Les pertes

 

Dans cette expédition, vingt Musulmans trouvèrent la mort : quatre de Qouraysh, un d’Ashja’, un d’Aslam, un autre de Khaybar et les autres des Ansar.

 

Les Mouhajirine Shouhadah

 

Des Banou Oumayyah Ibn ‘Abd al-Manaf :

1. Rabi’ah Ibn Aktham Ibn Sakhbara, tué par al-Harith.

2. Thaqif Ibn ‘Amrou, tué par ‘Oussayr.

3. Rifa’a Ibn Masrouh, tué par al-Harith.

 

Des Banou Asd Ibn ‘Abd al-‘Ouzzah :

1. ‘AbdAllah Ibn Abou Oumayyah Ibn Wahb, tué à an-Natat.

 

De Ghifar :

1. ‘Oumara Ibn ‘Ouqbah, tué par une flèche.

 

D’Aslam :

1. ‘Amir Ibn Sinan Ibn al-Akwa’, tué par son propre sabre lors d’un duel avec un Juif.

 

De Khaybar même :

1. L’abyssin esclave (dont le nom reste inconnu), tué le jour même où il embrassa l’Islam.

 

D’Ashja’ :

1. Un seul musulman (dont le nom reste inconnu).

 

Les Ansar Shouhadah

 

Des Khazraj :

1. Bishr Ibn al-Bara' Ibn Ma’rour.

2. Foudayl Ibn an-Nou’man.

3. Mas’oud Ibn Sa’d Ibn Qays

 

Des Aws :

1. Mahmoud Ibn Maslamah, tué par Marhab.

2. Abou Zayyah Ibn Thabit Ibn an-Nou’man.

3. Al-Harith Ibn Hatib.

4. ‘Ourwah Ibn Mourra Ibn Souraqah.

5. Aws Ibn al-Qa’id.

6. Ounayf Ibn Habib.

7. Thabit Ibn ‘Athla.

8. Talha Ibn Yahya Ibn Malil.

9. Mas’oud Ibn Rabi’ah (un allié des Aws).

 

Quant aux pertes juives, elles atteignirent quatre-vingt-treize hommes, tués la plus part dans les batailles d’an-Natat et ash-Shaq et en tête onze chefs et seigneurs :

1. Marhab, tué par ‘Ali Ibn Abou Talib dans un duel.

2. Al-Harith Abou Zaynab (le frère de Marhab), tué par ‘Ali Ibn Abou Talib dans un duel également.

3. Yasr, tué par az-Zoubayr Ibn al-‘Awwam dans un duel.

4. ‘Oussayr, tué par Muhammad Ibn Maslamah.

5. ‘Amir, tué dans un duel par ‘Ali Ibn Abou Talib.

6. Youshou’, tué par al-Houbab Ibn al-Moundir dans un duel.

7. Ad-Dayyal, tué par ‘Oumara Ibn ‘Ouqbah.

8. Sallam Ibn Moushqim, tué à an-Natat.

9. ‘Azoul, tué dans un duel par al-Houbab Ibn al-Moundir.

10. Kinana Ibn Abou al-Houqayq, exécuté pour trahison.

11. Ar-Rabi’ Ibn Abou al-Houqayq, exécuté trahison.

 

Après la chute de Khaybar, d’autres poches de résistance juive restaient encore autour de la région mais disséminées, à Fadak, dans la vallée d’al-Qoura, à Tayma. Dans ces trois lieux, les Juifs avaient déjà sonné l’alerte et étaient prêts à s’opposer au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Seulement ils attendaient les résultats de la bataille de Khaybar. Ce qui s’y produisit fut une grande surprise pour eux car ils ne s’attendaient pas que la victoire serait du côté des Musulmans. Par conséquent, ils eurent des réactions différentes. Certains se précipitèrent pour annoncer leur capitulation, d’autres payèrent un tribut et d’autres encore prirent les armes et ne se rendirent qu’après une dure bataille.

Shouhadah de Khaybar

 

La capitulation des Juifs de Fadak

 

Avant de déclencher l’offensive sur Khaybar, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoya Mouhayasa Ibn Mas’oud un de ses Compagnons aux Juifs de Fadak avec une mission bien précise : proposer à ces derniers de se convertir à l’Islam, afin de devenir partie intégrante de la famille musulmane.

Cependant ces Juifs avaient presque la certitude que les Musulmans allaient échouer dans leur offensive sur Khaybar et pour cette raison ils tergiversèrent, louvoyèrent et tradèrent à répondre à la demande du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). En bref, ils ne donnèrent  pas une réponse claire à Mouhayasa Ibn Mas’oud, comme s’ils attendaient des informations sur la victoire des Juifs pour annoncer leur rejet de la demande. Malheureusement, ils furent surpris par la défaite de leurs proches devant le fort Na’im si bien qu’ils furent démoralisés et concilièrent en définitive les Musulmans avec la moitié des terres de Fadak.

 

Dans al-Maghazi, il est rapporté : « Lorsque le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se rapprocha de Khaybar, il envoya Mouhayasa Ibn Mas’oud à Fadak pour appeler les Juifs à l’Islam et les effrayer par une expédition comme celle de Khaybar.

Mouhayasa a dit: « J’ai passé deux jours chez eux à attendre. On dirait qu’ils attendaient quelque chose et disaient : « A an-Natat, il y a ‘Amir, Yassir, ‘Oussayr, al-Harith et Marhab, le seigneur des Juifs. On voit mal comment Muhammad peut se rapprocher de leurs Excellences ; il y a (à Khaybar) dix-mille combattants. » Quand je vis leur malveillance, je voulus partir mais ils me dirent qu’ils allaient envoyer avec moi des hommes qui signeraient un accord de conciliation. Les Juifs pensaient encore que ceux de Khaybar étaient encore bien retranchés mais quand on les informa de la débâcle du fort an-Na’im, ils perdirent espoir et dirent enfin à Mouhayasa : « Ne répète pas ce que nous t’avons raconté et nous te donnons les bijoux de nos femmes. » Mais Mouhayasa leur répondit qu’il informerait le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) sur tout ce qui s’était passé ce qu’il fit dès son retour avec une délégation juive dirigée par Noun Ibn Youshou’, un de leurs notables. »

 

Cependant, les historiens diffèrent quant à la manière de la capitulation de ces Juifs. Certains dirent que les Juifs signèrent la conciliation en ces termes : leurs vies sauves contre leurs biens et leur départ de Fadak et d’autres rapportèrent par contre, qu’ils proposèrent au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) leur départ avec leurs biens mais que cette proposition fut rejetée.

 

Après le refus du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), les Juifs de Fadak prirent la décision de prendre les armes et de résister mais l’émissaire Mouhayasa Ibn Mas’oud leur conseilla d’être raisonnables car les Musulmans étaient beaucoup plus puissants. Ceci les dissuada suffisamment surtout après la défaite retentissante du fort an-Na’im et les amena à demander un traité de conciliation au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui accepta cette fois car les termes du traité donnait la moitié des terres de Fadak au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et l’autre moitié aux Juifs[1].

 

Tout ceci se conclut sans que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) n’eut besoin d’envoyer des troupes. Et ainsi, les Juifs de Fadak échappèrent à une expulsion certaine et continuèrent à travailler leurs terres jusqu’au moment où ‘Umar Ibn al- Khattab (radhiyallahou ‘anhou) les expulsa vers la Syrie[2] avec ceux de Khaybar.

 

La défaite des Juifs d’al-Qoura

 

Cette agglomération, située entre Khaybar et Médine, dans une région agricole, était habitée par des Juifs qui possédaient une force militaire non négligeable. C’était peut-être cette force qui suggéra à ces Juifs de ne pas faire la paix avec les Musulmans, en plus des forts qu’ils possédaient et de leurs alliés bédouins idolâtres qui répondirent favorablement à leur appel de soutien avant même l’arrivée du Prophète (radhiyallahou ‘anhou) et de ses Compagnons[3].

 

Lorsque l’armée musulmane arriva sur les lieux, les Juifs passèrent immédiatement aux hostilités et décochèrent leurs flèches tuant sur le coup Mouda’im (radhiyallahou ‘anhou) le Mawlah du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)  qui installait la tente. Ainsi, ils ne laissèrent pas le temps au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) de leur proposer une autre solution qui aurait évité des morts inutiles.

 

La mort de l’esclave affranchi précipita aussitôt les choses et le Prophète, toujours en tant que commandant de l’armée, distribua les étendards à quatre de ses lieutenants : Sa’d Ibn ‘Oubadah, al-Houbab Ibn al- Moundir, Abbad Ibn Bishr, et Sahl Ibn Hanif afin qu’ils dirigent les opérations. Cependant, et malgré la mort d’un Musulman, il essaya une dernière fois d’éviter l’affrontement et de sauvegarder des vies humaines, en appelant les Juifs assiégés à embrasser l’Islam. Hélas, son appel fut rejeté et aussitôt après, un cavalier sortit du fort et demanda le duel aux Musulmans signifiant la fin de non-recevoir et la disposition de ses compatriotes au combat.

 

Az-Zoubayr Ibn al-‘Awwam alla donc se mesurer avec lui et le tua après un court combat. Az-Zoubayr tua un deuxième cavalier qui était sorti remplacer son Compagnon. Puis un troisième fut tué par ‘Ali Ibn Abou Talib, un quatrième et un cinquième éliminés par Abou Doujana. Les duels continuèrent au point où les Juifs perdirent en tout onze cavaliers.

A chaque fois qu’un cavalier était éliminé, un autre se présentait devant le fort et appelait un Musulman au duel, refusant ainsi les appels de conversion à l’Islam que réitérait le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

Les duels entre les deux protagonistes continuèrent alors toute la journée durant laquelle le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ne manqua pas d’accomplir la prière avec ses Compagnons pour revenir ensuite lancer, après chaque fin de duel, son appel à l’Islam. Mais le deuxième jour, les Musulmans déclenchèrent tôt le matin une offensive générale qui obligea vite les Juifs à déposer les armes bien avant que le lever du soleil n’atteignit la hauteur d’une lance.

 

Après la chute d’al-Qoura, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) traita ses habitants exactement comme il traita les Juifs de Khaybar et il ne tua aucun d’eux. De plus, il leur donna la permission de s’occuper des palmiers et des terres agricoles moyennant la moitié de la production agricole seulement comme il le fit pour Khaybar.

 

Enfin, selon nos investigations, aucun historien n’a mentionné si les Musulmans prirent en captivité des femmes ou des enfants. Il parait donc que ces Juifs bénéficièrent de la grâce du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

Quant à Tayma', située dans le nord-ouest de l’Arabie, ses habitants juifs envoyèrent une délégation pour demander une conciliation, après qu’ils furent informés de la victoire des Musulmans à Khaybar, à Fadak et à al-Qoura. Arrivés à Médine, les membres de la délégation proposèrent au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) de verser un tribut aux Musulmans, proposition qui fut acceptée.

 

Par le versement d’un tribut, les Juifs de Tayma' gardèrent leurs biens, leurs meubles et immeubles puisqu’ils devenaient une communauté sous la protection des Musulmans. De plus, leur statut n’était pas comme celui de l’ennemi belliqueux capitulant après une guerre ou une bataille. D’ailleurs, c’est pour ces raisons que par la suite, le Calife ‘Umar Ibn al-Khattab (radhiyallahou ‘anhou) ne se comporta pas avec eux comme il le fit avec les Juifs de Khaybar.

 

Qouraysh et l’expédition de Khaybar

 

Les Qouraysh virent que l’expédition du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) allait en fin de compte décider de l’issue du conflit qui opposait non seulement les deux camps, mais aussi celui contre tous les idolâtres de l’Arabie car, il n’y avait pas de plus grande force tant numériquement et matériellement (armes et positions) que sur le plan du courage et de l’endurance au combat qui pouvait tenir tête aux Musulmans, que celle des Juifs de Khaybar et de leurs alliés de Ghatafan.

 

Parce que l’issue de la bataille allait être très importante et décisive, les Qouraysh restèrent informés et discutèrent sans cesse dans leurs cercles des résultats de l’affrontement de Khaybar qui allait décrocher la victoire : les Juifs où les Musulmans ?

Les polémiques étaient tellement acharnées que les polythéistes mecquois se divisèrent en deux camps :

- Le premier, mené par Houwaytab Ibn ‘Abd al-‘Ouzzah, soutenait que la victoire serait du côté des Musulmans.

- Le second, soutenu par Safwan Ibn Oumayyah, disait par contre que les Juifs sortiraient vainqueurs de cette guerre.

Chaque camp défendait son opinion et descendait en flammes l’opinion de l’autre jusqu’au point où ils parièrent une centaine de chameaux sur l’issue de la bataille.

 

L’Imam al-Waqidi a rapporté à ce sujet :

« ‘Abd-ar-Rahman Ibn ‘Abd al-‘Aziz m’a dit que ‘AbdAllah Ibn Abou Bakr Ibn Hazm (la source d’information) fut questionné sur le pari de Qouraysh quand le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) marcha sur Khaybar et qu’il dit alors : « Houwaytab Ibn ‘Abd al-‘Ouzzah répétait sans cesse qu’il était certain de la victoire de Muhammad surtout après al-Houdaybiyah. »

Survint donc ‘Abbas Ibn Mardas as-Salami qui nous informa du départ de Muhammad pour Khaybar et de la préparation des Juifs qui avaient rallié toutes leurs forces et nous dit aussi que Muhammad n’allait pas en échapper. Puis il nous lança : »Qui veut parier ? Muhammad va être vaincu. »

- « Moi, je tiens le pari, » répondis-je

- « Quant à moi, je suis avec ‘Abbas, » dit Safwan Ibn Oumayyah.

Nawfal Ibn Mou’awiyyah se rangea aussi avec Safwan et ‘Abbas. Mais d’autres, cependant, vinrent se rallier à moi. Puis le pari monta jusqu’à cent chameaux, moi et mon camp disait : « Muhammad sera le vainqueur !, » et les autres : « Ghatafan (et les Juifs) sortiront victorieux ! »

(A force de polémiquer), les voix s’élevèrent. Alors, Abou Soufyan Ibn Harb dit : « Par al-Lat, je crains que le camp de ‘Abbas Ibn Mardas va perdre le pari. » Ce qui poussa Safwan à éclater de colère. Mais, plus tard, les nouvelles arrivèrent disant que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avait vaincu à Khaybar et Houwaytab remporta le pari avec ses partenaires. » »

 

L’histoire d’al-Hajjaj Ibn ‘Ilat

 

Al-Hajjaj Ibn ‘Ilat, était en expédition quand il entendit parler de la présence du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) à Khaybar. Il se convertit alors à l’Islam et alla se joindre à l’armée du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Il était marié à Oum Shaybah, la fille de ‘Oumayr Ibn Hashim et la sœur de Mous’ab al-‘Abadri et était riche.

 

Quand Khaybar tomba aux mains des Musulmans, il demanda : « O Messager d’Allah, permets-moi de rentrer chez moi pour reprendre mon argent de ma femme. Je risque de tout perdre, si elle apprend que je suis musulman. » Le Prophète lui donna la permission de partir. Mais avant de partir, il eut aussi la permission de mentir, permission qu’il avait demandée aussi auparavant.

 

Al-Hajjaj Ibn ‘Ilat rapporta alors les faits suivants : « Je partis donc et lorsque j’arrivai au Haram, je vis un groupe de gens à ath-Thaniyah al- Bayza’. C’étaient des Qouraysh qui cherchaient des informations. Ils savaient déjà que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avait pris le chemin de Khaybar et que Khaybar était le grenier du Hijaz ainsi qu’une forteresse avec ses hommes et ses armes. Ils étaient à l’affut de toute information venant du front car il avait parié entre eux. Lorsqu’ils me virent, ils dirent : «Voilà al-Hajjaj Ibn ‘Ilat, il a, par Allah, de bonnes informations. O Hajjaj, on nous a dit que le Coupeur[4] avait marché sur Khaybar, le pays des Juifs et le grenier du Hijaz. » Je leur ai dit : « Oui, j’ai entendu cela, mais j’ai autre chose de plus intéressant qui vous rendra très joyeux. » Alors, ils m’entourèrent en me suppliant de leur raconter.

« Muhammad et ses Compagnons, n’ont jamais rencontré d’ennemi aussi combattif que les gens de Khaybar. Ces derniers ont réussi à liguer contre lui les Arabes et l’ont attendu avec dix mille hommes avant de lui faire subir une cuisante défaite dont nul n’a jamais entendu parler. Ils ont réussi aussi à le capturer vivant et il est actuellement captif chez eux. A la fin de la bataille, ils dirent : « Nous ne le tuerons pas chez nous mais l’emmènerons à La Mecque, chez les siens puis nous l’exécuterons pour la mort des nôtres et des leurs. »

 

Al-‘Abbas Ibn ‘Abd al-Moutalib, qui bien sur entendit ce faux rapport, fut très touché et malgré le choc, il ordonna à son esclave Abou Zabina d’aller rapporter à al-Hajjaj le message suivant : « Al-‘Abbas te dit qu’Allah est le Grand et Très Haut même si ce que tu viens de dire si est vrai. »

Al-Hajjaj, dès la réception du message, dit à l’oncle du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) par l’intermédiaire d’Abou Zabina qu’il allait le rejoindre à midi mais qu’il devait être reçu secrètement. Avant même de le recevoir, al-‘Abbas affranchit Abou Zabina et jura d’affranchir dix autres car il avait deviné de bonnes nouvelles.

Durant l’entrevue, al-Hajjaj raconta tout et révéla même la raison du mensonge après qu’al-‘Abbas eut donné sa promesse de garder le secret durant au maximum trois jours : « Je suis devenu musulman et mon argent est déposé chez ma femme. S’ils savent que je suis Musulman, ils ne me donneront pas mon bien. Quant au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), il a triomphé de Khaybar et je l’ai laissé en train de se marier avec la fille de Houyay Ibn Akhtab. »

 

Après le départ d’al-Hajjaj Ibn ‘Ilat, al-‘Abbas Ibn ‘Abd al-Moutalib patienta le délai promis. Ensuite, il mit son plus bel habit, se parfuma, prit un bâton dans sa main et alla d’abord vérifier si al-Hajjaj était bel et bien parti. Quand il s’assura de son départ, il se dirigea alors vers la Ka’bah et accomplit des circumbulations. Puis, il informa les Qouraysh stupéfiés de la véritable fin de Khaybar. Qouraysh n’attendit pas plus de cinq jours avant que cela fut confirmé par les informations[5].

 

Conséquences de la bataille

 

Si la bataille du Fossé qui détermina l’avenir de l’Islam fut la plus importante et la plus dangereuse bataille menée par les Musulmans car elle visait l’anéantissement total de l’Islam et de sa communauté naissante, elle réussit à consolider et à assurer définitivement la pérennité de l’Islam. Mais leur victoire sur les Juifs de Khaybar serait, selon les critères purement militaires, fut aussi une très grande victoire pour le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

Dans la bataille du Fossé, si les Musulmans sortirent vainqueurs de l’agression, ce fut surtout à cause des avantages suivants :

1. Ils furent protégés par un gigantesque fossé, long, large et profond. Ce fossé-modèle creusé dans le plus important passage des Coalisés fut considéré, d’entre les plans de défense militaire, comme le plus important facteur qui favorisa la résistance, et aussi la plus dangereuse barrière pour entraver l’avancée des troupes de l’ennemi. Les chefs militaires des Coalisés avaient eux-mêmes reconnurent cette nouvelle tactique qui paralysa complètement leur offensive générale sur Médine. Ils reconnurent leur impuissance devant cet élément qui déjoua tous leurs plans en admettant : « Par Allah, c’est là un piège que les Arabes n’ont jamais auparavant connu. »

2. Les Coalisés étaient dans la position de l’agresseur alors que les Musulmans étaient en position défensive. Donc, ceux qui menèrent l’offensive eurent en définitive à payer des opérations très couteuses contrairement aux aux défenseurs même si leurs troupes étaient peu nombreuses face à celles de l’ennemi.

3. L’armée des Coalisés étaient dans leur majorité un assemblage de bédouins mercenaires qui n’étaient pas dans une position dans laquelle ils devraient défendre leurs vies ou leurs familles. De plus, ils n’avaient aucune idée à défendre ni aucun autre but pour lequel ils auraient pu se sacrifier bien au contraire, ils restèrent devant le fossé dans le but unique de se partager un butin sans prendre de risques.

4. Par contre, les Musulmans qui étaient en face, derrière le fossé, avaient un idéal à défendre. En plus de leurs vies, de leurs familles, de leur honneur et de leurs biens, ils avaient aussi à défendre leur nouvelle communauté, celle de l’Islam. C’était à cause de cela qu’ils se défendirent avec opiniâtreté en faisant fi de la supériorité numérique de l’adversaire.

 

Cependant, à Khaybar, les choses furent tout à fait inverses. Il n’y avait, militairement parlant, aucun facteur matériel en faveur des Musulmans. Au contraire, les Juifs étaient dans une position militaire très favorable. Tous les critères et facteurs militaires et matériels étaient réunis pour vaincre les Musulmans. 

 

1. La supériorité numérique : Les Juifs avaient dans leur armée dix mille guerriers, soutenus en plus par une réserve de cinq mille hommes de Ghatafan, alors que les Musulmans ne dépassaient pas les mille quatre cents combattants. Le rapport était de un contre quinze, un rapport qui penchait très largement en faveur des Juifs et de leurs alliés.

 

2. La supériorité en armes et en matériel : Avec leur supériorité numérique, les Juifs étaient aussi bien armés et bien équipés. Ils eurent eu le temps de se préparer défensivement et offensivement à la bataille qui s’annonçait.

 

3. La bonne position stratégique : En plus de l’effectif et de l’équipement, les Juifs disposaient alors de forts inaccessibles construits sur les sommets de montagnes et sur des crêtes selon une planification militaire bien étudiée. Ces bastions étaient impossibles à qui voulait les attaquer ou même se rapprocher d’eux car ils étaient bien placés sur des hauteurs et disposaient de tours d’observation et de contrôle d’où aussi l’on pouvait décocher des pluies de flèches.

 

4. Le ravitaillement : Dans leur préparation au combat, les Juifs stockèrent des quantités énormes de vivres qui leur permettraient de résister à un très long siège, sans oublier la disponibilité de l’eau à l’intérieur de la plus part des forts.

 

5. Le courage de faire face à l’adversité : Les Juifs de Khaybar étaient les plus courageux des Juifs de toute l’Arabie. Le courage ne leur manqua pas pour combattre les Musulmans. Pour preuve, les batailles qu’ils livrèrent pendant la défense de leurs forts, surtout ceux de la première partie de Khaybar et de la bravoure de leurs chefs morts sur le champ de bataille.

 

6. La religion : Ils avaient une religion très ancienne à laquelle ils étaient très attachés même si cette religion avait été altérée par de multiples falsifications et pour laquelle ils avaient préféré se sacrifier que de la voir côtoyée par une autre religion (l’Islam).

 

7. La lutte pour la sécurité de la famille et des biens : Les combats qu’ils livrèrent ne le furent pas uniquement pour leur religion mais aussi pour leurs femmes et leurs enfants, ainsi que pour leurs biens (les Juifs étaient célèbres et le reste toujours pour les richesses qu’ils amassaient et possédaient) et édifices. Ils savaient dès le départ qu’ils devraient se défendre avec un esprit de sacrifice sinon ils perdraient (selon les lois de guerre de cette époque).

 

8. La position défensive : Les Musulmans étaient en position d’attaque alors que les Juifs en position défensive. Dans cette situation, l’attaque devait être plus couteuse d’autant plus que les Musulmans partaient défavorisés sur tous les plans : forces, armement, matériel, position, stock de vivres.

 

Tout, absolument tout, démontrait clairement que les Juifs allaient disposer facilement des Musulmans. Mais ce qui arriva fut une grande surprise qui anéantit à tout jamais les critères militaires traditionnels. La victoire des Musulmans donna la preuve que le manque des armes et du matériel de guerre ne sont pas toujours les causes d’une défaite ou les facteurs d’une victoire arrachée.

 

Eléments biographiques

 

1. Abou al-Yasr : Son nom est Ka’b Ibn Amrou Ibn ‘Abbad Ibn ‘Amrou Ibn Sawad al-Ansari. Il prêta allégeance au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) à al-’Aqabah, participa à la bataille de Badr où il eut plusieurs faits d’armes. Ce fut lui qui captura al-‘Abbas Ibn ‘Abd al-Moutalib (l’oncle du Prophète, (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)). Il mourut à Médine en l’an 55 de l’Hégire. Ce fut le dernier des Compagnons du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), selon Ibn Ishaq.

 

2. Abou Doujana : Un cavalier Ansari célèbre. Son nom est Sammak Ibn Kharsha. Il fut très courageux dans la défense du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), lors de la bataille d’Ouhoud.

 

3. Abou az-Zayah (radhiyallahou ‘anhou) : Son nom est ‘Oumayr Ibn Thabit Ibn Oumayyah al-Awsi. Il participa à Badr, Ouhoud, le Fossé et à al-Houdaybiyah.

 

4. Al-‘Abbas Ibn Mardas Ibn ‘Amir as-Salami (radhiyallahou ‘anhou) : Il fut un seigneur dans sa tribu. Il embrassa l’Islam avant al-Fath. Il rallia le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avec sept cents combattants pendant que ce dernier était en marche sur La Mecque. Il participa donc au Fath de La Mecque et aussi plus tard à l’expédition de Hounayn. On dit qu’il interdit la consommation des boissons alcolisées avant l’avènement de l’Islam.

 

5. Al-Hajjaj Ibn ‘Ilat Ibn Khalid as-Salimi (radhiyallahou ‘anhou) : Il fut le premier à envoyer au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) une contribution volontaire de sa mine d’or située sur les terres des Banou Salim. Il Assista aux batailles de Syrie et fut l’émissaire des habitants de Syrie pour ‘Umar Ibn al-Khattab (radhiyallahou ‘anhou), quand ce dernier leur demanda d’envoyer un de leurs notables. Al-Hajjaj mourut durant le Califat de ‘Umar.

 

6. Al-Harith Ibn Hatib Ibn ‘Amrou Ibn ‘Aboud al-Awsi (radhiyallahou ‘anhou) : Il fit l’expédition de Badr. Mais le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) le chargea d’une mission qui concernait la fille de ‘Amrou Ibn ‘Awf. If retourna alors d’ar-Rawha à Médine accomplir la mission. Cependant, il eut sa part du butin après la bataille de Badr comme s’il y avait participé (selon Ibn Ishaq). Il fit Ouhoud et al-Khandaq.

 

7. ‘Amir Ibn Sinan Ibn al-Akwa’ al-Ansari (radhiyallahou ‘anhou), l’oncle de Salma Ibn ‘Amrou Ibn al-Akwa’, connu pour ses courses très rapides et son activité énergique dans la riposte contre l’agression de la tribu Fazara lors de l’expédition de Dzat Qird. 

 

9. Bishr Ibn ‘Abd al-Bara’ Ibn Ma’rour al-Ansari (radhiyallahou ‘anhou) : prêta allégeance au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) à al-’Aqabah avec son père, participa à Badr et à toutes les autres batailles au côté du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Il devint, sur recommandation du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) le seigneur de sa tribu (les Banou Nazla).

 

10. Foudayl Ibn an-Nou’man al-Ansari : Selon Muhammad Ibn Sa’d, son nom fut cité dans l’expédition du Khaybar, mais sa filiation n’avait pas été trouvée malgré les recherches. Selon Ibn Sa’b toujours, ce nom est une fiction, on indiquait plutôt at-Toufayl Ibn an-Nou’man Ibn Khansa Ibn Sinan.

 

11. Houtha Ibn Qays : de la tribu Wa’il, c’était un Arabe juif. Il fut membre de la délégation juive qui sortit pour liguer les Arabes (des Coalisés) contre Médine en l’an 04 de l’Hégire.

 

12. Houwaytab Ibn ‘Abd al-‘Ouzzah Ibn Abou Qays al-‘Amiri (Abou Muhammad) (radhiyallahou ‘anhou) : embrassa l’Islam en l’an d’al-Fath, participa à Hounayn. C’était un homme très riche. Il s’installa à Médine et y mourut.

 

13. Kinana Ibn Abou al-Houqayq : l’un des seigneurs juifs à Khaybar qui ligua Qouraysh et les bédouins du Nadjd contre les Musulmans.

 

14. Nawfal Ibn Mou’awiyyah Ibn ‘Ourwah ad-Di’ali al-Bakri al-Kinani (radhiyallahou ‘anhou) : embrassa l’Islam avec al-Fath. Selon Ibn Hajar dans al-‘Isaba, il vécut soixante ans avant sa conversion à l’Islam et soixante autres années après. Il mourut à Médine, pendant le règne de Yazid Ibn Mou’awiyyah.

 

15. Rabi’ah Ibn Aktham Ibn Sakhbara Ibn ‘Amrou Ibn Bakir al-Asdi (radhiyallahou ‘anhou) : un allié des Banou ‘Abd ash-Shams. Il fit Badr et Ouhoud et tomba en Shahid à Khaybar à l’âge de trente ans. Il fut tué par le juif al-Harith, à an-Natat.

 

16. Rafa’a Ibn Masrouh al-Asdi de la tribu ‘Asd Ibn Khazima (radhiyallahou ‘anhou).

 

17. Thabit Ibn ‘Athla al-Awsi de Banou ‘Amrou Ibn ‘Awf (radhiyallahou ‘anhou).

 

18. Thaqif Ibn Amrou Ibn Shamit des Banou Ghanam : participa à Badr avec ses deux frères Milaj et Malik (radhiyallahou ‘anhoum).

 

19. ‘Oumara Ibn ‘Ouqbah Ibn Haritha al-Ghifari (radhiyallahou ‘anhou): cité par Ibn Ishaq et par Ibn ‘Abd al-Bar, tomba en Shahid à Khaybar.

 

20. Oum Mouta’ al-Aslamiyah (une Médinoise) (radhiyallahou ‘anha) : participa à l’expédition de Khaybar. Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) lui donna sa part du butin égal à celui d’un homme.

 

21. Oum ‘Oumara : Nassibah Bint Ka’b (radhiyallahou ‘anha). Elle joua un grand rôle dans la défense du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) à Ouhoud (voir sa biographie dans la bataille d’Ouhoud).

 

22. ‘Ounayf Ibn Habib de Banou ‘Amrou Ibn Awf al-Ansari (radhiyallahou ‘anhou).

 

23. ‘Ourwah Ibn Mourra Ibn Souraqah, des Aws (radhiyallahou ‘anhou).

 



[1] As-Sirah al-Halabiya, t.II. p.179, Zad ad-Mi'ad, t.II, p.340, Maghazi al-Waqidi, t.II, p.p.678-679, Imta’ al-Asma’, pp. 321-322, Sirah Ibn Hisham, t.II, 337, Sahih al-Boukhari, t.V, p.290.

[2] Al-Kamil fi at-Tarikh, t.II, pp.150-152, Sirah Ibn Hisham, t.II, p.353, As-Sirah al-Halabiya, t.II, p.175, Maghazi al-Waqidi, t.II, p.706.

[3] Al-Bidayah wa an-Nihayah, t.IV, p.218, Maghazi al-Waqidi, t.II, p.710.

[4] Ils appelaient ainsi le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

[5] Al-Bidayah wa an-Nihayah, t.IV, p.218, Maghazi al-Waqidi, t.II, p.710.