ordonné à Abou Muhammad al-Bashir de scruter parmi les
gens qui était croyant (mou'min) et qui était mécréant (kafir) !
O
cher et bien aimé Prophète Muhammad (Saluts et bénédictions
d’Allah sur lui) que tu nous manque ! Les gens ont vraiment déviés
loin de ta voie, moi le premier !
Un
jour Ibn Toumart fit réunir les gens et leur dit : « Vous n’êtes pas
sans savoir qu’Abou Muhammad n’est bon à rien (la yaslah
li chay'in abadan) mais Allah en a fait un annonciateur (moubashshiran)
et un familier de (mouttali’an) vos secrets (israrikoum)
» et à ce moment, le soit disant bon à rien, Abi Muhammad Ibn
‘Abdillah Ibn Mouhsin ash-Sharishi, surnommé al-Bashir,
arriva en récitant le Qur’an ce qui stupéfia les gens qui le
croyaient vraiment illettré et idiot ! Comment cet homme pouvait-il
aussi bien lire le Qur’an, un miracle ?
Il
leur lut le Qur’an durant quatre jours puis il monta un
cheval et apparut être un cavalier hors pair alors qu’auparavant
quand il était incapable d’enfourcher une monture et tombait à
chaque fois ! Les pauvres gens allaient de surprises en surprises.
Puis Ibn Toumart leur dit : « Ce Bashir connait ce que vous cachez
en vous-même et notre groupe de Mouwahhidine cache un certain
nombre d’hypocrites que seul lui connait ».
Ces
pauvres gens ayant une confiance aveugle en Ibn Toumart et sachant
qu’il était le Mahdi Infaillible ne doutèrent pas un instant de ses
propos et appliquèrent avec la plus grande rigueur ses ordres.
Un
jour, Abi Muhammad Ibn ‘Abdillah Ibn Mouhsin
ash-Sharishi, surnommé al-Bashir sortit parmi le peuple et commença
à mettre des gens sur sa droite qu’il appela « les gens du paradis »
et d’autres sur sa gauche, qu’il appela « les gens de l’enfer » et
ceux de l’enfer était bien évidemment ceux qu’Ibn Toumart voulait se
débarrasser. Et parce c’était la volonté d’Ibn Toumart, « les gens
de l’enfer » se frappèrent la poitrine et se congratulèrent de joie
d’être sacrifiés ! Notre communauté fut vraiment durement
éprouvée par les gens comme lui ! Et il n’y a de force et de
puissance qu’en Allah !
Les
gens se chargèrent joyeusement et fièrement de leurs exécutions, le
père tua son fils, le frère égorgea son frère, le fils tua son père
et ainsi de suite.
La mort d’Ibn Toumart et la ruse de ‘Abdel Mou'min Ibn ‘Ali
al-Qoumi
Un
certain nombre de batailles eurent lieu entre les Mourabitine et les
Mouwahhidine au profit de ces derniers.
En
l’an 524 de l’Hégire (1129) Ibn Toumart qui était malade demanda à
son armée, sous le commandement de ‘Abou Muhammad al-Bashir,
de prendre Marrakech que les Mouwahhidine assiégèrent. L’émir
‘Ali Ibn Youssouf In Tashfine sortit à leur rencontre et proche de
la banlieue de la ville, eut lieu la Bataille de Bouhayrah ou
les Mourabitine écrasèrent les Mouwahhidine et tuèrent 40000
d’entre eux. Seuls environ quatre-cent réussirent à s’échapper et
leur commandant ‘Abou Muhammad al-Bashir trouva aussi son
destin. Comme son corps ne fut pas retrouver, les Mouwahhidine
affirmèrent que son corps avait été élevé aux cieux, on n’est pas
chez eux à une innovation (bid’a) prêt !
Mais
la vérité c’est que ‘Abdel Mou'min l’enterra aussitôt qu’il le
trouva et voulut surtout se moquer de ces pauvres hères. Il fut
lui-même blessé lorsqu’il tenta de se retirer avec les survivants à
Thimanlan et lorsqu’Ibn Toumart fut informé des déboires de son
armée, une infinie tristesse le gagna ainsi que la fièvre et il
mourut quelques jours plus tard au mois de Ramadan de cette même
année et fut enterré dans la même ville.
Lorsque Ibn Toumart décéda, ‘Abdel Mou'min Ibn ‘Ali al-Qoumi lui
succéda et garda durant trois année le secret sur la mort de son
prédécesseur.
En
l’an 527 de l’Hégire (1132), la mort d’Ibn Toumart, le soit disant
al-Mahdi al-Ma’soum, fut annoncé et ‘Abdel Mou'min Ibn ‘Ali
dut trouver une ruse pour que les Shouyoukh des Mouwahhidine
lui porte allégeance.
Il
enseigna secrètement à un oiseau qui imite les voix (un perroquet ?)
et qui répète ce qu’il entend, la phrase : « la déférence et la
stabilité pour le califat de ‘Abdel Mou'min l’émir des croyants » (al-‘iz
wal-tamkin lil khalifah ‘abd al-mou'min amir al-mou'minin) et il
dressa aussi secrètement un lionceau (shibl) à s’assoir près
de lui et à ne bouger
que sur un signe (isharah) de lui.
Puis,
‘Abdel Mou'min invita les Sheikhs des Mouwahhidine à son
conseil (majlissihi) et leur demanda qui ils voyaient pour la
succession d’Ibn Toumart tandis que le perroquet répétait ce qu’il
avait appris et que le lionceau était assis près de lui. Lorsqu’ils
virent ceci, ils lui portèrent tous allégeance et il utilisa cette
ruse pour parvenir à ses fins exactement comme avant lui son maître
Ibn Toumart pour tromper ces pauvres gens niais et avant lui,
‘AbdAllah ash-Shi’i qui appelait aux ismaéliens et qui se moqua de
la tribu de Qoutamah en utilisant lui-même une ruse pour les
convaincre.
Ces
hommes n’avaient-ils donc pas de conscience (‘ouqoul), ni de
pitié ? Non, pas du tout, il ne faut pas avoir de pitié pour
parvenir à ses fins surtout quand elles sont diaboliques et que l’on
est soi-même un diable ! Sans quoi Iblis se serait prosterné devant
Adam (paix sur lui) !
Mais
pire dites-moi ! Peut-on être stupide à ce point pour suivre de
telles aberrations ? Certainement oui si l’on n’est pas éduqué, d’où
l’importance capitale de l’éducation en Islam. Hélas 90 %, de la
population mondiale reste des ignorants prêts à gober n’importe quoi
et ce dans toutes les nations. C’est pourquoi, ils sont exploités et
manipulés sans aucun scrupule par ceux qui sont au-dessus d’eux qui
font d’eux ce qu’ils veulent. Ils les envoient même combattre à leur
place en leur bourrant le crane avec des inepties. Ces gens ne se
sont-ils jamais posé la question, pourquoi ceux-là même qui leur
demandent d’aller combattre ne sont-ils pas les premiers à y
aller pour monter l’exemple ? C’est que l’idiotie à des profondeurs.
N’ont-il pas connu ce Hadith du Messager d’Allah
(Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) qui a dit : « Il n’y a
pas d’obéissance dans la désobéissance à Allah » !
‘Abdel Mou'min Ibn ‘Ali al-Qoumi az-Zinnati al-Barbari
‘Abdel Mou'min Ibn ‘Ali al-Qoumi az-Zinnati al-Barbari, et comme les
ismaéliens, pour paraitre plus authentique et tirer bénéfice de la
renommée, s’inventa aussi des racines arabes de la tribu des Bani
Soulaym al-Moudariyah et qu’il descendait de la famille du Prophète
(Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) du côté de sa grand-mère
Kanounah Bint Idriss Ibn Idriss !
Et
d’après les Sheikhs des Mouwahhidine, Kanounah Bint Idriss
Ibn Idriss Ibn ‘AbdAllah Ibn Qassim Ibn Muhammad Ibn Hassan
Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait d’eux), aurait été
la grand-mère de sa mère Ta’lou Bint ‘Attiyah.
Son
choix de la tribu des Bani Soulaym était clairvoyant car comme vous
le savez car nous l’avons déjà mentionné, les bédouins qui vinrent
de la Péninsule Arabique (jaziratoul-‘arab), puis de Syrie,
puis d’Egypte puis qui furent envoyé en Ifriqiyah par Yazouri,
étaient effectivement des Bani Hilal et des Bani Soulaym.
Je
voudrais faire une parenthèse à cette occasion, pour vous informer
que la plupart des historiens qui se sont penché sur le sujet des
Mouwahhidine ont donné à Ibn Toumart une ascendance au
Prophète Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).
Pour
en revenir au conflit entre les Mouwahhidine et les
Mourabitine, ‘Abdel Mou'min Ibn ‘Ali attendit une année et demi
après que les gens lui ait porté allégeance durant laquelle, il
réorganisa les affaires de son mouvement avant de reprendre son
combat contre les Mourabitine.
Il
prétexta que les Mourabitine étaient incapables de s’occuper des
affaires du Tawhid (Unicité Divine) et de l’enseigner
correctement aux gens et qu’à cause d’eux les pensées des Musulmans
étaient corrompues, la charité qui se fiche de la misère comme vous
le voyez !
Il
affirma aussi que les Mourabitine n’étaient pas préoccupés par
l’enseignement du vrai Tawhid aux gens ni même soucieux de
procéder à sa purification. Et que si les Mourabitine étaient
incapables de le faire, c’est qu’ils n’étaient donc pas dignes de
diriger les gens. Que lui et son groupe était ceux qui méritait le
plus de commander les Musulmans puisque leur but était de clarifier
le Tawhid et de l’enseigner aux gens en les égorgeant.
Il
est utile de préciser qu’il y avait des affaires plus urgentes et
que si ‘Abdel Mou'min Ibn ‘Ali aimait vraiment le Jihad
pourquoi n’est-il pas allé combattre les ennemis d’Allah ou au moins
apporter son aide aux Mourabitine dans leurs efforts et ensuite
dialoguer avec ces derniers pour trouver un terrain d’entente. Cela
aurait été plus juste que de lutter contre les Mourabitine et éviter
des milliers de victimes. Le risque de la chute de l’Andalousie et
la protection de ses Musulmans n’étaient-ils pas plus urgent ?
Et
les Mourabitine étaient juste en cela ! Il fallait stopper la menace
!
Créer
un autre groupe et lutter contre celui en place revenait à le
poignarder dans le dos. Et vouloir faire tomber cet état, qui malgré
ses faiblesses, dirigeait par les lois du Qur’an et de la
Sounnah était une erreur et nous allons voir le résultat.
Allah
Exalté dit dans Son livre : « Ô les croyants! Obéissez à Allah,
et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent le
commandement. Puis, si vous vous disputez en quoi que ce soit,
renvoyez-là à Allah et au Messager, si vous croyez en Allah et au
Jour dernier. Ce sera bien mieux et de meilleur interprétation (et
aboutissement)[4] ».
Ce
verset est la preuve de l’obligation qu’il faut obéir à ceux qui
détiennent le commandement tant qu’ils appliquent la Loi d’Allah
Exalté. S’ils ne l’appliquent pas, il n’y a aucune obligation à leur
obéir. Or les Mourabitine, même s’ils ne désapprouvaient pas le mal,
appliquaient toutefois la Shari’ah islamique.
L’Imam
Mouslim a rapporté dans son Sahih ces Ahadith :
Le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit :
« Quiconque est dirigé par un gouvernant qu’il voit commettre un
péché quelconque, qu’il désapprouve ce péché sans qu’il ne retire sa
main de son obéissance ». Or Ibn Toumart et les Mouwahhidine
renièrent leurs allégeances aux Mourabitine.
Il
(Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Quiconque
cesse d’obéir au gouvernant, se met à l’écart de la communauté, puis
meurt, mourra d’une mort préislamique ». Ibn Toumart se mit non
seulement à l’écart de la communauté mais pire combattit les
Mourabitine.
Et il
(Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit aussi : « Toute
personne doit écouter et obéir dans les choses qu’elle aime et
qu’elle déteste, sauf s’il lui est ordonné le péché, dans ce cas pas
d’écoute, ni d’obéissance ». Les Mourabitine ont-ils ordonné des
péchés ?
Et
comme preuve de combattre les gouverneurs qui ne jugent pas par ce
qu’Allah Exalté a révélé, ou les apostats, ‘Oubadah Ibn as-Samit
(qu’Allah soit satisfait de lui) a rapporté que le Messager d’Allah
(Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « le Prophète
(Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) nous a fait prêter serment
d’écouter et d’obéir dans ce que nous aimons et détestons, ce qui
nous est facile et difficile, et de ne pas contester le pouvoir à
ceux qui le détiennent. Puis il (Saluts et Bénédictions d’Allah sur
lui) dit : « Sauf si vous voyez un acte d’incroyance clair et
évident dans lequel vous avez une preuve de la part d’Allah ».
Et les Mourabitine appliquaient les lois d’Allah à Lui les Louanges
et la Gloire, combattaient les mécréants et n’étaient pas des
apostats.
La fin du règne des Mourabitine et le début du règne des
Mouwahhidine
‘Abdel Mou'min Ibn ‘Ali al-Qoumi prit donc la succession des Mouwahhidine
et il allait combattre les Mourabitine des années durant.
La
lutte et les combats se poursuivirent, au Maghreb, sans discontinuer
de l’année 524 à 540 de l’Hégire (1125 à 1145) et ces batailles
successives empêchèrent les Mourabitine de se consacrer pleinement à
la menace des croisés en Andalousie. Si cela n’avait été pas le cas,
ils auraient pu contenir et éliminer la menace de manière définitive
puisque toutes leurs armées étaient disponibles pour ce but.
Ces
combats entre les Mourabitine, les croisés et les Mouwahhidine
affaiblirent Tashfine Ibn ‘Ali Ibn Youssouf Ibn Tashfine qui n’avait
pas la force de ces ancêtres et ne pouvait pas faire face à tous les
fronts.
En
l’an 526 de l’Hégire (1127), ‘Abdel Mou'min Ibn ‘Ali à la tête de sa
grande armée réussit à capturer la forteresse de Tazagourt puis il
marcha sur Dar’ah qu’il prit aussi avant de revenir à Thimanlan.
Cette
même année les Mouwahhidine prirent la forteresse stratégique
de Tazguimout dont ils enlevèrent les lourdes (dakhmah)
portes en acier pour les mettre dans leur bastion de Thimanlan qui
était la capitale des Mouwahhidine.
Puis
ils capturèrent les forteresses des Mourabitine, les unes après les
autres et prirent la ville de Taroudant en l’an 528 de l’hégire
(1133)
En
l’an 533 de l’Hégire (1138), la tribu de Jazoulah Sanhadja, qui fut
jadis le fer de lance des Mourabitine avec les tribus de Lamtounah
et de Jidalah, rejoignit leur rang des Mouwahhidine.
En
l’an 535 de l’Hégire (1140), ‘Abdel Mou'min Ibn ‘Ali appela au
combat des Mourabitine et ses partisans vinrent de tout le Maghreb
et à la tête d’une immense armée attaqua les Mourabitine durant de
longues années jusqu’à la mort de l’émir des Musulmans ‘Ali Ibn
Youssouf Ibn Tashfine à Marrakech, au mois de Rajab de l’année 537
de l’Hégire (1142). Tashfine Ibn ‘Ali, revenu d’Andalousie ou il
combattait les croisés, prit sa succession tandis que quelques temps
auparavant, un grave différent éclata entre les tribus de Masfoufah
et de Lamtounah qui poussa la puissante tribu de Masfoufah à
rejoindre les rangs des Mouwahhidine, Masfoufah qui avait été
aussi un des tribus clef et alliées des Mourabitine.
La
guerre se poursuivit entre les Mourabitine, dont une grande partie
des armées se trouvaient en Andalousie, et les Mouwahhidine
mais toujours au profit de ces derniers.
Il y
avait dans l’armée des Mourabitine, un groupe de braves chrétiens
qui combattaient courageusement à leur côté et que les Musulmans
appelaient « Jound Roum », les soldats romains qui étaient
commandés par un noble espagnol de Barcelone du nom de Roberto que
les Musulmans appelaient Abartir ou Roubartir. Cet homme avait eu un
différend avec le gouverneur de Barcelone et avec son armée s’était
rendu au Maghreb pour combattre aux côtés des Mourabitine. Lorsqu’il
était arrivé à Marrakech, ‘Ali Ibn Tashfine l’avait invité à prendre
le commandement des gardes chrétiens du palais que son père avait
acheté d’Andalousie et dont il en avait fait sa garde personnelle.
Roberto ou le comte Roberto joua un grand rôle dans le conflit entre
les Mourabitine et les Mouwahhidine et il fut tué en l’an 539
de l’hégire (1144) lors d’une bataille contre ces derniers.
Lorsqu’il fut tué, les soldats chrétiens du palais quittèrent leur
fonction et retournèrent en Andalousie à Tolède et se mirent au
service du roi de Castille Alfonsh VII.
Aucune différence entre les khawarije et les Mouwahhidine
Le
violent conflit se poursuivit et les Mouwahhidine à la tête d’une
immense armée assiégèrent la ville de Wahran près de la mer (Oran en
Algérie) ou se trouvait l’émir des Mourabitine Tashfine Ibn ‘Ali.
Ils incendièrent les environs de la forteresse et Tashfine Ibn ‘Ali
sortit de la forteresse en compagnie de trois compagnons la nuit
venue pour échapper au siège mais il tomba avec sa monture dans un
fossé et mourut sur le champ et au matin, les Mouwahhidine
trouvèrent sa dépouille dont ils tranchèrent la tête (qath
rassihi) et crucifièrent le corps (salabou al-jouththah)
avant de l’envoyer à Thimanlan où il fut accroché à un arbre près de
la mosquée.
Puis,
le Sheikh Abou Hafs, et rappelez-vous son nom Abou Hafs
‘Omar Ibn Yahya al-Imtati, prit d’assaut avec son armée
Wahran, le jour de l’‘Id al-Fitr de l’année 539 de l’Hégire (1144),
et tua tous les habitants de la ville lors d’un terrible massacre
vengeur contre les Mourabitine, les Mourabitine dont la
préoccupation principale étaient de lutter contre les croisés
d’Andalousie pour protéger les Musulmans contre leurs exactions et
les Wathaniyine en Ifriqiyah. Quels crimes avaient-ils donc commis
pour mériter cela ?
Vraiment je ne trouve aucune circonstance atténuante à ces Mouwahhidine
que je déteste en Allah, si vous voulez mon avis personnel ! Je me
demande même comment certains historiens ont pu trouver leur trouver
des qualités et pire se taire sur tous leurs crimes ! Et il m’est
vraiment pénible de rapporter tous ces évènements mais je dois
continuer mon travail sachant qu’eux même trouveront bientôt leur
fin. Je ne prends la défense de personne mais rapporte
consciencieusement les faits. J’ai mes propres opinions qui n’ont
rien à voir avec l’Histoire et il ne fait aucun doute que je préfère
les Mourabitine.
Quel
est donc ce Tawhid dont ils se vantent alors que je ne vois
que des exactions de khawarije ardents
à jeter la mécréance sur les Musulmans mais répugnants à
combattre les mécréants.
Lorsque les Mourabitine de Tilimsen furent informés de l’horrible
massacre, ils quittèrent aussitôt la ville, par crainte de ce qui
pourrait leur arriver, pour Fès et d’autres villes. Et parmi eux se
trouvait l’émir Yahya Ibn Abi Bakr Ibn ‘Ali Ibn Youssouf Ibn
Tashfine surnommé as-Sahraoui. Lorsqu’il arriva à Fès, il
prépara ses forces pour la défense de la ville et, comme les
khawarije et les ismaéliens, il était dans l’habitude de ces
criminels (moujrimine) fanatiques (mouta’asibine) qui
se surnommèrent à tort les Mouwahhidine, de tuer
systématiquement et sans exception tous les mâles (yaqtouhou
ar-rijal), de violer les femmes musulmanes (yassoubou nissa
al-mouslimin).
Quelle différence entre les Mouwahhidine et les khawarije ? Les
Mouwahhidine jetaient la mécréance sur tous ceux qui refusaient
d’adhérer à leurs principes et alors ils leur devenaient licites,
leurs biens, leurs sangs et leurs honneurs. Et d’ailleurs,
lorsqu’ils apparurent, les Mourabitine les appelèrent
al-Khawarije. Mais en vérité les Mouwahhidine étaient
bien plus pire que ces derniers.
La chute de Fès et de Marrakech et les massacres qui
s’ensuivirent
Après
la mort de Tashfine Ibn ‘Ali, il fut porté à Marrakech, allégeance à
son fils Ibrahim Ibn Tashfine Ibn ‘Ali Ibn Youssouf Ibn Tashfine qui
était alors âgé que de seize ans.
En
l’an 540 de l’Hégire (1145), les Mouwahhidine assiégèrent Fès et
après neuf mois de siège coupèrent les voies d’eau qui alimentaient
la ville pour tuer les gens de soif. Puis peu de temps avant
l’assaut, Yahya Ibn Abi Bakr as-Sahraoui réussit à
quitter la ville avec un groupe de ses compagnons et se dirigea vers
Tanger. Lorsque les Mouwahhidine entrèrent enfin dans la ville, ils
massacrèrent encore une fois toutes les créatures vivantes.
‘Abdel Mou'min Ibn ‘Ali marcha alors sur Maknassah qu’il prit de
même ainsi que la ville de Salah avant de parvenir devant la
capitale des Mourabitine à la tête d’une innombrable force au mois
de Mouharram de l’année 541 de l’Hégire (1146), qu’ils
assiégèrent durant neuf mois au cours desquels 120.000 Musulmans
moururent. Puis, au mois de Shawwal de l’année 542 de l’Hégire, ils
capturèrent Marrakech la capitale des Mourabitine.
Tous
les hommes de la ville furent capturés et emmenés prisonniers au
camp de ‘Abdel Mou'min Ibn ‘Ali à l’extérieur de la ville et la
ville de Marrakech, la forteresse de l’Islam contre les croisés, fut
laissée durant trois jours aux soldats de son armée et point n’est
pas la peine de vous décrire le « Tawhid d’Ibn Himart
Tahoudit al-Haragui » qu’ils mirent en application.
Louanges à Allah (soubhanallah) ! Combien étaient-ils
loin du sublime Tawhid miséricordieux que nous apporta
le Prophète al-Hashimi al-Qourayshi Muhammad Ibn
‘Abdillah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).
Seules soixante-dix personnes survécurent au massacre de la plus
grande ville du Maghreb de l’époque après que le diable ‘Abdel
Mou'min Ibn ‘Ali eut ordonné à ses soldats d’y prendre leurs aises !
Quant
aux prisonniers qui furent emmenés dans le camp de ‘Abdel Mou'min
Ibn ‘Ali, ils furent tous égorgés. Lorsque le jeune émir Ibrahim Ibn
Tashfine Ibn ‘Ali Ibn Youssouf Ibn Tashfine fut présenté à
‘Abdel Mou'min, il lui dit :
- « O
émir, je n’ai rien à voir dans toute cette affaire ! » Talhah
son servant lui dit alors :
- « O
Ibrahim, as-tu déjà vu un roi se justifier devant un roi comme
celui-là ? Tu es un roi ne t’humilie pas ! »
Lorsque le brave (shouja’) Qaïd Syr Ibn Hadj
qui était aussi prisonnier entendit la réplique de Talhah, il
se leva et cracha à la figure d’Ibrahim et lui dit :
-
« Patiente comme un homme ».
Le
seul atome de pitié qui se trouvait dans le cœur de ‘Abdel Mou'min
Ibn ‘Ali s’émut lorsqu’il assista à cet échange verbal et fut « sur
le point » de pardonner au jeune émir de seize ans mais Abou al-Hassan
Ibn al-Wadjaj des « Ahl Khamsine », la famille des cinquante,
vous avez cette deuxième hiérarchie dans la pyramide des Mouwahhidine,
qui avait déjà égorgé de ses propres mains un grand nombre de chefs
et des nobles des Mourabitine lorsqu’il vit cette faiblesse humaine
de son maitre, se mit à crier : « ‘Abdel Mou'min a apostasié ! Il
veut nous enlever le fils du lion ! » Lorsque ‘Abdel Mou'min
l’entendit, il se fâcha et quitta aussitôt l’assemblée tandis
qu’Ibrahim fut égorgé à son tour et lorsque Abou al-Hassan
Ibn al-Wadjaj le boucher voulut tuer Talhah le servant
d’Ibrahim, il se saisit d’un poignard qu’il avait caché et tua sur
le coup de criminel mais il fut aussitôt à son tour découpé en
morceau par les sabres des Mouwahhidine.
Avant
de vous rapporter ces évènements, je vous avais mis en garde sur
leur extrême dureté et infini tristesse. Il aurait été plus facile
de faire abstractions de tous leurs crimes, comme certains auteurs
l’ont fait, mais cela aurait changé définitivement la conception des
gens sur les Mouwahhidine qui rien qu’à leur nom, les
auraient pris pour des saints venu secourir l’orphelin et l’opprimé.
Mais
nous devons rapporter l’Histoire qu’elle soit pour ou contre nous, à
notre avantage ou désavantage. Ainsi chacun sera en mesure de juger
par lui-même et d’en tirer les conclusions.
Ainsi, les Mouwahhidine apparaissent sous leur véritable
visage, un visage totalement différent de ce que leur nom implique
et ce n’est pas en vain que les Mouwahhidine choisirent ce
nom, pour tromper et par machiavélisme. Espérons que cela nous
apprendra à ne pas nous fier aux apparences !
Cette
histoire fait désormais partie du passé et il ne convient pas
qu’elle soit tut ou falsifiée car elle est déjà ainsi consignée dans
nos livres d’Histoire.
Et
avant de tourner la page sur l’histoire douloureuse des Mourabitine,
qui firent la gloire de l’Islam, laisser-moi vous raconter cette
histoire.
Abi
Bakr Ben Tizmit, le servant de l’émir ‘Ali Ibn Youssouf Ibn
Tashfine, celui qui prit le vil Ibn Toumart, fut capturé et
emprisonné, par ceux qui prirent à tort le nom de Mouwahhidine,
à Marrakech. Lorsque ‘Abdel Mou'min voulut tuer Abi Bakr Ben Tizmit,
ce brave Mourabit fier, intelligent et rusé voulut se venger avant
sa mort et il dit à ‘Abdel Mou'min : « Je possède un certain nombre
de richesse dans ma demeure, de l’or et des pierres précieuses, »
éveillant ainsi son intérêt et sa convoitise. ‘Abdel Mou'min le fit
sortir de prison et le fit escorter jusqu’à chez lui par dix Mouwahhidine.
Lorsqu’ils rentrèrent dans la maison, il ferma la porte derrière eux
et leur fit creuser la terre et les appelant un par un dans une
autre pièce, il finit par tous les tuer mais fut tué à son tour mais
ce fut un bel acte de vengeance de sa part, puisse Allah lui faire
miséricorde.
En
l’an 547 de l’Hégire (1152), les Mouwahhidine capturèrent
aussi la ville de Bejaia qui était la plus grande ville du Maghreb
Central alors que pendant ce temps les Normands de Sicile, profitant
du conflit entre les Mouwahhidine et les Mourabitine, capturèrent
l’île de Djerba, près de la Tunisie et dépendante de l’Ifriqiyah, en
l’an 529 de l’Hégire (1134).
Puis
les Normands prirent la ville de Tripoli (tarablous) en l’an
541 de l’Hégire (1146) et nommèrent un musulman de la tribu des Bani
Matlouh, gouverneur de la ville à leur profit.
Le
Gouverneur de Qabis leur porta aussi allégeance en l’an 542 de
l’Hégire (1147) et toutes ces villes faisaient partie de royaume de
Hassan Ibn ‘Ali Ibn Yahya as-Sanhadji. Lorsque ce
dernier vit cela, il envoya une armée qui mit le siège sur la ville
mais les habitants capturèrent le gouverneur et le tuèrent. En
réponse, le roi de Sicile Roger II, envoya une lourde flotte (oustoul
dakhm) qui assiégea d’al-Mahdiyah, la ville fortifiée de Hassan
as-Sanhadji qui poussa ce dernier à fuir la ville avec sa famille.
Les
croisés prirent d’assaut la ville mais ne commirent aucune exaction
contre sa population et montrèrent plus de miséricorde que les Mouwahhidine.
Les habitants furent bien traités et il leur fut envoyé une grande
quantité de bêtes pour inciter ceux qui avaient quitté la ville de
revenir. Et cela n’est pas sans nous rappeler l’entrée de Napoléon à
Misr à la fin du dix-huitième siècle qui traita aussi avec bonté la
population musulmane afin de pouvoir mieux étendre son contrôle sur
la ville[1].
Les
croisés prirent la ville d’al-Mahdiyah au mois de Safar de l’année
543 de l’Hégire (1148) et durant ce même mois, ils prirent la ville
de Soussa et de Syracuse, en Tunisie actuelle. Sur les ordres du roi
de Sicile Roger II, de bien traiter les Musulmans, les croisés
normands prirent tout le littoral de Tripoli à Tunis.
Néanmoins, les mécréants restant des mécréants, ils exécutèrent, en
l’an 551 de l’Hégire (1156), toute la population, hommes femmes et
enfants de la ville de Zouillah lorsque cette dernière se rebella
contre eux. Les habitants de ces villes sous le contrôle des
croisés, ne trouvèrent de secours nul part excepté auprès d’Allah
Exalté soit-Il puis aux Mouwahhidine qu’ils appelèrent à
l’aide et ‘Abdel Mou'min Ibn ‘Ali al-Qoumi décida de faire face aux
croisés.
Ce
dernier appela aux armes et les tribus alliées des Mouwahhidine
se présentèrent puis, à la tête d’une grande armée, il quitta
Marrakech au mois de Shawwal 553 de l’Hégire (1158). Certains
historiens ont rapporté que quatre différentes armées sortirent de
Marrakech et que nulle force similaire ne fut jamais réunie excepté
pour ‘Abdel Mou'min Ibn ‘Ali. Ces armées furent dénombrées à 75.000
cavaliers et 100.000 fantassins et représentaient l’ensemble des
tribus des musulmanes.
Durant quatre jours, les quatre armées sortirent les unes après les
autres et à chaque fois que l’une d’entre elle arrivait au point
fixé de rencontre celle qui l’avait précédé reprenait sa marche. Ces
armées soumirent sur leur passage la totalité du Maghreb Extrême ou
le Maroc actuel puis le Maghreb central, l’Algérie et la Tunisie
actuelle excepté al-Mahdiyah qui était une ville fortifiée et que
les Mouwahhidine assiégèrent durant six mois. Comme vous le savez
cette ville fut construite, par je cite « ad-Da’i al-Khabith
al-Moujrime al-Yahoudi ‘Oubaydillah al-Mahdi al-Isma’ili », et
cette forteresse était entouré sur trois de ses cotés d’eau,
réduisant ainsi considérablement son accès.
Les
Normands assiégés acceptèrent
de remettre la ville à la condition que ‘Abdel Mou'min leur
fournisse des navires qui leur permettrait de retourner chez eux, ce
qu’il accepta. Puisque lorsque les croisés quittèrent la ville pour
la Sicile, il entra dans la ville fortifiée au mois de Mouharram de
l’année 555 de l’Hégire (1159).
[1]
Les Musulmans devraient savoir qu’être armés c’est être
libres et que nul ne devrait jamais déposer ni rendre ses
armes car Allah Exalté dit dans Son livre : « Et lorsque
tu (Muhammad) te trouves parmi eux, et que tu les
diriges dans la Salat, qu’un groupe d’entre eux se mette
debout en ta compagnie, en gardant leurs armes. Puis
lorsqu’ils ont terminé la prosternation, qu’ils passent
derrière vous et que vienne l’autre groupe, ceux qui n’ont
pas encore célébré la Salat. A ceux-ci alors d’accomplir la
Salat avec toi, prenant leurs précautions et leurs armes.
Les mécréants aimeraient vous voir négliger vos armes et vos
bagages, afin de tomber sur vous en une seule masse. Vous ne
commettez aucun péché si, incommodés par la pluie ou
malades, vous déposez vos armes; cependant prenez garde.
Certes, Allah a préparé pour les mécréants un châtiment
avilissant ». Qur’an, Sourate 4, verset 102.
[2]
Je demande aux lecteurs du Maghreb et Berbères de m’excuser
si je me trompe sur l’orthographe des noms de leurs tribus.
[3]
Vous pouvez télécharger ce livre, libre de tout copyright,
sur le site « www.archive.org » en utilisant le
moteur de recherche de ce site Internet.
[4]
Qur’an, Sourate 4, verset 59.