Les campagnes militaires de Moton et Coron

 

La majeure partie de l’île du Péloponnèse avait été saisie à l’époque du Sultan Muhammad Khan II, mais les châteaux de Moton et de Coron sur la côte étaient restés aux mains des mécréants. Mustafa Beg, qui était le Beg de Préveza, reçut l’ordre de préparer quarante navires jusqu’au printemps et de les ajouter à la flotte pour les conquérir. Mustafa Beg reçut alors vingt galéasses construites au milieu de l’été mais les navires des mécréants vinrent à l’improviste lors d’une nuit sombre et les brûlèrent tous. Mustafa Beg essaya alors d’achever les navires incomplets. Pendant ce temps, il avait été transmis aux autorités ottomanes que les Hongrois, les Polonais et les Tchèques de la terre et les Européens de la mer s’étaient rassemblés pour attaquer les pays Ottomans. Yaqoub Bacha et des Begs célèbres furent envoyés pour aider à la réparation des navires qui passaient l’hiver à Lépante avec dix mille fantassins et vingt mille cavaliers. Ils reçurent l’ordre d’aller à Moton avec la flotte au printemps. Le Sultan quitta Edirne et arriva au Péloponnèse au début du mois sacré de Ramadan 905 (31 mars au 9 avril 1500). Quand l’état fut informé que Yaqoub Bacha était arrivé à Moton avec les navires, ils se reposèrent à Londar pendant dix-huit jours et arrivèrent devant le château de Moton. Les soldats assiégèrent la région par terre et mer et ils détruisirent leurs tours et leurs murs avec le bombardement des canons. Au moment où l’assaut était imminent, la flotte des mécréants arriva et commença à se battre. Les soldats musulmans capturèrent deux des navires des Européens et pendirent les mécréants devant le château. Ils coulèrent une de leurs galères et incendièrent un grand nombre de leurs navires. Au moment même où ils s’apprêtaient à s’emparer du château, quatre galères arrivèrent de Venise, ils passèrent parmi les navires musulmans avec leurs armes et leurs outils de guerre ainsi que quelques milliers d’arquebusiers européens et laissèrent ceux-ci à l’intérieur du château avant de brûler ces quatre galères. Lorsque l’État Ottoman fut informé de cela, le Sultan en colère, leur ordonna de marcher vers le château alors qu’ils essayaient de transporter tous les outils et les armes qui étaient arrivés. Certains des soldats escaladèrent les tours avec des échelles en utilisant la brèche ouverte par Sinan Bacha, qui était le gouverneur général d’Anatolie, et les autres soldats attaquèrent également. Ils se battirent du milieu de l’après-midi jusqu’à l’approche du coucher du soleil. Ce fut un tel combat qu’aucun similaire n’avait été vu auparavant. Quand le feu tomba sur le château et que mécréants furent confondus, l’armée musulmane saisie le château et passa les passa par l’épée. Cette conquête eut lieu le 14 Mouharram 906 (10 août 1500). Pour la conquête de Coron, ‘Ali Bacha fut envoyé par terre et le capitaine Bacha (le Grand Amiral, commandant en chef de la marine) par mer. ‘Ali Bacha assiégea d’abord Navarin et les habitants du château le rendirent à la condition qu’ils soient autorisés à partir. Alors il atteignit Coron et ses habitants soumirent également le fort et demandèrent la clémence. Ils furent autorisés à partir, ce qu’ils firent, pour les pays européens avec leurs affaires et leurs familles. Le Sultan exalté retourna à Istanbul. ‘Ali Bacha eut l’intention de conquérir Istefe et, au moment où il s’apprêtait à partir, il fut informé que les mécréants avaient repris le château de Navarin, alors il les attaqua. Il informa les autorités ottomanes de ce qui s’était passé et demanda plusieurs galères afin de bloquer l’aide apportée par mer aux mécréants. Le Sultan, qui est le refuge du monde, envoya trente galères et le capitaine Kemal. Lorsqu’ils arrivèrent devant Navarin, ils attaquèrent les navires qui se trouvaient dans le port du château. Ils saisirent huit navires des mécréants lors de la première attaque et tuèrent ceux qui s’y trouvaient. Les héros qui vinrent avec le Bacha montèrent au sommet des tours et prirent leurs gardes prisonniers. Ils passèrent trois mille mécréants par l’épée et le château fut pris d’assaut.

 

La campagne militaire de Lesbos

 

Venise demanda l’aide du souverain de France pour se venger de la prise de Lépante, Moton et Coron. Le souverain de la France fournit quelques navires et les donna à la marine vénitienne sous le commandement du fils de son frère. Ils attaquèrent Lesbos avec un total de deux cents galères en Rabi’ al-Awwal 907 (septembre-octobre 1501). Quand le prince Korkut apprit cela, il envoya Aga et huit cents de ses hommes à Ayazmend, puis, avec l’aide du Beg de Karesi et de ses soldats, par une nuit noire avec les navires. Ils franchirent les lignes ennemies et entrèrent dans le château mais son aide fut martyrisé. Quand cette terrible nouvelle parvint au Sultan, il remplit les navires disponibles de soldats à cette heure d’hiver et nomma Hersekoğlu Ahmed Bacha commandant en chef de la marine. Sinan Bacha, qui était gouverneur général d’Anatolie, fut également désigné pour rejoindre la flotte avec les soldats de ses provinces. Quand Ahmed Bacha atteignit la zone près de Lesbos en Joumadah al-Oula (novembre-décembre 1501), les mécréants marchèrent vers le château. Au moment où le commandant français attaqua en premier et qu’il se trouvait devant ceux qui s’avançaient pour entrer dans le château, un courageux soldat musulman tua ce mécréant et dressa la tête sur la tour. Quand les soldats français virent la tête de leur commandant, ils commencèrent à s’enfuir. Les soldats vénitiens leur emboîtèrent le pas, montèrent à bord de leurs navires et s’enfuirent dans les terres près de leur pays. Le gouverneur général d’Anatolie reçut l’ordre de réparer le château et Ahmed Bacha retourna à Istanbul. Cet Ahmed Bacha était le Grand Vizir et il devint le commandant en chef de la marine en 912 (1506) et resta à ce poste pendant cinq ans. En 917 (1511), il devint Grand Vizir une fois de plus.

 

Les raisons pour les taxes spéciales

 

On dit que cette campagne militaire causa l’attribution de taxes spéciales (ces taxes spéciales étaient celles imposées aux personnes en raison de circonstances extraordinaires) aux rameurs et marins. Les sujets n’avaient pas été taxés avant cela et resta en vigueur après cela et furent recueillies auprès des sujets de l’empire une fois par an.

 

Cessez-le-feu

 

Les vaisseaux vénitiens ne pouvaient pas faire face aux navires musulmans, ils restèrent silencieux à contrecœur après la défaite à Lesbos et ne cherchèrent pas à se venger. D’autre part, le cessez-le-feu étant considéré comme préférable en raison des taxes spéciales, la marine cessa ses attaques sur terre et mer et limita ses activités à la protection du Royaume Ottoman. Dans le pays de l’est, l’État des Shah perses émergea. Le désordre causé par les Rafidis (chiites) et l’inactivité du Sultan Bayazid à cause de sa vieillesse firent que les hommes d’état devinrent indifférents aux affaires de l’état et à la détérioration de la situation de l’état.

Le Sultan Salim Khan donna la priorité aux choses les plus importantes après son accession au trône et dans ce contexte, il consacra la majeure partie de son temps à la destruction des chiites, plus nuisibles que les mécréants, la conquête de l’Égypte et de Grande Syrie. Par conséquent, il y eut un cessez-le-feu avec les mécréants pendant un moment. Les mécréants de Venise et de Hongrie furent soulagés par ce cessez-le-feu parce qu’il arrêtait les griffes des combattants musulmans, par conséquent, ils ne bougèrent pas. Lorsque le Sultan Salim Khan partit au royaume de l’au-delà, le Sultan Souleyman Khan arriva au pouvoir et commença la conquête des lieux qui étaient propres à ajouter au pays ottoman. Il ouvrit les portes de la guerre sur terre et sur les mers. Il abandonna donc le cessez-le-feu qui avait été mis en place à l’époque de ses ancêtres en raison de l’intérêt de l’état. Dans la deuxième guerre, il considéra la conquête de Rhodes, une dernière volonté.

 

La préparation de la flotte pour Rhodes à l’époque du Sultan Salim I

 

En 923 (1517), les pays égyptiens furent conquis et retournèrent à Istanbul. En 925 (1519), quelques Vizirs sages firent une suggestion au Sultan conquérant que le château de Rhodes, qui était le refuge des pirates, devrait être saisi parce que la route de navigation devait être ouverte afin d’apporter les produits de ce pays à Istanbul. Puis ils commencèrent la préparation de la Flotte Royale et le rassemblement des marins. Bien que les notables et les officiels de haut rang aient parlé de la campagne militaire, le Sultan ne semblait pas présenter de décret lié à cela. Par coïncidence, un jour, il alla visiter la tombe d’Abou Ayyoub al-Ansari (radhiyallahou ‘anhou). Quand le Sultan vint près d’un haut dôme adjacent aux loges derviches de « Ya Vedud, » il s’arrêta et récita la Fatiha parce qu’il y avait la tombe de sa grand-mère. Quand il jeta un coup d’œil au bord de la mer, il vit que l’une des nouvelles galères, construites pour le commandant en chef, naviguait dans la mer. Il devint immédiatement furieux et ordonna l’assassinat du capitaine Cafer Aga en disant : « Qui a ordonné la navigation de cette galère ? Nous n’avons pas encore commandé de campagne militaire. » Le Grand Vizir, le Capitaine Piri, déclara : « C’est l’une des nouvelles galères, ils lèvent les voiles pour la tester. » Il réussit à le calmer avec beaucoup de difficultés. Le Sultan se tourna vers les Vizirs et dit : « L’étalon de ma détermination est destinée aux pays conquérants, mais votre détermination est dirigée vers la conquête d’un château. La chose la plus importante qui est nécessaire pour s’emparer d’un château est la poudre à canon. Combien de poudre avez-vous et avez-vous préparé la nourriture et les boissons nécessaires ? » Les Vizirs dirent au Sultan combien de nourriture et de boissons étaient disponibles, mais ils durent attendre le lendemain pour avoir une idée de la quantité de poudre disponible. Alors ils partirent dans l’embarras. Le lendemain, ils déclarèrent au Sultan qu’il y avait assez de poudre à canon pour quatre mois. Le Sultan exalté les gronda en disant : « Nous n’avons pas oublié l’embarras de Rhodes à l’époque de mon grand-père le Sultan Muhammad Khan, souhaitez-vous doubler cet embarras ? Si je me rends et reviens les mains vides, il est certain qu’aucun d’entre vous ne restera en vie. Comment une poudre de canon suffisante pour quatre mois peut-elle suffire pour la prise de ce château ? Même si ce château pouvait être capturé en deux fois plus de temps, cela serait un succès. Je ne peux pas lancer une campagne militaire avec de telles mesures vides et je ne peux pas partir en me fondant sur la parole de n’importe qui. Le voyage n’a pas été décrété pour nous, sauf le voyage vers l’autre monde. » En fait, ce souhait se réalisa après beaucoup d’ambitions et d’efforts. Le Sultan émigra dans le royaume de la miséricorde d’Allah moins de six mois après avoir prononcé ces paroles miraculeuses. Qu’Allah Exalté lui accorde une miséricorde sans fin.

 

La campagne militaire de Rhodes à l’époque du Sultan Souleyman Khan

 

Quand le Sultan exalté accéda au trône en 926 (1520), il pendit Cafer Beg, qui était le commandant en chef de la marine, parce qu’il avait été prouvé qu’il avait violé les droits d’autres personnes et le Sultan voulait en faire un exemple. Alors, son poste fut donné à Yaylak Mustafa Bacha. Puisque la conquête de Rhodes était parmi les affaires importantes de la religion et de l’état, le Sultan revint de la conquête de Belgrade en Dzoul Qi’dah 927 (octobre-novembre 1521) et entra à Istanbul. La préparation d’une grande flotte, l’armement nécessaire et les approvisionnements furent commandés par le Sultan durant l’hiver. Quand quarante mille rameurs et vingt mille marins arrivèrent, le deuxième Vizir Mustafa Bacha devint commandant de la marine et partit un jour de chance vers Rhodes avec sept cents navires composés de galions, de galéasses, de galères, de galliots et de bateaux. Le capitaine Yaylak Mustafa Bacha le rejoignit avec les navires qu’il avait préparés à Gallipoli. Le Sultan, qui est le refuge du monde, se rendit à Üsküdar, en Rajab 928 (mai-juin 1522), et se dirigea vers Rhodes depuis la terre. Le gouverneur général de Roumélie passa de Gallipoli avec les soldats des provinces et les soldats d’Anatolie rejoignirent l’armée royale dans la plaine de Muğla. Le Sultan exalté se rendit de Marmaris à l’île à travers cette ville, le 3 Ramadan (27 juillet 1522). La flotte était arrivée dans une région près de Rhodes et Mustafa Bacha avait envoyé le capitaine Kara Mahmoud vers l’île d’Harke avec plusieurs galères et lui avait fait conquérir son château. Ensuite, ils arrivèrent devant le Jardin de Jem de l’île de Rhodes. Après quelques consultations, ils quittèrent les lourds navires pour garder le détroit et le Bacha susmentionné s’installa dans la zone devant la forteresse de Rhodes avec un galliot. Ils arrivèrent au Cap d’Öküz et préparèrent les canons sur les navires pour l’attaque. Ils assiégèrent le château par terre et mer, le cinquième jour du mois sacré de Ramadan (29 juillet 1522). De grandes batailles eurent lieu avec les canons. Une semaine plus tard, les navires de la flotte qui avaient été envoyés en Egypte avec du cuivre revinrent avec de la poudre et des obus sur vingt-quatre galères. Bali Beg, qui était parmi les Begs de l’Egypte, rejoignit également les soldats. Les combats s’intensifièrent jusqu’à la fin da Shawwal (21 septembre 1522) et la Tour Arabe causa beaucoup de problèmes, de sorte que l’ordre du Sultan fut donné aux soldats d’attaquer le fort. Lors de la première attaque, ils passèrent les tranchées et hissèrent des drapeaux sur ses tours et ses murs, mais les mécréants contre-attaquèrent et repoussèrent les soldats musulmans. Bali Beg, qui était le Beg de Teke, et ‘Ali Beg, qui était le Beg d’Avlonia, devinrent des martyrs, mais ils ne purent atteindre leur objectif. Avec l’approbation des Vizirs, ils commencèrent à apporter de la terre des environs et les combats durèrent cinq mois. Finalement, les soldats musulmans empilèrent la terre qu’ils avaient apportée et firent un grand tumulus, aussi haut que les murs du château et sont entrés. Les mécréants désespérèrent de défendre le château avec succès, remirent le château le 5 Safar 929 (24 décembre 1522) et demandèrent clémence. Leurs vies et biens furent épargnés et leur dirigeant Migal Mastori fut autorisé à partir librement. Il alla à Malte et s’y installa. Puis une tempête se leva et dispersa les navires du port. Certains d’entre eux furent jetés à la terre et certains d’entre eux sur les rochers. Plus tard, Tahtali, Lindos, l’île de Kos et Bodrum, qui étaient soumis à Rhodes, furent également saisies et ils rejoignirent le Royaume Ottoman. Tous les armements et les fournitures nécessaires furent apportés au château et le Sultan exalté passa du côté de Menteşe et retourna à Istanbul avec honneur et dignité le 14 Safar (2 janvier 1523).

 

La campagne militaire du capitaine Salman

 

Les soldats qui précédemment eurent de nombreuses épopées de victoire à leurs noms, n’avaient pas fait campagne dans la mer des Indes, mais le Sultan, dont le rang est exalté, nomma un pirate nommé Salman en tant que capitaine et commandant de cette région en 932 (1525/1526). Le Sultan Souleyman Khan l’envoya au Yémen par le port de Suez avec vingt galères. Ce capitaine Salman arriva sur les côtes du Yémen et d’Aden et pilla et saccagea ces gens mal intentionnés qui souhaitaient le malheur de la religion et de l’état. Par conséquent, les chefs tribaux et les Arabes dans cette région eurent peur de lui, lui présentèrent beaucoup de cadeaux et déclarèrent qu’ils seraient des sujets de l’empire. Ils s’engagèrent à payer des impôts à l’ État Ottoman.

 

La campagne militaire de Kemankeş d’Ahmed Beg

 

A cette époque, le titre de commandant en chef de la marine avait été donné au dénommé Ahmed Bacha. Ce capitaine était une personne grande et forte, ses muscles étaient si forts qu’il pouvait tenir un mouton avec une main jusqu’à ce qu’il l’équarrisse et il était très bon au tir à l’arc. Il avait même une médaille indiquant les flèches lancées avec le plus de succès sur la place des archers (Okçular Meydani) à Istanbul. Il entreprit un voyage en Méditerranée avec quatre-vingt galères en 940 (1533). Il pilla les îles et quelques rives puis retourna à l’Arsenal à Istanbul. Il resta pour être le capitaine (signifiant ici, le commandant en chef de la marine) jusqu’à ce que Kheireddine Bacha revienne d’Algérie et devint le capitaine, avant de décéder.