Al-Ifriqiyah (Tunisie Actuelle)

 

Abou Zakariyyah Yahya

 

Le gouvernement des Banou Hafs fut fondé en Ifriqiyyah par Muhammad Ibn Abou Hafs qui fut gouverneur de Tunisie, sous le règne des Mouwahhidine, de l’an 603 à 618 de l’Hégire (1207-1221). Bien qu’un gouverneur des Mouwahhidine, Muhammad fut pratiquement indépendant et sous son gouvernorat, l’Ifriqiyah apprécia la pleine indépendance. En consolidant son pouvoir, Muhammad Ibn Abou Hafs introduisit quelques réformes administratives et porta son attention particulièrement sur la création d’une armée bien disciplinée.

 

Lorsque Muhammad Ibn Hafs décéda en l’an 618 de l’Hégire (1221), l’anarchie régna quelque temps après sa mort et son fils Abou Zayd lui succéda avant d’être, en l’an 623 de l’Hégire (1226), remplacé par ‘AbdAllah des Banou Hafs. Abou Zakariyyah Yahya, le frère d’Abou Muhammad ‘AbdAllah quant à lui, fut nommé gouverneur de Jabiyah.

 

Al-‘Adil, le calife Mouwahhidi fut renversé en l’an 686 de l’Hégire (1287) et Abou Muhammad ‘AbdAllah, le gouverneur d’Ifriqiyah, ne se soumit pas au calife suivant al-Ma'moun. Son frère Abou Zakariyyah Yahya, cependant, porta allégeance au nouveau calife et fut nommé gouverneur d’Ifriqiyah à la place de son frère. Bien qu’il fût âgé de vingt-six ans, Abou Zakariyyah Yahya avait toutes les qualités nécessaires pour être un bon gouverneur.

 

En l’an 619 de l’Hégire (1222), le calife al-Ma'moun rejeta la doctrine du Mahdi Ibn Toumart et cela fournit le prétexte à Abou Zakariyyah pour rejeter l’autorité des Mouwahhidine et déclarer son indépendance. Les Khoutbah du vendredi étaient habituellement faites au nom d’Ibn Toumart mais Abou Zakariyyah prétendit que l’état des Banou Hafs, crée par lui-même, était le vrai successeur des Mouwahhidine puisqu’il avait soutenu leur doctrine et comme les soi-disant souverains Mouwahhidi du Maghreb extrême avaient rejeté la doctrine d’Ibn Toumart, la base fondamentale de l’état de Mouwahhidine, la Khoutbah devait cesser d’être dite en leurs noms.

Le Maghreb al-Adnah (Lybie) renonça aussi aux Mouwahhidine et porta allégeance à l’Ifriqiyah, renforçant ainsi la position des Banou Hafs.

 

En l’an 639 de l’Hégire (1242), les  Banou Hafs se sentirent assez fort pour envahir le Maghreb central (l’Algérie) et prirent Tilimsen, la capitale, poussant son gouverneur Yaghmourassan à s’enfuir vers le sud. Néanmoins personne ne fut trouvé assez compétent pour le poste de gouverneur de la ville et ayant obtenu l’assurance de loyauté de Yaghmourassan, il fut donc renommé à son poste pour le compte des Bani Hafs. Puis Sijilmasa au sud et Ceuta au nord reconnurent à leur tour  la souveraineté de l’Ifriqiyah qui eut pour effet de relever le prestige aussi bien que le pouvoir des Banou Hafs.

De même, Valence en Andalousie chercha leur assistance contre Aragon et Séville, Jerez, Tarif et même Grenade admirent leur autorité et les Bani Hafs d’Ifriqiyah établirent des relations commerciales avec les états européens dont Aragon, Venise et Pise.

Après un règne de vingt années durant lesquelles il fit de la Tunisie état puissant, Abou Zakariyyah mourut en 647 de l’Hégire (1249).

 

 

Abou ‘AbdAllah al-Moustansir

 

Abou ‘AbdAllah son fils lui succéda et prit le titre d’al-Moustansir. Il s’avéra être un grand souverain et sous son règne, l’état des Bani Hafs devint plus puissant. Il renforça l’armée et entrepris une campagne de conquêtes. Il étendit ses conquêtes à l’est jusqu’aux frontières de Tripoli et à l’ouest, une plus grande partie du Maghreb leur porta allégeance.

Abou ‘AbdAllah suivit une politique d’ouverture et permis aux Chrétiens d’établir leur mission en Ifriqiyah ce qui leur laissa l’impression qu’al-Moustansir allait probablement se convertir au Christianisme.

Louis IX, le Roi de la France lanca alors la huitième croisade contre l’Ifriqiyah en espérant que lorsque la Tunisie serait envahie, al-Moustansir déclarerait sa conversion mais lorsque les forces croisées débarquèrent en Tunisie, ils furent immédiatement encerclées par la force musulmane. Les croisés se replièrent dans un fort qui fut aussitôt assiégé par les Musulmans et Louis IX mourut pendant le siège tandis que par la suite, les croisés se retirèrent d’Ifriqiyah après avoir subi de lourdes pertes et la huitième croisade finit dans l’embarras des Chrétiens.

 

Au grand dépit des croisés, al-Moustansir resta un musulman et à l’abolition du califat abbaside, il déclara être le calife de l’Islam et les états qui lui portèrent allégeance reconnurent son califat. Après l’abolition du califat abbaside, le commandement des Musulmans de l’est incomba au Mameloukes d’Egypte et ceux de l’ouest aux Bani Hafs.

Al-Moustansir fut l’un des plus grands souverain septième siècle de l’Hégire (treizième siècle). Il construisit un très grand nombre de bâtiments en Tunisie y comprit un magnifique palais ainsi qu’un parc à Tunis irrigué avec l’eau acheminée du fleuve Zaghwan au moyen d’un ancien aqueduc. A Bizerte, il construisit un parc de chasse, dont nul pareil, selon le témoignage d’Ibn Khaldoun, n’existait dans le monde.

 

Al-Moustansir décéda en l’an 677 de l’Hégire (1277). Son règne dura vingt quatre-vingts ans qui furent une brillante période de l’histoire de la Tunisie.

 

A1-Moustansir fut succédé par son fils Yahya al-Wathiq, un gouverneur incapable et toute l’autorité fut conférée à son Ministre Ghafiqi qui devint impopulaire et fut assassiné en l’an 677 de l’Hégire (1278).

La situation en Ifriqiyah se dégrada à tel point que son prestige fut affecté et que le roi d’Aragon eut l’audace de demander le paiement de la Jizyah. Yahya al-Wathiq rejeta sa demande mais comme le roi avait sous sa garde Abou Ishaq un frère d’al-Moustansir, il envoya celui-ci pour contester le trône de la Tunisie.

Abou Ishaq débarqua en Afrique du Nord, à la tête d’une force fournie par Aragon et réussit à s’allier avec Yaghmourassan, le gouverneur de Tilimsen qui lui fournit à son tour une armée et Abou Ishaq marcha sur Tunis. La cause d’al-Wathiq trahie, et n’ayant d’autre choix, il abdiqua en faveur d’Abou Ishaq.

 

Bien qu’Abou Ishaq accéda au pouvoir avec l’aide du roi d’Aragon, il n’était pas pourtant disposé à payer quelconque tribut ou même à reconnaître de toute façon sa suzeraineté. Sur ce, le roi d’Aragon incita Abou Bakr Ibn al-Wazir, le gouverneur de Constantine, à se rebeller contre l’autorité d’Abou Ishaq.

Abou Bakr se rebella en l’an 681 de l’Hégire (1282), mais la révolte fut réprimée avec succès et Abou Bakr perdit la vie. Par la suite une autre rébellion menée par Fadl, un des fils d’al-Wathiq, éclata en Lybie et dans la confrontation qui s’ensuivit Abou Ishaq fut vaincu et Tunis capturé en l’an 682 de l’Hégire (1283).

La règne d’Ishaq d’Abou dura moins de quatre ans.

 

Au pouvoir, Fadl recourut aux mesures répressives qui le rendirent impopulaire et une révolte éclata contre lui menée par Abou Hafs, un frère d’Abou Ishaq et d’al-Moustansir. La révolte réussit et Fadl fut évincé du pouvoir en l’an 683 de l’Hégire (1284). Son règne dura à peine une année.

 

 

Abou Hafs

 

Abou Hafs se surnomma le calife et prit le nom d’al-Moustansir II.

Abou Zakariyyah un fils d’Abou Ishaq était jusqu’en 683 de l’Hégire (1284) réfugié à Tilimsen. À l’aide du Maghreb central, il captura Constantine puis Bejaïa en l’an 684 de l’Hégire (1285). Après la conquête de Bejaïa, il créa un état indépendant comprenant la partie de l’ouest de l’Ifriqiyah avec Bejaïa comme capitale. Le royaume des Bani Hafs l’état se retrouva ainsi divisé en deux états, l’un avec pour capitale Tunis dirigé par Abou Hafs et l’autre avec pour capitale Bejaïa dirigé par Abou Zakariyyah.

L’autorité d’Abou Hafs s’ombragea, les tribus s’agitèrent, la faiblesse de l’état empira sous ces pressions si bien que qu’Abou Hafs devint un vassal d’Aragon.

Abou Hafs mourut en l’an 694 de l’Hégire (1295) et sous son règne, le prestige des Banou Hafs fut au plus bas.

 

Pendant la deuxième moitié du septième siècle de l’Hégire, la Tunisie retrouva sa grandeur avant de rechuter une nouvelle fois vers la fin du siècle.

 

En l’an 694 de l’Hégire (1295), Abou ‘Assidah succéda à Abou Hafs et à Bejaïa Abou al-Baqah succéda à Abou Zakariyyah après la mort de ce dernier.

 

En l’an 705 de l’Hégire (1306), les deux états de Tunis et de Bejaïa parvinrent à un accord pour se réunifier et il fut décidé que quiconque des deux souverains survivrait à l’autre, réunirait les deux états et en deviendrait le gouverneur.

 

Abou ‘Assidah, le gouverneur de Tunis décéda en l’an 705 de l’Hégire (1309) et en raison de l’accord précédent, Abou al-Baqah devint le souverain de l’état réunifié mais il ne resta pas longtemps uni puisqu’en l’an 710 de l’Hégire (1311), Abou Bakr un frère d’Abou al-Baqah se révolta contre l’autorité de ce dernier et déclara l’indépendante de Bejaïa.

Abou al-Baqah incapable dès lors de gouverner Tunis fut renversé par al-Lihyani qui avait été le ministre d’Abou al-‘Assidah.

Abou al-Baqah redevint le souverain de Tunis vers la fin de l’année 710 de l’Hégire (1311). Le royaume des Banou Hafs se retrouva de nouveau divisé en deux états, l’un à Tunis sous le gouvernorat d’al-Lihyani et à d’autre à Bejaïa sous celui d’Abou Bakr.

 

Al-Lihyani accéda au pouvoir à l’aide des Chrétiens de Sicile à qui il affirma son intérêt pour une conversation au Christianisme et qu’étant déjà Chrétien au fond de lui, il déclarerait sa conversion en son temps. Les forces chrétiennes organisèrent une démonstration navale devant Tunis pour créer une atmosphère pour la conversion d’al-Lihyani au Christianisme et Abou Bakr saisit l’opportunité pour attaquer Tunis.

Dans la confrontation qui s’ensuivit, al-Lihyani fut vaincu et tué et Tunis fut prise par Abou Bakr.

 

Lorsque Bejaïa et Tunis furent réunis sous Abou Bakr, le gouverneur de Tripoli, Ibn Abou ‘Oumran, se révolta contre l’autorité de ce dernier et déclara son indépendance à Tripoli. Il reçut l’assistance militaire du Maghreb central et marcha vers Tunis à la tête d’une grande force. Tunis tomba sous le contrôle d’Abou ‘Oumran et Abou Bakr fuit la capitale.

 

Une année plus tard, en l’an 730 de l’Hégire (1330), Abou Bakr, avec l’aide des Banou Marine, récupéra Tunis et renversa Abou ‘Oumran avant de régner seize années durant lesquelles, il restitua la stabilité gouvernementale. Les tribus arabes rebelles lui portèrent allégeance et les îles de Goufsah, Gabès, Tousse et Djerba auparavant perdues furent reconquises.

 

Abou Bakr décéda en l’an 747 de l’Hégire (1346) et fut succédé par son fils Fadl qui ne put saisir fermement le pouvoir.

Au sud de l’Ifriqiyah, les principautés autonomes des principales villes réapparurent et les chefs des tribus arabes retrouvèrent leur domination.

 

En l’an 751 de l’Hégire (1350), la révolte du chef de tribu ‘Omar Ibn Hamzah conduisit à la déposition de Fadl et à la succession de son frère Abou Ishaq.

 

Le gouvernement de Fadl dura à peine quatre ans.

 

Abou Ishaq qui était encore un mineur à sa nomination se fit appeler Abou Ishaq Ibrahim et toute l’autorité exécutive fut exercée par les chefs de tribu ‘Omar Ibn Hamzah et ‘AbdAllah Ibn Tafrajin.

Ces chefs entrèrent bientôt en conflit qui mena à l’affaiblissement de l’administration. D’autres tribus se rebellèrent à leur tour dans les différentes parties du pays. Dans ce désordre, Abou al-‘Abbas, un neveu d’Abou Ishaq, en profita pour capturer Constantine en l’an 760 de l’Hégire (1359).

Avec Constantine comme base arrière, Abou al-’Abbas conquit progressivement les territoires qui avaient formé le royaume de Bejaïa et le royaume des Bani Hafs et l’état se divisa de nouveau.

 Abou Ishaq fut incapable de prendre des mesures contre Abou al-‘Abbas et ne put que reconnaitre l’état de Bejaïa.

 

Après un règne sans éclat qui dura depuis dix-neuf ans, Abou Ishaq décéda en l’an 770 de l’Hégire (1369) et fut succédé par son fils Abou al-Baqah qui se fit appeler Abou al-Baqah Khalid mais, il ne put tenir le pouvoir plus d’une année car en l’an 771 de l’Hégire (1370), Abou al-‘Abbas, le souverain de Bejaïa marcha sur Tunis et dans le combat qui suivit Abou al-Baqah fut vaincu et Tunis occupée.

Sous Abou al-‘Abbas l’unité des Banou Hafs fut de nouveau restituée.

 

 

Abou al-’Abbas

 

Abou al-’Abbas prit le titre d’Abou al-‘Abbas Ahmad et il devint l’un des grands souverains de la dynastie des Banou Hafs.

Il renforça son autorité et les parties éloignées du royaume retournèrent sous le contrôle total du gouvernement central. Les chefs de tribu furent disciplinés, leurs privilèges contrôlés et l’ordre public fut rigoureusement respecté.

En une réaction à la piraterie chrétienne, la Tunisie devint, sous Abou al-‘Abbas, le centre des barbaresques musulmans qui apprécièrent la protection de l’état tandis que Bejaïa et al-Mahdiyah leurs servaient de bases. Cela entraina la Tunisie à entrer en conflit avec les forces croisées et en l’an 792 de l’Hégire (1390), les forces collectives de Gênes, la Sicile, la France et Aragon assiégèrent al-Mahdiyah. Le siège dura six mois mais les croisés manquèrent de capturer la ville et furent forcés à se retirer et cela améliora le prestige de l’Ifriqiyah.

Dans les années finales du huitième siècle de l’Hégire, l’Ifriqiyah retrouva un peu de son ancienne grandeur. 

 

 

Abou al-Faris

 

Après un règne mémorable de vingt-quatre ans, Abou al-‘Abbas mourut en l’an 796 de l’Hégire (1394) et il fut succédé par son fils Abou al-Faris qui prit le titre d’Abou al-Faris ‘Abdel ‘Aziz. Il s’avéra être un autre grand souverain de la dynastie et un digne successeur de son père.

Durant son puissant règne, le gouvernement devint particulièrement fort et les principautés autonomes dans les parties différentes du pays disparurent. Les autres états musulmans du Maghreb reconnurent la puissance de l’Ifriqiyah comme le principal état musulman et la Tunisie fit des traités commerciaux avec différents états européens et cela accentua la prospérité économique du pays.

Abou al-Faris introduisit des réformes administratives et prit des mesures pour promouvoir l’agriculture.

 

Abou al-Faris régna durant quarante longues années qui furent une période brillante de l’histoire de la Tunisie avant de décéder en l’an 837 de l’Hégire (1434). Son fils Abou ‘AbdAllah Muhammad lui succéda mais il ne régna qu’une année seulement et fut déposé en l’an 838 de l’Hégire (1435).

 

 

Abou ‘Omar ‘Uthman

 

Sur la déposition d’Abou ‘AbdAllah Muhammad, Abou ‘Omar ‘Uthman, le dix-neuvième souverain de la dynastie, prit le pouvoir et il fut l’un des derniers grands souverains des Banou Hafs. Il régna durant une période de cinquante-deux années, de 839 (1436) à 893 de l’Hégire (1488) et ce fut le plus long règne parmi les Banou Hafs.

Jusqu’en l’an 856 de l’Hégire (1452), Bejaïa et Constantine furent gouvernés indépendamment par un de ses oncles mais sous les règles du gouvernement central. Il entreprit des campagnes de conquête contre l’Algérie en l’an 866 (1462) puis, en l’an 870 (1466) de l’Hégire qui devint le vassal de la Tunisie.

 

En l’an 876 de l’Hégire (1472), les Banou Wattis du Maghreb extrême (le Maroc) reconnurent la souveraineté de l’Ifriqiyah (la Tunisie).

 

Abou ‘Omar ‘Uthman mourut en l’an 893 de l’Hégire (1488) et Abou Zakariyyah lui succéda mais sa succession fut contestée et il perdit le trône en l’an 894 de l’Hégire (1489).

 

Abou al-Mou'min devint le nouveau souverain de Tunisie mais sa succession fut aussi contestée et il perdit le trône en l’an 895 de l’Hégire (1490) au profit d’Abou Yahya Zakariyyah.

 

Abou Yahya Zakariyyah ne put conserver le trône plus de quatre ans. Après la mort d’Abou ‘Omar ‘Uthman un état d’anarchie général prédomina dans les affaires du pays qui devint victime des conflits de succession. Ces disputes parmi les Banou Hafs affaiblirent considérablement leur autorité et cela fournit l’occasion à l’Espagne pour occuper quelques villes côtières en Tunisie.

Ainsi vers les années finales du neuvième siècle de l’Hégire, les affaires des Banou Hafs tombèrent au plus bas.

 

Après la mort d’Abou Yahya Zakariyyah, Abou ‘AbdAllah Muhammad lui succéda en l’an 899 de l’Hégire (1494). Il régna aussi sans éclat et bien qu’il ait régné durant trente-deux années il fut incapable de restituer la gloire des premiers souverains de la dynastie. 

 

Après sa mort, Abou ‘AbdAllah Muhammad fut succédé par son fils Mouwallaqah Hassan en l’an 932 de l’Hégire (1526).

 

En l’an 940 de l’Hégire (1534), les Ottomans sous le commandement de Khayr ad-Din Barberousse prirent Tunis. Les Banou Hafs demandèrent de l’aide à l’Espagne et réussirent ainsi à reprendre Tunis et chasser les Ottomans d’Ifriqiyah.

Par la suite, les Banou Hafs devinrent les subordonnés de l’Espagne et perdirent leur caractère indépendant. L’Espagne plaça un de ses résidents dans la cour des Bani Hafs et l’autorité exécutive se retrouva entre les mains des Espagnols.

 

Mouwallaqah Hassan décéda en l’an 949 de l’Hégire (1542) après un règne de seize années qui accélérèrent le processus de désintégration de la dynastie des Banou Hafs.

Mouwallaqah Hassan fut succédé par son fils Sultan Ahmad, le vingt-cinquième et le dernier souverain de la lignée. Pendant son règne, les Ottomans augmentèrent leur pression et prirent de nouveau Tunis en l’an 976 de l’Hégire (1569).

 

Avec l’aide de l’Espagne les Banou Hafs reprirent Tunis en l’an 981 de l’Hégire (1573) et l’année suivante, les Ottomans à la tête d’une très grande force, sous le commandement de Sinan Pacha, attaqua de nouveau la Tunisie. Les Banou Hafs, malgré l’assistance espagnole, incapable de faire face aux Turcs, furent défaits et submergés. Sultan Ahmad fut pris captif et emmené à Islamboul.

L’Ifriqiyah fut ainsi annexé au vaste empire des Ottomans et devint sa province.

 

 

Les Banou Hafs

 

Les Banou Hafs furent la plus longue dynastie qui exista dans les terres d’Islam de l’ouest et leur règne dura environ trois-cent-cinquante ans.

Sous les Banou Hafs, leur capitale Tunis devint un grand centre culturel et commercial. Quand les Banou Hafs furent au zénith de leur pouvoir, pendant le neuvième siècle de l’Hégire, le pays jouit d’une prospérité économique considérable. Les Banou Hafs encouragèrent l’art et l’étude. Ibn Khaldoun, prospéra sous les Banou Hafs qui eurent l’honneur d’avoir été les premiers à introduire le système des Madrassas (écoles) dans l’ouest musulman.

La mosquée Zaytounah à Tunis devint pendant le règne des Bani Hafs, le plus important et le principal centre d’apprentissage du Maghreb. La Bibliothèque de Zaytounah contenait à cette époque plus de 60.000 livres. Les Banou Hafs promurent les valeurs islamiques et prirent des mesures pour faire respecter la Shari’ah (loi) islamique.

Muhammad Ibn ‘Arafah décédé en l’an 803 de l’Hégire (1401) fut un célèbre théologien qui prospéra sous les Bani Hafs.

 

 

Les Ottomans en Ifriqiyah

 

La Tunisie fut prise par les Ottomans en l’an 982 de l’Hégire (1574) à la fin du règne des Banou Hafs et devint une partie du grand Empire Ottoman.

Nous avons souvent utilisé le mot « prise » ou « capture » en parlant des Ottomans du fait que certains gouverneurs apostats des pays d’Afrique du Nord, aux services des mécréants et sur leurs ordres, s’opposèrent à eux.

La prise de la Tunisie par les Ottomans musulmans est totalement différente de la prise de la Tunisie par les mécréants comme nous allons le voir car si les premiers sont venus pour protéger les musulmans et l’Islam les seconds sont venus pour détruire les musulmans et l’Islam ! Que cela soit bien clair.

 

Sous les Ottomans, l’administration de la province fut confiée au gouverneur, dénommé le Pacha, nommé par le gouvernement de l’empire ottoman pour un terme spécifié. Le Pacha était aidé dans sa tâche, par un officier appelé le « Dey »  qui était responsable de l’administration intérieure, de la collection des taxes et des revenus. Il avait aussi un conseil appelé le  « Diwan »  composé d’officiers militaires aînés et de certains notables d’Ifriqiyah. L’administration était autocratique dans le caractère et l’Ifriqiyah fut administré comme un territoire occupé[1] et les relations entre le Pacha, le Dey, le Diwan et l’armée ne furent pas vraiment parfaites.

 

En l’an 999 de l’Hégire (1591), les troupes se révoltèrent et assassinèrent certains membres du Diwan dont les politiques permettaient le relâchement du pouvoir militaire et cette rébellion ne donna que plus de pouvoir à l’armée. Le Pacha fut forcé à conférer l’autorité exécutive à un officier militaire choisi par l’armée.

Autrefois, le  Dey  responsable du Diwan devint responsable de l’armée ce qui affecta les relations entre le Pacha et le Dey et avec la force grandissante de ce dernier, le poste du Pacha devint superflu. Vers les années finales du neuvième siècle de l’Hégire, la nomination du Pacha par le gouvernement Ottoman prit fin et le  Deys choisit par les troupes devinrent les souverains du pays.

 

Le premier Dey à exercer l’autorité absolue fut ‘Uthman Dey qui régna de douze années, de l’année 1006 (1598) à 1019 de l’Hégire (1610). ‘Uthman Dey fut  un bon souverain et il fit  vigoureusement respecter l’ordre public. Toutes les tribus récalcitrantes tombèrent sous son autorité et pendant son règne, la paix prévalut dans le pays tandis que le commerce et l’agriculture furent encouragés.



[1] Dans le sens administratif bien évidemment. Vous pensez bien que les Ottomans n’auront jamais traité ne serait-ce le moindre musulman comme les mécréants les ont traités !