Al Khakifa Rashida

Les Califes bien Guidés

Fadl Ahmad

Le premier Calife de l’Islam

Abou Bakr As Siddiq (qu'Allah soit satisfait de lui)




Introduction


Savons-nous qui est Abou Bakr (qu'Allah soit satisfait de lui)?

Il fut le meilleur Compagnon de notre Prophète Muhammad (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui).

II fut le premier homme à embrasser l'Islam.

Il fut la première personne à recevoir le titre de Calife et à fonder le «Baytoul-Mal».

Il fut le premier à recueillir les versets coraniques après le Messager d’Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui).

Il fut le premier à recevoir le titre de Siddiq (le Véridique).



Hadith du Messager d’Allah :

- « O peuple! Je suis satisfait de Abou Bakr. Vous devrez-vous rendre compte de son rang. »

Abou Bakr fit de l'Arabie un monde de sécurité pour les musulmans et travailla jusqu'à son dernier souffle la gloire de cette belle religion, l'Islam.



Qu'Allah me pardonne pour les erreurs qui ont pu être commises.

Le traducteur.





Sa jeunesse

Dans son dernier sermon, le Saint Prophète Muhammad (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) a déclaré:

- « Personne n'a été pour moi un meilleur Compagnon qu'Abou Bakr ».

Quelle belle récompense ! Abou Bakr l'a méritée. Pendant toute sa vie, il a soutenu le Prophète d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui), ne se souciant ni de sa vie, ni de ses richesses et ni de ce que pensaient les gens. Sa seule ambition était de servir Muhammad (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) plus que tout autre à n'importe quel prix. Il y réussit. Aussi en fut-il récompensé, car le Messager d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) fut très content de lui et lui accorda la première place parmi ses Compagnons. Abou Bakr (qu'Allah soit satisfait de lui) fut le premier homme à remplacer Le Prophète (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui). D'ailleurs, il se trouve aussi enterré près de lui. Jetons un coup d'oeil sur la vie de ce noble fils de l'Islam:

Abou Bakr était de 2 ans plus jeune que le Messager d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui). Ses parents l'avaient nommé Abdoul Ka’ba signifiant «le serviteur de la Ka’ba». Quand il devint musulman, Muhammad (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) échangea ce nom païen en ‘Abdullah.

Cependant, dès sa jeunesse, on l'appelait Abou Bakr. Il allait être connu sous ce nom parmi les gens et cela, même jusqu'aujourd'hui. Abou Bakr appartenait à la tribu des Koraïchites. Son père s'appelait ‘Uthman mais il était connue sous le nom de Abou Qahafa. Sa mère s'appelait Salma et était connue sous le nom de Oummoul-Khair. Abou Bakr venait d'une famille noble. Dés son jeune âge, il eut la réputation d'être un homme bon, honnête et intègre. Cela lui a valu l'estime des gens. Sa bonté lui valut aussi l'amitié du jeune Muhammad. Cette amitié allait durer toute la vie.

Abou Bakr devint un riche marchand. Il dépensait toute sa fortune pour venir en aide aux pauvres. Il était si bon, qu'il ne pouvait pas voir quelqu'un dans la peine et faisait de son mieux pour le secourir. Si l'argent pouvait éloigner la souffrance, il ne se souciait pas de la dépense. Une fois, il donna 35 000 dirhams sur les 40 000 qu'il avait. Les gens lui confiaient leur argent car ils le savaient honnête.

Par-dessus tout, Abou Bakr avait un coeur sincère et une volonté ferme. Rien ne pouvait l'empêcher de faire ce qu'il pensait être juste. Ces grandes qualités devaient servir la cause la plus noble. Abou Bakr allait devenir le plus grand partisan du réformateur de l'humanité et le premier des Compagnons.

Il continua à faire de l'Arabie un monde de sécurité pour l'Islam après la mort du Prophète (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui).



Au service du Messager d’Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui)

1. Le premier homme


Abou Bakr vivait dans l'intimité du Prophète d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui). Il savait que son ami était le meilleur de tous, toujours honnête et intègre. Aussi fut-il le premier homme à croire en la Mission de Muhammad (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) et à embrasser l'Islam. Quand à la suite de la première Révélation au Mont Hira, le Prophète (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) lui dit qu'Allah l'avait élu Son Messager, Abou Bakr (qu'Allah soit satisfait de lui) n'hésita pas un seul instant à le croire et devint tout de suite musulman.

Muhammad (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) dit une fois: « Quand j'ai invité les gens à embrasser l'Islam, ils prirent un temps pour réfléchir. Mais ce ne fut pas le cas de Abou Bakr. A peine lui ai-je proposé l'Islam qu'il l'a accepté ». Mieux encore, sitôt converti à l'Islam, il se mit à le prêcher aux autres. Plusieurs de ses amis se convertirent car ils le savaient sincère et véridique. Parmi eux, il y avait ‘Uthman, Zoubair, Talha, Abdour Rahman Ibn ‘Auf et Sa’d Ibn Abi Waqqas (qu'Allah soit satisfait d’euc). Ces hommes devinrent plus tard les piliers des musulmans.

Le Prophète d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) allait tous les jours chez Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui). Là, ils étudiaient les moyens à employer pour propager l'Islam et ils allaient ensemble communiquer le Message d'Allah aux gens.



2. Il risque sa vie

Le Message de l'Islam rendit les mecquois furieux. Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) se moquait ouvertement de leurs idoles (qui étaient leurs dieux) et leur disait qu'elles ne pouvaient ni faire du bien, ni nuire. Un des chefs de Makka, Abou Djahal devint l'ennemi acharné du Prophète d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui). Il était toujours sur le qui-vive pour lui nuire et même le tuer s'il le pouvait. Aussi, Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) l'avait-il toujours à l'oeil, de peur qu'il ne fasse quelque grand tort à l'Islam.

Une fois, Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) était absorbé dans la prière à la Ka’ba. D'autres chefs de Makka, de même qu'Abou Djahal, étaient là. Ce dernier dit : — « Je dois en finir avec Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) aujourd'hui même».

Disant cela, il prit un long morceau de toile, l'entortilla autour du cou du Prophète d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) pour l'étrangler. Cela, sous le regard amusé des autres chefs de Makka qui riaient.

Apercevant cela de loin, Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) accourut, repoussa Abou Djahal et enleva le morceau de toile du cou de Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Aussitôt, Abou Djahal et ses acolytes se jetèrent sur Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) et le frappèrent. Mais Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) ne se souciait pas de sa propre souffrance. Il était heureux de pouvoir sauver la vie du Prophète d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui). Il savait très bien que s'il arrivait quelque chose au Prophète (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui), le seul espoir de l'humanité s'envolerait. Il prit des risques pour toutes les choses qu'il tenait à coeur pour la sûreté de Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et la propagation de son Message.



La libération des esclaves

Comme les années passaient, la cruauté des mecquois envers les musulmans augmentait. Ils rendaient la vie difficile aux musulmans.

Les esclaves musulmans qui avaient pour maîtres des mécréants, étaient ceux qui souffraient le plus. Ils ne pouvaient pas fuir les tortures, mais ne voulaient pas aussi renoncer à leur Foi Ces cruels mécréants leur firent subir toutes sortes de tortures afin qu'ils renoncent à l'Islam: ils les faisaient coucher nus, sur le sable brûlant. Ensuite, ils posaient de grosses pierres sur leurs poitrines. Les pauvres esclaves supportaient tout cela en silence. Ils ne pouvaient pas s'échapper. Seule la mort les délivrait.

Grâce à la richesse qu'Allah lui a données, Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) acheta plusieurs de ces esclaves à leurs inhumains maîtres et les libéra.

Bilal (qu’Allah soit satisfait de lui) était un esclave. Son maître Omayya Ibn Khalaf était un homme sans coeur: il le déshabilla, le fit coucher sur le sable brûlant à midi et ensuite le fouettait impitoyablement. En dépit de cette torture, Bilal (qu’Allah soit satisfait de lui) répétait:

- Allah est un ! Allah est un !

Un jour, Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) passa par là et fut ému par cette cruauté.

- « Pourquoi êtes-vous aussi cruel envers cet homme ?» dit-il à Omayya.

- « Si vous avez pitié de lui, pourquoi ne l'achetez-vous pas? » répondit Omayya.

Sur ce, Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) l'acheta à un prix élevé et le libéra. Plus tard, Bilal (qu’Allah soit satisfait de lui) devint le célèbre muezzin de la Mosquée du Saint Prophète Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).



L'émigration en Abyssinie

Vivre à Makka étant devenu impossible pour eux, les musulmans pensèrent à émigrer dans un autre pays. Avec la permission de Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), un groupe alla s'établir en Abyssinie Là, ils pouvaient vivre en paix D'autres encore suivirent ces premiers émigrés.

Se trouvant dans une situation critique, Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) demanda au Prophète (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) l'autorisation de partir lui aussi en Abyssinie. Permission lui fut accordées.

En route, il rencontra Ibn Ad Daghna, le chef de Qara.

- « Où allez-vous Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) ?» lui demanda-t-il.

- « Les mecquois m'ont rejeté, répondit Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui). Je vais en Abyssinie, où je pourrai adorer le Seigneur à ma façon ».

- « On ne doit pas rejeter un homme comme vous, lui dit Ibn Ad Daghna. Vous aidez les pauvres. Vous êtes bon envers ceux qui sont dans la peine. Vous êtes très aimable envers vos hôtes. Je vous ramènerai à Makka sous ma propre responsabilité. »

Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) retourna donc à Makka. Ibn Ad Daghna dit aux gens que Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) était sous sa protection et que personne ne devait lui faire du tort. Les mecquois consentirent à le laisser tranquille à condition qu'il ne prêchât pas sa Foi en public.

Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) ne pu se tenir à cette condition. Bientôt il se remit à prêcher ouvertement. Les mecquois s'en plaignirent à Ibn Ad Daghna. Ce dernier demanda à Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) de ne pas rendre sa position difficile.

- « Je n'ai pas besoin de votre protection ! Allah me suffit ! » lui répondit Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui).



Le titre d’As Siddiq

Le Mi'raj ou Ascension du Prophète Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) eut lieu au cours de la dixième année de sa Mission. Une nuit, l'ange Jibril (Paix sur lui) (A) vint chercher le Prophète d'Allah pour l'emmener au plus haut ciel, rencontrer le Créateur Allah Ta’ala. Le voyage eut lieu sur un Bouraq (animal blanc, quadrupède, se déplaçant à une vitesse extraordinaire).

Après une partie du parcours, l'ange Jibril (Paix sur lui) demanda à Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) de continuer seul, car il ne pouvait pas aller plus loin. Finalement, le Prophète (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) arriva seul jusqu'au Trône d'Allah le Tout Puissant. Là, se déroula une conversation entre Allah et Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Tout cela ne dura qu'un certain temps de la nuit. Le lendemain, le Prophète d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) en parla aux gens. Ces derniers se moquèrent de lui et s'écrièrent:

- « Regardez comme il divague ! Ses Compagnons vont sûrement se moquer de lui. Qui croira en cette histoire d'une nuit d'été ?»

Survint alors Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui). Quelqu'un lui dit:

- « Savez-vous Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui), quelle nouvelle a votre ami pour vous ce matin? Il déclare avoir été la nuit dernière au plus haut ciel et qu'il a parlé avec Allah le Tout Puissant. Y croirez-vous? »

- « Je crois à tout ce que dit le Messager d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) répondit Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui).

Quand Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) apprit cela, il dit: « Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) est Siddiq ».

Siddiq est une personne tellement sincère que les doutes ne souillent jamais son coeur.

Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) mérita ce titre car il avait une Foi tellement ferme que rien ne pouvait l'ébranler.



L'émigration vers Médine

Devant la résolution des mecquois à éteindre la lumière de l'Islam, Allah ordonna au Prophète Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) d'émigrer à Médine. En plein midi, Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) entendit frapper à sa porte. C'était le Prophète. Celui-ci luit dit:

- « Je dois partir pour Médine cette nuit ».

- « Aurai-je l'honneur de vous accompagner ?» demanda ardemment Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui).

- « Bien sûr, répondit le Prophète (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui). Commencez les préparatifs. » Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) déborda de joie.

- « J'attends ce jour depuis des mois, s'exclama-t-il. J'ai gardé 2 chameaux pour nous emmener à Médine. »

Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) s'occupa de tous les préparatifs pour ce voyage historique.

Pendent 3 jours, Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et lui restèrent cachés dans la caverne de Thaur. L'esclave d’Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) gardait ses chèvres près de la caverne durant toute la journée et leur fournissait du lait frais. ‘Abdullah, fils de Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) les informait des activités des mecquois. Ces derniers cherchaient le Saint Prophète (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) avec acharnement. Une fois, ils arrivèrent devant l'entrée de la caverne. Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) pâlit de peur, non pour lui mais pour Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Le Prophète (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) lui dit calmement:

- « N'ayez pas peur. Allah est certainement avec nous. »

Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) fut le seul Compagnon à avoir l'honneur d'être à côté du Prophète (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) aux moments les plus critiques de sa vie. Il savait très bien ce que signifiait cet honneur et se montra à la hauteur de la confiance qu'on lui faisait.



La participation dans les batailles

Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) prit part à toutes les batailles que le Prophète Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) eut à livrer Durant toute sa vie, il se battit bravement sous la bannière du Prophète d Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) et montra toujours de la fermeté.

A Ouhoud et à Badr, certains firent preuve de faiblesse et manquèrent à leur devoir, mais Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) ne faiblit point.

A Badr, l'un des fils de Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) qui n'avait pas encore embrassé l'Islam, se battait du côté des mecquois. Plus tard, lorsqu'il est devenu musulman, il dit un jour à son père:

- « O père ! A Badr, vous fûtes à deux reprises sous mon glaive, mais, mon amour filial m'a retenu ».

- « Mon fils ! répliqua Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui), si j'avais cette occasion une seule fois, tu ne serais plus vivant. »

Pendant les pourparlers de paix à Houdaybiya, Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) était assis à côté du Prophète (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui). Le porte-parole des Koraïchites tirait de temps en temps la barbe du Saint Prophète Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) à la façon arabe. Abou Bakr ne pu supporter cela. Il sortit son épée et, regardant l'homme avec colère, dit :

- «Si cette main touche la barbe du Prophète (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) de nouveau, elle restera ici.»

Les délégués mecquois en furent surpris et chuchotèrent:

- « Comme Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) a changé ! Il était connu pour sa douceur.

Qu'il est devenu fort et résolu maintenant ! Ce n'est plus le même Abou Bakr. »

La dernière Campagne du Prophète (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) fut celle de Tabouk. Désirant en faire un grand succès, Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) se demanda au peuple d'apporter leur aide maximum suivant leur moyen. Cette fois-ci, Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) battit tous les records précédents. Il déposa tout son argent et tout ce qu'il possédait chez lui, aux pieds du Saint Prophète (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui).

- « Avez-vous laissé quelque chose pour votre femme et vos enfants? » lui demanda le Prophète (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui).

- « Allah et son Messager leur suffisent » répondit Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) calmement.

Les assistants furent stupéfaits. Il était impossible de dépasser Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) au service de l'Islam.

Cette réponse fit tellement plaisir à Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) Si qu'il nomma Abou Bakr porte-étendard de l'expédition de Tabouk.

Les liens de Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) avec le Prophète d'Allah et sa dévotion sans bornes à l'Islam, lui firent gagner le respect universel.

Non seulement, il fut le premier homme à accepter l'Islam, mais aussi le premier des musulmans à soutenir la cause de l'Islam.



Le Délégué du Prophète (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui)

Makka fut conquise en l'an 8 de l'hégire, et les musulmans eurent pour la première fois le contrôle de la Ka’ba où il fallait faire disparaître toutes traces d'idolâtrie et stopper les pratiques païennes absurdes. Jusqu'ici, les arabes païens faisaient des choses absurdes, insensées et dégoûtantes pendant la période du Hajj. Ils circulaient tout nus autour de la Ka’ba. Tout cela devait cesser.

Le premier Hajj sous l'Islam fut célébré en l'an 9 de l'hégire. Etant lui-même trop occupé à Médine, Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) désigna Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) pour le remplacer à conduire le Hajj.

Après le Khoutba (Sermon) du Hajj fait par Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui), Ali (qu’Allah soit satisfait de lui), qui l'accompagnait se leva et lut aux gens les Commandements d'Allah. Dès lors, l'accès à la Ka’ba fut interdit aux idolâtres.

Depuis son arrivée à Médine, Le Saint Prophète (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) officiait lui-même les prières, une haute fonction dont il prenait lui-même la responsabilité. Cependant, sa dernière maladie l'avait tellement affaibli, qu'il ne pu se rendre à la Mosquée et il du nommer un remplaçant. Cet honneur revint à Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui).

‘Aïsha (qu’Allah soit satisfait d’elle), épouse du Prophète d'Allah et fille d’Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui), se plaignit que la charge serait trop lourde pour son père, mais Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) ne changea pas d'avis.

Ainsi, il arriva à Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) d'occuper la plus haute fonction en Islam, du vivant du Prophète d'Allah. Un jour qu'Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) était absent pour affaires, ‘Omar (qu’Allah soit satisfait de lui) officia la prière à sa place. - « Ce n'est pas la voix d'Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) remarqua Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) qui était souffrant. Nul autre que lui ne doit diriger la prière. Il est l'homme le plus apte à cette fonction. »

Le matin de son dernier jour, la santé du Prophète (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) s'améliora. Soulevant le rideau de sa porte, il regarda fixement les gens prier sous la conduite de Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui).

Un sourire illumina son visage. Il laissa tomber le rideau à cause de sa faiblesse. Mais il fut heureux d'avoir choisi le meilleur homme pour le remplacer.



Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) élu Calife

1. Un moment critique


Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) occupait une position unique parmi son peuple pour qui, il était tout. Il avait transformé un peuple païen et querelleur en une nation de paix, craignant Allah Cet gens étaient morts, comme cela est dit dans le Coran, et le Prophète d'Allah les ranima Aussi, considéraient-ils Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) comme leur réanimateur et sans lui, l'existence leur semblait vide.

La nouvelle du décès du Prophète d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) stupéfia tout le monde. Cela paraissait inconcevable.

Tout le monde savait qu'il était malade depuis quelques jours. Mais de là, qu'il trépassât...C'était inconcevable. Une foule énorme s'assembla dans la Mosquée. Personne ne savait que faire. On était confus.

Fortement ému, ‘Omar (qu’Allah soit satisfait de lui) tira son épée et déclara:

- « Je trancherai la tête de celui qui dit que le Messager d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) est mort ».

Telle était la situation lorsque Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) entra dans la Mosquée. Constatant que le Prophète (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) allait mieux ce matin-là, il avait du se rendre à quelques kilomètres hors de Médine, mais, il était rentré en apprenant la triste nouvelle. Debout dans un coin de la cour de la Mosquée, il appela les gens. Tous les regards se tournèrent vers lui. C'est alors qu'il prononça ce discours célèbre:

- « O peuple ! Que celui d'entre vous qui adorait Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) sache qu'il est mort. Mais que ceux qui adore Allah sachent qu'Il est Vivant et qu’Il ne mourra jamais. Rappelons-nous ces paroles du Coran: « Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) Si n'est qu'un Messager d'Allah. D'autres Messagers sont venus avant lui. Vous détourneriez-vous de l'Islam s'il mourrait ou était assassiné ? »

Ce discours de Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) eut un effet magique. En quelques minutes, toute confusion disparu. Les paroles du Coran enlevèrent les doutes dans l'esprit des personnes.



2. L'élection d’Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui)

Le peuple devait avant tout, choisir un nouveau chef. Ce dernier était nécessaire pour la bonne marche des affaires. L'urgence de ce besoin n'admettait pas de délai car cela pourrait créer des désordres qui mèneraient à la destruction de l'oeuvre de Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).

Ce dernier était décédé, mais l'état devait continuer à exister.

Il y avait deux groupes importants: Les Mohajirines (émigrés mecquois) et les Ansars, (personnes de Médine qui avaient aidé les émigrés). Ces derniers se réunirent à la Saqifa des Bani Sa’ïda, leur lieu de réunion, près de chez Sa’d Ibn Abada, leur chef. Il fut bien sûr question de l'élection d'un Calife. Sa’d déclara que le Calife devrait être choisi parmi eux. Cette proposition fut approuvée par beaucoup d'autres personnes. Un homme se leva et dit:

- « Les Mohajirines ont peut-être plus de droit ! »

- « Que l'on désigne donc deux Califes, un parmi les Ansars et l'autre parmi les Mohajirines » suggéra quelqu'un d'autre. Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) fut informé de cette réunion. Il décida d'agir rapidement sinon la confusion s'installerait de nouveau. Il partit vers la Saqifa avec un groupe de Mohajirines. S'adressant à l'assemblée, il dit :

- « Les Mohajirines aussi bien que les Ansars, ont rendu d'énormes services à l'Islam. Cependant, les Mohajirines furent les premiers à embrasser l'Islam, et ont toujours été très proches de Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). O Ansars ! Que le Calife soit élu parmi eux».

Un homme de la tribu des Khazradj se leva et dit :

« Si vous ne voulez pas que l'un de nous soit le Calife, alors qu'il y en ait deux, un Ansari et un Mohajir».

« Cela ne pourrait être, dit Abou ‘Oubayda Ibn Al Jarrah. O Ansars ! Vous êtes ceux qui ont rendu l'Islam fort, ne faites donc rien qui puisse détruire votre œuvre ».

En entendant cela, un autre membre de la tribu de Khazradj se leva et dit :

- « O Ansars ! Tout ce que nous avons fait pour l'Islam, nous l'avons fait pour plaire à Allah et à Son Messager (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) et non pour rendre service à quiconque. Cela ne doit pas nous servir de prétexte pour occuper une fonction quelconque. Ecoutez ! Le Prophète d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) appartenait à la tribu des Koraïchites. Ces derniers méritent davantage ce poste. Par Allah ! Je pense que c'est injuste de disputer avec eux à ce propos. Craignez Allah et ne vous opposez pas à eux ».

Ce discours d'un des leurs, fit taire les Ansars et ils acceptèrent qu'un Mohajir fût élu Calife. Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) dit alors :

- « Chers amis, je pense que ‘Omar (qu’Allah soit satisfait de lui) ou ‘Abou ‘Oubeyda (qu’Allah soit satisfait d’eux) doit être calife. Choisissez l'un d'eux ».

- «En entendant cela, ‘Omar et Abou ‘Oubeyda (qu’Allah soit satisfait d’eux) se levèrent brusquement et s'exclamèrent:

- « O Siddiq ! Comment cela peut-il se faire? Comment quelqu'un d'autre peut-il occuper cette fonction tandis que vous êtes là ? Vous êtes le premier des Mohajirines. Vous avez été le Compagnon de Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) dans la caverne de Thaur. Vous avez officié les prières à sa place pendant sa maladie. La prière occupe le premier plan en Islam. Avec toutes ces qualifications, vous êtes l'homme le mieux placé pour être le successeur du Prophète d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui). Présentez votre main afin que nous puissions vous jurer allégeance ».

Mais Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) n'offrit pas sa main. S'apercevant que le délai pourrait provoquer un rebondissement de la question et créer plus de difficultés, ‘Omar (qu’Allah soit satisfait de lui) prit la main de Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) et prêta le serment d'allégeance. D'autres suivirent son exemple. De tous côtés, les gens se précipitèrent pour jurer allégeance au successeur de Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) était devenu Calife par consentement général.



Son premier Sermon

Le lendemain Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) se rendit à la Mosquée du Prophète (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) (Masjid Nabawi) où le peuple lui jura allégeance. Ensuite Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) monta sur le minbar et s'adressa à l'assemblée en ces termes:

- « O peuple ! J'ai été élu votre chef quoique je ne sois meilleur qu'aucun d'entre vous. Si je fais le bien, accordez-moi votre appui. Si je fais le mal corrigez-moi. La vérité est l’honnêteté et le mensonge est la malhonnêteté. Les puissants parmi vous sont faibles à mes yeux, aussi longtemps que je ne leur prends pas ce qui est dû aux autres. Quand les gens cesseront de lutter pour la cause d'Allah. Allah les avilira. Quand un peuple devient malfaiteur, Allah envoie sur lui des calamités. Vous devez m'obéir aussi longtemps que j'obéis à Allah et à son Messager (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui). Si je désobéis à Allah et à son Messager, vous êtes alors libres de me désobéir ».

Telle fut la loi fondamentale, que le premier Calife de l'Islam offrit de son propre gré, à son peuple, le premier jour de son mandat. Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) montra par son exemple qu'en Islam, le gouvernement doit être fait par le peuple et pou1, ie peuple.



L'expédition d’Oussama (qu'Allah soit satisfait de lui)

Quelques semaines avant sa mort, Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) avait désigné Oussama chef d'une expédition contre la Syrie. Ce dernier devait venger la mort de son père Zaid, un esclave que Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) avait libéré et qui avait été tué par les syriens à la bataille de Mouta. Alors qu'on préparait l'expédition, le Prophète d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) tomba gravement malade et mourut. Elle fut donc retardée de quelques semaines.

Aussitôt que Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) devint Calife, sa première pensée fut pour cette expédition. Certains pensaient que la mort du Prophète d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) signifiait la fin de l'Islam. Plusieurs tribus qui avaient embrassé récemment l'Islam et dont la Foi n'était pas encore solide, manifestaient des signes d'abandon. Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) se trouvait devant une situation difficile. Mais il devait, coûte que coûte, obéir aux ordres de Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Certains compagnons lui conseillèrent de laisser tomber pour l'instant, à cause des troubles partout et que ce n'était pas sage d'envoyer des troupes puisqu'on en avait grand besoin dans le pays. Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) ne fut pas d'accord et déclara :

- « Comment puis-je plier le drapeau que Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) SI en personne a déplié? C'est tout simplement inconcevable. »

Ensuite quelqu'un fit remarquer qu'Oussama (qu’Allah soit satisfait de lui) était trop jeune, (car il avait moins de vingt ans), pour diriger l'expédition et qu'il serait plus sage de placer le commandement sous un homme plus expérimenté.

Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) fut en colère et dit :

- « Quel droit ai-je, de renvoyer un homme choisi par le Messager d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) ? ».

Trois semaines après le décès de Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), l'expédition d'Oussama (qu’Allah soit satisfait de lui) partit.

Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) accompagna Oussama (qu’Allah soit satisfait de lui) jusqu'à une certaine distance hors de Médine.

Le jeune commandant était à cheval tandis que le Calife était à pied. Oussama (qu’Allah soit satisfait de lui) dit:

- « O Successeur du Prophète d'Allah ! Montez aussi sur un cheval ou alors permettez-moi de descendre ! »

Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) répondit :

- « Par Allah, je ne consentirai à aucune des deux propositions. Quel mal y a-t-il à ce que mes pieds deviennent un peu poussiéreux tandis que je marche dans la voie d'Allah ? On obtient la récompense de sept cents bonnes actions pour chaque pas que l'on fait dans le chemin d'Allah ».

‘Omar (qu’Allah soit satisfait de lui) était parmi les soldats sous le commandement de Oussama (qu’Allah soit satisfait de lui). Comme Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) avait besoin de ses conseils, il demanda à Oussama (qu’Allah soit satisfait de lui) la permission de le retenir à Médine. La requête fut agréée.

Avant de quitter Oussama (qu’Allah soit satisfait de lui), Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) lui donna des conseils utiles, dont voici quelques-uns :

- « Soyez honnête. Ne trompez personne. Ne cachez pas le butin que vous aurez. Ne mutilez personne. Ne tuez ni vieillard, ni enfant et ni femme. Ne brûlez pas les dattiers. N'abattez pas les arbres fruitiers. Ne tuez ni bouc, ni vache, ni chameau sauf pour la nourriture. Vous rencontrerez des gens qui se sont retirés du monde et vivent dans des monastères. Laissez-les tranquilles. »

L'expédition d'Oussama (qu’Allah soit satisfait de lui) fut un succès. Ce dernier fit un raid dans les régions frontières de la Syrie et rentra à Médine quarante jours après.

Cette expédition eut un autre bon résultat. Il servit d'avertissement à ceux qui pensaient qu’il en était fini de l'Islam. Ils eurent une preuve claire que l'Islam était encore capable de défier une des plus grandes puissances du monde. Les tribus indécises en furent intimidées. Quelques-unes, qui avaient abandonné l'Islam y retournèrent.



Les imposteurs

Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) trouva bientôt le pays en proie à la guerre civile. Les provinces frontalières, tel que le Najd, se soulevèrent les premières. Ces gens là avaient embrassé l'Islam, tout simplement parce que cela leur convenait. Ils ignoraient le vrai esprit de l'Islam. Pendant des siècles, ils n'avaient connu aucune autorité et vivaient libres comme le vent qui souffle à travers le désert. L'Islam les soumit à la discipline. Ils devaient obéir aux lois morales islamiques.

La chose que les chefs de ces tribus trouvaient la plus ennuyeuse, était la taxe des pauvres: la zakat. Chaque année, le gouvernement à Médine prélevait deux et demi pour cent de leurs biens. En vérité, cet argent était dépensé sur les pauvres de leur propre tribu. Néanmoins, c'était leurs bourses qui en souffraient.

Plusieurs chefs firent savoir au Calife qu'ils continueraient à être musulmans à condition que Médine cesse de leur imposer cette taxe des pauvres.

Un trouble plus grave éclata en même temps. Ceux qui n'avaient eu aucun contact avec le Prophète d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui), et d'autre part ceux qui ne l'avaient pas vu de près, le considéraient comme un simple souverain. Les plus malins songeaient à une pareille carrière. Ils déclarèrent:

- « Tout ce que nous devons faire, c'est de prétendre être Prophète et de racoler des partisans. »

Ainsi, pensaient-ils acquérir pouvoir et célébrité. Plusieurs hommes rusés furent pris de cette ambition.

Tout un groupe d'imposteurs apparut dans plusieurs régions de l'Arabie, tous prétendant être apôtres d'Allah.



Sa fermeté

La situation était critique et réclamait beaucoup de ménagements. Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) convoqua le conseil aux fins des consultations. Plusieurs membres furent d'avis qu'il fallait aller lentement. Ils déclarèrent.

- « Il n'est pas prudent de faire la guerre sur tous les fronts en même temps. Ignorons pour l'instant ceux qui refusent de payer la dîme légale (la zakat). Nous réglerons leur compte après avoir terminé avec les imposteurs.»

Mais Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) ne fut pas d'accord. Il dit :

- «Par Allah ! Même si un denier est dû par un homme, il doit le payer. Si les autres ne me donnent pas leur appui, je combattrai seul. Personne n'a le pouvoir de changer les Commandements d'Allah.»

Cependant, la situation était extrêmement difficile. Parmi ceux qui ne payaient pas la part des pauvres, il y avait les tribus voisines de Abs, Zabian, Asad et Tay.

Ils pensèrent à extorquer une concession du Calife avant le retour à Médine de l'armée d'Oussama. Ils envoyèrent une délégation au Calife pour lui demander de ne pas insister s'il ne payaient pas cette part. Fidèle à son courage, Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) rejeta fermement cette proposition. En même temps, il commença à fortifier les défenses de Médine car, il s'attendait à une attaque par traîtrise de la part de tribus rebelles. La troisième nuit, le coup perfide vint. Mais Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) était prêt pour cela. Il frappa si fort que l'ennemi s'enfuit.

Quelques jours plus tard, Oussama (qu’Allah soit satisfait de lui) rentra à Médine. Le Calife décida de marcher lui-même contre les tribus traîtresses. Les gens lui demandèrent de ne pas risquer sa vie, mais, Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) ne voulut rien entendre.

Laissant Oussama (qu’Allah soit satisfait de lui) à Médine en tant que son remplaçant, le Calife marcha à la tête d'une armée contre ces rebelles et les vainquit complètement. Leurs troupeaux furent pris pour l'armée.

Cette action ferme du Calife convainquit beaucoup d'indécis car il est impossible d'accepter une partie de l'Islam et d'en rejeter une autre. Cela sauva l'intégrité de l'Islam.



La guerre contre les imposteurs

II fallait maintenant anéantir les imposteurs. L'armée d'Oussama (qu'Allah soit satisfait de lui) s'était reposée et pouvait maintenant entrer en action. Abou Bakr (qu'Allah soit satisfait de lui) conduisait l'armée sur une distance de douze miles sur la route de Najd. Là, il la divisa en onze bataillons, chacun placé sous un commandant expérimenté. Les commandants devaient s'attaquer aux divers imposteurs. Avant le départ de ces armées, un avertissement général fut lancé aux imposteurs et à leurs disciples. On leur promit le pardon s'ils retournaient à l'Islam. Le Calife donna les instructions suivantes aux commandants :

« Je demande aux soldats de l'Islam, de craindre Allah dans toutes les circonstances. Ils doivent obéir aux commandements d’Allah. Ils doivent se battre contre ceux qui ont abandonné l'Islam et sont tombés dans le piège du démon. Mais avant de tirer l'épée, ils doivent annoncer le Message de l'Islam. Si les gens l'acceptent, ils doivent se retenir. Au cas contraire, il faut les combattre jusqu'à ce qu’ils abandonnent leur incroyance. Lorsque les apostats retournent dans le giron de l'Islam, le commandant de l'armée musulmane doit leur faire connaître leurs droits et leurs devoirs de musulmans.

Leurs droits devront être respectés et il faudra les obliger à accomplir leurs devoirs. Le commandant doit retenir ses hommes d'actes irréfléchis et de sottises. Il doit éviter de se jeter tête baissée Mans le camp ennemi. Il doit prendre toutes les précautions nécessaires avant d'y pénétrer, afin que les musulmans ne subissent pas de perte. Que ce soit pendant la marche ou au camp, le commandant doit traiter ses hommes avec égard et bonté. Il doit aussi se soucier de leur confort et leur parler avec douceur. »

Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) retourna à Médine. Il avait déjà obligé les musulmans indécis à payer la zakat et maintenant, il pouvait s'attaquer aux imposteurs, et à leurs disciples.



Tulayha

Tulayha, un des imposteurs, appartenait à la tribu des Banou As De retour du pèlerinage d'adieu, il prétendit être Prophète. Les gens de sa tribu, de même que ceux des tribus de Tay et de Ghat devinrent ses disciples. Tulayha campait avec une grande armée à Bazakha dans le Najd.

Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) le vainquit et il s'enfuit en Syrie. Plus tard, il reconvertit à l'Islam. Il servit dans l'armée musulmane lors de Campagne de l'Iraq et s'efforça de se racheter pour ses fautes passées.



Malik Ibn Nawira

Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) s'attaqua ensuite à Malik Ibn Nawira, chef de la tribu des Banou Tamime. Car il avait cessé de payer la taxe du pauvre faisait la guerre aux musulmans de sa tribu. Ayant eu vent de l'approche de Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui), Malik dispersa ses hommes. Mais Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) pu les arrêter tous. La nuit fut d'un froid inhabituel et les prisonniers commencèrent à grelotter. Cela fut rapporté à Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) qui ordonna qu'ils doivent être réchauffés. Mais en terme arabe, « se réchauffer signifiait aussi exécuter. Ayant mal interprété son ordre, les gardes tuèrent Malik et ses hommes ».

Le lendemain, lorsque Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) apprit cela, il en fut touché. Mail il ne pouvait plus rien faire.

- « Quand Allah ordonne quelque chose, cela arrive » dit-il.

On se plaignit au Calife que Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) n'avait pas agi selon ses instructions dans ce cas particulier. On demanda même que Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) fût puni pour son acte précipité. Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) paya lui-même Ie prix du sang de Malik Ibn Nawira et déclara :

- « Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) est l'épée d'Allah. Son épée a étincelé contre les mécréants. Qui suis-je pour le faire disparaître? »



Moussaylima le menteur

Moussaylima était le plus rusé de tous les imposteurs. Il était de Yamama. Quand il apprit la grave maladie de Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), il lui écrivit une lettre, dans laquelle il disait : « Allah m'a nommé votre partenaire et Prophète. Division la terre entre nous. »

A cela, le Prophète d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) lui répondit:

«A Moussaylima le menteur ! Certes, la Terre appartient à Allah. Il en accorde la possession à ceux qu'Il aime. »

L'occasion s'offrit à Moussaylima à la mort du Prophète Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Il racola une grande armée qui eut d'abord à affronter une menteuse chrétienne du nom de Saja. Après la mort du Prophète d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui), elle prétendit être une prophétesse.

« Pourquoi les Prophète doivent-ils être tous des hommes? En ma personne, Allah a envoyé une prophétesse.» dit-elle.

Elle s'avançait vers Médine à la tête d'une puissante armée. En route, elle rencontra les troupes de Moussaylima. L'adroit imposteur, trouvant en Saja, une rivale sérieuse qu'il ne pouvait vaincre sur le champ de bataille, se mit à la courtiser. Saja tomba dans son piège et ils se marièrent.

Moussaylima avait maintenant une armée de quatre mille hommes. Le bataillon commandé par Ikrima Ibn Abou Djahal devait attaquer Moussaylima avec l'aide du bataillon de Shourahbil. Il fut battu. La nouvelle de cette défaite attrista Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) qui écrivit immédiatement à Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) pour lui demander de s'occuper de Moussaylima. Les bataillons réunis de Khalid et de Shourahbil (qu’Allah soit satisfait d’eux) s'attaquèrent à l'imposteur qui se battit désespérément. A un certain moment, les hommes de Moussaylima arrivèrent près de la tente de Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui). Ce dernier, gardant son sang-froid, rallia ses soldats et mena une dernière attaque. Confondus par cette attaque surprise, Moussaylima et quelques-uns de ses hommes prirent la fuite et se réfugièrent dans un jardin fortifié. Mais les soldats purent ouvrir les portes grâce à un geste héroïque d’Al Bara catapulté à l’intérieur de la forteresse et les mirent à mort. Wahshi, l'esclave qui avait tué Hamza, l'oncle de Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) à Ouhoud, fut celui qui tua Moussaylima. Il avait tué Hamza pour gagner sa liberté, promise par la femme d’Abou Soufiane, Hind. Après la prise de Makka, Wahshi devint musulman. Le Prophète d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) lui pardonna et lui dit:

«Reste loin de ma vue ! Tu me rappelles mon cher oncle». Wahshi regrettait toujours son péché. La bataille contre Moussaylima lui offrit sa chance. Son javelot était à la recherche de l'imposteur. Avec une grande habileté, il lui enfonça le bout empoisonné. L'imposteur hurla et s'écroula. Tout de suite après, sa tête fut tranchée. Wahshi dit alors:

- «Mille mercis à Allah ! J'ai pu racheter un peu mon péché.» Moussaylima appartenait à la tribu des Banou Hanifa. Le Calife ordonna que toutes les personnes de cette tribu, s'étant révoltées contre l'Islam, soient mises à mort. Mais Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) leur avait déjà promis l'amnistie. Sa parole fut honorée et Toute la tribu se reconvertit à l'Islam.



Aswad ‘Ansi

Peu de temps avant la mort de Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), apparut au Yémen un imposteur du nom de Aswad ‘Ansi. Il appartenait à la tribu de ‘Ansi. Il réunit un nombre considérable de partisans et attaqua San’a, la capitale du Yémen. Il tua le gouverneur et épousa sa veuve. A cause de cette victoire, on le craignait dans tout le Yémen.

Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) demanda alors aux chefs de l'armée musulmane de s'attaquer à cet imposteur. Les musulmans purent le tuer avec l'aide de sa nouvelle femme qui le haïssait. Yémen fut à nouveau récupéré. Cette nouvelle parvint à Médine le lendemain de la mort du Prophète d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui). Mais des troubles éclatèrent de nouveau au Yémen lorsque la nouvelle de la mort de Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) fut connue. Un des généraux de l'armée de Aswad, Qais, renonça à l'Islam. Il rallia avec lui les partisans de son ancien maître. Il eut aussi le soutien de quelques chefs du Yémen qui faisaient montre de l'Islam mais étaient intérieurement antimusulmans. Il rassembla suffisamment d'hommes, attaqua San’a et devint maître du Yémen. L'armée musulmane tint ferme jusqu'à l'arrivée de deux bataillons envoyés par Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui). San’a fut reprise. Qais et son partisan principal Amr Ibn Ma’di Karb Zouberi furent envoyés à Médine.

Là, ils se repentirent et furent pardonnes.



Bahrayn

Les gens de Bahrayn avaient embrassé l'Islam du temps de Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).

Après la mort de ce dernier, la puissante tribu des Banou Bakr renonça à l'Islam et se mit à combattre les musulmans.

Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) expédia un bataillon sous le commandement de ‘Ala Ibn Hadrami contre cette tribu rebelle. Cette dernière fut vaincue, son chef Hatim, tué. Bahrayn fut de nouveau aux mains des musulmans. Quelques tribus de ‘Omman aussi renoncèrent à l'Islam. Les généraux d'Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) purent les ramener à l'Islam.

En quelques mois, Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) pu réprimer la révolte causée dans tout le pays par des imposteurs. Khalid (qu’Allah soit satisfait de lui) fit mieux que tout autre afin de rendre cela possible.