La chute et la destruction de la ville du vil

 

Il a été rapporté que quand il décida d’attaquer al-khabith la maudit dans sa ville sur la rive est du canal Abou al-Khassib, Abou Ahmad donna l’ordre de rassembler les vaisseaux et les bacs du Tigre, du Grand Marais et des régions avoisinantes. Il fit ainsi pour qu’il y ait plus de vaisseaux dans son camp, depuis que ces derniers n’étaient plus suffisants pour ses nombreuses troupes. Un compte fut entrepris qui montra qu’il y avait environ dix-mille marins recevant leurs attributions mensuelles de la trésorerie. Ce nombre incluait les hommes des péniches, des galères et des bateaux qui transportaient d’habitude la cavalerie. Il n’incluait pas les vaisseaux qui servaient pour les gens du camp dans lesquels les provisions étaient transportées, ceux qui naviguait pour leurs besoins personnels, ni même les galères et les petits bateaux qui étaient attachés à chaque commandant de son entourage personnel qui avaient un équipage permanent de marins.

 

Quand les vaisseaux et les bacs furent complètement rassemblés et que leur nombre s’avéra satisfaisant, al-Mouwaffaq envoya un message à Abou al-‘Abbas et aux commandants parmi ses Mawlah et ses pages de se tenir prêt et capable de rencontrer leur ennemi. Il donna des instructions de désigner un certain nombre de vaisseaux et de bacs pour transporter la cavalerie et l’infanterie. Il ordonna aussi à Abou al-‘Abbas de procéder avec son armée du côté de la rive ouest du canal Abou al-Khassib puis il lui assigna certains commandants parmi ses pages avec environ huit-mille de leurs troupes. Al-Mouwaffaq lui donna l’ordre de partir sur les arrières du camp du vil jusqu’à ce qu’il ait passé la résidence de Dar al-Mouhallabi. Le vil avait déjà fortifié cet endroit et avait installé un grand nombre de ses hommes pour protéger l’arrière de son camp et rendre l’accès difficile pour n’importe quelles forces.

Abou Ahmad ordonna alors à Abou al-‘Abbas de passer avec ses hommes du côté ouest du canal Abou al-Khassib et d’atteindre les arrières régions. De plus, il ordonna à Rashid, son Mawlah, d’émerger du côté est du canal Abou al-Khassib avec un grand nombre de cavaliers et de fantassins, soit une force d’environ vingt-mille hommes. Certains d’entre eux devraient attaquer au coin de la résidence de Dar al-Karnaba’i, le scribe d’al-Mouhallabi qui était au bord de la rive est du canal Abou al-Khassib. Il leur donna l’ordre de marcher le long de la rive du canal jusqu’à ce qu’ils aient atteint la résidence où l’abominable résidait, Dar Abi ‘Issa. Il ordonna plus tard, à un détachement de ses pages d’émerger à l’embouchure du canal d’Abou Shakir, qui était en amont du canal Abou al-Khassib, pendant qu’un autre groupe devait partir avec leurs hommes à l’embouchure du canal de Nahr Jouwway Kour.

Toutes ces colonnes furent ordonnées de procéder avec l’infanterie précédant la cavalerie, et toutes les forces gouvernementales marchèrent vers la résidence du traître. Si Allah Exalté devrait la leur livrer dans leurs mains avec ses occupants parmi ses hommes, les membres de sa maison et ses enfants, cela serait parfait sinon, ils devraient partir pour la résidence d’al-Mouhallabi et être rejoint là par ceux à qui avait été ordonnés de traverser le fleuve avec Abou al-‘Abbas, pour former un seul commandement contre l’ennemi.

 

Abou al-‘Abbas, Rashid et les autres commandants choisis des Mawlah et des pages firent comme ordonné et embarquèrent et partirent sur leurs vaisseaux, le lundi soir 17 du mois de Dzoul Qi’dah de l’année 269 (882). Les cavaliers partirent vague après vague précédé par l’infanterie. De la prière de midi lundi jusqu’à la fin de la prière de la soirée de mardi, les navires naviguèrent le long du Tigre jusqu’à ce qu’ils atteignent un endroit en aval du camp. Abou Ahmad avait ordonné que cet endroit soit réparé, nettoyé, éclaircit des décombres et des mauvaises herbes et creusé de petits ruisseaux et canaux, pour qu’ils deviennent nivelé, spacieux afin que le périmètre extérieur soit étendu. Alors il construisit une tour à cet endroit et un carré pour rassembler l’infanterie et la cavalerie, en face de la forteresse du vil. Son but était de répondre de cette manière aux assurances que le vil avait faites à ses troupes, à savoir, qu’il, c’est-à-dire al-Mouwaffaq, partirait de sa position précipitamment. Il voulut que les deux armées sachent qu’il resterait là jusqu’à ce qu’Allah Exalté ait jugé finalement entre lui et son ennemi.

Les forces gouvernementales passèrent le mardi soir dans cet endroit devant le camp du vil. L’armée était composée d’environ cinquante-mille hommes, incluant une cavalerie et une infanterie, habillés des meilleurs vêtements militaires et pourvus des meilleurs équipements. L’armée commença à lancer le Takbir[1] et le Tahlil[2], à réciter le Qur’an, à faire leurs prières et des feux furent aussi allumés. L’abominable observa la multitude, leur équipement et leurs réserves et ils étaient suffisants pour l’éblouir lui et ses hommes.

Lundi soir, al-Mouwaffaq envoya cent-cinquante péniches, équipées d’archers et de lanciers parmi ses plus vaillants pages et Mawlah. Il les déploya d’un bout à l’autre du camp du vil, pour qu’ils servent de ligne de bataille pour l’armée derrière lui et ils se positionnèrent prêt de la rive et jetèrent leurs ancres. Il choisit un certain nombre d’entre eux pour lui-même et leur assigna certains officiers spéciaux parmi ses pages, pour qu’ils l’accompagnent quand il lancerait son attaque dans le canal Abou al-Khassib. Alors il choisit dix-mille cavaliers et fantassins et leur donna l’ordre de marcher le long des rives du canal, en même temps que lui, de suivre ses mouvements et ses ordres au cours de la bataille.

 

Tôt le mardi matin, al-Mouwaffaq engagea le vil, le chef des zanj. Il envoya à chacun des commandants vers son point de destination, et l’armée marcha contre le vil et ses hommes et les deux armées se rencontrèrent soutenant chacune d’entre elles de lourdes pertes entre les morts et les blessés. Les zanj défendirent furieusement la partie de la ville à laquelle ils étaient maintenant limités, ne montrant aucun égard pour leurs propres vies. Mais les forces d’al-Mouwaffaq persévérèrent et combattirent bravement. Allah Exalté leur accorda la victoire et les déviants s’enfuirent. Les forces gouvernementales leur infligèrent de lourdes pertes et capturèrent un grand nombre de leurs guerriers et hommes braves. Les captifs furent apportés devant al-Mouwaffaq, qui ordonna de les décapiter sur place.

Al-Mouwaffaq se mit en route pour la résidence du vil où il arriva avec un corps de ses troupes. Le vil avait pris refuge là, en concentrant la plupart des hommes vaillants pour le défendre. Mais quand cela s’avéra infructueux, ils l’abandonnèrent et se dispersèrent. Les pages d’al-Mouwaffaq y entrèrent et saisirent tout ce qui avait été laissé derrière, dont l’argent du vil et tous ses objets de valeur. Ils emportèrent tout cela, saisirent sa femmes, son fils, sa fille, une centaine de personnes au total. Le vil s’enfuit vers la résidence d’al-Mouhallabi, abandonnant sa famille et ses richesses. Sa maison et le reste de ses marchandises et objets de valeur furent incendiés. Les femmes du rebelle et les enfants furent amenés devant al-Mouwaffaq qui ordonna de le transporter à al-Mouwaffaqiyah, de les placer sous surveillance et de les traiter équitablement.

 

Un groupe d’officiers d’Abou al-‘Abbas traversa le canal Abou al-Khassib, marcha vers la résidence d’al-Mouhallabi et sans attendre que leurs troupes les rejoignent, ils arrivèrent à la résidence d’al-Mouhallabi. La plupart des zanj s’y étaient regroupés après leur fuite de résidence du vil. Les troupes d’Abou al-‘Abbas entrèrent dans la résidence et pillèrent tout ce qu’al-Mouhallabi avait amassé. Ils saisirent aussi des femmes musulmanes et les enfants d’al-Mouhallabi. Chacun prit quelque chose et partit avec pour son vaisseau dans le canal Abou al-Khassib. Pendant ce temps, les zanj remarquèrent le petit nombre des hommes d’al-Mouwaffaq et combien ils étaient préoccupés par le pillage. Ils les attaquèrent donc d’un certain nombre d’endroit où ils s’étaient cachés en embuscade et ils les chassèrent de leurs positions. Les troupes gouvernementales furent mises en déroute et les zanj les pourchassèrent jusqu’au canal Abou al-Khassib. Ils tuèrent un petit nombre de cavaliers gouvernementaux et de fantassins, récupérèrent certaines des femmes et des objets de valeur que les hommes d’al-Mouwaffaq avaient pris.

Un détachement des pages d’al-Mouwaffaq et des troupes qui partaient pour la résidence du vil, le long de la rive est du canal Abou al-Khassib prit part au pillage et emmenèrent le butin dans leurs vaisseaux. Cela enhardit les zanj qui les attaquèrent et mirent en déroute les troupes gouvernementales qu’ils poursuivirent jusqu’au marché de moutons du camp zanj. Un groupe d’officiers des pages maintinrent leur position avec les plus braves de leurs hommes et repoussèrent les commandants zanj, donnant au reste des troupes une chance de se rétablir et revenir à leurs positions. La bataille entre eux dura jusqu’à la fin de l’après-midi, quand Abou Ahmad ordonna à ses pages et leurs forces de charger les déviants avec toutes leurs forces. Ils firent ainsi et les zanj furent mis en déroute. Les épées d’al-Mouwaffaq les pourchassèrent jusqu’à ce qu’ils revinrent à la résidence du vil. Par conséquent, al-Mouwaffaq décida de retirer ses pages et ses troupes, bien qu’ils aient eut l’initiative. Il ordonna à ses hommes de revenir et ils se retirèrent calmement. Al-Mouwaffaq et ses hommes embarquèrent sur les péniches et les protégèrent jusqu’à ce qu’ils embarquent leurs chevaux. Les zanj qui avaient souffert des effets de la dernière bataille, se retinrent de les poursuivre.

Al-Mouwaffaq, avec Abou al-‘Abbas, le reste de ses officiers et toute son armée, se retirèrent, après avoir pillé les richesses du vil et sauvé beaucoup de femmes musulmanes qui avaient été enlevées par ce dernier. Elles furent évacuées à l’embouchure du canal Abou al-Khassib avant d’être transportées par les vaisseaux à al-Mouwaffaqiyah ou elles restèrent jusqu’à la fin de la guerre.

 

Ce même jour, al-Mouwaffaq transmis des ordres à Abou al-‘Abbas pour qu’il envoie un de ses officiers avec cinq péniches le long du canal Abou al-Khassib vers la partie inférieure du camp du vil, pour y brûler une énorme aire que le vil avait l’habitude d’utiliser pour l’approvisionnement de ses troupes zanj. Cela fut fait et l’officier incendia la plupart de l’aire et cette action s’avéra être un des facteurs les plus significatifs dans l’affaiblissement du vil et de ses troupes, depuis qu’ils n’avaient nulle autre source fiable de nourriture.

Ce jour, Abou Ahmad ordonna que des dépêches soient envoyées dans les régions environnantes pour informer les Musulmans sur ses victoires sur le vil et ses troupes. Les dépêches devaient être lues à haute voix en public et cela fut fait.

 

Le mercredi 2 du mois de Dzoul Hijjah de l’année 269 de l’Hégire (882), Sa’id Ibn Makhlad, le scribe d’al-Mouwaffaq, arriva dans son camp venant de Samarra en compagnie d’une énorme armée qui, d’après ce qui a été rapporté, s’élevait à dix-mille soldats partagés entre la cavalerie et l’infanterie. Al-Mouwaffaq ordonna à Sa’id de congédier ses troupes afin qu’ils puissent se reposer, de faire mettre leurs armes en ordre et tirer leurs affaires au clair et ensuite de se tenir prêt pour lutter contre le vil. Sa’id resta plusieurs jours après être arrivé pour exécuter ses ordres. Sa force s’occupait à cela quand une dépêche arriva de Lou'lou', le commandant d’Ibn Touloun, apportée par un de ses officiers. Dans cette dépêche, Lou'lou' demandait la permission à al-Mouwaffaq de venir participer à la lutte contre le vil. Al-Mouwaffaq fut d’accord et accorda la permission à Lou'lou' de venir. Anticipant son arrivée, al-Mouwaffaq retarda la bataille contre le rebelle.

Lou'lou' était posté dans ar-Raqqah avec une énorme armée composée d’hommes de Ferghana, des Turcs, des troupes du pays des Romains, des Berbères, des Noirs et d’autres, les troupes d’élites d’Ibn Touloun.

Quand Lou'lou' reçut la lettre d’Abou Ahmad avec la permission de venir, il quitta Diyar Moudar et arriva à Baghdad avec ses hommes. Il resta quelque temps avant de partir ensuite pour le camp d’Abou Ahmad, qu’il atteignit le 2 du mois de Mouharram.

Abou Ahmad tint une audience pour lui, assisté par son fils Abou al-‘Abbas, Sa’id et les officiers selon leur grade. Lou'lou', dans une parfaite tenue, fut amené, après quoi, Abou al-‘Abbas accommoda Lou'lou' dans un quartier du camp qui lui avait été préparé en face du canal Abou al-Khassib. Après que Lou'lou' et ses hommes furent installés, Abou al-‘Abbas lui ordonna de venir, avec ses officiers et ses hommes, aux quartiers d’al-Mouwaffaq, tôt le matin suivant pour saluer al-Mouwaffaq.

Le vendredi matin, le 3 du mois de Mouharram, Lou'lou' et ses hommes apparurent en grand nombre. Ils arrivèrent en présence d’al-Mouwaffaq et le saluèrent. Al-Mouwaffaq le rapprocha de lui et lui fit des promesses généreuses ainsi qu’à ses compagnons et ordonna d’attribuer à Lou'lou' et cent cinquante de ses officiers des robes d’honneur et d’être paradés avec de nombreux chevaux équipés de selles et de harnais en or et en argent. Devant Lou'lou' marchaient cent pages requit d’être tous vêtus différemment avec des porte-monnaie d’argent. Al-Mouwaffaq ordonna de présenter à Lou'lou' et aux officiers des cadeaux et des vêtements, chacun selon son grade. Plus tard, Il accorda à Lou'lou' de grands domaines et, dans la plus propice des circonstances, il lui permit de se retirer dans son camp devant le canal Abou al-Khassib où des logements et du fourrage lui avait été préparé ainsi qu’à ses hommes.

Abou al-‘Abbas demanda à Lou'lou' de lui présenter le registre de service de ses troupes indiquant les sommes de leurs attributions selon le grade et quand ces registres furent présentés, il doubla l’allocation de tout le monde. En même temps, il leur assigna des salaires et une paye selon leur rang inscrit sur le registre. Alors, Abou al-‘Abbas donna l’ordre à Lou'lou' de se préparer à traverser sur la rive ouest du Tigre pour lutter contre le vil et ses hommes.

 

Après qu’il ait perdu son contrôle sur le canal Abou al-Khassib, que ses constructions et ses ponts flottants aient été coupés, al-khabith construisit un barrage s’étendant entre les deux rives du canal. Dans le milieu du barrage il construisit une étroite ouverture, pour accélérer le courant et empêcher les péniches d’entrer pendant la marée descendante et de sortir pendant la marée montant. Abou Ahmad se rendit compte que sans la destruction de ce barrage il serait incapable de livrer bataille et il fit des efforts pour le raser mais les zanj intensifièrent et renforcèrent nuit et jour le barrage qui se trouvait au milieu et donc d’accès facile pour les défenseurs mais difficile pour ceux qui essayaient de détruire le barrage.

Abou Ahmad décida d’employer les troupes de Lou'lou'. Des détachements seraient envoyés les uns après les autres pour combattre, s’entraîner dans le combat contre les zanj, et apprendre à se déplacer sur les sentiers et les voies de communication de la ville ennemie. Il ordonna à Lou'lou', d’être présent avec un détachement de ses troupes pour participer à la lutte pour ce barrage. Il ordonna aussi que les soldats du génie soient apportés pour le démolir. Al-Mouwaffaq vit la bravoure de Lou'lou' lorsqu’il avança et le courage et la persévérance de ses hommes, quand ils ignorèrent les douleurs et les blessures et il se réjouit. Il fut aussi réjoui quand il vit leur petite force faire face courageusement et fermement au grand nombre de l’armée des zanj. Cependant, saisit par l’appréhension et l’inquiétude pour eux, il ordonna à Lou'lou' de rappeler ses troupes. Al-Mouwaffaq leur accorda à tous des cadeaux, les traita généreusement et les renvoya dans leur camp.

Al-Mouwaffaq continua à presser l’attaque contre le barrage, en combattant les troupes de défense du vil avec l’aide de Lou'lou', de ses hommes et d’autres. Durant tout le temps, les soldats du génie travaillèrent à la démolition. Les troupes luttèrent contre le rebelle et ses partisans d’un certain nombre de directions, brûlèrent leurs habitations, tuèrent leurs combattants poussant leurs chefs a demandé la sécurité.

 

Certains endroits du canal Gharbi étaient encore tenus par le vil et ses hommes. Ils avaient l’utilisation des champs, des prairies et deux ponts traversaient le canal par lequel ils pouvaient traverser vers ces terres. Abou al-‘Abbas le découvrit et se prépara à marcher dans cette direction. Il demanda la permission à al-Mouwaffaq qui la lui accorda et lui ordonna de choisir des hommes qui étaient parmi les plus braves de ses troupes et de ses pages. Abou al-‘Abbas fit comme instruit et marcha vers le canal Gharbi. Il plaça Ziraq et un corps de ses troupes en embuscade sur la rive ouest du canal et il ordonna à son page Rashiq de partir avec un grand corps de ses hommes les plus braves et les plus valeureux vers le canal de Nahr al-‘Oumayssiyine, pour émerger derrière les zanj, pour les prendre par surprise et de les attaquer. Il ordonna à Ziraq d’attaquer le front des zanj s’il les voyait s’enfuir devant Rashiq.

Abou al-‘Abbas avec un certain nombre de péniches équipées de combattants d’élites, se plaça à l’embouchure du canal Gharbi. Il avait avec lui un nombre suffisant de ses pages blancs et noirs. Quand Rashiq émergea pour engager les rebelles sur la rive est du canal, il leur fit peur après quoi, ils cherchèrent à passer au côté ouest pour fuir vers leur camp. En les voyant, Abou al-‘Abbas entra de force dans le canal avec ses péniches, débarqua son infanterie sur les rives, et écrasa les zanj en les passant par l’épée. Beaucoup d’entre eux furent tués dans le canal et sur ses berges tandis que d’autres furent pris prisonnier et d’autres réussirent à s’enfuir. Ziraq et ses troupes accrochèrent les fuyards et les tuèrent tous exceptés un petit nombre qui s’enfuit. Les troupes d’Abou al-‘Abbas récupérèrent une grande quantité d’armes qui pesaient si lourdement qu’ils ne purent les porter et les abandonnèrent. Abou al-‘Abbas coupa les deux ponts et ordonna que les pieux et le bois soient déversés dans le Tigre. Il revint alors dans le camp d’al-Mouwaffaq avec les captifs et les têtes des tués qui furent exposés dans le camp. Les zanj furent ainsi privés des champs cultivés le long du Canal Gharbi, des champs qui leur fournissaient des denrées alimentaires.

 

Au mois de Dzoul Hijjah de cette année, la famille et les enfants du chef des zanj furent amenés à Baghdad.

 

 

Au mois de Mouharram 270 de l’Hégire (883) eut lieu une bataille entre Abou Ahmad et le chef des zanj qui sapa le pouvoir de ce dernier. Au mois de Safar de cette même année, le rebelle fut tué, Souleyman Ibn Jami’ et Ibrahim Ibn Ja’far al-Hamadani furent capturés et l’affaire du vil prit fin.

 

Les deux Batailles et la fin des zanj

 

Nous avons déjà mentionné le barrage que le vil construisit et comment Abou Ahmad se décida à le détruire.

Il a été rapporté qu’Abou Ahmad pressa la lutte contre ce barrage sans répit jusqu’à ce qu’il atteigne son objectif, facilitant ainsi l’entrée des péniches dans le canal Abou al-Khassib à marée haute et basse. De l’endroit où il était placé, il devint facile pour Abou Ahmad de faire ce qu’il voulut comme garder les prix bas, la disponibilité des denrées alimentaires et la possibilité de recevoir des livraisons de toutes les provinces. Il réussit aussi à inculquer le zèle parmi ses combattants, afin qu’ils puissent continuer le combat dans la voie d’Allah Exalté contre le vil et ses partisans.

Parmi les volontaires qui le rejoignirent, il y eut Ahmad Ibn Dinar, le gouverneur d’Idhaj et des territoires environnants des régions de l’Ahwaz qui arriva avec une grande force de cavalerie et d’infanterie. Ahmad en personne et ses troupes prirent part à la lutte jusqu’à ce que le vil ait été tué. Ahmad fut suivit par les gens du Bahrayn, une grande foule d’environ deux-mille hommes, menés par un noble de la tribu des ‘Abdel Qays.

Abou Ahmad tint une audience pour eux et fut visité par leurs chefs et notables, à qui il accorda des robes d’honneur. Il passa en revue tous leurs hommes, leur donna des instructions et leur fournit des logements. Suivant Ahmad Ibn Dinar, environ mille individus des régions de Fars arrivèrent sous le commandement d’un volontaire assez âgé dont le patronyme était Abou Salamah. Al-Mouwaffaq tint aussi une audience pour eux aussi. Ce vieil homme et ses principaux compagnons furent présentés et Abou Ahmad leur donna des robes d’honneur et prit des dispositions pour les loger. Ils furent à leur tour suivis par des groupes successifs de volontaires des provinces.

 

Après qu’al-Mouwaffaq vint à bout du barrage, il décida de rencontrer l’abominable dans la bataille. Il donna des instructions de préparer les navires, les bacs et l’équipement militaire nécessaire pour lutter sur la terre et l’eau. Il sélectionna parmi sa cavalerie et son infanterie les meilleurs éléments et les plus braves sur lesquelles il pourrait compter du fait de l’extrême difficulté du terrain étroit, creusé de tranchées défensives et de nombreux canaux. Environ deux mille cavaliers furent choisis et à peu près cinquante-mille fantassins enrôlés sur les registres militaires. Quant au nombre de volontaires qui traversèrent ainsi que les gens du camp non enrôlés, ils ne furent pas comptés dans ce chiffre. Abou Ahmad laissa une grande armée dans al-Mouwaffaqiyah, et surtout les cavaliers que ses navires ne pouvaient pas porter.

Al-Mouwaffaq envoya alors des ordres à Abou al-’Abbas pour se mettre en route avec ses troupes, ses pages, sa cavalerie, son infanterie et les péniches sous son commandement. Ils devaient se rejoindre à un endroit qu’Abou al-’Abbas atteignit le mardi 10 du mois de Dzoul Qi’dah 269 (882). Le lieu de rendez-vous se trouvait sur la rive est en face de la résidence d’al-Mouhallabi. Il ordonna aussi à Sa’id Ibn Makhlad d’attaquer de la rive est le long du canal d’Abou Shakir. À tour de rôle, al-Mouwaffaq déploya ses Mawlah et ses pages de l’embouchure du canal Abou al-Khassib au canal de Gharbi. Le secteur de la résidence d’al-Karnaba’i au canal d’Abou Shakir fut occupé par Lou'lou' et Rashid le Mawlah d’al-Mouwaffaq avec une force d’environ vingt-mille cavaliers et fantassins en rangs compacts. Dans les secteurs du canal d’Abou Shakir au canal de Nahr Jouwway Kour, il plaça un groupe d’officiers de ses Mawlah et ses pages et il fit de même dans le secteur entre Jouwway Kour et le canal Gharbi. Al-Mouwaffaq ordonna à Shibl de se mettre en route avec ses troupes et les forces qui lui avaient été rajoutées sous son commandement. Ils devaient partir pour le canal Gharbi, émerger face à l’arrière de la résidence d’al-Mouhallabi et il devrait lorsque que la bataille serait engagée, attaquer l’ennemi sur ses arrières. Il ordonna à la force gouvernementale entière de marcher contre le rebelle au même pas. Le signe de marche était l’agitation d’une bannière noire qu’il accrocha à un endroit placé en haut de la résidence d’al-Karnaba’i à l’embouchure du canal Abou al Khassib, ainsi que le soufflement et l’utilisation d’une trompette. La traversée eut lieu le lundi 27 du mois de Mouharram de l’année 270 de l’Hégire (883).

 

Un commandant basé sur le canal de Nahr Jouwway Kour marcha avant que la bannière soit agitée et s’approcha de la résidence d’al-Mouhallabi. Lui et ses hommes furent par la suite engagés par les zanj qui les repoussèrent de leurs positions, en tuant un grand nombre d’entre eux. Les forces d’al-Mouwaffaq était si nombreuses et la distance entre les contingents si vaste, qu’ils ne remarquèrent pas ce qui arriva à ce groupe. Comme les officiers et leurs hommes, la cavalerie et l’infanterie partirent pour leurs endroits assignés, al-Mouwaffaq ordonna que le drapeau soit agité et la trompette sonnée. Il entra lui-même dans le canal sur une péniche pendant que les gens marchèrent en vagues successives. Encouragés par leur succès contre ceux qui s’étaient dépêchés vers eux prématurément, les zanj qui s’étaient rassemblés engagèrent les troupes. L’armée gouvernementale les rencontra, et attaqua fermement avec des coups particulièrement bien calculés. Après quelques escarmouches au cours desquelles les deux partis perdirent beaucoup de combattants, ils chassèrent les zanj de leurs positions. Les hommes d’Abou Ahmad persévèrent et Allah Exalté leur accordé la victoire. Les rebelles s’enfuirent pourchassés par les troupes d’al-Mouwaffaq qui tuèrent un certain nombre d’entre eux et capturèrent d’autres. Les hommes d’Abou Ahmad encerclèrent les rebelles de toutes les directions. Allah Exalté détruisit une innombrable multitude d’entre eux ce jour et un nombre semblable mourut noyé dans le canal de Nahr Jouwway Kour. Les troupes d’al-Mouwaffaq prirent possession de la ville du vil et sauvèrent tous les prisonniers qui s’y trouvaient : hommes, femmes et enfants. Ils saisirent des familles entières, y compris les enfants de ‘Ali Ibn Aban al-Mouhallabi et ses frères al-Khalil et Muhammad, aussi bien que la famille et les enfants de Souleyman Ibn Jami’. Tous les captifs furent alors transportés à al-Mouwaffaqiyah.

Le vil et ses compagnons, dont son fils Ankalayh, al-Mouhallabi, Souleyman Ibn Jami’, les commandants zanj et d’autres, s’enfuirent vers un endroit que le vil avait jugé opportun de préparer comme un refuge si lui et ses hommes devaient perdre le contrôle de sa ville. L’endroit était sur le canal du Nahr as-Soufyani. Le vil s’enfuit et les troupes d’Abou Ahmad triomphèrent et restèrent dans la résidence d’al-Mouhallabi. Les forces gouvernementales pillèrent ce qui était dans les résidences avant de les incendier et tout ce qui se trouvait dans les régions contiguës. Tout qui restait à l’abominable et à ses hommes avait été rassemblé dans cette résidence.

Abou Ahmad avança avec ses péniches pour le canal du Nahr as-Soufyani, en compagnie de Lou’lou’, sa cavalerie et son infanterie. Abou Ahmad se sépara donc du reste de l’armée, qui pensa qu’il s’était retiré et revinrent donc à leurs navires avec leur butin.

 

Pendant ce temps, al-Mouwaffaq atteignit le camp du vil et de ses troupes qui s’enfuirent. Lou'lou' les poursuivit avec son armée et traversa le canal du Nahr as-Soufyani sur sa monture suivit par ses hommes. Alors le rebelle parti vers le canal Nahr al-Qariri; mais Lou'lou' et sa force traversèrent à sa poursuite. Les troupes gouvernementales attaquèrent le rebelle et sa cohorte et les repoussèrent. L’ennemi s’enfuit de nouveau, poursuivit par Lou'lou' et ses hommes, jusqu’à ce qu’il ait traversé le canal du Nahr al-Qariri. Alors Lou'lou' traversa derrière eux, forçant l’ennemi à se retirer au canal du Nahr al-Massawan. Les rebelles traversèrent la voie navigable et se réfugièrent dans des montagnes derrière le canal. Lou'lou' et ses hommes étaient le seul contingent gouvernemental prenant part à cette action. Leur zèle dans la poursuite du vil et de ses partisans les amena à cet endroit, à la fin de la lumière du jour. Alors, al-Mouwaffaq donna l’ordre de se retirer et Lou'lou' se retira, loué pour son action. Al-Mouwaffaq l’emmena dans les péniches et de nouveau fut généreux et bons envers lui. En reconnaissance de ce que je Lou'lou' avait fait dans le combat contre les zanj, Abou Ahmad le promut aussi à un grade supérieur.

Accompagné par les troupes de Lou'lou', al-Mouwaffaq revint avec ses péniches dans le canal Abou al-Khassib. Quand il arriva à la résidence d’al-Mouhallabi, il ne trouva aucune de ses troupes et il pensa qu’ils s’étaient retirés. Al-Mouwaffaq ordonna à Lou'lou' de déménager avec ses hommes dans son camp, pendant que lui-même, fortement en colère contre ses troupes absentes, se tourna vers sa forteresse.

Maintenant, Abou Ahmad fut sûr de la victoire, car il vit ses signes, et tous les gens se réjouirent à ce qu’Allah Exalté avait accordé, à savoir, la déroute du vil et de ses hommes. Ils se réjouirent aussi qu’Allah Exalté avait rendu possible l’expulsion de l’ennemi des portes de leur ville, de saisir tout ce qu’il avait pris comme butin et argent, de trésors et d’armes. Finalement il y eut le sauvetage de tous les captifs retenus par les rebelles. Mais Abou Ahmad était furieux envers ses hommes parce qu’ils avaient désobéis à ses ordres et abandonné les positions dans lesquelles il les avait placés. Il ordonna que les commandants de ses Mawlah et de ses pages et les commandants parmi eux soient rassemblés. Quand ils furent rassemblés pour lui, il les fustigea pour ce qu’ils avaient fait, les critiqua pour leur faiblesse et les châtia verbalement très durement. Alors ils firent des excuses car ils avaient supposé qu’il était revenu et avaient tout ignoré de sa poursuite jusqu’au camp du rebelle. S’ils l’avaient su, ils se seraient dépêchés vers lui. Ils ne quittèrent pas l’endroit avant d’avoir fait le serment solennel et la promesse, que lorsqu’ils seraient de nouveaux envoyés contre le vil, aucun d’eux ne se retirerait avant qu’Allah Exalté leur ait livré le vil dans leurs mains et que s’ils échouaient, ils ne bougeraient pas de leurs positions jusqu’à ce qu’Allah Exalté ait jugé entre eux et lui. Ils demandèrent à al-Mouwaffaq qu’après leur départ d’al-Mouwaffaqiyah pour lutter, d’ordonner aux navires qui les avaient transportés de retourner et ainsi, éliminer toute tentation pour ceux qui pourraient chercher à quitter la bataille contre le vil.

Abou Ahmad accepta leurs excuses pour leur erreur et leur montra de nouveau ses faveurs. Alors il leur ordonna de se préparer pour la traversée et de mettre en garde leurs troupes de la même manière qu’ils l’avaient été eux-mêmes. Abou Ahmad passa les journées de mardi, mercredi, jeudi et vendredi à préparer tout ce dont il avait besoin. Quand cela fut accompli, il informa son entourage, les officiers de ses pages et de ses Mawlah de ses plans, et les instruisit sur leur mission pour la future bataille. Vendredi soir, il envoya un message à Abou al-’Abbas et aux officiers de ses pages et de ses Mawlah de se mettre en route pour les endroits qu’il lui (Abou Ahmad) avait spécifiés.

Al-Mouwaffaq donna l’ordre à Abou al-’Abbas et à ses troupes de se mettre en route vers le canal de ‘Askar Rayhan, qui se trouvaient entre le canal du Nahr as-Soufyani et l’endroit où le rebelle s’était réfugié. Abou al-’Abbas et son armée devaient suivre la route le long du canal du Nahr al-Moughirah, pour qu’il émerge au croisement du canal Abou al-Khassib et arrive de cette direction vers le canal de ‘Askar Rayhan. Il envoya des instructions à un officier de ses pages noirs pour atteindre le Nahr al-Amir et d’y traverser au milieu. En même temps, il ordonna au reste de ses officiers et de ses pages de passer la nuit sur la rive est du Tigre, en face du camp du vil et de se disposer à l’attaquer tôt le matin.

Durant la nuit du vendredi soir, al-Mouwaffaq fit le tour parmi les officiers et les hommes dans ses péniches. Il les divisa parmi les positions clés et les endroits qu’il avait fait disposer pour eux dans le camp du vil. Selon le plan assigné, ils devaient naviguer vers ces endroits le matin.

 

Tôt le samedi matin 2 du moins de Safar de l’année 270 de l’Hégire (883), al-Mouwaffaq atteignit le canal Abou al-Khassib dans sa péniche. Il y resta jusqu’à ce que tous ses hommes aient passé la voie navigable, débarqué de leurs vaisseaux et que la cavalerie et l’infanterie aient pris leurs positions. Alors, après avoir donné des instructions aux vaisseaux et aux bacs de revenir sur la rive est, il donna le feu vert aux troupes de marcher contre le vil. Il les précéda lui-même, jusqu’à ce qu’il atteignit l’endroit où il estimait que le vil se tiendrait pour tenter de repousser l’armée gouvernementale. Le lundi, quand l’armée s’était retirée, le vil et ses hommes étaient revenus dans la ville et d’où ils espéraient prolonger leurs défenses et repousser l’attaque.

Al-Mouwaffaq constata que les plus rapides éléments des pages de sa cavalerie et de son infanterie avaient précédés la force principale de l’armée et attaqués le rebelle et ses compagnons, en les repoussant de leurs positions. La force ennemie s’enfuit et se dispersa sans prêter attention les uns aux autres et l’armée gouvernementale les poursuivis, en tuant et en capturant tous ceux qu’ils purent attraper. Le vil, avec un groupe de ses combattants, fut coupé du reste de ses officiers et de ses troupes, dont al-Mouhallabi. Ankalayh, le fils du rebelle et Souleyman Ibn Jami’ l’abandonnèrent aussi. Une grande force composée des Mawlah d’al-Mouwaffaq ainsi qu’une cavalerie et une infanterie de ses pages marcha vers chacun de leurs contingents. Les troupes d’Abou al-’Abbas, assignées par al-Mouwaffaq à ‘Askar Rayhan, rencontrèrent les fuyards et les passèrent par l’épée. L’officier assigné au canal Amir qui avait bloqué le sentier des rebelles, les attaqua. Puis, il affronta Souleyman Ibn Jami’, le captura et tua un grand nombre de ces hommes. Souleyman capturé fut livré sans conditions à al-Mouwaffaq. Les gens furent heureux d’apprendre sa capture, et beaucoup de gens crièrent « Allahou Akbar » dans une immense clameur. Ils furent certains de la victoire, depuis qu’il était connu que Souleyman était le plus capable des compagnons du rebelle. Après lui, Ibrahim Ibn Ja’far al-Hamadani, un des commandants de terrain de l’armée du rebelle, fut aussi pris captif ainsi que Nadir al-Aswad, surnommé al-Haffar, un des premiers compagnons du rebelle.

Sur les ordres d’al-Mouwaffaq, des mesures préventives furent prises et les captifs furent transférés sur les péniches d’Abou al-’Abbas.

Suite à cela, les zanj qui s’étaient séparés du corps principal et le vil, assaillirent la force gouvernementale, en les repoussant de leurs positions et en leur faisant perdre l’initiative. Al-Mouwaffaq remarqua la perte d’initiative, mais il pressa à la recherche du vil, en avançant rapidement dans le canal Abou al-Khassib. Cela renforça ses Mawlah et ses pages, qui s’empressèrent de poursuivre l’ennemi avec lui. Alors qu’al-Mouwaffaq atteignait le canal d’Abou al Khassib, un héraut arriva avec les bonnes nouvelles de la mort du rebelle puis très peu de temps après, un autre héraut arriva en portant une main et prétendit que c’était la main du rebelle, ce qui sembla confirmer les rapports du décès du rebelle. Finalement un page des troupes de Lou'lou' arriva au galop, brandissant la tête du vil. Al-Mouwaffaq fit approcher la tête et la montra ensuite à un groupe d’anciens officiers ennemis qui étaient en sa présence. Ils l’identifièrent et al-Mouwaffaq descendit de sa monture et se prosterna de remerciement à  Allah Exalté tant pour les épreuves que pour Ses générosités qu’Il lui avait attribuées. Abou al-’Abbas, les Mawlah et les officiers des pages d’al-Mouwaffaq se prosternèrent alors à leur tour, et offrirent beaucoup grâce à Allah Exalté. Al-Mouwaffaq ordonna que la tête du chef des zanj soit piquée à la pointe d’une lance et plantée devant lui. Les gens la virent et surent alors que les nouvelles de la mort du rebelle étaient vraies. Alors, ils élevèrent leurs voix dans la louange à Allah.

Il a été rapporté que les troupes d’al-Mouwaffaq encerclèrent le vil après que tous ses commandants de terrain l’aient abandonné, y compris al-Mouhallabi qui se détourna de lui et s’enfuit en trahissant ainsi le rebelle. Le rebelle partit alors pour le canal de Nahr al-Amir et plongea dans l’eau, pour chercher la sécurité. Avant lui, Ankalayh, le fils du vil, se sépara de son père et s’enfuit en direction du canal de Nahr al-Dinari, où il se retrancha dans le terrain marécageux.

Al-Mouwaffaq se retira, avec la tête de l’abominable montée sur une lance plantée devant lui sur une péniche. Le vaisseau navigua dans le canal Abou al-Khassib, avec les gens qu’il observait des deux côtés de la voie navigable. Quand il atteignit le Tigre, il navigua le long du fleuve et donna l’ordre de retourner les vaisseaux, avec lesquels ils avaient traversés du côté de la rive ouest du Tigre à la lumière du jour, au côté est du fleuve. Ils revinrent donc pour ramener les troupes, vers leur camp, à travers le fleuve.

 

Alors al-Mouwaffaq continua son voyage, avec la tête du vil sur la lance devant lui et Souleyman Ibn Jami’ et al-Hamadani exposés au public. Quand il arriva dans sa forteresse al-Mouwaffaqiyah, il ordonna à Abou al-’Abbas de poursuivre son voyage dans la péniche, avec la tête du rebelle, Souleyman Ibn Jami’ et al-Hamadani vers le canal Jatta où le camp d’al-Mouwaffaq commençait. Il devait le faire pour que tous les gens du camp puissent les voir. Abou al-’Abbas exécuta ses ordres avant de revenir à son père, Abou Ahmad, qui fit emprisonné Souleyman Ibn Jami’ et al-Hamadani, ordonna que la tête du rebelle soit correctement préparée et nettoyée.

Il a été rapporté que les zanj qui était resté avec le vil et préférait sa compagnie, arrivèrent continuellement au camp d’al-Mouwaffaq. Environ mille d’entre eux arrivèrent ce jour et al-Mouwaffaq jugea opportun de leur accorder la sécurité à cause de leurs nombres et de leur bravoure et pour éviter, qu’ils restent entre eux une bande de pillards, causant du tort à l’Islam et aux croyants. Entre les jours de samedi, dimanche et lundi, environ cinq-mille officiers zanj et leurs troupes capitulèrent. Ceux qui furent tués dans la bataille, noyés et capturés furent tellement nombreux que leur nombre fut incalculable. Un groupe d’environ mille zanj, qui avait été séparé du corps de leur armée s’enfuit dans l’arrière-pays et la plupart d’entre eux sont morts de soif et ceux qui survécurent tombèrent entre les mains d’une tribu qui les asservis.

Al-Mouwaffaq fut informé qu’al-Mouhallabi, Ankalayh, les plus braves des officiers zanj et leurs hommes qui les avaient suivis se trouvaient en certains endroits. Il envoya donc ses pages les plus courageux pour les poursuivre et les harceler. Quand les assiégés furent certains qu’ils ne pouvaient plus fuir, ils capitulèrent. Al-Mouwaffaq les captura tous sans exception et ils étaient presque autant que ceux qui s’étaient rendus à al-Mouwaffaq et lui avaient demandé la sécurité immédiatement après la mort du vil. Al-Mouwaffaq ordonna alors qu’al-Mouhallabi et Ankalayh soient emprisonnés et gardés de près et cela fut fait. Parmi ceux qui fuirent du camp du vil le samedi, se trouvait Qartas, qui avait tiré une flèche sur al-Mouwaffaq. Il réussit à fuir à Ramhourmouz, mais un homme qui l’avait vu dans le camp du vil, le reconnut et le montra au gouverneur de la ville, qui le captura et l’emprisonna. Abou al-’Abbas demanda à son père de lui permettre d’exécuter Qartas et quand ce dernier lui fut livré, Abou al-’Abbas l’exécuta.

 

Cette même année, Darmawayh az-zanji demanda la sécurité à Abou Ahmad. Il a été rapporté que ce Darmawayh était, un des plus courageux et héroïque des zanj. Longtemps avant sa mort, le rebelle avait envoyé Darmawayh à la partie inférieure du canal Faraj, la voie navigable à l’ouest du Tigre près de Basra. Il campa là dans un endroit accidenté près du Grand Marais, entouré de palmeraies, de bois et de forêts. Utilisant des skiffs rapides et des galères qu’il avait pris pour sa propre utilisation, Darmawayh et ses hommes intercepteraient les voyageurs de la région. S’ils étaient poursuivis par les péniches, ils entraient dans les canaux étroits et se réfugiaient dans les bois. Si certains de ces canaux s’avéraient trop étroits pour eux, ils débarquaient, portaient leurs vaisseaux sur leur dos et cherchaient refuge dans des endroits inaccessibles. Ils poursuivirent leurs attaques des villages du Grand Marais et des régions avoisinantes, fuyant et pillant tout ce sur quoi il pouvait mettre la main jusqu’à ce que le rebelle fût tué. Ils ignoraient ainsi ce qui était arrivé à leur maître et suite à sa mort, le territoire autour de sa retraite fut conquis et les gens, se sentant sûrs, repartirent à la recherche des affaires, et voyagèrent de nouveaux le long du Tigre transportant des marchandises. Darmawayh les attaqua alors, les tua et les pilla et les gens sur de nouveaux choqués et effrayés. Un groupe de bandits et de zanj firent de même, avant de décider de rejoindre Darmawayh et de mener la même sorte de vie.

Al-Mouwaffaq décida alors d’envoyer une troupe de ses pages noirs et d’autres, qui étaient spécialisés dans le combat dans les bois et les canaux étroits. Pour ce but, il les équipa de petits bateaux et de différentes sortes d’armes. Mais pendant qu’ils se préparaient, un messager de Darmawayh arriva et demanda à al-Mouwaffaq de lui accorder la sécurité ainsi qu’à ses hommes. Al-Mouwaffaq accepta pour mettre fin au mal subit par le peuple, à cause du rebelle et des gens le soutenant.

Il a été rapporté que la raison pour la demande Darmawayh demanda la sécurité est que parmi des gens qu’il avait attaqué, se trouvait un certain nombre de gens qui venaient du camp d’al-Mouwaffaq et se dirigeaient vers leurs maisons à Baghdad et parmi eux se trouvaient des femmes. Darmawayh tua les hommes, pilla leurs possessions et saisit les femmes accompagnées. Quand Darmawayh les interrogea, elles l’informèrent de la mort du vil, qu’al-Mouhallabi, Ankalayh, Souleyman Ibn Jami’ et d’autres commandants et officiers des troupes du vil avaient été capturés. Elles l’informèrent aussi que la plupart des zanj étaient partis demander la sécurité à al-Mouwaffaq qui leur avait accordé et traité généreusement. Ces nouvelles stupéfièrent Darmawayh et il ne vit aucune voie de sortie excepté celle de se remettre à la merci d’al-Mouwaffaq et lui demander de lui pardonner ses crimes. Donc il envoya un messager à al-Mouwaffaq concernant sa reddition qui fut acceptée. Quand le messager et retourna avec la nouvelle positive, Darmawayh et tous ses hommes se rendirent dans le camp d’al-Mouwaffaq. Ce fut une unité parfaite qui arriva, complètement équipée, qui n’eut pas à souffrir du mal et de la misère du siège qui fut si dur sur le reste des troupes du vil. Cette unité profita largement de l’afflux d’argent et de provisions prises aux autres.

Il a été rapporté qu’après qu’il lui fut accordé la sécurité, il fut bien traité ainsi que tous ses compagnons. Darmawayh remit tout l’argent et tout ce qu’il avait en sa possession et le retourna à ses propriétaires. Cela démontra son retour repentant à Allah Exalté et al-Mouwaffaq lui donna ainsi qu’à ses commandants et ses officiers des robes d’honneur et des présents. Alors, il leur assigna à tous un de ses pages officier.

 

Al-Mouwaffaq ordonna que des lettres soient écrites aux capitales du monde musulman, aux gens de Basra, d’al-Ouboullah et des régions du Tigre, aux gens de l’Ahwaz et de ses départements, aux gens de Wassit et des environs, et toutes les régions environnantes pénétrées par le zanj, que le rebelle était mort et qu’ils pouvaient revenir leur terre natale. Ces ordres furent exécutés et le peuple s’empressa de faire comme instruit. Ils vinrent à la ville d’al-Mouwaffaqiyah de chaque direction. Après cela, al-Mouwaffaq resta dans al-Mouwaffaqiyah pour que le peuple se sente plus sûr et plus à l’aise. Il nommé al-’Abbas Ibn Tarkas, un de ses Mawlah officier, gouverneur de Basra, d’al-Ouboullah et des régions du Tigre, qu’il loua pour son comportement et la manière parfaite dont il s’était acquitté de ses ordres. Al-Mouwaffaq lui ordonna de partir pour Basra et d’y établir sa résidence. Il nomma aussi Muhammad Ibn Hammad sur le pouvoir judiciaire de Basra, d’al-Ouboullah, des régions de l’Ahwaz et de Wassit.

Alors, al-Mouwaffaq envoya son fils Abou al-’Abbas à Baghdad avec la tête du vil, le chef des zanj. Il devait la montrer aux gens, pour qu’ils puissent se réjouir. Abou al-’Abbas et ses hommes exécutèrent cet ordre et le samedi 18 du mois de Joumadah Awwal de l’année 270 de l’Hégire (883), ils atteignirent Baghdad et entrèrent dans la ville habillés des meilleurs vêtements. Sur la commande d’Abou al-’Abbas, la tête du vil fut piquée sur une lance devant lui et le peuple se rassembla pour voir ce défilé.

 

Le chef des zanj débuta sa révolte le mercredi 26 du mois de Ramadan de l’année 255 de l’Hégire (868) et fut tué le samedi 2 du mois de Safar de l’année 270 de l’Hégire (883). Du début de sa révolte jusqu’au jour il fut tué, quatorze ans, quatre mois et six jours passèrent. Il entra dans l’Ahwaz le 17 du mois de Ramadan de l’année 256 (869) dans Basra où il massacra sa population et brûla la ville le 16 du mois de Shawwal de l’année 257 de l’Hégire (870).

 

L’Imam Abou al-Faraj Ibn al-Jawzi a rapporté dans son livre d’histoire, d’Abi Bakr Muhammad Ibn Yahya Ibn ‘Abdillah as-Souri al-Jourjani, qui était spécialisé dans l’histoire des califes et des rois et qui était proche de ces événements qui lui ont été personnellement racontés par des témoins ayant assisté à ces événements que : « Lors de la sédition des zanj, un million-cinq-cent-mille musulmans furent tués. Le vil lorsqu’il montait sur sa chair de prêche, insultait les grands compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux) du Prophète (saluts et bénédictions d’Allah sur lui), ‘Uthman, ‘Ali, Talhah, Zoubayr et Mou’awiyyah ainsi que la mère des croyants ‘Ayshah (qu’Allah soit satisfait d’elle). Dans les marchés de ce chien (ainsi rapporté), les femmes Hashimite pieuses et pures étaient vendues comme des esclaves, pour une misérable somme, comme l’ont rapporté les historiens, entre un et trois dinars. Certains de ces esclaves noirs possédaient dix d’entre elles ou plus qu’ils violaient et utilisaient pour leurs tâches ». Il a été rapporté, que plus de 20.000 femmes libres enlevées furent libérées de l’enfer qu’elles subirent chez les zanj. Le nombre exact de femmes et d’enfants libérés n’a pas été mentionné.

 

Nous vous avons rapporté intégralement l’histoire de cette sédition telle qu’elle fut rapportée par l’Imam at-Tabari, puisse Allah Exalté lui faire miséricorde. L’Imam né en 224 et décédé en 310 de l’Hégire (838-922), vivait à Baghdad pendants ces évènements. Il avait 46 ans quand le vil fut tué. Certains récents pseudo historiens, ont écrit sur cette révolte et l’ont considéré comme la première révolte des esclaves noirs dans le monde, et qu’ils appelèrent : « Une révolution sociale du fait que ces esclaves étaient horriblement maltraités et vivaient dans d’horribles conditions ».  En fait, ces pseudos historiens n’essaient que de camoufler les crimes de leurs propres nations contre les esclaves, en accusant les musulmans d’atrocités. Maintenant que vous avez lu l’histoire des zanj, on peut voir qu’ils n’étaient que des criminels, des assassins, des bandits, des voleurs, des kidnappeurs et des violeurs. Si nous utilisons, comme ces pseudos historiens, la terminologie du XXe siècle pour définir ces évènements l’exact terme qui conviendrait à ces zanj serait : terroriste ! Comment peut-on qualifier leur terreur de « révolution sociale » à moins d’être soi-même un criminel.

Cela est devenu commun chez ces pseudo-historiens et sans exception de particulièrement aduler dans leur littérature les ennemis les plus acharnés des musulmans si bien que leur ligne transpire littéralement de joie !

 

Vous avez vu comme moi comment al-Mouwaffaq se comporta envers ceux qui demandèrent la sécurité et comment il les honora. Quelle nation au monde, du neuvième siècle à nos jours, aurait traité ainsi des terroristes ainsi, après tous les crimes qu’ils commirent et auraient appelé leur terreurs une « révolution sociale » ?

 

 

Au mois de Rabi’ Awwal de cette même année 270 de l’Hégire (883), des informations arrivèrent à Baghdad que les Byzantins, aux environ de cent-mille hommes commandés par Andrayas Patricio, campaient à Bab Qalamiyah, à environ douze kilomètres du Tarse. Yazaman al-Khadim sortit contre eux la nuit, les attaqua et tua Patricio ainsi que les généraux de Cappadoce et d’Anatolikon. Le Patricio de Qourrah, bien que gravement blessé, s’enfuit. Sept de leurs croix, faites d’or et d’argent, furent saisies, dont une grande croix en or sertie de pierres précieuses. Quinze-mille chevaux et mulets, un très grand nombre de selles, des sabres ornés d’or et d’argent, beaucoup de vaisselles, environ dix-mille rouleaux de brocart, une autre grande quantité de brocart et de soie ornée, ainsi qu’une grande quantité de fourrure de zibeline furent saisies. L’attaque sur Andrayas survint le mardi 7 du mois de Rabi’ Awwal. Les Byzantins furent assiégés la nuit et un grand nombre d’entre eux fut tué. Certains ont rapporté que soixante-dix-mille d’entre périrent.

 

Toujours cette même année, les eaux du canal ‘Issa à l’ouest de Baghdad franchirent le barrage à al-Yassiriyah. Les eaux engloutirent le marché des tanneurs et celui des menuisiers situé dans al-Karkh. Environ sept-mille maisons furent détruites.

 

Cette même année, l’empereur byzantin Ibn as-Saqlabi, fut tué.

 

 

Au mois de Joumadah Thani de l’année 272 de l’Hégire (885), les nouvelles arrivèrent à Baghdad qu’un tremblement de terre avait secoué l’Egypte, et détruit des maisons, la mosquée principale et mille morts avaient été dénombrés en un jour.

 

Toujours cette année, la tranquillité fut restaurée dans la ville du Messager d’Allah (salut et bénédiction d’Allah sur lui) et prospéra de nouveaux si bien que les gens revinrent progressivement.

 

Cette même année, Yazaman conduisit l’expédition d’été contre les Byzantins.

 

 

Durant l’année 273 de l’Hégire (886), des messagers de Yazaman revinrent du Tarse avec la nouvelle que trois fils de l’empereur byzantin s’étaient révoltés contre leur père, l’avaient tué et placé l’un d’entre eux sur le trône.

 

 

Au mois de Ramadan de l’année 274 de l’Hégire (887), Yazaman mena une incursion armée sur les frontières et atteignit Maskanayn où il prit des captifs et un butin avant de revenir avec les musulmans en toute sécurité.

 

 

En l’an 276 de l’Hégire (889), des nouvelles arrivèrent à Baghdad qu’à Nahr as-Silah, l’intérieur de la colline Tall Bani Shaqiq fut exposé, et révéla sept tombes avec sept corps en parfait état de préservation. Leurs linceuls étaient récents (neufs) et doux, avec des franges émettant l’odeur de musc. Un des cadavres était celui d’un jeune avec une longue chevelure, son front, ses oreilles, ses joues, son nez, ses lèvres, son menton et ses paupières étaient en parfait état. Ses lèvres étaient humectées, comme s’il venait de boire de l’eau et ses yeux, comme s’il venait juste de mettre du Kohl. Il y avait les traces d’un coup sur sa poitrine. Son linceul fut remis sur lui. Une des personnes a rapporté qu’il avait tiré les cheveux de certains des corps et avait constaté qu’ils avaient de fortes racines comme une personne vivante. On a rapporté que la région exposée de la colline au-dessus des tombes révéla une espèce de bassin en pierre, de couleur de pierre à aiguiser, qui portait une inscription que nul ne put déchiffrer.

 

Le 28 du mois de Mouharram de l’année 278 de l’Hégire (891), une étoile avec une frange[3] apparut puis la frange devint plus tard un verrou suspendu.

 

Cette même année, des nouvelles d’Egypte arrivèrent à Baghdad que le niveau du Nil avait baissé et que les prix avaient augmenté.

 

Après sa victoire sur les zanj, la position d’al-Mouwaffaq, le frère du calife, se trouva grandement élevée vis-à-vis des populations. Il devint le calife dans l’ombre et contrôla tous les pouvoirs tandis que le calife officiel, n’eut plus aucune responsabilité.

 

Au mois de Safar de cette année, Abou al-’Abbas al-Mouwaffaq, après avoir contracté la goutte et l’éléphantiasis, décéda des suites de sa maladie à Baghdad.



[1] « Allahou Akbar », Allah est le Plus Grand.

[2] « La ilaha illallah », il n’y a d’ilah qu’Allah.

[3] Une comète ?