Le rôle des ambassades européennes dans la mise en place des comités et partis arabes

 

À la suite de ces événements, les ambassades européennes devinrent actives dans leurs contacts avec les Arabes. Par conséquent, ils créèrent le Parti de la Décentralisation, avec le Caire comme centre et Rafiq al-Athim comme président. Ils créèrent également le Comité de Réforme à Beyrouth et le Forum Littéral, entre autres. Les Britanniques et les Français infiltrèrent les rangs des Arabes qui avaient porté la tendance nationaliste et leur ouvrirent les coffres de leur pays. Ainsi, le 18 juin 1913 et sous les auspices des Français, la jeunesse arabe tint une conférence à Paris, et cela représenta la première déclaration d’alignement des nationalistes arabes vers la Grande-Bretagne et la France contre leur État Ottoman.

 

Quand les hommes de l’Union et du Progress le sentirent, ils créèrent le Comité Turc Ojaghi, c’est-à-dire la famille turque. Son objectif était d’éliminer l’Islam et de transformer les éléments ottomans en éléments turcs. Puis ils encouragèrent la publication de livres et de revues athées, comme le livre écrit par le célèbre auteur turc Jalal Nouri Bek sous le titre L’histoire du Futur, dans lequel il écrivit : « C’est dans l’intérêt du gouvernement d’Astana de contraindre les Syriens à quitter leur patrie. Les terres arabes, en particulier l’Irak et le Yémen, doivent être transformées en colonies turques, afin de répandre la langue turque qui doit être la langue de la religion. Afin de protéger notre entité, il est impératif pour nous de transformer tous les pays arabes en pays turcs, car la nouvelle génération arabe a commencé à ressentir un chauvinisme racial et elle nous menace d’une calamité majeure contre laquelle nous devons prendre des précautions dès maintenant. » Ainsi, la tendance nationaliste et le chauvinisme patriotique eurent un impact sur les âmes, et la fidélité à l’Islam changea pour être remplacée par la fidélité au nationalisme et au patriotisme. Cela conduisit à résister à tout ce que l’Islam porte en termes de ce qui pourrait être considéré comme une menace pour le patriotisme et le nationalisme. Le critère de ceux qui prirent le pouvoir au sein de l’état était celui du nationalisme et du patriotisme plutôt que de l’Islam, même lorsqu’il s’agissait d’appeler à l’unité des rangs entre Arabes et Turcs.

 

De plus, lorsque Jamal Bacha était en Syrie, il fut témoin de la trahison de la jeunesse arabe contre l’état en agissant sur la direction de la France et les ordres de la Grande-Bretagne. Il en devint absolument certain lorsqu’il saisit des documents trouvés au consulat de France à Damas. Il voulait gagner les Arabes pour maintenir l’unité entre les citoyens de l’état. C’est pourquoi il invita les dirigeants arabes à un rassemblement tenu à Damas et prononça un discours dans lequel il les exhorta à l’unité. Voici ce qu’il dit dans son discours : « Et vous devez avoir confiance dans le fait que le Comité turc, dont vous avez été témoin à Astana et dans les autres régions habitées par des éléments turcs, ne se heurte en aucune manière aux aspirations arabes. Vous savez sans aucun doute que l’Empire Ottoman fut témoin de l’établissement des mouvements bulgare, grec et arménien, et qu’il existe maintenant un mouvement arabe. Les Turcs avaient totalement oublié leur existence au point qu’ils craignaient même de mentionner leur peuple. L’esprit patriotique était complètement mort au point que l’on craignait que le peuple turc soit sur le point de se désintégrer complètement. C’est donc dans le but d’étouffer cette menace imminente que les hommes des Jeunes Turcs se sont levés avec un zèle qui mérite l’admiration. Par conséquent, ils prirent les armes et se s’engagèrent à enseigner aux Turcs l’esprit patriotique. » Il ajouta : « Aujourd’hui, je me trouve capable de vous confirmer que les aspirations turques ne sont en aucun cas en contradiction avec les aspirations arabes, car les Turcs et les Arabes ne sont que frères dans leurs objectifs patriotiques. » Il ajouta également : « Et brièvement, les plus grandes aspirations de ce parti, le parti des Jeunes Turcs (l’Union et le Progrès), sont de gagner pour le peuple turc le respect de tous les peuples du monde, et d’établir son droit d’exister aux côtés des peuples du 20e siècle. »

 

C’est avec ces mots que Jamal Bacha voulut unir les Musulmans sous la bannière du Califat Islamique et faire échouer les efforts entrepris par les Arabes pour rompre avec les Turcs, à savoir avec le califat et chercher l’aide des Britanniques et des Français mécréants.

Il est juste de dire que Jamal Bacha eut raison de pendre les traîtres qui avaient collaboré avec la France et la Grande-Bretagne contre le Califat, car ils étaient soit des mécréants ou des apostats musulmans pour avoir cru en l’inadéquation de l’Islam. Il eut également raison de frapper tous les traîtres et tous les individus qui travaillaient contre le Califat, même s’il travaillait lui-même pour le patriotisme, et encore moins si cet individu travaillait contre le Califat avec les impies et sous leur commandement. Cependant, Jamal Bacha et le parti des Jeunes Turcs, à savoir l’Union et le Progrès, méritaient d’être punis et emprisonnés pour avoir nourri l’idée patriotique. Ce discours apaisant qu’il prononça était faux et le séparatisme patriotique ne devrait pas être traité de cette manière pour le moins car le discours indique en fait la présence de doctrines corrompues et un mépris de l’Islam comme étant le seul lien qui rassemble les citoyens de l’état et comme étant la seule idéologie sur laquelle le Califat est construit.

Les mots qu’il aurait dû prononcer, qui auraient été considérés comme décisifs et définitifs, et il est interdit de dire le contraire, sont que nous devons tous donner notre loyauté au seul Dogme Islamique. Il est interdit d’être loyal envers quoi que ce soit d’autre. Ce dogme devrait à lui seul être le critère de nos actions. Cependant, au lieu de dire cela, il calma les Musulmans arabophones en disant : « Les aspirations arabes et les aspirations turques ne se heurtent pas, » et en disant : « Les Turcs et les Arabes ne sont que frères dans leurs objectifs patriotiques, » et aussi en disant : « Les plus grandes aspirations de ce parti, le parti des Jeunes Turcs, est de gagner pour le peuple turc le respect de tous les peuples du monde et d’établir son droit d’exister aux côtés des peuples du XXe siècle, » à savoir avec les Britanniques, les Français, les Italiens et les Grecs, autrement dit avec les mécréants.

 

Le missionnaire et les invasions culturelles

 

Par conséquent, les styles d’évocation de la tendance nationaliste et du chauvinisme patriotique dans la capitale du Califat portèrent leurs fruits et les pays européens, en particulier la Grande-Bretagne et la France, obtinrent un grand succès en portant à l’État Islamique un coup terrible et dévastateur. Cependant, les pays européens et la Grande-Bretagne en particulier ne se sont pas limités à cette méthode, malgré sa malveillance et ses terribles résultats car depuis le 16e siècle, ils avaient adopté une autre technique contre l’Islam. Cela était dû à l’animosité qui mijotait dans leur âme et à la rancune érodant leur cœur contre l’Islam et contre les pensées et les lois de l’Islam. Par conséquent, à côté de cette méthode, ils avaient l’habitude de procéder avec une autre pour frapper les Fondations (‘aqa'id) Islamique (doctrines) et la Législation Islamique. Istanbul et Beyrouth étaient les deux principaux centres repris par les impies comme base et ils tentèrent également de transformer le Caire en un autre centre.

 

Quant au centre de Beyrouth, le plan conçu pour lui était censé avoir un effet à long terme en diplômant les jeunes qui seraient hostiles à l’Islam et en affectant les pensées des Musulmans ordinaires. Ils procédèrent avec ce plan par voie d’invasion missionnaire et d’invasion culturelle sous le couvert de la science et ils se consacrèrent à ces énormes dépenses. Par conséquent, ils établirent des comités missionnaires, dont la plupart étaient des comités britanniques, français et américains. Ils procédèrent également à l’invasion culturelle via les missions et les missionnaires afin de rallier les citoyens chrétiens à leurs côtés et d’élever les doutes des Musulmans sur leur religion et d’ébranler leur Dogme (‘aqida).

Allah Exalté dit : « Ceux qui ne croient pas dépensent leurs biens pour éloigner (les gens) du sentier d’Allah. Or, après les avoir dépensés, ils seront pour eux un sujet de regret. Puis ils seront vaincus, et tous ceux qui ne croient pas seront rassemblés vers l’Enfer, afin qu’Allah distingue le mauvais du bon, et qu’Il place les mauvais les uns sur les autres, pour en faire un amoncellement qu’Il jettera dans l’Enfer. Ceux-là sont les perdants. » Al-Anfal 8 : 36

 

Le rôle du centre maltais dans l’invasion missionnaire

 

Les mécréants établirent à la fin du siècle un grand centre missionnaire à Malte qu’ils utilisèrent comme base pour leur invasion missionnaire et culturelle des terres islamiques. C’est à partir de là que les forces missionnaires étaient envoyées. Ils s’installèrent à Malte pendant un certain temps mais sentirent rapidement le besoin d’étendre leur activité. Par conséquent, ils déménagèrent en Syrie en 1625 et tentèrent d’établir des mouvements missionnaires. Cependant, leur activité était limitée et ne s’étendait pas au-delà de la création de quelques petites écoles et de la publication de quelques livres religieux. Ils endurèrent beaucoup de souffrances, allant de la persécution, du rejet et de l’hostilité de tous, Musulmans et Chrétiens. Cependant, ils persévérèrent jusqu’en 1773, après quoi les comités missionnaires des jésuite furent abolis et leurs institutions fermées, à l’exception de certains des comités missionnaires plus faibles tels que le comité des missionnaires Azariyyin.

 

La diffusion des expéditions missionnaires en Syrie

 

Malgré la présence des comités missionnaires, l’effet des missionnaires s’estompa et leur activité se limita à Malte. Cependant, en 1820, ils renouvelèrent leur activité et ils établirent le premier centre missionnaire à Beyrouth. Leur attention principale était consacrée au travail missionnaire religieux et à la culture religieuse, et leur souci de l’éducation était partiel. En 1834, les expéditions missionnaires se répandirent dans toute la Syrie grâce à l’encouragement du traitre notoire Ibrahim Bacha, à la large ouverture de ses territoires aux missionnaires, à sa sympathie à leur égard et à leur soutien sous l’influence et les instructions des Français. À cette époque, il avait occupé la Palestine, le Liban et la Syrie. Par conséquent, les missionnaires furent chaleureusement reçus et accueillis par le gouvernement d’Ibrahim Bacha et, par conséquent, leur activité s’intensifia. En conséquence, un collège fut ouvert dans le village d’Ainturah au Liban et la mission américaine transféré sa presse à Beyrouth afin d’imprimer et de publier des livres. Le tristement célèbre missionnaire américain Eli Smith devint remarquablement actif. Il travaillait à Malte en tant que bénévole et avait l’habitude de superviser la presse de la mission. Il vint à Beyrouth en 1827 mais devint terrifié par les Musulmans et las du manque de productivité. Il se rendit alors à Malte alors qu’il ne pouvait plus le supporter. Il retourna ensuite à Beyrouth en 1834 lorsqu’elle passa sous influence française grâce à Muhammad ‘Ali et son fils Ibrahim. Le missionnaire et sa femme ouvrirent une école pour femmes, puis son champ d’action s’élargi. C’est pourquoi il consacra sa vie à travailler à Beyrouth en particulier et en Syrie en général. De cette manière, tous ces efforts contribuèrent à relancer le mouvement missionnaire.

 

L’initiative lancée par Ibrahim Bacha pour mettre en œuvre le programme éducatif en Syrie et qui était déjà appliquée en Egypte, avait été pris du programme éducatif français. Cela fut l’occasion pour ces missionnaires, de contribuer au mouvement éducatif d’un point de vue missionnaire, selon ce que les mécréants avaient prévu. Il s’élargit ensuite pour inclure le mouvement de la presse. Par conséquent, le mouvement missionnaire devint actif et participa au mouvement éducatif de manière visible.

 

Incitation au conflit au sein de la population de Syrie

 

Lorsqu’Ibrahim Bacha se retira de Syrie en 1840, les troubles, le chaos et les troubles s’y répandirent et dans les émissaires occidentaux, en particulier les missionnaires profitèrent du manque d’influence de l’État Ottoman pour déclencher des conflits parmi la population. Par conséquent, les massacres de 1860 eurent lieu. À la suite de ces massacres, les pays occidentaux intervinrent et dépêchèrent leurs navires de guerre sur les côtes de Syrie. La France débarqua une force terrestre à Beyrouth et cela accrut l’influence des missionnaires et renforca leur main. Les Français devinrent actifs dans la création d’écoles et de collèges et les jésuites ouvrirent leurs écoles et collèges, parmi lesquels le Collège des Jésuites connu sous le nom d’Université des Jésuites de St Joseph et en 1866. Les Américains ouvrirent le Collège Protestant connu aujourd’hui sous le nom d’Université Américaine de Beyrouth. Cette université est considérée comme l’institution impie la plus horrible des terres islamiques car elle lanca les campagnes les plus féroces contre les pensées islamiques et contre les Musulmans et réussit à déplacer l’allégeance de milliers de jeunes Musulmans vers les pensées mécréantes.

 

L’attention accordée aux invasions missionnaires et culturelles ne se limitait pas uniquement à l’Amérique, à la France et à la Grande-Bretagne mais elle engloutit plutôt la plupart des pays impies, comme la Russie tsariste, qui envoya une foule d’expéditions missionnaires. Une expédition prussienne arriva également dans le pays, formée de moniales Karodt qui jouèrent leur rôle aux côtés des autres expéditions missionnaires dans la lutte contre l’Islam, malgré la différence de points de vue politiques entre les expéditions missionnaires et les autres émissaires occidentaux, quant à leur approche politique et leurs intérêts étaient concernés, ils étaient d’accord sur l’objectif : inspirer la culture occidentale à l’est, établir le dogme de séparer la religion de l’état comme une doctrine pour les Musulmans, susciter chez les Musulmans des soupçons sur leur religion, et les inciter à ressentir et à mépriser leur histoire et à glorifier l’occident et sa culture. Tout cela avec une haine profonde indéracinable et un mépris total pour l’Islam et les Musulmans.

 

En plus des écoles et des collèges, ils mirent en place un mouvement visant à orienter les gens vers la langue arabe, afin de les éloigner de l’Islam par elle, et vers ce qu’ils appelèrent l’Arabisme. La bannière de ce mouvement fut portée par les Chrétiens, malgré leur manque de compréhension de la langue arabe, en raison de leur incapacité à apprécier l’éloquence du Qur’an. D’où les maronites, dont la plupart étaient au service des expéditions missionnaires, avaient l’habitude de discuter du renouveau de la littérature ancienne et de la restauration des anciennes caractéristiques de la langue arabe classique.

 

Nassif al-Yaziji et le père Louis Sheikho ainsi que les maronites dirigèrent la campagne pour le nationalisme arabe et encouragèrent les gens à l’adopter. Ils dirigèrent également la campagne pour la langue arabe et encouragèrent les gens à y concentrer leur attention. En plus de cela, des livres et des publications porteurs de pensées occidentales commencèrent à émerger et une forte vague vers les Arabes, l’arabisme et la langue arabe balaya la région, couplée par un évitement accru de l’Islam et des pensées de l’Islam. Par conséquent, le centre de Beyrouth porta un coup dur à :

- Les Aqa’id (doctrines) de l’Islam

- Les pensées de l’Islam et réussit à orienter les gens vers l’Occident.

Ce centre obtint des résultats désastreux qui eurent un effet majeur dans le retrait de l’Islam des relations, des transactions, dans divers aspects de la vie et finalement dans la destruction de l’État Islamique.

 

La tentative d’introduction des lois constitutionnelles occidentales

 

Quant au Centre d’Istanbul, les pays occidentaux ne se contentaient pas de corrompre les enfants Musulmans dans les universités et les écoles et par la propagande mais, ils se concentrèrent également sur l’état lui-même dans le but de changer le système au pouvoir et les Lois de la Shari’ah, en les supprimant et en les remplaçant par les lois occidentales. Ils poursuivirent plusieurs méthodes pour y parvenir.

En 1839, ‘Abd al-Majid 1er accéda au poste de Califat alors qu’il n’avait que 16 ans, tandis que Rashid Bacha était l’ambassadeur de l’État Ottoman à Londres. Il rentra précipitamment à Istanbul et fut nommé Ministre des Affaires étrangères. À peine entré en fonction, il commença à faire campagne pour le système constitutionnel parlementaire au pouvoir. Il déclara également qu’il était déterminé à élever l’État Ottoman au niveau d’un état développé grâce à une constitution qui entérinerait les droits des citoyens. Il déclara également l’abolition des lacunes les plus importantes au sein de l’état. Rashid Bacha réussit facilement à obtenir le soutien du jeune Sultan pour son plan, et le document de la constitution fut préparé dans le plus grand secret.

 

Le 3 novembre 1839, toutes les personnalités de premier plan de la Sublime Porte, des représentants des habitants d’Istanbul, des représentants des sujets de l’état en Europe et des membres du corps diplomatique furent invités à la tribune située du côté sud du palais gouvernemental le long de la Mer de Marmara pour écouter une récitation du « Script honorable » connu sous le nom de « Kalkhanah. » Le document constitutionnel leur fut lu. Il contenait une foule de règles européennes avec une tentative de donner une certaine considération à l’Islam. Ce fut la première tentative d’introduire les lois constitutionnelles occidentales dans le système de l’état. Cependant, ce document resta simplement encre sur papier et ne fut pas été mis en œuvre. Cependant, en 1855, les états européens, en particulier la Grande-Bretagne, pressèrent l’État Ottoman de procéder à des réformes constitutionnelles. Sous la pression de ces états, le Sultan émit le 1er février un projet de loi de réforme. Ce projet de loi est devenu connu sous le nom de « Script Humayun. » Le Sultan approuva dans ce projet de loi tous les droits accordés aux sujets dans le « Script Honorable (Kalkhanah). »

 

Une foule de droits spécifiques furent conçus pour les Chrétiens, tels que le renvoi de l’administration des affaires civiques à un comité restreint composé de civils, de clercs et d’autres personnes directement élues par le peuple, la non-contrainte du Musulman qui embrasse le Christianisme à revenir à L’Islam, lui permettant plutôt de rejeter l’Islam et d’embrasser la foi chrétienne. Le service militaire devait être rendu obligatoire pour les Chrétiens comme il était obligatoire pour les Musulmans, alors qu’avant, il était exclusivement obligatoire pour les Musulmans, et permettait également aux étrangers la propriété de terres dans l’État Ottoman.

 

Ce projet de loi suscita une réaction négative de la part des citoyens, car les Musulmans le jugeaient contraire à la Shari’ah, tandis que les Chrétiens craignaient sa mise en œuvre. Néanmoins, les états européens le poursuivirent sous prétexte de réforme. Cependant, l’état étant islamique, les califes ne purent pas se lancer dans la mise en œuvre de ces lois constitutionnelles. Ce fut le cas jusqu’à ce que le nom de Medhat Bacha devienne proéminent dans les cercles gouvernementaux. Il était saturé des pensées occidentales et séduit par la culture occidentale. Il décida donc d’établir une constitution pour le pays en accord avec les pensées occidentales afin de plaire à ses maîtres occidentaux et de permettre à l’état d’agir au même niveau que les états occidentaux.

 

La tentative de Medhat Bacha de rédiger une constitution pour l’état à partir des systèmes occidentaux

 

Medhat Bacha était à l’époque ministre de la justice dans le gouvernement de Muhammad Rushdie Bacha, pendant le califat de ‘Abd al-‘Aziz. Il s’efforça de persuader ‘Abd al-‘Aziz de rédiger une constitution à partir des systèmes démocratiques occidentaux. Il lui écrit donc et l’exhorta à redresser le statu quo de l’état en lui établissant une constitution. Il écrivit dans cette lettre, une fois qu’il rendit compte de la corruption de l’état :

« ... Votre Excellence est bien consciente que le remède efficace à cette maladie sera de déraciner ses causes que nous connaissons trop bien. Si les causes étaient supprimées, la maladie serait supprimée. Par conséquent, si vous deviez émettre un nouveau Script Humayun dans laquelle vous imposerez le respect des lois et des systèmes, l’égalité entre les riches et les pauvres, les personnes âgées et les jeunes aux yeux de la loi ; si vous deviez rendre les institutions caritatives à leurs propriétaires légitimes et dépenser l’argent sur ce pour quoi les donateurs leur avaient promis ; si vous remettiez l’autorité de l’état à la Sublime Porte (le gouvernement), pour qu’elle adopte ses résolutions et les soumette ensuite à votre excellence ; si vous ne monopolisez pas les finances de l’état et les droits de propriété et si le Trésor ne devait pas dépenser une seule piastre sans le consentement de la Sublime Porte ; si les devoirs des fonctionnaires supérieurs et subalternes étaient définis et si les ministres étaient tenus responsables des conséquences de leurs actes, et cela devait être appliqué à vos proches et à votre personnel privé ; si tout cela était mis en œuvre, le résultat souhaité serait atteint avec l’aide d’Allah, (à Lui les Louanges et la Gloire), et l’état atteindrait le chemin que votre Excellence désire. »

 

Avant de soumettre la lettre au calife, Medhat Bacha la présenta au gouvernement et ils l’approuvèrent. Ils convinrent également que le président devrait soumettre la lettre au Sultan ‘Abd al-‘Aziz. Il le rencontra dûment et lui remis la lettre. À la lecture de la lettre, ‘Abd al-‘Aziz devint furieux et donna ses instructions de renvoyer immédiatement Medhat Bacha du gouvernement et de l’aliéner en le nommant wali de Salonique. Cependant, il n’y resta pas longtemps et il retourna bientôt à Istanbul. Il convint avec Hussein Awni Bacha, secrétaire de la police d’état, de renvoyer ‘Abd al-‘Aziz. Ils contactèrent ensuite le chef de la marine et Sheikh al-Islam. Les quatre convinrent de la destitution du Sultan. Ils fixèrent une date pour cela et c’était dans les premiers mois de 1876. À la veille de cette date, le traitre Medhat Bacha envoya un mémorandum anonyme aux états européens, à l’exception de la Russie, dans lequel il déclara que le retrait du Sultan était devenu une matière inévitable selon la Shari’ah Islamique qui décrète que le chef de l’état doit être totalement d’esprit sain. Tout en oubliant bien sûr que la même Shari’ah condamne à mort les traitres et les apostats.

 

La veille du 30 mai 1876, la marine débarqua devant le palais du gouvernement et les forces armées se rassemblèrent et encerclèrent le palais. Le Sultan fut informé de son écartement et la Fatwa de son désistement émise par Sheikh al-Islam lui fut lue. Il fut emmené du Saray (Maison du gouvernement) et la même nuit, Mourad 5 accéda au trône.

De cette manière Medhat Bacha évinça le calife avec la collaboration des états européens, en particulier la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France, à l’exception de la Russie, parce qu’elle refusa d’établir une constitution pour l’État Islamique, dérivée des systèmes démocratiques occidentaux.

 

On pensait que la nomination de Mourad 5 comme califes pour les Musulmans, après la destitution de ‘Abd al-‘Aziz, conduirait à l’établissement d’une constitution basée sur les systèmes occidentaux car Mourad avait été élevé de façon occidentale et il était connu pour être un homme éclairé. Par conséquent, l’espoir d’établir et de mettre en œuvre la constitution reposait sur lui. Cependant, sa santé se détériora en raison de son instabilité mentale. Malgré cela, Medhat Bacha tenta de déclarer la constitution. Il avait l’habitude de rencontrer ses collaborateurs pendant la maladie de Mourad, d’étudier les lois et les systèmes de l’Europe et de rédiger la constitution jusqu’à ce qu’elle soit finalisée. Cependant, l’état mental de Mourad devint connu de tous et de son éloignement devint inévitable. En conséquence, Sheikh al-Islam déclara dûment son abdication le 31 août 1876.

 

Le 1er septembre, son frère ‘Abd al-Hamid accéda au trône et devint calife des Musulmans. Peu de temps après, Medhat Bacha reprit le poste de Grand Vizir sur quoi, la Grande-Bretagne appela à une conférence à Istanbul réunissant les ambassadeurs des grandes puissances, dans le but de consolider la paix dans les Balkans grâce à l’introduction d’une foule de nouvelles propositions. La conférence eut lieu et l’État Ottoman fut incité à mettre en œuvre les réformes, et en conséquence Medhat Bacha se lanca dans la mise en œuvre des réformes internes. Il créa un comité composé de 16 fonctionnaires, 10 universitaires et deux officiers supérieurs de l’armée à qui il confia la tâche de rédiger une constitution pour l’état. Après quelques difficultés extrêmes, le comité approuva finalement un projet de constitution qui s’inspirait de la constitution belge qui fut promulgué sous le titre de Qanun Assas (Loi fondamentale) le 23 décembre. Par conséquent, une constitution belge, en tenant compte de certains aspects islamiques, devint la constitution officielle de l’État Islamique.

 

Parmi les questions stipulées par cette constitution était de s’adresser à tous les citoyens de l’état comme des Ottomans et de reconnaître leur liberté personnelle. Au lieu que l’Islam soit la constitution de l’état, comme c’était le cas jusque-là, la constitution stipulait que l’Islam était la religion de l’état, ce qui signifie que les jours fériés de l’état et d’autres questions connexes seraient examinés d’un point de vue islamique. La constitution stipulait également qu’une représentation populaire serait établie par le biais de deux assemblées, l’une pour les députés connus sous le nom de Conseil des députés et l’autre pour les sénateurs connus sous le nom de Sénat, les membres des deux chambres bénéficiant de l’immunité parlementaire. Ils ne seraient soumis ni aux lois de l’état ni aux règles de la Shari’ah tant que cette immunité n’aura pas été levée. Il stipulait également que les deux assemblées devaient se réunir le 1er novembre de chaque année, qu’elles devaient être inaugurées par le discours du trône et que les lois proposées par les deux assemblées devaient être mises en œuvre une fois que chaque assemblée les avait approuvées et une fois que le Sultan les auraient ratifiées. En d’autres termes, la législation serait exécutée par les deux assemblées. En outre, elle stipulait que l’élaboration du budget devait être renvoyée au Conseil des députés et qu’une Cour suprême composée de dix membres du Sénat, de dix consultants gouvernementaux et de dix consultants de la Cour d’appel devait être créée. Il stipulait que la règle dans les wilayas devait être basée sur la décentralisation.