Les successeurs d’Adama

 

Quand Adama décéda, les dominions de l’état d’Adamawa s’étendirent du Madagali au nord, à Banyo au sud et du fleuve Ini à l’ouest à Lere à l’est. Adama fut succédé par ses quatre fils l’un après l’autre, mais après Adama le pays fut victime de conflits intérieurs et de morcellement.

Différents chefs fondèrent leurs propres principautés tout en reconnaissant vaguement la suzeraineté de Yola et étaient pratiquement indépendants. Adamawa devint alors une conglomération d’états auxiliaires. Les familles dirigeantes n’étaient plus nomades, mais s’étaient établies dans les villes et vivaient des produits de terres cultivés par les esclaves. L’organisation était féodale et le souverain de Yola était assisté par un Qadi et un conseil des représentants des différentes familles dont les ancêtres avaient participé à la conquête.

Les successeurs d’Adama n’essayèrent pas de convertir les païens à l’Islam parce qu’ils fondèrent un marché pour les esclaves. L’islamisation du pays fut très incomplète et l’Islam fut confiné à la classe dirigeante, les commerçants Hausa, les colons Kanouri, les Arabes Shouwah et quelques autres tribus diverses tandis que l’économie du pays reposait sur le commerce d’esclave.

Adamawa payait un tribut à Skoto sous la forme d’esclaves et lui-même recevait le tribut de quelques petites principautés.

 

Vers la fin du dix-neuvième siècle, la situation se détériora quand les chefs locaux qui vivaient dans un état de rivalité réciproque se livrèrent des guerres et que le commerce d’esclave dévasta le pays. Quand la demande pour les esclaves augmenta, les ‘Oulama musulmans se trouvèrent dans certains cas asservis.

Les Britanniques, les Français et les Allemands convergèrent tous dans la région vers les années finales du dix-neuvième siècle. Avec l’établissement du protectorat du Nigeria, les pouvoirs européens vinrent à se mêler des affaires d’Adamawa.

 

En l’an 1318 de l’Hégire (1900), les pouvoirs impériaux déposèrent Zoubayr, le souverain d’Adamawa et installèrent son frère sur le trône à sa place.

 

 

La dynastie de Denyanke de Foutah Tourou

 

La dynastie Foulani Denyanke gouverna Foutah Tourou, au centre du Sénégal, à partir du dixième siècle de l’Hégire (seizième siècle). Les souverains de la dynastie Denyanke professèrent l’Islam, mais leur Islam était insignifiant et l’état fut plus tard identifié à une aristocratie païenne Foulani.

 

Au douzième siècle de l’Hégire (dix-huitième siècle), Souleyman Bal, un savant religieux de Foutah Tourou lança un mouvement de réforme religieux pour purifier l’Islam de l’influence du paganisme et il fut suivit par de nombreux partisans. Il lanca l’appel au Jihad, conquit les principautés païennes voisines et convertit les païens à l’Islam. Il ordonna aux Musulmans de suivre les pratiques islamiques, construisit des mosquées et ordonna les prières dans les mosquées cinq fois par jour tout en dirigeant lui-même, les prières du vendredi dans les mosquées principales.

Il établit un état théocratique et Souleyman Bal al-Mami décéda en l’an 1190 de l’Hégire (1776).

 

 

‘Abdel Qadir

 

Après sa mort, ‘Abdel Qadir, un chef religieux aussi bien qu’un guerrier, comme al-Mami fut nommé pour lui succéder. ‘Abdel Qadir entreprit des campagnes et fit des conquêtes. Il défit en l’an 1200 de l’Hégire (1786), le fléau traditionnel de la région, les Berbères de Tarazza.

 

En l’an 1210 de l’Hégire (1796), ‘Abdel Qadir entreprit une campagne contre le souverain de Kajour mais fut vaincu et pris prisonnier. Il fut libéré après une année par respect à sa dévotion.

 

En l’an 1221 de l’Hégire (1806), ‘Abdel Qadir entreprit une campagne contre Bondou et abandonné par ses disciples, fut tué par les guerriers de Bondou.

 

 

Les successeurs al-Mami

 

Après la mort de ‘Abdel Qadir, l’état théocratique de Foutah Tourou sombra dans la désunion.

Pour succéder à ‘Abdel Qadir, l’assemblée théocratique élit un savant religieux du nom de Khoudiji comme le nouveau al-Mami qui était plus un savant religieux qu’un chef à qui manquait les qualités de leadership. Il créa des différences avec les autres membres de l’assemblée théocratique et fut déposé au bout d’une année.

La fin de l’histoire de Foutah Tourou est la navrante histoire de conflits sans fin parmi les savants religieux qui se disputèrent la recherche du pouvoir politique.

Le système d’élection de l’al-Mami ne marcha pas de manière satisfaisante. L’al-Mami devait être élu parmi les savants religieux et à l’occasion de chaque succession, il y eut des disputes et des conflits qui menèrent souvent au carnage. Chaque al-Mami qui accédait au pouvoir essayait de renforcer sa position tout en créant des tords à ses adversaires. Cela créa des dissensions qui affaiblirent l’état qui n’avait pas de capitale et chaque al-Mami élut résidait dans son village natal d’où il administrait les affaires de l’état.

Ainsi, avec chaque succession, il y avait un changement de village qui empêchait une administration effective du fait qu’elle n’était pas fixe. Ce processus de fragmentation affaiblit considérablement l’état et quant au dix-neuvième siècle, la puissance coloniale française apparut dans la région, aucune résistance ne put leur être offerte et les territoires de Foutah Tourou furent annexés sans beaucoup de difficulté mettant ainsi fin à l’état islamique de courte durée de Foutah Tourou.

 

 

Les mouvements musulmans de régénération 

 

Au dix-neuvième siècle, alors que les affaires des Musulmans étaient au plus bas point et que les pouvoirs impériaux européens étaient sur le point d’occuper et de coloniser les terres musulmanes, un grand nombre de chefs musulmans et dans les différentes parties du monde musulman menèrent des mouvements de renaissance. Certains chefs se prétendirent des Mahdi ou des Moujahidine décrété par le destin pour purifier l’Islam et restituer leur gloire perdue aux Musulmans. Certains chefs se montrèrent à la hauteur et exhortèrent les Musulmans à entreprendre le Jihad contre les ennemis de l’Islam, et l’un de ses chefs, qui s’éleva dans la région sénégalaise du Soudan de l’ouest fut al-Hajj ‘Omar at-Tijani.

 

 

Al-Hajj ‘Omar at-Tijani

 

‘Omar Ibn Sa’id Tal naquit en l’an 1207 de l’Hégire (1793), à Halwar dans le Foutah Tourou. Il était un Youkoulour du clan religieux de Touroudbe et reçut une éducation religieuse. Après avoir accompli son éducation, il accomplit un pèlerinage à la Mecque ou il fut initié à l’ordre soufi de Tijani qui le nomma Khalifah de l’ordre dans le Soudan de l’ouest.

Après son retour du Hajj, il resta à Skoto et se maria avec Maryam la fille de Muhammad Billo. Il prit part à l’élection du successeur de Billo et de retour dans son pays, devint enseignant et pasteur. Il était un orateur éloquent et réunit un grand nombre de disciples qu’il exhorta à entreprendre le Jihad au nom d’Allah Exalté. Son appel porta ses fruits et il fut capable de lever une armée formée de ses partisans. A cause de la forte croissance de son mouvement, les autorités de son pays d’origine, Foutah Jaloun, imposèrent des restrictions à ses mouvements.

 

En l’an 1264 de l’Hégire (1848), il se rendit à Dinguiray, à l’est de Foutah Jaloun puis en fit son quartier général avant d’être rejoint par un grand nombre de personnes.

 

En l’an 1268 de l’Hégire (1852), il lanca son Jihad et sa première campagne fut contre le souverain de la principauté de Kaip. Après une campagne de trois ans, Nyoro la capitale de Karta, tomba en l’an 1271 de l’Hégire (1855).

‘Omar proposa à Ahmadou III d’Ahmadallahi d’être son allié contre Ségou mais ce dernier rejeta l’offre et s’opposa à l’avance de ‘Omar at-Tijani et dans l’action qui s’ensuivit, les forces d’Ahmadou furent vaincues. Sur ce, Tourou Kourou Mari, le roi de Ségou porta allégeance à ‘Omar mais les gens de Ségou insatisfaits l’assassinèrent.

 

A cette époque, ‘Omar était le maître de la plus grande partie du Sénégal et à l’embouchure du Sénégal, les Français avaient construit la forteresse de Fort Louis. En l’an 1273 de l’Hégire (1857), ‘Omar entra en conflit avec les Français et attaqua Madina, l’extrême poste des Français à  l’est sur le Sénégal mais l’attaque échoua.

 

En l’an 1276 de l’Hégire (1860), ‘Omar parvint à un accord avec les Français sur leurs sphères d’influence respectives, la région côtière pour les Français et l’intérieur du Sénégal pour ‘Omar.

‘Omar dut par la suite rivaliser avec les états de Bambara et en l’an 1277 de l’Hégire (1861), il occupa Ségou puis Ahmadallahi en l’an 1278 de l’Hégire (1862) cependant, il fut assiégé lors d’une contre-attaque dans Ahmadallahi et essaya de s’enfuir mais piégé, il fut tué en l’an 1280 de l’Hégire (1864).

 

 

Ahmadou Sékou

 

‘Omar fut succédé par son fils Ahmadou Sékou qui établit sa capitale à Ségou. Il ne fut pas aussi remarquable que son père et fit face à la désaffection de ses gens. Avec la mort de ‘Omar, l’esprit de Jihad s’apaisa et ses partisans se calmèrent pour apprécier le fruit de leur conquête, plutôt que se livrer au combat perpétuel.

Sous le règne des souverains de l’ordre soufi des Tijani, la plupart des gens y compris les ‘Oulama furent de l’ordre soufi qadriyah. La tentative d’Ahmadou de convertir les gens à l’ordre Tijani engendra une violente réaction. Ahmadou dut recourir à la force et exécuta trois-cents ‘Oulama de Masina attaché les uns aux autres avec leurs turbans. Cela rendit Ahmadou Sékou très impopulaire. Il dut faire face au problème de ses frères et cousins qui fondèrent leurs propres principautés indépendantes.

 

En l’an 1291 de l’Hégire (1874), pour affirmer son autorité, il se déclara émir des croyants. Les états européens apparurent sur la scène et firent obstacle à toutes les tentatives d’expansion de l’état d’Ahmadou.

 

En l’an 1297 de l’Hégire (1880), Ahmadou fit un traité avec les Français, mais les termes du traité ne purent être respectés à cause de l’opposition des Britanniques. La désaffection monta parmi les gens et en l’an 1301 de l’Hégire (1884), Ahmadou sentant sa vie en danger des éléments mécontents dans Ségou, partit pour Nyoro. Les affaires de l’État tombèrent dans la confusion et cela fournit l’occasion aux Français d’étendre leur influence sans tenir compte des traités qu’ils avaient faits auparavant avec Ahmadou et en l’an 1306 de l’Hégire (1889), les Français occupèrent Dinguiray puis en 1307 de l’Hégire (1890), ils prirent Ségou et marchèrent ensuite sur Nyoro. Ahmadou s’enfuit à Banjagaro et Nyoro fut prise par les Français.

 

En l’an 1310 de l’Hégire (1893), les Français évincèrent Ahmadou de Banjagaro. Ce dernier s’enfuit et chercha refuge chez le souverain de Skoto avant de mourir en l’exil en l’an 1315 de l’Hégire (1898), mettant fin à l’empire d’al-Hajj ‘Omar at-Tijani.

 

 

La principauté de Songhay

 

Les Africains de la région centrale du Niger se convertirent à l’Islam pendant le cinquième siècle de l’Hégire (onzième siècle). Ils établirent une principauté dont la capitale fut Koukiyah avant de la déplacer plus tard à Gao.

 

Pendant les septième et huitième siècles de l’Hégire (treizième et quatorzième siècle), la région de Songhay fut soumise à l’autorité du Mali.

 

 

Sounni ‘Ali

 

Au neuvième siècle de l’Hégire (quinzième siècle), sous le règne de Sounni ‘Ali Songhay, le joug du Mali fut ôté et le pays devint indépendant.

Sounni ‘Ali fut un grand guerrier. Il entreprit une campagne de conquêtes qu’il étendit au-delà de Jenne et de Tombouctou. Grâce à ses conquêtes, Songhay devint une grande force. Sounni ‘Ali était un khariji et se comporta souvent comme un incroyant, ce qui lui valut l’opposition des ‘Oulama orthodoxes. À cause de son laxisme pour la croyance, il devint très impopulaire parmi les Musulmans. Cependant, il régna d’une main de fer et puni sévèrement les ‘Oulama qui étaient contre lui.

Il régna vingt-sept ans, de l’an 868 à 886 de l’Hégire (1464 à 1481).

 

 

Sounni Bara

 

A sa mort, son fils Sounni Bara lui succéda et essaya de suivre le chemin de son père sans être aussi fort que lui. L’opposition se rebella contre son règne et Muhammad, le commandant des armées, le renversa en l’an 898 de l’Hégire (1493) et prit le pouvoir.

 

 

Askiya Muhammad

 

En capturant le pouvoir, Muhammad prit le titre d’Askiya et fonda la dynastie du même nom. Askiya Muhammad qui était un bon musulman restitua l’orthodoxie et protégea les ‘Oulama. Askiya Muhammad accomplit le Hajj en l’an 902 de l’Hégire (1496-97) et établit à la Mecque une auberge pour les pèlerins du Soudan tandis que le Sharif de Makkah l’investit du califat dans la terre des Noirs.

Il entra en contact avec Muhammad Ibn ‘Abdel Karim al-Moughili d’Algérie qui était le chef d’un mouvement réformateur dans le Maghreb. Ce dernier visita Songhay et conseilla à Askiya de lancer le Jihad contre les païens ce qu’il fit contre l’état païen Moussi et fit de larges conquêtes au Mali, à Masma, à Agades et dans le Hausaland. Toute la vallée du Niger de Jenne à Goupgra tomba sous son contrôle.

Sous le règne d’Askiya, Tombouctou se développa et devint un centre d’apprentissage islamique.

 

En l’an 934 de l’Hégire (1528), alors qu’il était âgé de quatre-vingt-cinq ans et devenu presque aveugle, Askiya Muhammad fut déposé par son fils Moussa.

 

 

Anarchie

 

Avec la déposition d’Askiya Muhammad, un état d’anarchie prédomina dans les affaires de l’état, quand une série de rebellions de palais de luttes fratricides secouèrent l’état. Moussa qui avait déposé son père put tenir le pouvoir que pour une période relativement courte de trois ans avant d’être évincer du pouvoir en l’an 937 de l’Hégire (1531), par son cousin Dingan. Ce dernier fut à son tour renversé en l’an 943 de l’Hégire (1537), par Isma’il, un frère de Moussa qui fut lui aussi renversé par son frère Ishaq en l’an 945 de l’Hégire (1539).

 

 

Askiya Daoud

 

La stabilité fut restituée quand Daoud, un frère d’Ishaq, accéda au trône en l’an 956 de l’Hégire (1549) pour un long règne de l’an 956 à 993 de l’Hégire (1549 à 1585).

Il établit des postes de garnison dans le Sahara et prit des mesures pour protéger la sécurité des routes commerciales. Il mit le trésor public « bayt al-mal » en action pour la première fois. Il établit des écoles et des bibliothèques et sous son règne, l’état connut la paix et la prospérité.

 

 

Les guerres de succession, l’invasion marocaine et la chute de Songhay

 

Daoud décéda en l’an 994 de l’Hégire (1586) et sa mort mena à une désastreuse guerre de succession.

Son fils Muhammad II lui succéda à sa mort mais fut renversé en l’an 996 de l’Hégire (1588) par Ishaq II. Tirant profit du désordre dans les affaires de Songhay, une force marocaine commandée par le Pacha Jawhar marcha sur Gao et demanda à Askiya d’admettre la suzeraineté du Maroc mais Ishaq refusa et les deux armées s’affrontèrent à Toundibi en l’an 999 de l’Hégire (1591). L’armée marocaine fut victorieuse et Ishaq s’enfuit du champ de bataille. Les forces de Songhay nommèrent à sa place Gao, le frère de Muhammad, Askiya tandis que Gao, la capitale de Songhay, fut prise par le Pacha Jawhar qui constata la pauvreté de la ville maladive et déplaça sa capitale à Tombouctou.

L’état de Songhay fut dès lors divisé en deux parties, le Songhay du Nord avec la capitale à Tombouctou sous le contrôle du Maroc et le Songhay du Sud avec la capitale à Dendi resta indépendant.

 

Par l’occupation de Songhay du Nord par le Maroc, Askiya Muhammad Gao se croyait sauf à Dendi mais il fut tué par les Marocains et à sa mort, Nouh devint le nouvel Askiya. Il fut déposé en l’an 1007 de l’Hégire (1599).

Par la suite, Dendi se morcela en un certain nombre de petites principautés et l’état de Songhay cessa d’exister.

 

A Tombouctou, les ‘Oulama se révoltèrent contre le pouvoir marocain qui réprima durement la révolte et la plupart des ‘Oulama furent tués et ceux qui survécurent furent exilés au Maroc.

Pendant un certain temps, le gouvernement du Maroc administra directement les affaires de Songhay, mais à cause du désert entre les deux pays, l’administration devint difficile et le gouverneur nommé par le devint plus ou moins indépendant.

 

En l’an 1069 de l’Hégire (1659), la Khoutbah cessa d’être lue au nom du Sultan du Maroc et les gouverneurs habituellement nommés par le Maroc furent directement choisis de l’armée postée dans Songhay. Ces gouverneurs ne régnèrent guère longtemps et étaient fréquemment changés selon l’humeur de l’armée et en l’an 1163 de l’Hégire (1750), plus de cent gouverneurs avaient régnés.

Le règne du Maroc n’apporta aucun avantage au pays et peu à peu les dominions du Maroc dans Songhay rétrécirent progressivement. L’administration se relâcha et se corrompue, les cultures furent abandonnées et des famines désastreuses décimèrent le pays. Les Touaregs profitèrent de cet état de désordre et prirent Gao en l’an 1184 de l’Hégire (1770) puis Tombouctou en l’an 1201 de l’Hégire (1787) mettant la fin à l’empire Songhay, qui fut autrefois un grand état dans le Soudan de l’ouest.

 

 

La principauté de Bambara

Kouloubali

 

Quand le pouvoir du Maroc déclina dans le Songhay du Nord, certains groupes de gens firent sécession et fondèrent leurs propres principautés indépendantes dont celle de Bambara.

Les habitants de Bambra parlaient le Mande et étaient concentrés dans la vallée supérieure du Niger. Le nouvel état fut fondé par Kouloubali en 1124 de l’Hégire (1712) tandis que sa capitale était à Ségou. La population comprenait aussi bien des Musulmans que des païens. Kouloubali prétendit être un musulman mais sa fidélité à l’Islam était plus nominale que réelle et il suivait des pratiques tant islamiques que païennes. Kouloubali prit le titre de  Moumari et tous ses successeurs adoptèrent le même titre. Kouloubali organisa une armée puis attaqua les terres voisines et amassa un vaste butin sous forme d’esclaves.

 

En l’an 1153 de l’Hégire (1740), il captura Kirango, la ville du Souninke Bouare qui avait dominé jusqu’à présent le pays de Ségou. Il entra aussi en conflit avec le clan rival de Masa Si, le chef de Bilidougo, et en l’an 1167 de l’Hégire (1754), il vainquit le clan et tua son chef Foulikourou.

 

 

Ngoula Dyara

 

Kouloubali fut succédé par Ngoula Dyara qui étendit ses dominions en triomphant du Foulbé de Kalari, de Masina, Jenne, Sokoto et Tombouctou. Mais il fut vaincu quand il attaqua le Moussi de Yatenga.

Kouloubali régna durant trente-cinq ans et mourut en l’an 1204 de l’Hégire (1790).

 

 

Mansoung

 

Ngoula Dyara fut succédé par Mansoung qui poursuivit ses campagnes contre les Dogons, les Moussi et annexa leurs territoires à ses dominions.

Le voyageur Mungo Park visita Ségou durant cette période et selon son témoignage, Mansoung était un puissant souverain tandis que Ségou était un important centre commercial. Mansoung régna dix-huit ans et mourut en l’an 1223 de l’Hégire (1808).

 

 

Da Dyarou

 

Mansoung fut succédé par Da Dyarou. Sous son règne, Masina qui avait porté allégeance à Bambara déclara son indépendance sous Shihou Ahmadou.

Les gens de Masa Si déclarèrent aussi leur indépendance dans la région de Karta et conquirent le Khaso du Nord sous leur souverain Boudian Mouriba qui régna de l’an 1228 à 1247 de l’Hégire (1813-1832).

 

 

Les successeurs de Da Dyarou

 

Après la mort de Da Dyarou, la dynastie déclina car le roi Bambara ne réussit pas à établir un gouvernement organisé du fait qu’ils étaient principalement des coupeurs de routes et habitaient des régions ou ils pouvaient en toute impunité mener des raids.

Le pouvoir des souverains de Bambara s’éclipsa quand d’autres chefs militaires apparurent dans le voisinage.

 

En l’an 1272 de l’Hégire (1856), le souverain Bambara de l’époque, Mamari Tourou Kourou porta allégeance à al-Hajj ‘Omar qui avait lancé le Jihad mais ses gens furent offusqués et l’exécutèrent. Mamari Tourou Kourou fut succédé par ‘Ali Dyarou. Il semble qu’à cette époque, les gens de Bambara n’étaient pas complètement convertis à l’Islam et ‘Ali Dyarou était un païen. Menacé par l’approche de l’armée d’al-Hajj ‘Omar, ‘Ali Dyaro demanda l’aide d’Ahmadou III de Masina, qui accepta de l’aider s’il acceptait l’Islam. ‘Ali Dyarou accepta donc l’Islam juste par convenance et non par foi comme le prétendit ‘Omar Tijani car ‘Ali Dyarou ne put se débarrasser de ses idoles.

‘Omar Tijani augmenta sa pression et captura Ségou l’année de l’intronisation de ‘Ali Dyaro mettant fin à l’état de Bambara.