L’expédition de Hamra al-Assad

 

La victoire surprenante des Mecquois ébranla la crainte de la puissance des Musulmans chez les adversaires du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) à l’intérieur comme à l’extérieur de Médine. Ainsi certains Médinois non-musulmans eurent, dès la fin de la bataille, l’audace de montrer  au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et à ses Compagnons qu’ils n’étaient plus en mesure de se faire respecter; ce qui voulait dire en termes clairs, que ces ennemis allaient préparer des troubles contre la communauté musulmane, et c’est ce qui obligea les Musulmans à détacher un groupe d’Ansar pour monter la garde toute la nuit autour de la maison du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

Face à cette nouvelle situation, ce dernier devait rapidement riposter pour prouver aux ennemis de l’Islam, les bédouins, les Juifs et les hypocrites qu’ils se trompaient lourdement quant à l’issue de la bataille d’Ouhoud et sur la force de frappe des combattants de l’Islam. Il devait leur prouver par les actes que sa jeune communauté était encore soudée et aussi forte que par le passé.

 

Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) n’attendit pas longtemps pour passer à l’action. Le lendemain de la bataille, soit moins de quinze heures après Ouhoud, il ordonna le rassemblement de ses Compagnons qui répondirent très vite et sans hésiter un seul instant et avec eux, il sortit avec eux à la poursuite de Qouraysh. Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) insista particulièrement sur la participation seule de ceux qui combattirent à Ouhoud dans le but bien compris d’impressionner les voisins ennemis.

 

Il est rapporté dans Ibn Ishaq : « Le jour suivant la bataille d’Ouhoud (la seizième nuit de Shawwal), le héraut du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ordonna aux Musulmans de se tenir prêts pour la poursuite de l’ennemi et il précisa dans l’appel que : « Nul ne doit joindre l’expédition hormis ceux qui prirent part à la bataille d’Ouhoud[1]

 

Toutefois, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) accepta juste un seul homme (Jabir Ibn ‘AbdAllah) dans son armée et qui n’avait pas participé à la bataille non parce que celui-ci était un Compagnon mais parce qu’il présenta une requête que voici telle que la rapporta Ibn Ishaq :

« O Messager d’Allah, (je n’ai pas pu prendre part à Ouhoud (parce que mon père (‘AbdAllah Ibn ‘Amrou Ibn Haram) m’a chargé de le remplacer en tant que tuteur de mes sept sœurs en me disant qu’il n’était pas concevable ni pour lui ni pour moi de les laisser sans un homme avec elles et qu’il était celui qui allait prendre sa place au Jihad aux côtés du Messager d’Allah. Alors il m’a confié mes sœurs et j’ai accepté. O Messager d’Allah, permets-moi d’être à tes côtés dans cette expédition. »

 

Si cette permission fut accordée à Jabir Ibn ‘AbdAllah, elle ne le fut pas pour ‘AbdAllah Ibn Oubay[2], le chef des hypocrites, lesquels ainsi que tous les Juifs furent très surpris quand ils virent les Musulmans courir vers le lieu du rassemblement dès que l’appel fut lancé par le héraut du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), malgré les blessures, la dureté du combat de la veille et le revers subi.

La stupéfaction et l’étonnement de ces Juifs et de ces hypocrites fut encore plus grands quand ils virent les Compagnons du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) sortir en rangs à la poursuite de l’armée de Qouraysh et qu’aucun des Compagnons n’avait manqué l’appel en dépit de la fatigue et des graves blessures.

 

A titre d’exemple, citons ce témoignage d’un des Musulmans qui participa à l’expédition et qui démontra jusqu’où pouvait aller l’esprit de sacrifice : « Moi et mon frère[3], firent Ouhoud avec le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et furent blessés. Quand le héraut du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) appela pour la poursuite de l’ennemi, j’interpelai mon frère en lui disant : « Pourrions-nous manquer ne serait-ce qu’une seule expédition avec le Messager d’Allah ? » Par Allah, nous fîmes l’expédition avec le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) bien que nous n’ayons pas de montures et malgré nos graves blessures et moi qui était moins le touché, portai mon frère chaque fois qu’il se sentait fatigué[4]. »

 

En plus de ces deux frères gravement blessés, d’autres blessés participèrent à l’expédition d’Hamra al-Assad. Parmi eux, voici les noms de quelques Compagnons les plus proches du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) :

1. Talha Ibn ‘Oubaydallah (avec plus de soixante blessures).

2. Al-Harith Ibn Simma (avec dix blessures).

3. ‘Abd ar-Rahman Ibn ‘Awf (avec vingt blessures).

4. Ka’b Ibn Malik (avec dix blessures).

5. ‘Oussayd Ibn Houzayr (avec neuf blessures).

6. ‘Ouqbah Ibn ‘Amir (avec neuf blessures).

 

En résumé, la majorité des Compagnons étaient blessés à tel point que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), en voyant les quarante blessés des Banou Salma, dit : « O Allah fait miséricorde aux Banou Salma[5]. »

 

Les combattants d’Ouhoud sortirent donc après la prière Fajr, après que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) désigna Ibn Makhtoum émir de Médine et donné l’étendard de l’armée à ‘Ali Ibn Abou Talib.

 

Dans leur poursuite, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et ses Compagnons arrivèrent jusqu’à al-Hamra al-Assad[6] où ils furent retenus par la tombée de la nuit (dans cette expédition, les Musulmans avaient pour guide Thabit Ibn ad-Dahhak).

 

La réunion d’ar-Rawha et la surprise qui déconcerta les Qouraysh

 

Sur le chemin du retour vers la ville sacrée, Abou Soufyan s’arrêta avec son armée à un endroit appelé ar-Rawha (un grand défilé situé à trente miles de Médine), d’où le nom de la réunion de Qouraysh.

 

Dans cette réunion, des points de vue furent exprimés entre les chefs de l’armée mecquoise qui critiquèrent Abou Soufyan en ces termes : « Tu n’as pas tué Muhammad ni ramener de captives avec toi. Tu n’as rien fait de bien. » Puis, une attaque sur Médine fut proposée : « Bien que vous les avez tous tués au point où seuls les fuyards sont restés. Revenez sur vos pas et déracinez-les avant qu’ils ne reprennent leurs forces et leur ardeur[7]. »

 

Si cet avis fut partagé par la plupart des chefs mecquois, leur homologue Safwan Ibn Oumayyah al-Joumahi les rebuta en leur conseillant de poursuivre le retrait de l’armée. Il leur dit : « O gens ne faites rien ! J’ai peur qu’il (le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)) ne rassemble contre vous ceux qui n’ont pas participé (à Ouhoud), Retournez alors que la victoire est toujours votre car je ne suis pas certain, si vous revenez, que la victoire restera de votre côté. »

 

Abou Soufyan qui pencha au début pour la suggestion de Safwan Ibn Oumayyah, rejoignit en définitive l’avis de ses lieutenants qui demandèrent avec force une attaque sur Médine. Mais, tous furent totalement surpris et stupéfaits quand dans la réunion, ils furent informés que le

Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et son armée avaient quittés Médine à leur poursuites et qu’il avait bivouaqué tout près de Hamra al-Assad.

 

Et, au lieu de tracer les plans d’attaque (décidé dans la réunion), ils réfléchirent sur la manière d’assurer la retraite de leurs troupes pour sauvegarder le semblant de victoire remporté à Ouhoud et Abou Soufyan céda plus vite à ses angoisses qui pesèrent tout leur poids surtout après qu’il prêta l’oreille à la manœuvre d’un associateur de la tribu Khouza’a (alliée des Musulmans). Ce polythéiste (Ma’bad Ibn Abou Ma’bad al-Khouza’i), qui avait précédemment contacté le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) à Hamra al-Assad[8], fit semblant de passer par hasard près du camp des Qouraysh.

 

Voici la teneur de la rencontre entre Abou Soufyan et Ma’bad Ibn Abou Ma’bad qui bouleversa les plans des Qouraysh qui avaient déjà pris la décision d’attaquer la ville du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

- « Qu’as-tu comme nouvelles ? »

- « Muhammad est sorti avec ses Compagnons et se sont regroupés d’une manière dont je n’ai pas vu de semblable ! Ils ont hâte de vous rattraper d’autant plus que les absents d’hier des Aws et des Khazraj ont renforcé les rangs et qu’ils ont juré de ne revenir à Médine qu’après avoir pris leur revanche (sur vous). Ils sont très furieux pour leurs proches (morts et blessés d’Ouhoud). »

- « Malheur à toi, qu’est-ce que tu dis ? »

- « Par Allah, ne pars pas pour que tu voies de tes propres yeux les crinières des chevaux ! »

- «  Par Allah, nous venons juste de décider de revenir sur eux pour déraciner ceux qui restent. »

- « (Je vous conseille) de ne pas faire cela. »

  

Cette mystification d’un allié polythéiste au profit des Musulmans détruisit la volonté des chefs militaires mecquois, répandit la peur et la panique parmi les troupes et contraignit Abou Soufyan et ses lieutenants à annuler la décision (l’offensive sur Médine) et à accélérer la retraite vers La Mecque.

Néanmoins, avant de se retirer, Abou Soufyan manœuvra d’une telle manière qu’il camoufla subtilement sa fuite et celle de son armée. Sinon, comment expliquer la retraite de son armée surtout après la décision prise par tout le commandement concernant l’attaque de Médine?

Il profita du passage d’une caravane des Banou ‘Abd al- Qays pour transmettre un message au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qu’il s’apprêtait à écraser les Musulmans à Hamra al-Assad. Ce message arriva à destination mais le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) n’attacha aucune importance à cette menace et attendit trois jours les Qouraysh.

 

Cette fermeté du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et de ses Compagnons eut raison de Qouraysh qui préféra reculer bien que ses troupes étaient quatre fois plus nombreuses que celles de Médine.

 

Le retour de l’armée musulmane à Médine

 

Après le retrait d’Abou Soufyan et son armée vers La Mecque, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) retourna à Médine avec sa courageuse et brave armée, la tête haute enregistrant ainsi, par cette rapide action militaire, une éclatante victoire politico-militaire.

 

L’expédition d’Hamra al-Assad contribua largement la reprise en main de la situation tant à l’intérieur que dans les environs de Médine et à démontrer à ceux qui se tenaient à l’affut (les Juifs, les hypocrites et les bédouins) que leurs spéculations étaient fausses et leurs doutes sans fondement.

 

Par cette action rapide, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) prouva à tous les Arabes qu’Abou Soufyan n’était pas vraiment le vainqueur à l’issue de cette bataille et qu’Ouhoud n’était qu’une courte victoire truquée suite à l’erreur des archers. D’ailleurs, les grands chefs militaires admirent que la poursuite d’Hamra al-Assad avait été une véritable et ingénieuse manœuvre militaire grâce à laquelle le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) pu préserver la position des Musulmans parmi les habitants de la région après la bataille d’Ouhoud.

 

Statistique détaillée des pertes dans les deux camps

 

Selon al-Boukhari, les Musulmans enregistrèrent la perte de soixante-dix de leurs Compagnons, soit dix pour cent de l’effectif de leur armée. La majorité écrasante des Shouhadah fut des Ansar : soixante-quatre et les quatre restants des Mouhajirine.

 

Les Shouhadah des Mouhajirine

 

1. Hamza Ibn ‘Abd al-Mouttalib des Banou Hashim Ibn ‘Abd al-Manaf (tué par al-Wahshi l’abyssin, l’esclave de Joubayr Ibn Mout’im).

2. ‘AbdAllah Ibn Jahsh de Banou ‘Asd Ibn Khazima, allié des Banou ‘Abd-ash-Shams Ibn Abd-al-Manaf.

3. Mous’ab Ibn ‘Oumayr des Banou ‘Abd ad-Dar Ibn Qoussay (tué par Ibn Qami’a).

4. Shammas Ibn ‘Uthman de Banou Makhzoum.

 

Les Shouhadah des Ansar

 

A - De la tribu Aws.

- Des Banou ‘Abd-al-Ashhal

1. ‘Amrou Ibn Mou’ad Ibn an-Nou’man.

2. Al-Harith Ibn ‘Anas Ibn Rafi’.

3. ‘Oumara Ibn Ziyad Ibn as-Sakan.

4. Salma Ibn Thabit Ibn Waqsh.

5. ‘Amrou Ibn Thabit Ibn Waqsh.

6. Leur père Thabit Ibn Waqsh.

7. Souhayl Ibn Jabir.

8. Sayfi Ibn Qaydhi.

9. Houbab Ibn Qaydhi.

10. Abbad Ibn Sahl.

11. Al-Harith Ibn Aws Ibn Mou’ad.

12. Rifa’a Ibn Waqsh.

13. ‘Ayas Ibn Aws Ibn ‘Atik.

14. ‘Oubayd Ibn at-Tayhan.

 

- Des Banou Dhafar

1. Yazid Ibn Khatib Ibn Oumayyah.

 

- Des Banou Zubay’a

1. Abou Soufyan Ibn al-Harith Ibn Qays Ibn Zayd.

2. Handhala Ibn Abou Amir (Celui qui fut lavé par les anges).

 

- Des Banou ‘Oubayd

1. Anis Ibn Qatada.

 

- Des Banou Thaiaba Ibn ‘Amrou Ibn ‘Awf

1. Abou Hayya Ibn ‘Amrou Ibn Thabit.

2. ‘AbdAllah Ibn Joubayr, le chef de archers désigné par le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

- Des Banou as-Salm

1. Khaythama, Abou Sa’d Ibn Khaythama.

 

- Des Banou Mou’awiyyah Ibn Malik Ibn ‘Awf

1. Soubay’ Ibn Hatib.

 

B - De la tribu Khazraj

- Des Banou al-‘Ajlan

1. ‘AbdAllah Ibn Salma al-Balwi.

 

- Des Banou an-Najjar Ibn Thaiaba

1. ‘Amrou Ibn Qays.

2. Son fils, Qays Ibn ‘Amrou.

3. Thabit Ibn ‘Amrou Ibn Zayd.

4. ‘Amir Ibn Moukhlid.

5. Abou Habira Ibn al-Harith Ibn ‘Alqama.

6. ‘Amrou Ibn Moutarif Ibn ‘Alqama Ibn ‘Amrou.

7. Aws Ibn Thabit Ibn al-Mounzir.

8. Anas Ibn an-Nazr Ibn Zamzam Ibn Zayd Ibn Haram.

9. Qays Ibn Moukhalid.

10. Kaysan.

11. Soulaym Ibn al-Harith.

12. Nou’man Ibn ‘Abd-‘Amr.

 

- Des Banou al-Harith

1. Kharijah Ibn Zayd Ibn Abou Zouhayr.

2. Sa’d Ibn ar-Rabi’ Ibn Abou Zoubayr.

3. Aws Ibn al-Arqam Ibn Zayd (enterrés tous deux dans la même tombe).

 

- Des Banou al-‘Abjar

1. Malik Ibn Sinan Ibn ‘Oubayd.

2. Sa’id Ibn Souwayd Ibn Qays.

3. ‘Outbah Ibn Rabi’ Ibn Rafi’

 

- Des Banou Sa’id

1. Tha’labah Ibn Sa’d Ibn Malik.

2. Thaqaf Ibn Farwa al-Badi.

 

- Des Banou Tarif

1. ‘AbdAllah Ibn ‘Amrou Ibn Wahb.

2. Zoumrah (leur allié) des Banou Jouhaynah.

 

- Des ‘Awf Ibn al-Khazraj

1. Nawfal Ibn ‘AbdAllah.

2. Abbas Ibn ‘Ayada Ibn Nazla.

3. Nou’man Ibn Malik Ibn Tha’labah.

4. Al-Moujazzir Ibn Ziyad al-Balwi al-Khazraji (par alliance).

5. Oubada Ibn al-Hashas.

 

- Des Banou al-Houbla

1. Rafa’a Ibn ‘Amrou.

 

- Des Banou Salma

1. ‘AbdAllah Ibn ‘Amrou Ibn Haram.

2. ‘Amrou Ibn al-Jamouh Ibn Zayd Ibn Haram.

3. Khallad Ibn ‘Amrou Ibn al-Jamouh.

4. Abou ‘Ayman.

 

- Des Banou Sawad Ibn Ghanam

1. Soulaym Ibn ‘Amrou Ibn Hadida.

2. ‘Antara (auxiliaire de Soulaym Ibn ‘Amrou).

3. Sahl Ibn Qays Ibn Ka’b.

 

- Des Banou Zourayq Ibn ‘Amir

1.  Thakwan Ibn ‘Abd-Qays.

2. ‘Oubayd Ibn al-Mou’alla.

 

Ibn Ishaq cite les noms de ces Shouhadah auxquels Ibn Hisham ajoute les noms de cinq Ansar que voici :

1. Malik Ibn Namila al-Mazini (un allié des Banou Mou’awiyyah Ibn Malik).

2. Al-Harith Ibn Ouday Ibn Kharacha (de Banou Khatma, des Aws).

3. Malik Ibn ‘Ayas (de Banou Sawad Ibn Malik, des Khazraj).

4. ‘Ayas Ibn Ouday (de Banou ‘Arnrou Ibn Malik, des Khazraj).

5. ‘Amrou Ibn ‘Ayas (des Banou Salim Ibn ‘Awf, des Khazraj).

 

Quant aux blessés, aucun historien n’a rapporté de statistique satisfaisante comme pour les Shouhadah. Cependant, on peut avancer, à la lumière des matériaux récoltés sur la bataille d’Ouhoud, que leur nombre ne pouvait pas être en deçà de cent cinquante. Dans as-Sirah al- Halabiya, l’auteur cite le nombre de quarante blessés dans la seule tribu des Banou Salma[9].

 

Les morts dans les rangs des polythéistes

 

- Des Banou ‘Abd ad-Dar Ibn Qoussay (les porteurs de l’étendard).

1. Talha Ibn Abou Talha, tué par az-Zoubayr Ibn al-‘Awwam.

2. Abou Sa’id Ibn Abou Talha, tué par Sa’d Ibn Abou Waqqas.

3. ‘Uthman Ibn Abou Talha, tué par Hamza Ibn ‘Abd al-Mouttalib.

4. Moussa’if Ibn Abou Talha, tué par ‘Assim Ibn Thabit Ibn Abou al-Aflah.

5. Al-Joullas Ibn Talha Ibn Abou Talha, tué par ‘Assim Ibn Thabit Ibn Abou al-Aflah.

6. Al-Harith Ibn Talha Ibn Abou Talha, tué par Qouzman.

7. Kilab Ibn Talha Ibn Abou Talha, tué par Qouzman (selon Ibn Hisham, il fut tué par ‘Abd ar-Rahman Ibn ‘Awf).

8. Arta’a Ibn Shourahbil Ibn Hashim Ibn ‘Abd al-Manaf Ibn ‘Abd ad-Dar, tué par Hamza Ibn ‘Abd al-Mouttalib.

9. Abou Yazid Ibn ‘Oumayr (le frère de Mous’ab Ibn ‘Oumayr) Ibn Hashim Ibn ‘Abd al-Manaf Ibn ‘Abd ad-Dar, tué par Qouzman.

10. Al-Qasit Ibn Sharih Ibn Hashim Ibn ‘Abd al-Manaf Ibn ‘Abd ad-Dar, tué par Qouzman.

11. Sou’ab (un esclave Abyssin), tué par Qouzman (par ‘Ali Ibn Abou Talib, selon d’autres et par Sa’d Ibn Abou Waqqas, selon encore d’autres).

 

- Des Banou Asd Ibn ‘Abd al-Ouzzah Ibn Qoussay

1. ‘AbdAllah Ibn Hamid Ibn Zouhayr Ibn al-Harith Ibn Assad, tué par ‘Ali Ibn Abou Talib.

 

- Des Banou Zahra Ibn Kilab

1. Abou al-Hakam Ibn al-Akhnas Ibn Shariq Ibn ‘Amrou ath-Thaqafi, tué par Ali Ibn Abou Talib.

2. Sabba’ Ibn ‘Abd al-Ouzzah al-Ghabachani al-Khouza’i, tué par Hamza Ibn ‘Abd al-Mouttalib.

 

- Des Banou Makhzoum Ibn Yaqdha

1. Hisham Ibn Abou Oumayyah Ibn al-Moughirah (le cousin de Khalid Ibn al-Walid), tué par Qouzman.

2. Al-Walid Ibn al-‘As Ibn Hisham Ibn al-Moughirah, tué par Qouzman.

3. Abou Oumayyah Ibn Abou Houdhay Ibn al-Moughirah, tué par ‘Ali Ibn Abou Talib.

4. Khalid Ibn al-A’lam (allié des Banou Makhzoum), tué par Qouzman.

 

- Des Banou Joumah

1. Abou Ouzzah, Amrou Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Oumayr Ibn Wahb, tué sur l’ordre du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) après qu’il tomba en captivité.

2. ‘Oubay Ibn Khalaf Ibn Wahb, tué par le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

- Des Banou ‘Amir Ibn Lou’ay

1. ‘Oubaydah Ibn Jabir, tué par Qouzman.

2. Shaybah Ibn Malik Ibn al-Mouzarrab, tué par Qouzman selon Ibn Hisham, (tué par ‘AbdAllah Ibn Mas’oud selon d’autres).

 

Nous avons là les noms des vingt-deux polythéistes tués à Ouhoud, selon Ibn Ishaq. Cependant dans d’autres sources, on trouve que Sa’d Ibn Abou Waqqas tua trois polythéistes dans la dernière offensive d’Abou Soufyan sur la position du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et de ses Compagnons (Ibn Qayyim, Zad al-Mi’ad, t.2, p.240).

 

Ibn Ishaq rapporte aussi le témoignage d’az-Zoubayr disant qu’Abou Doujana tua un des Qouraysh. Ka’b Ibn Malik, le Compagnon très connu témoigna aussi qu’Abou Doujana avait tué un des polythéistes (Al-Bidayah wa an-Nihayah, t.IV, p.17).

 

Dans as-Sirah al-Halabiya, t.2, p.30, on trouve ceci : « Au cours de la retraite des Musulmans vers les hauteurs d’Ouhoud, al-Harith Ibn as-Simma tua ‘Uthman Ibn ‘AbdAllah Ibn al-Moughirah qui essaya d’intenter à la vie du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et qu’Abou Doujana tua ‘Oubaydallah al-Jabiri.

 

On peut ajouter enfin, la mort de Mou’awiyyah Ibn al-Moughirah Ibn Abou al-‘As (le grand-père de ‘Abd al-Malik Ibn Marwan du côté de la mère), mort survenue des mains de Zayd Ibn Haritha et de ‘Ammar Ibn Yassir, quatre jours après la bataille d’Ouhoud.

 

Ouhoud dans le Qur’an

 

Le Noble Qur’an traite de cette bataille avec abondance et soixante Versets abordent l’ensemble des évènements de la bataille (préparatifs, victoire des Musulmans puis catastrophe des archers, etc.).

Au début, le Qur’an parle de la première étape de la mobilisation et de la préparation en ces termes : « Lorsqu’un matin, tu (Muhammad) quittas ta famille, pour assigner aux croyants les postes de combat et Allah est Audient et Omniscient. » (Qur’an 3/121)

 

Puis, le Qur’an signale le comportement sournois des hypocrites qui rebroussèrent chemin dans le but de provoquer la dislocation des Musulmans : « …et qu’Il distingue les hypocrites. On avait dit à ceux-ci : « Venez combattre dans le sentier d’Allah, ou repoussez [l’ennemi»] ils dirent : « Bien sûr que nous vous suivrions si nous étions sûrs qu’il y aurait une guerre. » Ils étaient, ce jour-là, plus près de la mécréance que de la foi. Ils disaient de leurs bouches ce qui n’était pas dans leurs cœurs. Et Allah sait fort bien ce qu’ils cachaient. » (Qur’an 3/167)

 

« Ceux qui sont restés dans leurs foyers dirent à leurs frères : « S’ils nous avaient obéi, ils n’auraient pas été tués. » Dis : « Ecartez donc de vous la mort, si vous êtes véridiques ». » (Qur’an 3/168)

 

Comme il révèle aussi la véritable raison qui évita la division de l’armée musulmane avant son arrivée à Ouhoud par la désertion des trois cents hypocrites : « Quand deux de vos groupes songèrent à fléchir ! Alors qu’Allah est leur allié à tous deux ! Car, c’est en Allah que les croyants doivent placer leur confiance. » (Qur’an 3/122)

Selon les exégètes et les auteurs de Biographie, les deux partis qui faillirent retourner sur leurs pas furent les Banou Salma de la tribu Khazraj et les Banou Haritha de la tribu Aws. Mais Allah les prémunis de la tentation et c’est ce qui les encouragea à continuer le chemin et à combattre auprès du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

Le Qur’an témoigne encore par l’enregistrement de la victoire rapide du début de la bataille puis de l’ahurissante défaite des Musulmans qui s’ensuivit sans oublier de signaler le désaccord des archers, lesquels furent pardonnés en dépit de la grave erreur : « Et certes, Allah a tenu Sa promesse envers vous, quand par Sa permission vous les tuiez sans relâche, jusqu’au moment où vous avez fléchi, où vous vous êtes disputés à propos de l’ordre donné, et vous avez désobéi après qu’Il vous eut montré (la victoire) que vous aimez ! Il en était parmi vous qui désiraient la vie d’ici-bas et il en était parmi vous qui désiraient l’au-delà. Puis Il vous a fait reculer devant eux, afin de vous éprouver. Et certes Il vous a pardonné. Et Allah est Détenteur de la grâce envers les croyants. » (Qur’an 3/152)

 

Par ailleurs, Allah le Très-Haut parle aussi de la débâcle des Musulmans et de la courageuse intervention du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) : « (Rappelez-vous) quand vous fuyiez sans vous retourner vers personne, cependant que, derrière vous, le Messager vous appelait. Alors Il vous infligea angoisse sur angoisse, afin que vous n’ayez pas de chagrin pour ce qui vous a échappé ni pour les revers que vous avez subis. Et Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites. » (Qur’an 3/153)

 

La démoralisation qui toucha une partie des Musulmans après la fausse rumeur de la mort du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) est aussi mentionnée dans le Qur’an ainsi que le rappel de la simple humanité de leur Compagnon : « Muhammad n’est qu’un messager - des messagers avant lui sont passés. S’il mourait, donc, ou s’il était tué, retourneriez-vous sur vos talons ? Quiconque retourne sur ses talons ne nuira en rien à Allah ; et Allah récompensera bientôt les reconnaissants. » (Qur’an 3/144) 

 

Dans la même sourate (La famille d’Imran), Il, à Lui les Louanges et la Gloire, signale aussi :

1. Le désir des Musulmans d’avant la bataille et leur insistance à rencontrer l’ennemi en dehors de Médine : « Bien sûr, vous souhaitiez la mort avant de la rencontrer. Or vous l’avez vue, certes, tandis que vous regardiez. » (Verset 143)

 

2. La fuite des rares Compagnons vers Médine après la défaite : « Ceux d’entre vous qui ont tourné le dos, le jour où les deux armées se rencontrèrent, c’est seulement le Diable qui les a fait broncher, à cause d’une partie de leurs (mauvaises) actions. Mais, certes, Allah leur a pardonné. Car vraiment Allah est Pardonneur et Indulgent ! » (Verset 155)

 

3. La responsabilité des archers et de l’ensemble des Compagnons dans la défaite : « Quoi ! Quand un malheur vous atteint - mais vous en avez jadis infligé le double - vous dites : « D’où vient cela ? » Réponds-leur : « Il vient de vous-mêmes. » Certes Allah est Omnipotent. » (Verset 165)

 

4. La peur de la mort dont Allah seul à le pouvoir : « Personne ne peut mourir que par la permission d’Allah, et au moment prédéterminé. » (Verset 145)

 

5. Un rappel historique qui montre que Muhammad et ses Compagnons ne furent pas les premiers à subir des échecs dans leur lutte pour la cause d’Allah : « Combien de Prophètes ont combattu, en compagnie de beaucoup de disciples, ceux-ci ne fléchirent pas à cause de ce qui les atteignit dans le sentier d’Allah. Ils ne faiblirent pas et ils ne cédèrent point. Et Allah aime les endurants. » (Verset 146) 

 

6. Sa décision quant au rôle imparti par lui à la guerre : « Ne vous laissez pas battre, ne vous affligez pas alors que vous êtes les supérieurs, si vous êtes de vrais croyants. Si une blessure vous atteint, pareille blessure atteint aussi l’ennemi. Ainsi faisons-Nous alterner les jours (bons et mauvais) parmi les gens, afin qu’Allah reconnaisse ceux qui ont cru, et qu’Il choisisse parmi vous des martyrs - et Allah n’aime pas les injustes, et afin qu’Allah purifie ceux qui ont cru, et anéantisse les mécréants. » (Versets 139 à 141)

 

7. Son but par cette défaite : « Allah n’est point tel qu’Il laisse les croyants dans l’état où vous êtes jusqu’à ce qu’Il distingue le mauvais du bon. Et Allah n’est point tel qu’Il vous dévoile l’Inconnaissable. Mais Allah choisit parmi Ses Messagers qui Il veut. Croyez donc en Allah et en Ses Messagers. Et si vous avez la foi et la piété, vous aurez alors une récompense énorme. » (Verset 179)

 

« Comptez-vous entrer au Paradis sans qu’Allah ne distingue parmi vous ceux qui luttent et qui sont endurants ? » (Verset 142)

 

8. Le calme et la tranquillité qui descendirent subitement sur tous le Compagnons du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), même sur ceux qui doutèrent : « Puis Il fit descendre sur vous, après l’angoisse, la tranquillité, un sommeil qui enveloppa une partie d’entre vous, tandis qu’une autre partie était soucieuse pour elle-même et avait des pensées sur Allah non conformes à la vérité, des pensées dignes de l’époque de l’Ignorance. - Ils disaient : « Est-ce que nous avons une part dans cette affaire ? » Dis : « L’affaire toute entière est à Allah. » Ce qu’ils ne te révèlent pas, ils le cachent en eux-mêmes : « Si nous avions eu un choix quelconque dans cette affaire, disent-ils, Nous n’aurions pas été tués ici. » Dis : « Eussiez-vous été dans vos maisons, ceux pour qui la mort était décrétée seraient sortis pour l’endroit où la mort les attendait. Ceci afin qu’Allah éprouve ce que vous avez dans vos poitrines, et qu’Il purifie ce que vous avez dans vos cœurs. Et Allah connaît ce qu’il y a dans les cœurs. » (Verset 154)

 

9. Ceux qui pensèrent contacter ‘AbdAllah Ibn ‘Oubay pour qu’il intervienne en leur faveur auprès de Qouraysh : « Ô les croyants ! Si vous obéissez à ceux qui ne croient pas, ils vous feront retourner en arrière. Et vous reviendrez perdants. Mais c’est Allah votre Maître. Il est le meilleur des secoureurs. » (Versets 149, 150)

 

 

10. La joie et le comportement des hypocrites après la bataille ainsi que son conseil à l’adresse des Musulmans : « Ô les croyants ! Ne soyez pas comme ces mécréants qui dirent à propos de leurs frères partis en voyage ou pour combattre : « S’ils étaient chez nous, ils ne seraient pas morts, et ils n’auraient pas été tués. » Allah en fit un sujet de regret dans leurs cœurs. C’est Allah qui donne la vie et la mort. Et Allah observe bien ce que vous faites. Et si vous êtes tués dans le sentier d’Allah ou si vous mourez, un pardon de la part d’Allah et une miséricorde valent mieux que ce qu’ils amassent. Que vous mouriez ou que vous soyez tués, c’est vers Allah que vous serez rassemblés. » (Versets 156 à 158)

« N’aie (ô Muhammad) aucun chagrin pour ceux qui se jettent rapidement dans la mécréance. En vérité, ils ne nuiront en rien à Allah. Allah tient à ne leur assigner aucune part de biens dans l’au-delà. Et pour eux il y aura un énorme châtiment. » (Verset 176)

 

11. la noble et courageuse intervention du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) aux moments les plus difficiles de la bataille : « C’est par quelque miséricorde de la part d’Allah que tu (Muhammad) as été si doux envers eux ! Mais si tu étais rude, au cœur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage. Pardonne-leur donc, et implore pour eux le pardon (d’Allah). Et consulte-les à propos des affaires; puis une fois que tu t’es décidé, confie-toi donc à Allah, Allah aime, en vérité, ceux qui Lui font confiance. » (Verset 159)

 

12. La réussite de l’expédition d’Hamra al-Assad, de la bravoure et la fidélité des Musulmans malgré les blessures : « Ceux qui, quoiqu’atteints de blessure, répondirent à l’appel d’Allah et du Messager, il y aura une énorme récompense pour ceux d’entre eux qui ont agi en bien et pratiqué la piété. Certes ceux auxquels l’on disait : « Les gens se sont rassemblés contre vous ; craignez-les » - cela accrut leur foi - et ils dirent : « Allah nous suffit ; Il est notre meilleur garant. » Ils revinrent donc avec un bienfait de la part d’Allah et une grâce. Nul mal ne les toucha et ils suivirent ce qui satisfait Allah. Et Allah est Détenteur d’une grâce immense. » (Versets 172 à 174)



[1] Sirah Ibn Hisham, t.II, p.101

[2] As-Sirah al-Halabiya, t.II, pp.49-50.

[3] ‘Abdoullah et Souhayl Ibn Rafi’ des Banou ‘Abd al-’Ashhal.

[4] Sirah Ibn Hisham, t.II, p. 101.

[5] As-Sirah al-Halabiya, t.II, p.50

[6] Hamra al-Assad, un endroit à huit miles de Médine.

[7] As-Sirah al-Halabiya, t.II, p.49.

[8] Al-Isti‘ab d’ibn ‘Abd al-Bar, p.434.

[9] As-Sirah al-Halabiya, t.II, p.50