La bataille de Tahitha et la mort d’al Joubba’i

 

Dans Bardouda, Abou Ahmad paya ses troupes et répara l’équipement de ceux qui allaient lutter contre le chef de la rébellion. Ayant ainsi fait, il se mit en route en direction de Tahitha, le dimanche 18 du mois de Rabi’ Thani de l’année 267 de l’Hégire (880). Il procéda à cheval avec sa cavalerie. Les bacs, les péniches, les galères et les vaisseaux furent expédiés en avant transportant, l’infanterie, les armes et l’équipement. Ils procédèrent jusqu’à ce qu’ils arrivent à la voie navigable de Nahr Mahroud près du village de Qaryat al-Jawziyyah ou Abou Ahmad campa et ordonna qu’un pont flottant soit amarré à la voie navigable susmentionnée. Il resta là un jour et une nuit et le jour suivant, il envoya les chevaux et l’équipement sur le pont en sa présence; alors il traversa à son tour et donna l’ordre à ses officiers et à ses troupes de marcher vers Tahitha. Ils avancèrent jusqu’à un endroit qu’Abou Ahmad choisit pour ses quartiers, à quelques kilomètres à peine, de la ville de Souleyman Ibn Jami’. Faisant face aux troupes du perfide, le chef des zanj, il resta les lundi 20 et mardi 21 du mois de Rabi’ Thani. Alors une lourde averse tomba et un froid intense affligea ses troupes durant son séjour là. La pluie et le froid l’empêchèrent de combattre et ils ne se livrèrent bataille qu’à la fin de la semaine. Ce fut seulement le vendredi soir 25 qu’Abou Ahmad avec un petit groupe de ses officiers et Mawlah commencèrent à rechercher un endroit pour déployer sa cavalerie. Il avança près des murs de la ville de Souleyman Ibn Jami’, où de nombreuses troupes de l’ennemi les affrontèrent. Des embusqués les attaquèrent de différentes positions et un lourd combat s’ensuivit. Un détachement de cavaliers descendit de leur monture et se défendit jusqu’à ce qu’il sorte de l’impasse dans laquelle il se trouvait. Un des pages d’Abou Ahmad, Wasif ‘Alamdar, et un certain nombre d’officiers de Ziraq furent capturés. Abou al-‘Abbas tira une flèche qui toucha Ahmad Ibn Mahdi al-Joubba’i dans une de ses narines et pénétra entièrement dans son cerveau. Le coup fit tomber al-Joubba’i de son cheval et il fut ramené en arrière sur son voyage final au camp du perfide. Ce dernier fut très peiné par cette calamité parce qu’al-Joubba’i avait été son lieutenant le plus dévoué, le plus indispensable et le plus clairvoyant de tous ses partisans. Al-Joubba’i fut traité quelques jours pour sa blessure avant de mourir. Chagriné, le perfide prit la charge des ablutions finales, mit le corps dans un linceul et se chargea du service funèbre. Alors il resta près de la tombe d’al-Joubba’i jusqu’à ce fut enterré. Suite à cela, il s’adressa à ses troupes lors d’un sermon dans lequel il parla de la mort d’al-Joubba’i. Cette mort se produisit lors d’une nuit de tonnerre et de foudre et on a rapporté que le vil a dit : « Je connus le temps de l’ascension de son âme avant que les nouvelles de sa mort me parviennent, parce que j’entendis le chant des anges priant pour lui et suppliant la clémence pour lui ». Puis, le perfide quitta l’enterrement d’al-Joubba’i affligé et désespéré.

Quand Abou Ahmad revint de l’engagement survenu le vendredi soir, le 25 de Rabi’ Thani, les nouvelles étaient déjà parvenues dans son camp. Toute son armée alla le rencontrer et l’accompagnèrent sur son chemin de retour. Puisque c’était déjà le coucher du soleil, Abou Ahmad les faisait rentrer pour camper. Quand tous les gens de son camp furent réuni, il leur donna l’ordre d’être en état d’alerte cette nuit particulièrement lors des changements de patrouille et leur demanda d’être prêts pour la bataille. Quand ils arrivèrent le samedi matin 25 du mois de Rabi’ Thani, Abou Ahmad arrangea ses troupes en formations militaires, alternant les escadrons de cavalerie avec l’infanterie. Il ordonna que les péniches et les galères le suivent le long de la voie navigable Nahr al-Moundir, qui sépare la ville de Tahitha.

Ainsi il avança vers les zanj jusqu’à ce qu’il atteigne les murs de la ville où il assigna des officiers parmi ses pages aux endroits dont il craignait que les zanj puisse l’attaquer. Il plaça l’infanterie devant les cavaliers et les assigna aux positions dont il craignait que les embusqués puissent frapper. Alors il descendit de sa monture et exécuta quatre Rak’as[1], en implorant Allah Exalté d’étendre Son aide envers lui et envers les Musulmans. Alors il se releva, demanda ses armes dont il s’équipa et ordonna à son fils Abou al-‘Abbas d’avancer aux murs et de stimuler les pages pour le combat, ce qu’il fit.

Souleyman Ibn Jami’ fit préparer des douves devant les murs de sa ville, la ville qu’il avait précédemment capturée et appelée al-Mansourah. Quand ils atteignirent ces douves, les pages furent surpris et hésitèrent à passer, mais les officiers les encouragèrent. Avec eux, des officiers descendirent de leurs chevaux et avec audace ils se dépêchèrent à traverser les douves. Ils tombèrent sur des zanj, qui regardaient par-dessus les murs de leur ville et les passèrent par à l’épée.

Un autre groupe de cavaliers traversa aussi les douves et quand les zanj virent ces gens qu’ils avaient déjà rencontrés, venir de nouveaux, ils firent demi-tour et s’enfuirent. Les hommes d’Abou Ahmad les pour chassèrent et entrèrent dans la ville de tous les côtés. Les zanj l’avaient fortifié avec cinq douves, chacune ayant un mur protecteur pour les rendre infranchissables. L’ennemi se tenait derrière chaque mur de chaque douve atteint par les troupes gouvernementales, mais les hommes d’Abou Ahmad les repoussèrent de toutes leurs positions défensives. Les péniches et les galères pénétrèrent la ville par la voie navigable la traversant, après que les zanj furent mis en fuite et les navires gouvernementaux coulèrent chaque péniche et chaque galère ennemie qu’ils rencontrèrent. Ils pour chassèrent l’ennemi des deux côtés du canal, en tuant et en capturant jusqu’à ce qu’ils l’aient évincé de la ville et d’environ six kilomètres du territoire adjacent. Abou Ahmad prit alors le contrôle de la région entière.

Souleyman Ibn Jami’ s’enfuit avec seulement un petit groupe de ses hommes, et perdit tout le reste, la majeure partie d’entre eux moururent lors de cette violente bataille tandis que le reste furent pris captifs. Abou Ahmad sauva environ dix-mille femmes et enfants prisonniers, des gens de Wassit et des villages adjacents jusqu’aux environs de Koufa. Il ordonna de les placer sous protection et attention. Ils furent alors transférés à Wassit et rendu à leurs familles. Abou Ahmad et ses hommes saisirent tous les magasins, l’argent, la nourriture et le bétail de la ville, soit une énorme quantité, les récoltes et d’autres choses encore qu’il ordonna de vendre et le produit de la vente fut transféré à sa trésorerie pour servir de salaire au Mawlah et aux troupes de son camp. Il emporta tout ce qui était transportable et captura un certain nombre des femmes de Souleyman et ses enfants. Ce jour, Wasif ‘Alamdar et d’autres qui furent capturés avec lui la veille furent sauvés et sortis de prison, prévenant ainsi leur mort aux mains des zanj.

Un grand nombre des zanj s’enfuirent dans les forêts autour de la ville. Sur l’ordre d’Abou Ahmad, un pont flottant fut posé en travers la voie navigable de Nahr al-Moundir que les gens traversèrent pour passer du côté ouest. Abou Ahmad resta dans Tahitha dix-sept jours et ordonna que les murs soient rasés et les douves remplies. Alors que ses ordres s’accomplissaient, il ordonna de rechercher les fugitifs dans les bois, en établissant un prix pour quiconque ramènerait un prisonnier. Les gens rivalisèrent ainsi entre eux dans leurs recherches. Si l’un d’entre eux lui était amené, Abou Ahmad lui pardonnait, lui accordait des robes d’honneur et l’assignait aux officiers responsables des pages. En faisant ainsi, il les convint d’abandonner leur maître.

Abou Ahmad demanda à Noussayr de prendre ses péniches et ses galères et de poursuivre Souleyman Ibn Jami’, les fugitifs zanj et d’autres qui étaient avec lui. Il lui ordonna de les poursuivre vigoureusement par les marais jusqu’à ce qu’il entre dans cette partie du Tigre que l’on a appelé le Tigre Aveugle. Alors il continua de démanteler les barrages que le vil avait construit, pour empêcher les péniches sur le Tigre d’accéder à la région entre sa position et la voie navigable Abou al-Khassib Il envoya un message à  Ziraq pour lui demander de rester dans Tahitha pour que ses habitants, chassé par le vil le chef des zanj, puissent revenir progressivement et lui donna aussi l’ordre, de poursuivre la recherche des zanj qui se trouvait encore dans les bois et de les capturer.

Ayant accompli ce qu’il voulait, Abou Ahmad revint dans son camp à Bardouda ayant en tête l’idée de partir pour l’Ahwaz afin de mettre les affaires de cette province en ordre. Pendant longtemps il fut soucieux des actions d’al-Mouhallabi, qui harcelait par ses attaques les troupes gouvernementales postées là et avait établi sa domination sur la plupart des régions d’al-Ahwaz.

Quand Abou Ahmad arriva dans Bardouda, il resta plusieurs jours et délivra des instructions de préparer tout ce dont il aurait besoin pour la marche d’une cavalerie vers les régions d’al-Ahwaz. Il envoya des gens en avant pour réparer les routes et les résidences et d’emmagasiner des provisions pour les troupes l’accompagnant. Juste avant son départ de Wassit, Ziraq arriva de Tahitha, où la population, des régions autrefois occupées par les zanj, revinrent dans leur demeure en sécurité. Abou Ahmad lui donna l’ordre de se préparer et d’apporter ses meilleurs et la plupart des hommes vaillants, aussi bien que ses péniches et ses galères en aval du Tigre Aveugle et de joindre les forces d’Abou Hamzah pour reconnaître le Tigre, poursuivre les fugitifs zanj et attaquer les troupes du vil, qu’ils pourraient rencontrer le long de la route de la dernière ville sur le canal Abou al-Khassib. S’ils pensaient que l’endroit était idéal pour la bataille, ils devraient combattre le vil dans sa ville et l’informer constamment (Abou Ahmad) afin qu’ils puissent les instruire sur les procédures à suivre. Il nomma son fils Haroun comme son lieutenant sur les gens qu’il laissa dans son camp à Wassit et décida de partir avec un groupe mobile de ses officiers et de ses troupes, ce qui fit, après avoir envoyé un ordre à son fils Haroun lui ordonnant qu’avec l’aide des troupes et des bateaux qu’il avait laissés derrière, de préparer la construction d’une base sur le Tigre immédiatement à la réception du message.

 

 

Le 1 du mois de Joumadah Thani de l’année 267 de l’Hégire (880), Abou Ahmad quitta Wassit pour al-Ahwaz et ses régions. En route, il campa à Badiban, Jouka, at-Tib, Qourqoub et Daroustan. Ensuite, il s’arrêta à Wadi as-Sous où un pont flottant avait été placé à travers l’eau pour lui. Il resta du matin à la fin de l’après-midi jusqu’à ce que tous ses hommes aient traversé la voie navigable. Alors il continua sa marche jusqu’à ce qu’il arriva à as-Sous où il campa. Précédemment, il envoya un ordre à Masrour, son gouverneur dans l’Ahwaz, de venir le rencontrer. Masrour le rencontra avec ses troupes et ses officiers le jour suivant où Abou Ahmad s’arrêta à as-Sous. Abou Ahmad lui conféra ainsi qu’à ses hommes des robes d’honneurs et resta trois jours dans son camp.

Parmi les compagnons du vil à Tahitha, se trouvait Ahmad Ibn Moussa Ibn Sa’id al-Basri, surnommé al-Qalous, qui était un de ses officiers adjoints et un de ses premiers partisans. Il fut capturé après avoir été sévèrement blessé et mourut de ses blessures. Abou Ahmad lui trancha la tête qu’il exposa sur le Pont de Wassit.

Parmi les prisonniers prit ce jour-là, il y eut ‘AbdAllah Ibn Muhammad Ibn Hisham al-Kirmani. Le vil, avait forcé al-Kirmani de venir chez lui et l’avait envoyé à Tahitha, en lui confiant la charge du pouvoir judiciaire et de la prière. En plus, beaucoup des meilleurs éléments noirs des troupes furent capturés. Quand le vil apprit leur destin, son assurance se fissura et il perdit sa capacité d’agir sagement. Lors d’une crise d’inquiétude, il envoya une lettre par un de ses compagnons à al-Mouhallabi, qui, à cette époque étaient postés dans l’Ahwaz avec environ trente-mille hommes. La lettre lui ordonnait d’abandonner toutes les provisions et l’équipement qu’il (le vil, al-khabith) lui avait demandé et de venir le rejoindre.

Lorsqu’al-Mouhallabi reçut la lettre, il avait déjà été informé de la marche d’Abou Ahmad vers al-Ahwaz et à ses régions. Par conséquent, il perdit ses sens et laissa tout ce qu’il avait à sa disposition à Muhammad Ibn Yahya Ibn Sa’id al-Karnaba’i, qu’il nomma comme son lieutenant. Muhammad devint terrifié à son tour, abandonna tout qui lui avait été confié et suivit al-Mouhallabi. À cette époque de grandes quantités de différentes sortes de grains, des dates et du bétail étaient stocké à Joubba, dans l’Ahwaz et les régions l’entourant et ils renoncèrent à tout cela.

Le vil écrivit aussi à Bahboud Ibn ‘Abdel Wahhab, qui était son gouverneur d’al-Fandam, d’al-Bassiyyane et de tous les villages environnants entre al-Ahwaz et Fars, posté à al-Fandam. Il lui ordonna de venir le rejoindre dans son camp, après quoi Bahboud abandonna d’énormes quantités de blé et de dates qu’il avait à sa disposition. Abou Ahmad saisit tout cela, se renforçant ainsi et affaiblissant le vil.

 

Quand al-Mouhallabi quitta al-Ahwaz, ses hommes se dispersèrent dans les villages entre la ville et le camp du vil, les pillèrent et bannirent leurs habitants, même s’ils étaient en paix avec les rebelles. Beaucoup de cavaliers et de fantassins d’al-Mouhallabi ne le rejoignirent pas et restèrent derrière dans les régions d’al-Ahwaz. Ayant entendu parler du pardon accordé aux hommes du vil fait prisonnier à Tahitha, ils écrivirent à Abou Ahmad pour lui demander de les prendre sous sa protection. Pendant ce temps, al-Mouhallabi et ceux de ses troupes qui le suivirent atteignirent le canal Abou al-Khassib.

Ce qui incita le vil à ordonner à al-Mouhallabi et Bahboud de revenir en hâte dans son camp et qu’il craignit qu’Abou Ahmad et ses troupes ne l’atteignent dans son état actuel, abattu et las, coupé d’al-Mouhallabi, de Bahboud et leurs troupes. Mais les choses ne se passèrent pas comme il escomptait.

Abou Ahmad resta aussi longtemps qu’il était nécessaire pour reprendre tout ce qu’al-Mouhallabi et Bahboud laissèrent derrière eux, pour démanteler les barrages érigés par le vil sur le Tigre et réparer les chemins et les routes. Alors il quitta as-Sous et alla à Joundayssabour, où il resta trois jours. Comme l’armée manquait de fourrage, il envoya des hommes pour en chercher et en ramener. Puis, il quitta Joundayssabour et alla à Toustar où il ordonna que les taxes des régions d’al-Ahwaz soient recueillies, en envoyant dans chaque région un officier pour accélérer la livraison de l’argent. Il envoya Ahmad Ibn Abi al-Asbagh à Muhammad Ibn ‘Oubaydallah al-Kurdi qui eut peur que les troupes du vil puissent l’atteindre avant qu’Abou Ahmad atteigne le territoire d’al-Ahwaz. Abou Ahmad lui donna l’ordre de traiter Muhammad al-Kurdi avec douceur et de l’informer qu’Abou Ahmad était résolu à lui pardonner et à le disculper de ses erreurs. Al-Kurdi devait se présenter rapidement avec l’argent et procéder à Souq al-Ahwaz. Abou Ahmad ordonna à Masrour al-Balkhi, son gouverneur d’al-Ahwaz, d’envoyer tous ses Mawlah, ses pages et ses troupes régulières pour qu’il puisse les inspecter, payer leurs attributions et les encourager pour lutter contre le vil, ce que fit Masrour. C’est troupes furent inspectés et leurs salaires payés.

Abou Ahmad parti alors pour ‘Askar Moukram, où il monta ses quartiers temporaires. De là il alla dans l’Ahwaz, prévoyant que les provisions que ses troupes transportaient atteindraient al-Ahwaz avant son arrivée. Mais il se trompa cette fois et ses hommes devinrent extrêmement agités. Il passa trois jours à attendre la nourriture sans qu’elle n’arrive. Les conditions s’aggravèrent et la désunion éclata parmi les troupes. Alors, Abou Ahmad se renseigna sur les raisons du retard et découvrit que les troupes avaient abîmé un ancien pont persan, appelé Qantarat Arbouk, situé entre Souq al-Ahwaz et Ramhourmouz. Ce qui avait bloqué la voie des marchands et de ceux qui transportaient la nourriture, les empêchant d’aller plus loin. Abou Ahmad se mit en route pour ce pont, qui était deux Farsakhs (douze km) de Souq al-Ahwaz. Il réunit les soldats noirs qui étaient restés dans son camp, et leur ordonna d’amener des roches et des pierres pour le réparer. Il les paya généreusement et n’a pas quitté l’endroit jusqu’à ce que le pont soit totalement reconstitué et réparé ce même jour. Alors les gens empruntèrent de nouveau la route du pont et les caravanes avec la nourriture arrivèrent. L’armée se réanima et les conditions s’améliorèrent.

Abou Ahmad ordonna que les bateaux soient rassemblés et assemblés pour s’étendre sur le Doujayl. Les bateaux furent rassemblés des régions d’al-Ahwaz et la construction du pont commença. Abou Ahmad resta dans l’Ahwaz plusieurs jours jusqu’à ce que ses troupes mettent leurs affaires en ordre et préparent l’équipement nécessaire. Ils attendirent aussi que leurs animaux retrouvent leur forme, pour compenser la souffrance provoquée par le retard dans les réserves de fourrage. Pendant ce temps, des messages atteignirent al-Mouwaffaq des hommes d’al-Mouhallabi qui avaient désertés. Ils restèrent dans la région de Souq al-Ahwaz et demandaient maintenant des garanties de sécurité d’al-Mouwaffaq qui leur fut accordé, et environ mille hommes vinrent chez lui. Abou Ahmad les traita gentiment, les assigna aux officiers de ses pages et leur attribua le salaire de combattants.

Quand le pont de Doujayl fut fixé, Abou Ahmad fit traverser ses troupes, avant de traverser à son tour et d’établir son camp sur la rive Ouest du fleuve dans un endroit appelé Qasr al-Ma’moun où il resta trois jours. Durant l’une des nuits, il y eut un terrible tremblement de terre qu’Allah Exalté nous préservent de Son mal et nous sauvent de Son adversité!

Avant de traverser le pont sur le Doujayl, Abou Ahmad envoya son fils Abou al-‘Abbas à l’endroit où il projetait de camper dans la région du Tigre Aveugle, un endroit appelé Nahr al-Moubarak de Furat al-Basra. Il écrivit à son fils Haroun de le rejoindre là, ainsi qu’à toutes les troupes laissées derrière lui, afin que toutes les armées se réunissent dans ce nouveau camp.

Abou Ahmad quitta alors Qasr al-Ma’moun et, quand il s’arrêta à Qouraj al-‘Abbas, il rencontra Ahmad Ibn Abi al-Asbagh, qui l’informa des accords avec Muhammad Ibn ‘Oubaydallah, ainsi que de ses présents tels que des animaux et des bêtes entraînées pour la chasse et d’autres choses. Ensuite, il partit d’al-Qouraj et s’arrêta à Ja’fariyah. Il n’y avait aucune eau dans ce village excepté les puits qu’Abou Ahmad avait creusés plus tôt dans son camp. Il envoya Sa’d al-Aswad, le Mawlah de ‘Oubaydallah Ibn Muhammad Ibn ‘Ammar de Qouraj al-‘Abbas pour creuser des puits. Abou Ahmad resta à cet endroit durant un jour complet. Il tomba sur des provisions stockées que les troupes trouvèrent plus que suffisantes pour leurs besoins et les prirent. De là, ils allèrent à al-Boushir où ils ont trouvé une marre d’eau de pluie. Abou Ahmad resta là un jour et une nuit, et tard dans la nuit il partit pour Nahr al-Moubarak. Après une assez longue et difficile marche, ils arrivèrent enfin après la prière de midi. Sur sa route, Abou Ahmad fut rencontré et salué par ses deux fils, Abou al-‘Abbas et Haroun qui l’accompagnèrent jusqu’à atteindre Nahr al-Moubarak, un samedi à la mi-Rajab de cette même année.

 

Pendant ce temps, entre le départ d’Abou Ahmad de Wassit et son arrivée à Nahr al-Moubarak, Ziraq, Noussayr et leurs hommes réalisèrent d’impressionnantes actions dans leur poursuite des fugitifs zanj de Tahitha.

Muhammad Ibn Hammad a rapporté : Quand Ziraq et Noussayr se rencontrèrent sur le Tigre Aveugle, ils marchèrent ensemble jusqu’à ce qu’ils atteignirent al-Ouboullah, où un des hommes du vil demanda une garantie de sécurité. Il les informa alors que le vil avait envoyé un grand nombre de galères, de skiffs et de bateaux chargés de zanj sous le commandement d’un de ses lieutenants, Muhammad Ibn Ibrahim, surnommé Abou ‘Issa. Ce Muhammad Ibn Ibrahim, qui arriva de Basra, avait été apporté au vil à l’époque où Basra fut détruite par un officier zanj appelé Yassar qui avait été responsable des forces de sécurité du vil. Muhammad Ibn Ibrahim servit Yassar comme son scribe jusqu’à la mort ce dernier. Pendant ce temps, Ahmad Ibn Mahdi al-Joubba’i prospéra sous le vil, qui le nomma gouverneur sur la plupart de ses possessions. Et Muhammad Ibn Ibrahim lui fut assigné et lui servit de scribe jusqu’à ce qu’al-Joubba’i périssent à son tour.

 

Muhammad Ibn Ibrahim convoita le grade de ce dernier et voulu que le vil s’arrange pour le laisser remplacer al-Joubba’i. Il abandonna ainsi à l’encre et la plume et prit les armes, en s’appliquant exclusivement aux affaires militaires. À ce point, le vil l’envoya avec ses troupes, en lui ordonnant de prendre des positions à travers le Tigre pour repousser n’importe quelle force ennemie qui pourrait arriver. Par moments, Muhammad resta sur le Tigre et par moments il sortit avec ses hommes vers la voie navigable de Nahr Yazid. Parmi ses troupes, il y avait Shibl Ibn Salim et ‘Amr, surnommé Ghoulam Bouda, le plus vaillant de ses troupes noires et d’autres. Un homme de cette force se rendit à Ziraq et à Noussayr et les informa des plans de Muhammad. Il leur dit que Muhammad Ibn Ibrahim visait la région du camp de Noussayr, qui à cette époque, était posté à Nahr al-Mar’ah. Il leur dit que Muhammad et ses troupes avaient l’intention de faire passer par les voies navigables qui le long de Nahr Ma’qil et de Bathq Shirin pour atteindre ash-Shourtah pour émerger à l’arrière et sur les flancs de l’armée de Noussayr. Dès que ces nouvelles atteignirent Noussayr, il quitta précipitamment al-Ouboullah pour son camp. En même temps, Ziraq quitta Bathq Shirin et apparut derrière al-Mishan, pensant que Muhammad Ibn Ibrahim et ses hommes iraient au camp de Noussayr le long de ce chemin. Il arriva ce qu’il pensa, et les rencontra sur la voie. Après une féroce bataille, Allah Exalté lui accorda la main haute et l’ennemi fut mis en déroute et s’enfuit vers un canal de Nahr Yazid où une embuscade leur avait été préparée. Ziraq guida ses galères et ses péniches à leur poursuite et pénétra profondément leurs positions. Certaines des troupes ennemies furent tuées et d’autres furent capturés dont parmi eux Muhammad Ibn Ibrahim, surnommé Abou ‘Issa et ‘Amr, surnommé Ghoulam Boudha ainsi que trente de leurs galères. Shibl et les autres s’enfuirent vers le camp du vil. Victorieux, Ziraq quitta Bathq Shirin, en emmenant les captifs, les têtes des morts, les galères, les skiffs et d’autres bateaux qu’il avait saisis. Ziraq avança ainsi du Tigre Aveugle à Wassit où il écrivit à Abou Ahmad pour l’informer de la bataille, de la victoire et de la conquête ultime.

À la suite de l’action de Ziraq, tous les partisans du vil qui étaient dans les régions le long du Tigre furent terrifiés. On m’a rapporté qu’environ deux-mille hommes demandèrent la sécurité à Abou Hamzah, alors qu’il était à Nahr al-Mar’ah. Abou Hamzah écrivit à Abou Muhammad pour l’informer qu’il avait donné l’ordre à Ziraq de les recevoir et de leur garantir leur sécurité, un salaire militaire, de les intégrer avec ses propres troupes et les utiliser contre l’ennemi.

Ziraq resta dans Wassit jusqu’à ce qu’une dépêche arrive d’Abou Ahmad, ordonnant son fils Haroun de marcher à Nahr al-Moubarak avec les troupes qui étaient restées avec lui et Ziraq parti avec lui. Abou Ahmad écrivit à Noussayr, qui était posté à Nahr al-Mar’ah, en lui ordonnant de venir le rejoindre à Nahr al-Moubarak et Abou Ahmad le rencontra alors là.

En allant à Nahr al-Moubarak, Abou al-‘Abbas avança avec ses péniches et ses galères vers le camp du vil. Il l’attaqua alors dans sa ville sur le canal Abou al-Khassib. La bataille entre les deux forces fit rage à partir du début de la matinée jusqu’à la fin de l’après-midi. Un des officiers du vil appelé Mountab, qui avait été attaché à Souleyman Ibn Jami’, demanda la sécurité à Abou al-‘Abbas ainsi que pour un contingent de ses hommes. Cette défection était la sorte de chose qu’il ruinait le vil et son armée. Abou al-‘Abbas se retira avec le butin. Il décerna à Mountab des robes d’honneur, le traita généreusement et lui offrit une monture. Quand Abou al-‘Abbas rejoignit son père, il l’informa de la désertion de Mountab et comment il vint le trouver pour lui demander la sécurité. À cela, Abou Ahmad ordonna de remettre de nouvelles robes d’honneur pour Mountab, des présents et une autre monture. Mountab fut le premier des officiers zanj à demander la sécurité.

 

Muhammad Ibn Hammad Ibn Ishaq Ibn Hammad Ibn Zayd a rapporté : La première chose que fit Abou Ahmad quand il atteignit le Nahr al-Moubarak, un samedi du milieu de mois de Rajab 267 (880), fut d’écrire une lettre au vil en lui demandant de se repentir et de revenir à Allah Tout-Puissant et de cesser les carnages et les crimes, d’arrêter de dévaster les régions et les centres de population, de cesser les viols et les violations de propriétés et d’arrêter de se prétendre être un prophète ou un apôtre, un honneur qu’Allah Exalté ne lui avait pas accordé. De plus, il l’informa qu’il lui pardonnerait et lui garantirait la sécurité s’il cessait ces actions détestées par Allah Exalté. S’il rejoignait la communauté des Musulmans, tous ses graves crimes passés seraient oubliés et il récolterait une vie d’abondance.

Il fit suivre cette lettre au vil comme s’il était le messager d’Abou Ahmad. Ce dernier essaya de la lui livrer, mais il fut empêché par les hommes du vil. Donc le messager leur lança la lettre et ils l’emmenèrent au vil qui l’a lue. L’avertissement contenu dans le message ne fit rien d’autre qu’augmenter sa haine et son obstination. Il ne donna aucune réponse, persista dans ses égarements et le messager revint en informer Abou Ahmad.

Alors du samedi jusqu’au mercredi, Abou Ahmad inspecta les péniches et les galères, en leur assignant ses officiers, ses Mawlah, ses pages et sélectionna des archers pour les vaisseaux. Jeudi, Abou Ahmad et ses hommes, accompagnés par son fils Abou al-‘Abbas, empruntèrent le canal Abou al-Khassib pour la ville du vil, que le dernier avait appelé al-Moukhtarah. Abou Ahmad observa la ville et étudia ses défenses et ses fortifications, les murs et les douves environnantes. Il étudia les routes barricadées y menant, les différentes balistes, catapultes, les arcs Nawoukiyah et les autres équipements sur les murailles, qu’il n’avait jamais encore préalablement vu utilisé dans les révoltes contre les autorités centrales. En voyant les multitudes de guerriers ennemis déployés, il réalisa combien sa tâche serait difficile. Quand les troupes du vil virent Abou Ahmad, ils élevèrent tellement leurs voix que la terre trembla.

Abou Ahmad donna l’ordre à son fils, Abou al-‘Abbas de procéder vers les murs de la ville et de couvrir les défenseurs de pluie de flèches, ce qu’il fit. Il avança si près des murs de la ville que ses péniches frappèrent le quai de la forteresse du vil dont les troupes se précipitèrent vers l’endroit où les péniches s’étaient approchées. L’ennemi réunit lança une succession de flèches et de pierres avec leurs balistes, leurs catapultes et leurs frondes, si bien qu’aucun observateur des péniches ne put jeter un coup d’œil sans recevoir une flèche ou une pierre. Abou al-‘Abbas endura tout cela et le vil et ses compagnons virent la force gouvernementale afficher la persévérance et le zèle tel que personne n’ayant lutté contre eux ne le fit auparavant. Alors Abou Ahmad ordonna à Abou al-‘Abbas et ses hommes de revenir à leurs positions pour se reposer et s’occuper de leurs blessures, ce qu’ils firent.

À ce point, deux des troupes de galères demandèrent la sécurité à Abou Ahmad et ils lui apportèrent leurs bateaux avec son équipement et ses marins. Abou Ahmad ordonna que des robes de brocart d’honneur, des ceintures ornées de joyaux et que d’autres cadeaux leur soient donnés. Sur son ordre, il leur fut remis des robes de vêtements de soie et blancs rouges et tous furent couverts de généreux cadeaux. De cette manière, Abou Ahmad gagna leur sympathie et il les posta alors dans un endroit où ils pourraient être vus par leurs anciens camarades. Ce fut le stratagème le plus humiliant jamais employé contre le vil. Car, quand le reste des zanj virent comment on avait pardonné à leurs compagnons et la gentillesse qui leur fut accordée, ils désirèrent à leur tour la sécurité et se hâtèrent de rejoindre Abou Ahmad, désirant obtenir ce que leurs camarades avaient obtenus.

Ce même jour, un certain nombre de troupes des galères se rendirent à Abou Ahmad, et selon ses ordres, ils reçurent tous le même traitement que leurs prédécesseurs. Quand le vil vit que les troupes de ses galères étaient disposées à capituler et saisissaient chaque occasion de le faire, il ordonna à tous de revenir du Tigre à Nahr Abi al-Khassib et il plaça à l’embouchure de ce canal des hommes pour prévenir leur fuite. À présent, ayant fait avancer ses péniches, il appela Bahboud Ibn ‘Abdel Wahhab, un de ses champions les plus fidèles qui avait sous son commandement les plus grands et les meilleurs vaisseaux équipés, qui répondit à l’appel. La marée haute arriva et les péniches d’Abou Ahmad se dispersèrent. Abou Hamzah avec ses navires s’amarra à la rive est du Tigre. En établissant sa position là, il estima que la lutte était finie et qu’il n’était plus nécessaire mais quand Bahboud et ses péniches apparurent, Abou Ahmad lui ordonna (à Abou Hamzah) d’avancer avec ses péniches. Il ordonna aussi à Abou al-‘Abbas et aux autres officiers et pages d’attaquer Bahboud avec ses vaisseaux. Douze péniches, maniées par les officiers et les pages qui étaient avec Abou al-‘Abbas et Ziraq, supportèrent le poids de la bataille. Comme la bataille éclata, le vil et ses hommes voulurent attaquer Abou al-‘Abbas et sa force, car ils avaient seulement quelques péniches. Cependant, les zanj subirent une telle défaite qui les poussa à s’enfuir et Abou al-‘Abbas et ses hommes se retournèrent contre Bahboud, qu’ils conduisirent dans un confinement prêt de la forteresse du vil. Bahboud en plus d’être touché par deux lances, fut  blessé par de nombreuses flèches et de pierres jetées sur lui mais, ses hommes le sauvèrent et le protégèrent jusqu’à ce qu’il atteigne Abou al-Khassib, échappant de justesse à la mort. Parmi les officiers qui étaient avec lui et qui furent tués ce jour-là, il y eut ‘Amirah, un homme brave et vaillant, qui était toujours dans le premier rang de la bataille. Les hommes d’Abou al-‘Abbas saisirent une des péniches de Bahboud dont les hommes avaient été tués ou noyés. Le navire fut pris et, conformément aux instructions d’Abou Ahmad, Abou al-‘Abbas et ses hommes dirigèrent leurs navires vers la rive est du Tigre avec le retrait des forces.

Quand le vil vit que la force d’Abou Ahmad se retirait, il ordonna à ceux qui avaient fui dans leurs péniches à Nahr Abou al-Khassib, de revenir pour apaiser la peur de ses hommes, en créant une impression d’une retraite ordonnée et non pas d’une fuite dans la défaite. À cela, Abou Ahmad instruisit rapidement certains de ses pages de tourner leurs péniches pour partir à leur poursuite. Dès que les zanj les virent, ils s’enfuirent dans une grande panique. Une de leurs péniches resta en arrière et les troupes qui s’y trouvaient demandèrent à Abou Ahmad la sécurité en affichant un drapeau blanc qu’ils avaient avec eux. Les zanj vinrent le trouver dans leur péniche et il leur fut accordé la sécurité. On leur donna différents présents et des vêtements. Cela incita le vil a ordonné aux péniches zanj de retourner dans le canal et à interdire leur sortie. Comme c’était presque la fin du jour, Abou Ahmad ordonna à ses hommes de retourner dans leur camp à Nahr al-Moubarak. Et durant son retrait, un grand nombre de zanj et d’autres lui demandèrent la sécurité. Il a leur accorda et les transporta sur ses péniches et ses galères. Alors il ordonna de leur octroyer des robes d’honneur ainsi que différents présents et leurs noms fut inscrits dans les registres des troupes d’Abou al-‘Abbas.

Abou Ahmad partit pour son camp qu’il atteignit après la fin de la prière du soir. Il y resta le vendredi, le samedi et le dimanche avant de transférer son camp dans un endroit qui serait plus proche pour continuer la campagne contre le vil.

 

La construction de cette nouvelle base militaire fortifiée près de l’ennemi, n’est pas sans nous rappeler celle que construisit le Sultan Muhammad al-Fatih en 852 de l’Hégire (1448) et qui étaient à sept kilomètres seulement de la ville de Constantinople. La construction de cette forteresse sur la rive est du Bosphore, qu’il appela Roumi Hissar, peina énormément les Byzantins et devait conduire plus tard à la prise de Constantinople.

 

Le lundi 24 du mois de Rajab 267 de l’Hégire (881), Abou Ahmad avec Abou al-‘Abbas, ses clients, ses pages et ses officiers, dont Ziraq et Noussayr, embarquèrent sur les péniches et naviguèrent jusqu’à ce qu’ils atteignent la voie navigable de Nahr Jatta, à l’est du Tigre, en face du canal de Nahr al-Yahoudi. Il s’arrêta là, prit toutes les dispositions qui jugea nécessaires avant de repartir en avant, laissant derrière lui Abou al-‘Abbas, Noussayr et Ziraq. Puis, Abou Ahmad revint dans son camp et sur ses ordres, il fut annoncé aux hommes qu’ils allaient partir pour l’endroit qu’il avait choisi sur le canal Jatta. Lorsque les routes furent réparées et en ordre pour le transport, les animaux et les ponts protégés, il se mit en route, tôt le matin du mardi 25 du mois de Rajab avec les animaux le précédant, pour Nahr Jatta où il monta son camp.

Il y resta jusqu’au samedi 14 du mois de Sha’ban de l’année 267 de l’Hégire (880), sans avoir livré aucune bataille. Ce fut seulement ce jour qu’Abou Ahmad procéda avec son infanterie, sa cavalerie et tous ses cavaliers. Il mit les fantassins et les volontaires en uniforme et protégé d’un plastron, à bord des vaisseaux et des péniches , il navigua sur l’Euphrate, jusqu’à ce qu’il atteigne un endroit en face du camp du vil. À cette époque, Abou Ahmad avait cinquante-mille ou plus combattants et auxiliaires, tandis que le vil en avait environ trois-cent mille, dont tous étaient des guerriers actifs ou des défenseurs, des épéistes, des lanciers, des archers, des tireurs de fronde et des artilleurs pour les catapultes et les balistes. Les plus faibles d’entre eux étaient chargés de jeter des pierres à la main, et ajoutaient au tumulte en criant et en tirant, une tâche partagée par les femmes.

Abou Ahmad resta en face du camp du vil jusqu’à tard le matin, quand, sur ses ordres, les hérauts crièrent aux ennemis que la sécurité serait offerte à quiconque la demanderait, sans discrimination, excepté pour le vil. Il demanda alors les flèches sur lesquelles étaient attachées les lettres de garanties de sécurité qu’on avait annoncée. Dans lesquelles, il promettait de traiter gentiment les gens qui se rendraient. Puis les flèches furent tirées dans le camp du vil. Alors, les cœurs des hérétiques penchèrent vers Abou Ahmad et le pardon qu’il leur promis. Un grand nombre d’entre eux se rendirent ce jour, à bord de péniches, et à qui il présenta des cadeaux différents. Abou Ahmad revint alors à son campement sur le canal Jatta et aucun combat n’eut lieu ce jour-là. Deux de ses officiers Mawlah, Bouktimour et Ja’far Ibn Yaghla’ouz, arrivèrent avec toutes leurs troupes, et renforcèrent les forces d’Abou Ahmad. Abou Ahmad quitta le canal Jatta vers un autre campement qu’il avait préparé d’avance. Il construisit des ponts le long de ses voies navigables et fit étendre le fleuve pour que le camp puisse s’étendre à Furat al-Basra, en face de la ville du vil. Abou Ahmad s’installa dans ce nouveau camp un dimanche dans le milieu du mois de Sha’ban de l’année 267 de l’Hégire (880). Il fit de ce camp sa base, et assigna ses officiers et commandants à leurs positions différentes. Il plaça Noussayr, le commandant des péniches et des galères, avec ses troupes, dans la première partie du camp, dans un endroit en face de la voie navigable de Nahr Jouwayy Kour. Ziraq at-Turki, le commandant de l’avant-garde d’Abou al-‘Abbas, fut assigné avec ses troupes à une position en face de la région entre le canal Abou al-Khassib, qui est aussi connu sous le nom de Nahr al-Atrak et la voie navigable de Nahr al-Moughirah. Ziraq fut suivi par le secrétaire d’Abou Ahmad, Ya’la Ibn Jouhistar et ses troupes. Les tentes d’Abou Ahmad et de ses deux fils étaient à Dayr Jabil. Abou Ahmad envoya son Mawlah Rashid Adam tête de ses (Abou Ahmad) Mawlah et de ses pages près de la voie navigable de Nahr al-Matmah, ses pages étaient composées de Turcs, de Khazars, des hommes d’ar-Roum, de Daylam, du Tabaristan, du Maghreb et de Zanzibar. Il plaça son vizir (wazir) Sa’id Ibn Makhlad avec une force de Mawlah et de pages au-delà de la force de Rashid et envoya Masrour al-Balkhi avec ses troupes près de la voie navigable de Nahr Sandadan. De même, il envoya al-Fadl et Muhammad, les fils de Moussa Ibn Bougha, avec leurs armées près de la voie navigable de Nahr Halah qui furent suivies par Moussa Daljawayh avec ses soldats et ses officiers. Boughraj at-Turki fut assigné à l’arrière-garde campée au canal Jatta

 

Maintenant, observant la position du vil, ses fortifications et l’immensité de l’armée, Abou Ahmad se rendit compte qu’il devrait l’épuiser par un long siège et provoquer une division parmi ses troupes en offrant le pardon et la générosité à tous ceux qui se détourneraient de leur maître et en traitant durement ceux qui resteraient fidèles à leurs égarements. Il se rendit aussi compte, qu’il avait besoin de plus de péniches et d’autre équipement pour le combat naval. Il envoya donc des agents pour recueillir des provisions et leur permettre d’accéder tant par la terre et que par l’eau dans son camp dans la ville qu’il appela al-Mouwaffaqiyah. Il écrivit aux gouverneurs des régions environnantes pour leur demander de déposer de l’argent dans la trésorerie dans cette ville. Il envoya aussi un messager à Siraf et à Jannaba pour leur demander de construire de nombreuses péniches dont il avait besoin pour les poster où ils pourraient couper l’approvisionnement du vil et de ses cohortes. Il écrivit de même à ses gouverneurs dans les régions environnantes et leur demanda de lui dépêcher quiconque était capable et disposé afin qu’il puisse être enrôlé. Alors il passa environ un mois à attendre. Continuèrent régulièrement d’arriver, transport après transport et les marchands fournirent différentes sortes de marchandises et de produits dans la ville d’al-Mouwaffaqiyah. Les marchés fleurirent dans cette ville et le nombre de marchands et d’entrepreneurs de toutes les régions grandirent en nombre. Après plus de dix ans de brigandage sur les voies navigables par le vil et ses hommes, et la dramatique diminution du trafic fluvial, les bateaux commencèrent à arriver de nouveau.

 

Abou Ahmad construisit une Mosquée publique et ordonna aux gens d’y prier et de s’y livrer aux actes d’adoration. Puis, il fit établir les fabriques de monnaie qui délivrèrent des nouvelles pièces d’or et d’argent. Différentes ressources et aménagements furent concentrés dans la ville d’Abou Ahmad et ses habitants ne manquèrent de rien qui était disponible dans les villes plus anciennes. L’argent circula et les paies furent distribuées à l’heure. Comme la situation s’améliora, les gens vécurent dans le confort et chacun désira voyager dans la ville d’al-Mouwaffaqiyah et y rester.

Deux jours après l’arrivée d’Abou Ahmad dans al-Mouwaffaqiyah, le vil ordonna à Bahboud Ibn ‘Abdel Wahhab de l’attaquer. Il traversa à la pointe du camp d’Abou Hamzah, prenant ses troupes et ses galères par surprise. Bahboud chargea Abou Hamzah et tua un grand nombre de ses hommes et en captura beaucoup d’autres. Il mit le feu aux cabanes de roseau qu’ils avaient bâti avant que les bâtiments ne furent érigés là. Alors, Abou Ahmad donna l’ordre à Noussayr de rassembler tous ses hommes et de ne permettre à personne de sortir du camp. Il lui ordonna aussi d’utiliser ses péniches, ses galères, ses skiffs et ses fantassins pour garder le périmètre de son camp jusqu’aux portées extérieures de Mayan Roudan, al-Qindal et d’Abroussan et d’engager toutes les troupes que le vil y avait.

À Mayan Roudan se trouvait un des officiers du vil, Ibrahim Ibn Ja’far al-Hamadani avec quatre mille zanj et dans al-Qindal, Muhammad Ibn Aban, qui était surnommé Abou al-Hassan, le frère de ‘Ali Ibn Aban, posté avec trois mille hommes. Pareillement, un nommé ad-Dour était posté dans Abroussan avec une force de mille-cinq-cents zanj et hommes du contingent d’al-Joubba’i.

Abou al-‘Abbas déclencha les opérations avec une attaque sur al-Hamadani. Dans une série d’engagements, al-Hamadani perdit beaucoup d’hommes qui furent tués ou capturés et lui-même s’enfuit dans une galère qu’il avait tenue prête et rejoignit le frère d’al-Mouhallabi, celui dont le patronyme était Abou al-Hassan. Les troupes d’Abou al-‘Abbas saisirent toutes les possessions des zanj qu’ils transférèrent dans leur camp. Abou Ahmad envoya un message à son fils pour qu’il accorde la sécurité à quiconque la demanderait et de bien traiter tous ceux qui se rendraient. Une bande de zanj abandonnèrent ‘Ali Ibn Aban, et demandèrent la sécurité qu’Abou al-‘Abbas leur accorda avant de les envoyer à son père, qui ordonna de leur remettre des robes d’honneur et des cadeaux chacun selon ses mérites personnels. Il ordonna aussi qu’ils soient exposés en face du canal Abou al-Khassib afin que leurs anciens compatriotes puissent les voir. Ainsi, Abou Ahmad continua à piéger le traître, en accordant la sécurité à tous les zanj déserteurs, en l’assiégeant et en coupant l’acheminement de leurs réserves et leurs nécessités.

Les provisions d’al-Ahwaz et ses différentes sortes de marchandises, de ses régions et de leurs régions environnantes qui avaient l’habitude d’arriver à la voie navigable de Nahr Bayan tombèrent sous la juridiction de ses fonctionnaires. Un jour, Bahboud fut informé qu’une caravane avec une variété de marchandises et de nourriture était en marche, et donc avec une équipe sélectionnée, sortit de nuit vers une palmeraie où il se dissimula pour l’attendre. Bahboud tomba sur la caravane qui ignorait l’embuscade, tua un certain nombre de gens, en captura d’autres et saisit toutes les marchandises. Abou Ahmad avait dépêché avec la caravane un officier avec un convoi de troupes pour la protéger mais il fut incapable de le faire à cause de la grande force de Bahboud et du terrain qui était défavorable pour déployer la cavalerie.

Quand Abou Ahmad fut informé, il fut choqué par les pertes d’hommes, d’argent, et marchandises et il donna des instructions de compenser les hommes intégralement. Il posta alors des péniches à l’embouchure du Bayan et d’autres canaux, des endroits qui ne pouvaient pas être atteints par les cavaliers. Il ordonna aussi que des péniches supplémentaires soient construites et un grand nombre d’entre elles arrivèrent. Il les équipa et les mit sous le commandement de son fils, Abou al-‘Abbas, en lui donnant l’ordre de prendre soin de chaque endroit par laquelle les provisions pourraient parvenir aux forces du vil. Pour ce but Abou al-‘Abbas, navigua avec ses péniches jusqu’à l’embouchure de la mer, en plaçant des officiers sur toutes les routes. Ayant ainsi fait, il s’acquitta complètement de cette tâche.

 

Au mois du Ramadan de cette même année, Sandal az-zinji fut tué.

Le 2 du mois de Ramadan de l’année 267 de l’Hégire (880), les troupes du vil avancèrent vers les camps de Noussayr et de Ziraq avec l’intention de les attaquer mais prévenu par les gens, Noussayr et Ziraq engagèrent la bataille, repoussèrent les zanj et capturèrent Sandal. Il a été rapporté que ce Sandal avait l’habitude de dévoiler les visages et les têtes des femmes musulmanes libres de naissance et les traiter comme s’ils étaient des servantes. Et si elles résistaient, il les frappait au visage et les passaient à un sauvage zanj pour un prix très bas. Quand il fut livré à Abou Ahmad, il ordonna d’attacher l’homme, de le cribler avec des flèches et l’homme mourut.

 

Toujours durant ce mois, un grand nombre de zanj demandèrent la sécurité à Abou Ahmad.

Il est annoncé que Mouhaddab, un des partisans les plus proéminents et les plus courageux du vil demanda la sécurité à Abou Ahmad. Une péniche le ramena à Abou Ahmad alors qu’il rompait le jeûne. Mouhaddab dit qu’il cherchait le bon conseil et la sécurité et indiqua que juste à ce moment, les zanj étaient en route vers le camp d’Abou Ahmad pour l’attaquer de nuit et qu’en conséquence, le vil avait convoqué la plupart de ses hommes vaillants. Alors, Abou Ahmad donna l’ordre d’envoyer et de déployer des péniches avec des forces pour combattre les zanj et prévenir leur passage. Quand les zanj se rendirent compte que leur plan avait été révélé, ils se retirèrent dans la panique et un grand nombre de zanj se rendirent. Vers la fin du Ramadan, le nombre de gens, blancs et noirs, qui arrivèrent au camp d’Abou Ahmad s’éleva à cinq-mille.

 

Au mois de Shawwal, Abou al-‘Abbas engagea des zanj et il leur infligea de très lourdes pertes.

Selon les renseignements qui me sont parvenus, le vil sélectionna de toutes ses troupes, les hommes les plus braves et les plus courageux et donna l’ordre à al-Mouhallabi de traverser la voie navigable et de mener un raid nocturne sur le camp d’Abou Ahmad, ce qu’il fit.

Le nombre des zanj et d’autres qui traversèrent la voie navigable furent au nombre d’environ cinq-mille, dont la plupart étaient des noirs, commandés par environ deux cents officiers. Ils passèrent du côté est du Tigre et laissèrent certaines de leurs forces dans la palmeraie près de la lagune, pour tomber sur les arrières de l’armée d’Abou Ahmad tandis qu’un grand détachement devait passer avec les péniches, les galères et les bacs devant le camp d’Abou Ahmad. Si le combat éclatait entre les deux forces, les commandants du vil qui était près de la lagune devraient attaquer le camp d’Abou Ahmad al-Mouwaffaq avec la plus grande vigueur, pour le surprendre lui et ses hommes au beau milieu de la bataille.

Les rebelles comptèrent sur le succès de ce plan. Leurs troupes restèrent toute la nuit sur l’Euphrate pour attaquer l’armée à la pointe du jour. Mais un de leur jeune marin demanda la sécurité à Abou Ahmad et lui révéla le plan que les rebelles avaient conçu contre lui. Abou Ahmad donna l’ordre à Abou al-‘Abbas, les officiers et les pages de disposer vers la région des troupes du vil. Il dépêcha un groupe d’officiers parmi ses pages avec la cavalerie vers la lagune derrière la palmeraie sur l’Euphrate, pour couper la retraite de l’ennemi qui s’y trouvait. Et il fut ordonné aux hommes des péniches et des galères de bloquer le Tigre, pendant que l’on ordonna à l’infanterie de se mettre en route vers l’ennemi qui se trouvait dans la palmeraie.

Quand, contrairement à leurs attentes, les rebelles se rendirent compte de ces mesures prises contre eux, ils s’enfuirent par le même chemin dont ils étaient venus et cherchèrent la sécurité en partant vers la direction de Jawwith Barouwayh. Informé de leur retraite, al-Mouwaffaq donna l’ordre à Abou al-‘Abbas et à Ziraq de partir avec leurs péniches et d’atteindre le fleuve avant les zanj pour les empêcher de passer. Il instruisit un de ses pages, appelé Thabit, qui avait sous son commandement une force étendue de pages noires, de transporter ses hommes avec l’équipement pour construire des ponts et les skiffs à l’endroit où les ennemis d’Allah étaient positionnés et de les attaquer. Thabit dépassa les zanj à Jawwith Barouwayh et les attaqua. Il les engagea dans une bataille soutenue, mais les zanj restèrent fermes et pressèrent leur attaque contre sa force combinée d’environ seulement cinq-cents hommes car son contingent ne s’était pas complètement mobilisé. L’ennemi les délogea mais Thabit contre-attaqua vigoureusement, en les obligeant à reculer. Allah Exalté lui accorda la vue de les voir s’enfuir, supportant de très lourdes pertes entre les morts, les blessés, les noyés et ce qui plongèrent dans l’eau, comptant échapper en nageant, furent récupérés par les péniches et les galères dans le Tigre et le canal. De cette armée, seulement quelques-uns réussirent à s’enfuir. Abou al-‘Abbas et Thabit revinrent victorieux. Les têtes des tués furent accrochées aux péniches et les captifs crucifiés. Ils passèrent près de la ville ennemie pour terrifier les compatriotes des morts et des capturés. Après cela, les zanj sombrèrent dans le désespoir. Après être revenu avec les prisonniers et les chefs dans la ville d’al-Mouwaffaqiyah, Abou al-‘Abbas entendit dire que le chef des zanj trompait ses hommes par de fausses histoires que les têtes exposées étaient seulement des effigies pour leur faire peur et que les captifs crucifiés étaient des déserteurs qui avaient capitulés à l’armée gouvernementale. À cela, al-Mouwaffaq donna l’ordre à Abou al-‘Abbas de réunir les têtes et aller avec eux devant la forteresse du vil et de les lancer dans la forteresse au moyen d’une catapulte déployée sur un vaisseau et cela fut fait. Quand les têtes atterrirent dans la ville zanj, les amis des morts reconnurent les têtes de leurs compatriotes et éclatèrent en larmes. Les mensonges et la duplicité du pécheur devinrent ainsi évidents pour tous.

 

Au mois de Dzoul Qi’dah, Ziraq lutta contre les troupes du chef des zanj à Nahr Ibn ‘Omar et leur infligea de lourdes pertes.

Il a été rapporté que le chef des zanj ordonna l’obtention de péniches qui furent construites pour lui et rajoutées à celles utilisées dans les opérations militaires. Il divisa ses péniches en trois groupes menés respectivement par Bahboud, Nasr ar-Roumi et Ahmad Ibn az Zaranji et il fut confié à chaque escadron environ cinquante péniches. Il les équipa avec des archers et les lanciers et des efforts furent faits pour que leur équipement et leurs armes soient les meilleurs. Alors il leur ordonna de se mettre en route sur le Tigre, de traverser sur la rive est et de défier les troupes d’al-Mouwaffaq dans la bataille.

Al-Mouwaffaq, avait seulement un petit nombre de péniches disponibles car tout le reste était dispersé à l’embouchure de la mer et le long des canaux pour empêcher les approvisionnements de parvenir aux zanj. Les hommes de main du pécheur s’appliquèrent sauvagement à la tâche et par conséquent, il leur fut possible de saisir l’une après l’autre les péniches d’al-Mouwaffaq. Noussayr, surnommé Abou Hamzah, qui commandait la partie la plus importante des péniches d’al-Mouwaffaq, se retint d’engager l’ennemi dans la bataille ou d’avancer vers eux, car s’il l’avait fait, le nombre de ses péniches n’aurait pas été suffisant. Donc, les gens dans le camp d’al-Mouwaffaq furent terrifiés, et craignirent que les zanj avec leur supériorité navale puissent se mettre en route contre eux.

Mais à ce moment, les péniches qu’al-Mouwaffaq avait fait construire dans Jannaba arrivèrent et il eut peur que les zanj puissent les intercepter sur le Tigre, Abou Ahmad ordonna à Abou al-‘Abbas de partir avec ses péniches pour les ramener en toute sécurité dans son camp et Abou al-‘Abbas les ramena dans le camp de Noussayr.

Quand les zanj remarquèrent les péniches, ils voulurent les saisir. Le vil appela ses péniches et ses hommes pour défier l’ennemi. Les péniches de Noussayr et d’Abou al-‘Abbas entrèrent alors en action pour les en empêcher.

Un de pages d’Abou al-‘Abbas, un homme brave appelé Wasif, surnommé al-Hijrah, se hâta avec ses péniches et attaqua vigoureusement les zanj. Ils s’enfuirent et il les poursuivit jusqu’à ce qu’il les rencontre dans le canal Abou al-Khassib séparé de sa force. Les péniches des zanj firent demi-tour pour l’attaquer et il se retrouva dans une situation grave. Certaines des péniches zanj agrippèrent les rames de la péniche de Wasif avec leurs rames et le tirèrent vers la rive, pendant que d’autres l’encerclèrent lui et ses hommes de tous les côtés. D’autres zanj descendirent en bas des murs et bien que Wasif et ses hommes luttèrent vigoureusement, ils furent tous tués. Alors les zanj se retirèrent avec leurs péniches dans le canal Abou al-Khassib. Abou al-‘Abbas rencontra les péniches Jannaba qui arrivèrent en toute sécurité avec leur armement et leurs hommes. Abou Ahmad ordonna qu’Abou al-‘Abbas prenne le commandement général de toutes les opérations militaires impliquant les péniches et de stopper l’approvisionnement de l’ennemi de n’importe quelle direction et cela fut fait.

Les péniches furent complétées et équipées avec les meilleurs archers et les lanciers. Quand tout fut complètement achevé, Abou al-‘Abbas posta les vaisseaux dans les endroits où les péniches du vil recherchaient le pillage, comme ils en avaient l’habitude. Abou al-‘Abbas partit à leur rencontre avec ses péniches et les autres commandants furent ordonnés de le rejoindre dans l’attaque. Ils pénétrèrent les formations ennemies, en les couvrant de pluies de flèches et de pierres et les atteignirent avec leurs lances. Allah Exalté frappa l’ennemi qui s’enfuit dans la panique, tandis qu’Abou al-‘Abbas et ses hommes les pourchassèrent, en les forçant à chercher refuge dans le canal Abou al-Khassib. Trois de leurs navires furent coulés et deux autres capturés avec tous leurs combattants et marins. Sur l’ordre d’Abou al-‘Abbas, ils furent tous décapités. Quand le vil vit le destin de ses hommes, il retint ses péniches dans l’enceinte de sa forteresse et interdit à ses hommes de naviguer dans le Tigre sauf quand le fleuve était libre des vaisseaux d’al-Mouwaffaq.

 

Après qu’Abou al-‘Abbas les attaqua de cette manière, la panique augmenta parmi les zanj et les proéminents compagnons du vil cherchèrent à capituler et la sécurité leur fut accordée. Il a été rapporté que parmi les zanj proéminent qui demandèrent la sécurité, il y eut Muhammad Ibn Harith al-‘Ammi, qui fut chargé de défendre le camp à Mounka et aux murs proches du camp d’al-Mouwaffaq. Il déserta la nuit avec un certain nombre de ses compagnons et al-Mouwaffaq le reçut avec des cadeaux généreux, l’habilla avec des robes d’honneur, lui donna un certain nombre de chevaux avec leurs harnais et leurs équipements et l’inscrit dans le registre des troupes. Muhammad Ibn al-Harith essaya aussi d’emmener sa femme, mais elle rata sa tentative de le rejoindre. Attrapée par les zanj, elle fut amenée au vil, qui l’emprisonna un certain temps avant de la vendre aux enchères dans le marché.

Parmi ceux qui demandèrent la sécurité il y eut, Ahmad, surnommé al-Barda. On a rapporté qu’il était un vaillant compagnon du vil et l’ami intime d’al-Mouhallabi. Parmi les commandants zanj qui sollicitèrent la sécurité, il y eut Madbad, Ibn Ankalawayh et Manina à qui il fut tous accordé des robes d’honneur, donnés de nombreux cadeaux et des chevaux. Tous les soldats qui se rendirent reçurent un excellent traitement.

Comme l’approvisionnement fut coupé et toutes les routes menant à lui et ses hommes bloquées, le vil instruisit Shibl et Abou Nida’, deux de ses premiers partisans et des commandants sur qui il pouvait compter, de sortir avec dix-mille zanj et d’autres aux canaux de Dayr, Mar’ah et d’Abou al-Assad. De là, ils devaient aller au Grand Marais (al-Batihah) pour attaquer les Musulmans, saisir toutes les provisions qu’ils pourraient trouver et couper les provisions et d’autres réserves parvenant au camp d’al-Mouwaffaq de Baghdad, de Wassit et des régions environnantes. Quand les nouvelles de leur projet atteignit al-Mouwaffaq, il appela son Mawlah Ziraq, le commandant de l’avant-garde d’Abou al-‘Abbas  et lui donna l’ordre d’engager des poursuites contre eux avec ses troupes. Il lui confia aussi le commandement d’un groupe d’hommes sélectionnés.

Ziraq parti rapidement avec ses péniches et ses galères, embarqua son infanterie dans les skiffs et les vaisseaux légers clairs, et arriva au Nahr ad-Dayr. N’ayant trouvé aucune trace des zanj, il repartit à Bathq Shirin et ensuite remonta le long du Canal d’Adi. Lorsqu’il débouchât du Canal de ‘Omar, il rencontra la force de zanj, dont le nombre le terrifia. Ziraq implora Allah Exalté de l’aider contre les zanj, puis les chargea avec les plus aguerris et vaillants de ses hommes. Allah Exalté jeta la terreur dans les cœurs des zanj et ils s’effondrèrent sous les coups des armes de Ziraq. Un énorme nombre d’entre eux fut tué, d’autres noyés et un grand nombre d’entre eux furent capturés. Ziraq saisit tous les vaisseaux qu’il put et coula tout le reste. Il saisit ainsi environ quatre-cents vaisseaux. Il prit les captifs et les chefs tués et retourna au camp d’al-Mouwaffaq.

 

Le 23 du mois de Dzoul Hijjah, al-Mouwaffaq en personne traversa avec ses troupes vers la ville du vil pour le combattre.

Il a été rapporté que quand les commandants des troupes du vil furent informés de la malchance qui leur était arrivée, la mort pour ceux qui sortaient de la ville pour lutter et un dur siège pour ceux qui restaient dans ses limites, aucun d’eux se s’aventura à l’extérieur. Et puisqu’ils virent l’excellent traitement accordé à ceux qui demandaient la sécurité à Abou Ahmad et que le pardon leur était accordés, ils eurent aussi tendance à capituler et commencèrent à fuir par tous les moyens possibles. Le vil fut terrifié et senti l’approche de sa propre mort.

Il plaça des soldats et des gardes dans chaque secteur où il soupçonnait un chemin d’évasion de son camp en leur ordonnant de surveiller ces endroits et désigna aussi des hommes aux embouchures des canaux pour empêcher les bateaux de partir, anxieux de bloquer n’importe quelle route, trou, passage et ouverture pour éliminer toute tentation de quitter sa ville.

Un groupe des commandants du déviant chef des zanj, envoya un message à al-Mouwaffaq, demandant la sécurité et demandant de lui envoyer une armée pour lutter contre le vil, pour qu’ils aient l’occasion de changer leur allégeance. Alors al-Mouwaffaq donna l’ordre à Abou al-‘Abbas d’aller avec un corps de ses troupes à l’endroit connu comme Nahr al-Ghaybi, qui était patrouillé à ce moment ‘Ali Ibn Aban.

 

Abou al-‘Abbas disposa pour Nahr al-Gharbi avec une force sélectionnée, prenant avec lui les péniches, les galères et les bacs. ‘Ali Ibn al-Mouhallabi et ses hommes s’offrirent volontaires pour sortir contre lui et les deux forces s’engagèrent dans la bataille. La force d’Abou al-‘Abbas eut la main supérieure et soumit l’ennemi. Le vil envoya Souleyman Ibn Jami’ pour renforcer al-Mouhallabi avec un grand contingent de zanj. La bataille dura ce jour-là du début de la matinée à la fin de l’après-midi ou Abou al-‘Abbas et ses hommes sortirent victorieux. Le groupe des commandants du vil qui avaient demandé la sécurité à Abou al-‘Abbas le rejoignit à cet instant avec un grand nombre de cavaliers zanj et d’autres. Abou al-‘Abbas ordonna alors à ses troupes de revenir aux péniches et aux bateaux et il partit. Sur le chemin du retour, il passa par la ville du vil et atteignit Nahr al-Atrak. Ses troupes, remarquant qu’il y avait peu de zanj dans cette section du canal, furent tentées d’attaquer et partirent en direction de l’ennemi, après que la plus grande partie des troupes gouvernementales se fut déjà retirée à al-Mouwaffaqiyyah. Ils s’approchèrent de la rive, grimpèrent et avancèrent de rapidement le long des sentiers. Un groupe d’entre eux grimpa le mur et tomba sur une petite bande de zanj et leurs partisans et tuèrent ceux qui se trouvaient à leur portée. Le vil s’en rendit compte et des bandes de zanj se rassemblèrent pour lutter contre eux, en répondant à l’appel. Quand Abou al-‘Abbas vit la concentration grandissante de l’ennemi contre sa petite bande de troupes, il revint rapidement en arrière pour les rejoindre avec ses hommes des péniches, en envoyant un message à al-Mouwaffaq pour demander des renforts. Ce dernier envoya immédiatement une force de pages pour l’aider à bord de péniches et de galères. Les pages eurent la main supérieure et mirent les zanj en déroute.

Quand Souleyman Ibn Jami’ remarqua la victoire des hommes d’Abou al-‘Abbas sur les zanj, il se hâta vers le canal avec un grand corps de troupes et voyagea en amont jusqu’à ce qu’il atteigne le canal Nahr ‘AbdAllah. Là, il pista les troupes d’Abou al-‘Abbas, qui luttaient contre les zanj devant eux. Comme ils poursuivaient les zanj en fuite, Souleyman émergea derrière eux et battit ses tambours. Alors, les troupes d’Abou al-‘Abbas tournèrent pour s’enfuir et les zanj qui s’enfuyaient firent demi-tour. Un détachement des pages d’al-Mouwaffaq et d’autres unités de son armée furent attaqués et les zanj acquirent un certain nombre de drapeaux et de lances. Abou al-‘Abbas protégea le reste de ses hommes dont la plupart d’entre eux étaient indemnes et il se retira avec eux. Cette escarmouche encouragea les zanj et leurs partisans et renforça leur moral.

De nouveau, al-Mouwaffaq se résolu à traverser avec toutes ses troupes pour lutter contre le vil. Il donna l’ordre à Abou al-‘Abbas, au reste des officiers et aux pages de se préparer pour la traversée. Il donna aussi les ordres de rassembler les bateaux et l’équipement nécessaire et les distribuer parmi les différentes unités. Il fixa alors le jour de son départ. Cependant, un temps orageux qui dura un temps assez longtemps retarda ses projets et il attendit jusqu’à ce que le vent se calme. Alors, al-Mouwaffaq reprit les préparations pour traverser et lutter contre le déviant.

Quand tout fut fin prêt, le mercredi 24 de Dzoul Hijjah de l’année 267 de l’hégire (880), il traversa avec une énorme armée totalement équipée et donna l’ordre qu’un très grand nombre de chevaux soit transporté par bateau. Il ordonna à Abou al-‘Abbas de marcher avec la cavalerie et de prendre avec lui tous ses officiers parmi les cavaliers et l’infanterie pour attaquer l’ennemi sur ses arrières sur le canal Nahr Mounka. Il donna l’ordre à son Mawlah Masrour al-Balkhi de partir au canal Nahr al-Gharbi, pour forcer le vil à diviser ses forces. Il ordonna à Noussayr Abou Hamzah et Rashiq, le page d’Abou al-‘Abbas, qui était un de ses compagnons, qui avaient presque autant de navires que Noussayr, de naviguer à l’embouchure du canal Abou al-Khassib et de lutter contre tous les vaisseaux du vil qu’il croiserait. Entre-temps, ce dernier augmenta le nombre de ses vaisseaux et les équipa avec les meilleurs de ses combattants. Abou Ahmad avança avec sa force entière vers l’une des forteresses de la ville du vil, que ce dernier fit renforcer par son propre fils Ankalayh qu’il encadra par ‘Ali Ibn Aban, Souleyman Ibn Jami’ et Ibrahim Ibn Ja’far al-Hamadani et fournit à la forteresse des balistes, des catapultes et des arcs Nawoukiyyah. Abou Ahmad plaça les archers en position et y concentra la plus grande partie de son armée. Quand les deux partis tombèrent l’un sur l’autre, al-Mouwaffaq ordonna aux archers et aux lanciers parmi les pages et les noirs de s’approcher de la forteresse dans laquelle les déviants étaient rassemblés. Entre eux, se trouvait le canal Nahr al-Atrak, qui était large et profond. Quand ils arrivèrent là, les hommes d’al-Mouwaffaq commencèrent à vaciller, mais après avoir été encouragés en criant, ils avancèrent en nageant pendant que les déviants tiraient sur eux avec leurs balistes, leurs catapultes, leurs frondes, lançaient des pierres à la main, tiraient des flèches avec les arcs Nawoukiyyah, les arcs de pied et d’autres appareils de tir. Les hommes d’al-Mouwaffaq supportèrent tout cela, traversèrent le canal et atteignirent les murs; mais les hommes équipés pour les opérations de démolition manquèrent de les rejoindre. Alors les pages d’Abou al-‘Abbas se virent confier la charge de casser les murs avec les armes à portée de leurs mains. Allah Exalté leur accorda le succès et facilita leur ascension. Par des échelles spécialement adaptées, qui furent délivrés sur place, ils grimpèrent la forteresse et plantèrent un des drapeaux d’al-Mouwaffaq. Après que le plus lourd du combat, dans lequel les deux partis supportèrent de grandes pertes, les déviants abandonnèrent leur mur et quittèrent le champ de bataille. Lors de cette opération, Thabit, un page d’al-Mouwaffaq qui avait été l’un de ses commandants les plus illustres parmi les pages, fut touché par une flèche dans l’estomac et décéda. Les troupes d’al-Mouwaffaq réussirent à capturer les murs des rebelles et incendia toutes les balistes, les catapultes et toutes les autres armes avant d’évacuer ce secteur, et de se retirer.

Abou al-‘Abbas avec ses hommes et sa cavalerie se dirigèrent vers le canal de Nahr Mounka, quand ils tombèrent sur ‘Ali Ibn Aban al-Mouhallabi et ses troupes qui étaient partis pour s’opposer à eux et les repousser de leur objectif. Abou al-‘Abbas chargea ‘Ali et le mit en déroute, en tuant un grand nombre de ses troupes mais al-Mouhallabi s’enfuit. Abou al-‘Abbas atteignit l’endroit où il pensait pouvoir pénétrer la ville du vil sur la partie inférieure du canal Mounka. Il crut que l’entrée dans la ville de cette approche serait facile, mais quand il entra dans la tranchée il l’a trouva large et obstructive. Cependant, il encouragea ses hommes et ils traversèrent, les cavaliers sur leurs chevaux et l’infanterie en nageant, jusqu’à ce qu’ils atteignent le mur, où il fit une brèche assez large pour leur permettre de passer. Le premier groupe à pénétrer tomba sur Souleyman Ibn Jami’ qui était venu pour défendre ce secteur aussitôt qu’il apprit qu’al-Mouhallabi avait fui. Les troupes gouvernementales luttèrent contre lui. Dix pages d’al-Mouwaffaq qui étaient devant les hommes, repoussèrent Souleyman et sa force, bien qu’il soit nombreux. Ils repoussèrent l’ennemi plusieurs fois, en défendant leurs camarades jusqu’à ce qu’ils se soient retirés sauf dans leurs positions.

 

Muhammad Ibn Hammad a rapporté : Quand les troupes d’al-Mouwaffaq saisirent la position que le vil avait confiée à son fils, ses hommes susmentionnés et ses officiers, ils se  dispersèrent du mur, du mieux qu’ils purent. Alors le détachement spécial de démolition arriva avec les outils et fit un certain nombre de brèches dans le mur. Al-Mouwaffaq avait préparé un pont flottant spécial pour l’étendre sur la tranchée des déviants. Le pont fut mis à l’endroit et tous les gens traversèrent sur lui. En le voyant, les hommes du vil terrifiés s’enfuirent vers un deuxième mur qu’ils défendirent fermement. Les troupes d’al-Mouwaffaq entrèrent dans la ville du perfide. Le déviant et ses partisans s’enfuirent poursuivis par les troupes d’al-Mouwaffaq. Ils tuèrent tous ceux ils tombèrent sous leurs mains et continuèrent leur chasse jusqu’à ce qu’ils parviennent au canal de Nahr Ibn Sim’an. La résidence d’Ibn Sim’an tomba entre les mains des hommes d’al-Mouwaffaq, qui brûlèrent l’endroit et le démolirent. Les zanj tinrent pendant longtemps leurs positions à Nahr Ibn Sim’an, et résistèrent farouchement. Un des pages d’al-Mouwaffaq s’approcha de ‘Ali Ibn Aban al-Mouhallabi et le saisit par sa cape, mais ce dernier se défit de son vêtement qu’il jeta au page échappant de justesse à la mort. Les troupes d’al-Mouwaffaq chargèrent violemment les zanj et les repoussèrent du Nahr Ibn Sim’an, et atteignirent la partie extrême du territoire du vil. Quand le vil entendit dire que ses troupes avaient été mises en déroute et que la force d’al-Mouwaffaq avait pénétré dans la périphérie de sa ville, il prit sa monture avec ses hommes mais à la frange de son territoire, les troupes d’al-Mouwaffaq tombèrent sur eux et les reconnurent. Ils les chargèrent et dispersèrent ses troupes et d’autres qui étaient avec lui, le séparant de ses troupes et le laissant isolé. Un fantassin arriva si près du rebelle qu’il frappa la tête de son cheval avec son bouclier. Comme c’était déjà le coucher du soleil al-Mouwaffaq ordonna à ses hommes de revenir à leurs navires. Ils revinrent en toute sécurité, emmenant avec eux un grand nombre de têtes de rebelles tués et après avoir incendié les maisons de l’ennemi et leurs marchés.

Au début de ce jour, un groupe d’officiers et de cavaliers abandonnèrent le vil et se rendirent à Abou al-‘Abbas qui les ramena avec lui en bateau. Quand la nuit fut tombée, un fort vent du nord se leva, la marée descendit et la plupart des navires furent pris dans la boue. Le vil encouragea ses partisans, les poussa à agir et un groupe d’entre eux attaqua certains des vaisseaux qui étaient restés derrière, les saisirent et tuèrent tous ceux qui se trouvaient à bord. Bahboud, qui avait fait face à Masrour al-Balkhi et à ses troupes à Nahr al-Gharbi ce jour-là, l’attaqua, et tua un certain nombre de ses hommes, saisit des captifs aussi bien que certains de leurs animaux. Cela brisa l’esprit de combat des hommes d’al-Mouwaffaq.

Le même jour, le vil sortit toutes ses péniches dans le Tigre pour lutter contre Rashiq, mais Rashiq captura certains de ses navires, en coula certains et en brûla d’autres tandis que le reste s’enfuit vers le canal Abou al-Khassib.

Il a été rapporté que ce jour, le déviant et ses hommes furent forcés de se disperser et de fuir au hasard à al-Amir, à al-Qindal, Abroussan, ‘Abbadan et d’autres villages. Ce jour deux frères de Souleyman Ibn Moussa ash-Sha’rani, Muhammad et ‘Issa, s’enfuirent dans le désert et y restèrent jusqu’à ce qu’ils furent informés du retrait des troupes d’al-Mouwaffaq alors seulement ils revinrent. Un groupe des membres d’une tribu qui étaient dans le camp du déviant s’enfuirent aussi et après avoir atteint Basra, ils envoyèrent une délégation à Abou Ahmad demandant la sécurité. Abou Ahmad accepta et leur envoya des vaisseaux pour les ramener à al-Mouwaffaqiyyah. Il ordonna les habiller avec les robes d’honneur, leur donna des présents, leur fournit des attributions et un endroit pour rester. Parmi ceux qui y capitulèrent, il y avait un des commandants les plus illustres du déviant, Rayhan Ibn Salih al-Maghribi, un homme d’autorité, qui occupait la place de secrétaire pour le fils du vil, Ankalayh.

Rayhan demanda par écrit sa propre sécurité et celle d’un groupe de ses hommes. Cela lui fut accordé et un grand nombre de péniches, de galères et de bacs lui furent envoyés avec Ziraq, le commandant de l’avant-garde d’Abou al-‘Abbas. Ziraq navigua le long du canal du Nahr al-Yahoudi et atteignit l’endroit connu sous le nom d’al-Mouttawwi’ah où il rencontra Rayhan et ses hommes. Ziraq les escorta aux quartiers d’al-Mouwaffaq et des robes d’honneur furent attribuées à Rayhan. Il lui fut aussi présenté un certain nombre de chevaux, d’équipements, et une pension annuelle généreuse. Ses hommes furent aussi habillés avec les robes d’honneur et des pensions leur furent attribuées selon leurs grades alors ils furent assignés à Abou al-‘Abbas qui ordonna de les emmener dans une position faisant face au palais du vil. Ils furent postés dans un navire là et le vil ses hommes apprirent ainsi la désertion de Rayhan et de ses hommes et de l’honorable réception qui leur fut accordés.

Immédiatement, d’autres troupes de Rayhan qui étaient restées derrière dans le camp du vil, ainsi que beaucoup d’autres, capitulèrent. On les traita avec la même générosité et même la gentillesse que leurs camarades. La désertion de Rayhan survint après l’escarmouche qui se produisit le dimanche 28 du mois de Dzoul Hijjah de l’année 267 de l’Hégire (880).

 

Au début de cette même année, un grand nombre de pèlerins en route vers La Mecque rebroussèrent chemin en raison de l’excessive chaleur. Un grand nombre continua leur voyage mais mourut à cause de la chaleur et de la soif.

 

Toujours cette année, les Fazarah tombèrent sur des marchands qui pillèrent et saisirent sept cents charges de tissu.

 

Cette année, à la station des pèlerins à La Mecque, un agent d’Ahmad Ibn Touloun avec ses cavaliers et un agent de ‘Amr Ibn al-Leyth avec ses cavaliers, arrivèrent simultanément. Chacun d’entre eux réclama le droit de son maître de planter son drapeau du côté droit de la chaire dans la mosquée d’Ibrahim al-Khalil ar-Rahman(Saluts et bénédictions d’Allah sur lui). Comme chacun prétendit que les droits de garde appartenaient à son maître, ils sortirent leurs épées et la plupart des gens s’enfuirent de la mosquée. Les Mawlah zanj de Haroun Ibn Muhammad soutinrent l’agent de ‘Amr Ibn al-Leyth et il planta son étendard. Haroun, qui était le gouverneur de La Mecque, abrégea son sermon et les gens furent sauvés du mal tandis qu’Abou al-Moughirah al-Makhzoumi fut chargé de maintenir la sécurité dans la congrégation.

 

Toujours cette année, al-Khoujoustani frappa les dinars et les dirhams, chaque dinar pesait dix Daniq et chaque dirham, huit. Il y était gravé dessus sur un côté « La Loi et le Pouvoir sont avec Allah. Il est le Seigneur de la Toute Puissance et de la Force. Il n’y a aucun Dieu, excepté Lui et Muhammad est le Messager d’Allah » suivit de « Celui qui compte sur Allah vit dans le bonheur et la prospérité ». Tandis que de l’autre côté était gravé « Le Croyant, Ahmad Ibn ‘AbdAllah ».

 

 

Le 1 du mois de Mouharram de l’année 268 de l’Hégire (881), Ja’far Ibn al-Ibrahim, surnommé as-Sajjan, demanda la sécurité à Abou Ahmad al-Mouwaffaq, suite à la défection de Rayhan Ibn Salih al-Maghribi et ses hommes du camp du déviant et leur liaison avec Abou Ahmad. Le vil devint complètement découragé après cela. Quant à as-Sajjan, il était assurément l’un de ses plus fiables associés.

Abou Ahmad lui conféra des robes d’honneur, des cadeaux différents, aussi bien qu’une attribution militaire et un logement. As-Sajjan fut assigné à Abou al-‘Abbas, qui ordonna de le transporter dans une péniche devant la forteresse du vil d’où ses anciens compatriotes pourraient le voir. As-Sajjan s’adressa à eux et leur dit qu’ils n’avaient été induits en erreur par le vil et il les informa ce qu’il avait connu à cause de ses mensonges et de son comportement immoral. Le même jour qu’as-Sajjan fut placé devant la forteresse du vil, un grand nombre d’officiers zanj et d’autres demandèrent la sécurité et ils furent tous traités avec bonté. Les uns après les autres, les ennemis demandèrent la sécurité et abandonnèrent le vil.

 

Après la bataille mentionnée précédemment survenue le dernier jour de Dzoul Hijjah de l’année 267 de l’Hégire (880), Abou Ahmad ne traversa plus pour lutter contre le vil, donnant ainsi à ses troupes un répit jusqu’au mois de Rabi’ Thani.

 

Le 8 du mois de Rabi’ Awwal de cette même année, un tremblement de terre secoua Baghdad suivit par une lourde pluie qui dura depuis trois jours. Quatre orages frappèrent la ville.

 

Le 15 du mois de Rabi’ Thani, Abou Ahmad al-Mouwaffaq traversa vers la ville du rebelle après l’avoir affaibli suite à une série d’actions entreprises contre lui. Il bloqua sa ville et coupa ses ressources alimentaires, poussant ainsi un grand nombre des troupes du rebelle à demander la sécurité. Il réussit ses actions par ce qu’il était dans sa ville d’al-Mouwaffaqiyah qui se trouvait proche du camp du rebelle.

Quand il décida de traverser vers la ville de l’ennemi, Abou Ahmad, donna l’ordre à son fils Abou al-‘Abbas d’aller vers la section des fortifications de la ville, dont le vil avait confié les défenses à son fils et à la plupart de ses troupes vaillantes et ses officiers. Abou Ahmad quant à lui partit pour la section du mur entre les canaux de Nahr Mounka et Nahr Ibn Sim’an. Il ordonna à Sa’id, son vizir, d’aller à l’embouchure du Nahr Jouwway Kour avec Ziraq sur son flanc et il ordonna à Masrour al-Balkhi d’aller au Nahr al-Gharbi.

Il assigna à chacun d’entre eux une équipe de soldats du génie pour démolir les murs leur faisant face, mais en même temps, il leur donna l’ordre de ne pas réaliser des travaux de démolition excessifs et ne pas entrer dans le camp du vil. Dans chaque zone où il envoya ses commandants, Abou Ahmad leur assigna aussi des péniches avec des archers. Il leur donna l’ordre d’utiliser leurs flèches pour protéger les soldats du génie de l’infanterie des zanj. Un nombre important de brèches furent faites dans les murs par lesquelles les troupes d’Abou Ahmad s’infiltrèrent dans la ville du rebelle. Les hommes du vil vinrent pour combattre mais les troupes d’Abou Ahmad les mirent en déroute. Les forces gouvernementales les poursuivirent dans la ville, les rues et les ravins les forcèrent à se séparer. Incendiant et tuant, les hommes d’Abou Ahmad pénétrèrent plus loin qu’auparavant.

Mais le vil et ses hommes contre-attaquèrent et pressèrent les troupes d’Abou Ahmad. Les embusqués émergèrent de leurs positions secrètes ignorées par les hommes d’Abou Ahmad qui étaient à l’intérieur de la ville. En se défendant, ils se sont retirés vers le Tigre et la plupart d’entre eux réussirent à atteindre le fleuve. Certains d’entre eux montèrent dans les vaisseaux, d’autres se lancèrent dans l’eau et ils furent récupérés par les hommes des péniches tandis que certains d’entre eux furent tués. Les troupes du vil capturèrent des armes ainsi que du butin. Un détachement des pages d’Abou Ahmad se retrancha près de la résidence d’Ibn Sim’an. Parmi eux se trouvait Rashid Moussa, le fils de la sœur de Mouflih et un groupe d’officiers. Ils furent les derniers des troupes à tenir leurs positions. Les zanj les encerclèrent et avec une force supérieure, ils se tinrent entre eux et les péniches. Cependant, les troupes gouvernementales se défendirent jusqu’à rejoindre leurs péniches, sur lesquelles ils s’embarquèrent. Environ trente pages de Daylam se positionnèrent face au zanj et à leurs alliés, pour couvrir leurs forces en retrait et pour assurer leur sécurité. Ces trente Daylamite furent tués jusqu’au dernier homme après avoir emporté avec eux dans la mort un maximum de rebelles. Les troupes gouvernementales furent très affligées par les pertes qu’ils subirent dans cette bataille, et Abou Ahmad revint avec ses hommes dans sa ville d’al-Mouwaffaqiyah. Il rassembla tous ses hommes et les blâma pour avoir désobéit à ses instructions de ne pas l’avoir consulté sur son plan et comment l’exécuter. Il les menaça d’une punition plus sévère s’ils négligeaient de nouveaux ses ordres. Alors il ordonna un compte des disparus de ses troupes et quand cela fut fait et leurs noms présentés, Abou Ahmad prit des dispositions pour que ce qui leur était dû soit transférés à leurs familles et enfants. Quand les hommes virent le soin qu’il portait aux héritiers de ceux qui avaient péri dans son service, ils furent favorablement impressionnés. Ils le respectèrent d’autant plus et leur bonne foi augmenta.

 

Cette même année, Abou al-‘Abbas combattit et extermina une bande de membres d’une tribu qui faisaient passer des provisions clandestinement au vil.

On a rapporté que quand le vil dévasta Basra, il nomma Ahmad Ibn Moussa Ibn Sa’id, surnommé al-Qalous, un de ses premiers compagnons, le gouverneur de la ville. Pendant qu’al-Qalous dirigeait les affaires de Basra, il devint le port du vil. Les membres d’une tribu et les marchands y voyagèrent et emportèrent des provisions et des marchandises, qu’ils transféraient alors au camp du vil. Cela dura jusqu’à ce qu’Abou Ahmad conquit Tahitha et qu’al-Qalous fut capturé. Alors, le vil nomma Malik Ibn Bishran, le fils de la sœur d’al-Qalous, pour gouverner Basra et ses environs. Quand Abou Ahmad descendit sur Furat al-Basra, le rebelle craignit qu’Abou Ahmad attaque Malik qui était posté à Sayhan sur le canal de Nahr Ibn ‘Outbah. Il écrivit donc à Malik et lui donna l’ordre de transférer son camp au canal Nahr ad-Dinari et de dépêcher un détachement de ses hommes pour attraper du poisson et de lui livrer la prise. Il lui ordonna d’envoyer un autre groupe vers une route empruntée par les membres d’une tribu du désert et de voir s’ils transportaient des provisions. Dans le cas où il les rencontrerait avec des provisions, il devrait alors les saisir et les ramener au vil.

En se conformant à ces instructions, Malik, le neveu d’al-Qalous, envoya deux habitants au Grand Marais du village Basma. L’un d’entre eux était ar-Rayyan et l’autre al-Khalil, et tous les deux vivaient dans le camp du vil. Al-Khalil et ar-Rayyan se mirent en route et réunirent un groupe de gens du Taff et allèrent à Basma où ils restèrent, transportant les prises de poisson, l’une après l’autre. Les poissons furent expédiés du Grand Marais au camp du vil par de petits skiffs qui pouvaient traverser les canaux étroits et les petites voies navigables, qu’aucune péniche ou galère ne pourraient emprunter. Aussi longtemps que les deux hommes restèrent à cet endroit, des réserves constantes de poisson furent régulièrement envoyées du Grand Marais au camp du vil en plus des provisions et d’autres réserves apportées par les membres de tribu du désert. L’ensemble de ces provisions était suffisante pour son armée est ainsi la difficulté des gens du camp fut atténuée. Cela dura jusqu’à que ‘Ali Ibn ‘Omar, surnommé an-Nazzab, qui était un des hommes du rebelle et qui avait été posté avec al-Qalous, demanda la sécurité à al-Mouwaffaq et l’informa à propos de Malik Ibn Bishran. Il lui dévoila la position de Malik sur le Canal Dinari, et comment ce dernier fournissait du poisson du Grand Marais au camp du vil ainsi que les livraisons par les membres de tribu.

Al-Mouwaffaq envoya son Mawlah Ziraq avec des péniches et des galères vers l’endroit où le neveu d’al-Qalous était situé et l’attaqua ainsi que ses hommes. Ziraq tua certains d’entre eux et captura les autres. Le reste se dispersa, en quittant Malik, qui s’enfuit et revint dans le camp du déviant. Ce dernier le renvoya à la tête d’une force vers la partie inférieure du canal Nahr al-Yahoudi. Malik campa alors là, dans un endroit près du canal de Nahr al-Fayyad et par conséquent les provisions de cette région du marais de Fayyad parvint de nouveau au camp du vil.

Quand al-Mouwaffaq fut informé que Malik était posté dans la partie inférieure du Canal Yahoudi et que les provisions de ce secteur atteignaient le camp du rebelle, il donna l’ordre à son fils Abou al-‘Abbas d’aller au Nahr al-Amir et au canal Nahr al-Fayyad pour vérifier les informations qu’il avait reçues. Les troupes marchèrent et tombèrent sur un groupe de membres de tribu sous le commandement d’un officier qui envoyait des chameaux, des moutons et d’autre denrée alimentaire du désert. Abou al-‘Abbas l’attaqua, tua certains d’entre eux et prit le reste prisonnier. Néanmoins, leur chef réussit à s’enfuir car il montait une jument rapide. Tous les chameaux, les moutons et la nourriture que ces membres de tribu transportaient furent saisis. Abou al-‘Abbas trancha la main d’un des captifs et lui permis de repartir, après quoi l’homme se rendit dans le camp du vil et l’informa de ce qui leur était arrivé. L’attaque d’Abou al-‘Abbas sur ces membres de tribu terrifia Malik, le neveu d’al-Qalous, qu’il demanda la sécurité à Abou Ahmad. Elle lui fut accordée, de nombreux cadeaux lui furent remis ainsi que des robes d’honneur et il fut assigné à Abou al-‘Abbas qui lui accorda une attribution militaire et un logement.

Pour remplacer Malik, le déviant nomma un des compagnons d’al-Qalous, Ahmad Ibn al-Jounayd et lui donna l’ordre de camper à Dahrshir sur la partie inférieure du canal de Nahr Abou al-Khassib et de se procurer du poisson du Grand Marais et de le transporter ensuite au camp du vil.

Un rapport concernant Ahmad Ibn al-Jounayd atteignit Abou Ahmad qui lui envoya un de ses commandants Mawlah, at-Tarmoudan, avec un corps de troupes. Cette force établit son camp sur l’île ar-Rouhiyyah, et de nouveaux le transfert de réserves de poisson du Grand Marais au camp de l’abominable fut coupé. Al-Mouwaffaq envoya aussi Shihab Ibn Al ‘Ala' et Muhammad Ibn al-Hassan, tous les deux des ‘Anbari, à la tête d’une cavalerie pour empêcher les membres de tribu d’envoyer les provisions au camp du vil. Il donna des instructions de plus que le marché d’al-Basra soit ouvert aux membres de tribu pour qu’ils puissent vendre leurs dates sur ce marché, car c’est la recherche du profit qui les avaient incités à voyager vers le camp du vil pour lui vendre leurs produits.

Shihab et Muhammad procédèrent comme instruit et se postèrent à Qasr ‘Issa. Les membres de tribu leur apportèrent des dates du désert et les leurs vendirent. Abou Ahmad désista alors at-Tarmoudan de Basra, en le remplaça par un de ses officiers Farghani, appelé Qayssar Ibn Ourkhouz Ikhshad Farghanah. Il envoya aussi Noussayr Abou Hamzah, avec des péniches et des galères, en lui ordonnant de se placer à Fayd al-Basra et à Nahr Doubays. De plus, il devait pénétrer à Ouboullah, Ma’qil et les canaux Gharbi, ce qu’il fit.

 

Selon Muhammad Ibn Hammad : Quand Noussayr et Qayssar furent placé à Basra, ils utilisèrent des péniches pour couper l’écoulement de provisions au vil et à ses partisans, en coupant les provisions apportées du Grand Marais et de la mer. Les rebelles conçurent donc un plan et voyagèrent le long du canal Nahr al-Amir à al-Qindal, puis au Canal Massihi et enfin aux routes menant à l’arrière-pays et à la mer. De cette manière, leurs provisions arrivèrent par bateaux, par terre et continuèrent à envoyer des réserves de poisson.

Quand al-Mouwaffaq fut informé, il donna l’ordre à Rashiq, le page d’Abou al-‘Abbas, d’établir un camp à Jawwith Baroubah, à l’est du Tigre, devant Nahr al-Amir. Il lui ordonna aussi de creuser et de fortifier une tranchée. En plus, il donna l’ordre à Abou al-‘Abbas d’assigner à Rashiq cinq-mille de ses meilleurs hommes et trente péniches. Al-Mouwaffaq ordonna alors à Rashiq de placer ses péniches à l’embouchure du canal Amir et d’établir une patrouille de quinze péniches et de pénétrer la voie navigable jusqu’à l’intersection par laquelle les zanj passaient à Doubbah, al-Qindal et au canal de Nahr al-Massihi. Les patrouilles devaient rester là et si des hommes du vil devaient apparaître, les troupes gouvernementales devaient les attaquer. Lorsque que la patrouille fut accomplie, elle se retira pour être remplacée par une autre patrouille qui se posta à l’embouchure du canal. Ils agirent selon ces instructions. Rashiq campa à l’endroit où il fut ordonné et les routes utilisées habituellement par les rebelles pour aller à Doubbah, al-Qindal et au Canal Massihi furent sous son contrôle. Ainsi, l’accès à l’arrière-pays ou à la mer par l’ennemi fut coupé. La sphère d’opération des rebelles se rétrécie et le blocus devint plus sévère.

 

Cette même année, Rashiq, le page d’Abou al-‘Abbas Ibn al-Mouwaffaq, attaqua un groupe des Banou Tamim qui coopérait avec les zanj quand ces dernier occupèrent et incendièrent Basra.

Abou al-‘Abbas fut informé que certains des membres de tribu apportaient des provisions, du blé, des chameaux et des moutons de l’arrière-pays à la ville du déviant et qu’ils étaient dans la partie inférieure du canal Amir, ‘attendant des navires qui devaient venir chez eux de la partie inférieure du camp du rebelle pour les transporter et leurs marchandises. Rashiq se mit en route avec ses péniches et tomba sur eux à l’endroit où ils s’étaient arrêtés, le canal de Nahr al-Ishaqi. Il les attaqua, en les prenant totalement par surprise. Il tua la plupart d’entre eux et prit un groupe prisonnier, dont des marchands qui avaient quitté le camp du vil pour ramener les provisions. Rashiq saisit toutes les sortes de provisions qu’ils avaient avec eux, en plus des buffles, des chameaux et des ânes utilisés habituellement pour le transport. Il envoya alors les prisonniers et les têtes des tués dans ses péniches et ses vaisseaux à al-Mouwaffaqiyah. Sur l’ordre d’al-Mouwaffaq, les têtes furent attachées sur les péniches et les prisonniers furent exposés pour que chacun puisse voir le succès de Rashiq et de ses hommes qui furent par conséquent exhibé dans tout le camp. Suite à cela l’ordre fut donné que les têtes et les captifs soient exposés devant le camp du vil afin que les rebelles soient informés du destin de leurs hommes. Parmi les prisonniers capturés par Rashiq, il y avait un membre de tribu qui avait l’habitude de voyager entre le chef des zanj et les tribus, pour négocier les réserves de provisions. Al-Mouwaffaq fit trancher une de ses mains et l’un de ses pieds et ordonna de le catapulter dans le camp du déviant. Quant aux prisonniers, ils furent tous exécutés. Tout ce que les troupes de Rashiq obtinrent leur fut laissé à leur disposition. L’ordre fut donné d’octroyer à Rashiq des robes d’honneur, des présents et la permission de revenir dans son camp. Le nombre de troupes demandant la sécurité à Rashiq augmenta et sur les instructions d’Abou Ahmad, ils furent tous assignés sous sa commande. Leurs nombres augmenta tellement que son camp devint aussi bondé que n’importe lequel des plus grands camps.

L’approvisionnement du vil et ses hommes fut coupé de toutes les directions, puisque toutes les routes furent bloquées. Le blocus les frappa durement et les affaiblis physiquement. On demanda aux captifs et aux déserteurs parmi eux quand ils avaient vu pour la dernière fois du pain et surprit, ils disaient qu’ils n’avaient pas vu de pain depuis une année ou deux.

 

Avec les troupes du vil soumises à cette condition, al-Mouwaffaq décida de se remettre à les attaquer pour aggraver leur état et leur fatigue. À ce moment, de grandes foules vinrent chez Abou Ahmad, pour demander la sécurité. Ceux qui restèrent avec le vil durent recourir à des plans tortueux pour essayer d’obtenir leur nourriture quotidienne. Ils se dispersaient dans les villages et les canaux éloignés de leur camp pour chercher la nourriture. Quand Abou Ahmad fut informé de ces nouvelles, il donna l’ordre à un groupe de commandants et d’officiers gradés de ses pages noirs d’aller aux endroits fréquentés par les zanj, et essayer de gagner leur confiance et leur loyauté. Quiconque d’entre eux refuseraient devrait être tué et sa tête livrée à Abou Ahmad et, il leur offrit une récompense pour les motiver. Pas un jour ne passa sans qu’un groupe venant de chez eux arriva, ou que des têtes de tués soient livrées ou que des prisonniers soient pris.

Quand le nombre des prisonniers zanj dans le camp d’al-Mouwaffaq grandit, il ordonna une revue. Pour ceux qui étaient forts, vaillants et capable de porter des armes, il préféra les traiter avec gentillesse. Il les intégra avec ses pages noires pour leur montrer sa générosité. Pour ceux qui étaient blessés, faibles, infirmes, épuisés, âgés et incapables de porter des armes, il ordonna de leur remettre deux vêtements, quelques dirhams et de la nourriture. Ils furent alors transportés de nouveaux au camp du vil, où il leur fut demandé de décrire le généreux traitement d’al-Mouwaffaq à leurs égards et à tous ceux qui lui demanderaient à l’avenir la sécurité.

Par ces mesures al-Mouwaffaq réussit à atteindre son but, de préoccuper les troupes du chef des zanj et de les inciter à venir chez lui pour demander la sécurité et offrir leur fidélité. Maintes et maintes fois, al-Mouwaffaq et son fils Abou al-‘Abbas menèrent leurs troupes en personne engageant le vil et ses hommes dans la bataille et ils tuèrent, blessèrent et capturèrent un grand nombre d’hommes. Lors d’une de ces escarmouches, Abou al-‘Abbas fut frappé et blessé par une flèche mais il se rétablit de cette blessure.

 

Au mois de Rajab de cette année, Bahboud, le compagnon du vil fut tué.



[1] Unité de prière.